À 7h50, Xavier Bertrand, président LR de la région des Hauts-de-France, est l'invité de Sonia Devillers. Cinq mois après les inondations dans le Pas-de-Calais, il pointe nommément la responsabilité de huit sociétés d'assurance, qu'il accuse de ne pas aider assez vite les sinistrés.
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00:00 France Inter, le 7/10.
00:03 Il est 7h48, Sonia Devilleur, votre invitée ce matin est le président LR de la région
00:09 Hauts-de-France.
00:10 Bonjour Xavier Bertrand.
00:11 Bonjour.
00:12 La France a passé le week-end à lutter contre la montée des eaux avec des crues spectaculaires,
00:16 notamment dans la Vienne et en Indre-et-Loire.
00:18 Situation que vous connaissez bien puisque votre région a été frappée par des inondations
00:22 monstres cet hiver.
00:23 Vous vous en prenez désormais aux grandes compagnies d'assurance, que vous n'hésitez
00:28 plus à nommer, que vous n'hésitez plus à pointer pourquoi.
00:31 C'est dommage d'en arriver là, mais il faut savoir qu'on est maintenant 5 mois
00:37 après les premières inondations dans le Pas-de-Calais et vous avez aujourd'hui des
00:41 sinistrés qui n'ont toujours pas le montant de l'indemnisation qui leur sera dû.
00:46 C'est-à-dire que les expertises ont eu lieu, on s'est battu pour qu'il y ait plus
00:49 d'experts, des accomptes ont pu être reversés, on s'est battu pour cela, mais aujourd'hui,
00:54 5 mois après, toujours pas de montant d'indemnisation, donc toujours pas d'indemnisation.
00:58 5 mois après.
00:59 Et en plus, vous avez des sinistrés qui savent pertinemment qu'ils ne pourront plus habiter
01:04 chez eux.
01:05 Et ils vont avoir droit à ce que l'on appelle le fonds barnier de la part de l'État pour
01:08 être indemnisé de leur maison.
01:09 Mais pour ça, qu'est-ce qu'il faut ? Il faut le montant de l'indemnisation d'assurance.
01:13 Et ils ne l'ont toujours pas.
01:15 5 mois après.
01:16 Direct Assurance, Groupe AMA, GAN, CIC, MAF, GMF, Montsoix Assurance, le groupe BPCE.
01:20 Pourquoi ce "name and shame" comme disent les anglo-saxons ? Vous les accusez d'inertie ?
01:26 Parce que c'est la seule façon de les faire bouger.
01:28 Groupe AMA par exemple, le nom a été cité, ça doit certainement être le fait du hasard,
01:33 mais en tout cas les dossiers concernés, les premiers, ont été réglés dans les
01:36 heures qui ont suivi.
01:37 Et je sais notamment, vous aviez Montsoix Assurance qui était sur vos antennes, sur
01:41 un spot ce matin.
01:42 Un spot publicitaire.
01:43 Ils ont contacté comme par hasard les personnes directement concernées.
01:46 Là pour l'instant, ce ne sont que les premières compagnies.
01:49 Semaine après semaine.
01:50 Je vais regarder avec les sinistrés qui attendent désespérément le montant de leur
01:53 indemnisation et je n'hésiterai pas à faire savoir qui ne joue pas le jeu.
01:58 Et surtout, je me rendrai avec les personnes concernées, avec les collectifs des sinistrés,
02:04 au siège des compagnies si les choses ne bougent pas.
02:06 C'est dommage d'en arriver là.
02:08 Mais aujourd'hui, l'exaspération qui est la mienne, c'est rien par rapport à
02:12 celles que connaissent les personnes concernées.
02:13 Et vous le savez, il n'y a pas que le Pas-de-Calais.
02:17 Regardez ce qui se passe aujourd'hui dans d'autres endroits de France.
02:21 Notamment des inondés.
02:22 Vous savez, quand on n'a pas été inondé soi-même, on ne peut pas se rendre compte
02:25 de l'angoisse que représente une inondation.
02:27 Surtout quand vous avez en plus des enfants dont il faut aussi prendre la part d'angoisse.
02:32 C'est terrible.
02:33 Qu'est-ce que vous attendez de l'Etat, Xavier Bertrand ? Qu'il mette la pression
02:37 sur ces sociétés d'assurance ?
02:38 Je vais demander à l'Etat, aux différents représentants de mettre la pression.
02:42 Visiblement, ils n'y arrivent pas.
02:43 Alors je fais avec mes méthodes.
02:44 Ce ne sont peut-être pas les méthodes les plus convenables.
02:46 Mais moi, je veux que ça bouge.
02:47 Et encore une fois, je pense que les responsables politiques doivent au maximum se mettre à
02:51 la place des Français concernés.
02:53 Et là, vous savez, je vais aussi aller plus loin.
02:57 C'est que ce n'est pas seulement pour les Hauts-de-France, mais pour toute la France.
03:00 Je veux, le moment venu, qu'il y ait une commission d'enquête.
03:03 Pour que l'on voit exactement pourquoi certains ont joué le jeu.
03:07 Pourquoi d'autres n'ont pas joué le jeu.
03:08 Mais Sonia De Villers, il y a aussi autre chose qui est en train de se passer.
03:11 On est dans une société où il faut remettre de l'humain dans tout ça.
03:15 Certaines de ces compagnies sont des compagnies qui passent des contrats sans intermédiaires.
03:19 Sans personne en chair et en os.
03:20 On fait les choses à distance.
03:22 Sauf que faire un contrat à distance, ce n'est pas compliqué.
03:24 Mais quand il y a un problème…
03:25 C'est-à-dire qu'on appelle, on a des disques téléphoniques ou alors on a juste
03:28 une interface internet.
03:29 Ça ne peut pas se faire au téléphone, ces choses-là.
03:30 Ça ne peut pas se faire avec des sites internet.
03:31 Ça ne peut pas se faire autrement qu'avec de l'humain.
03:34 Et on est dans une société où on pensait que ça coûtait cher.
03:37 Non.
03:38 L'humain, ça n'a pas de prix et c'est ça qu'il faut remettre dans notre société.
03:40 Si j'attends de l'État autre chose par contre, c'est que si on veut éviter que
03:45 ça se reproduise, il faut de nouvelles procédures.
03:48 Et puis surtout, il ne faut pas que certains assureurs profitent des sinistres pour dire
03:51 « hé, maintenant on ne peut plus vous assurer » ou alors « on va vous assurer mais il
03:54 faut augmenter les primes d'assurance et puis augmenter les franchises ».
03:58 Ça, ce n'est pas convenable.
04:00 Il n'est pas question que ceux qui ont été victimes de sinistres, ce n'est pas de leur
04:03 faute, se retrouvent aujourd'hui sans assurance.
04:06 Ça, j'attends clairement l'État parce que ce sont des règles qui doivent changer.
04:09 Alors, autre sujet d'inquiétude pour votre région, Xavier Bertrand, depuis quelques
04:13 jours les Anglais, Protection des espèces oblige, ont décrété 13 zones auxquelles
04:17 nos pêcheurs n'ont plus accès.
04:18 Quelles sont les conséquences pour les ports de votre région ?
04:21 Écoutez, nous avons nos pêcheurs qui vont disparaître.
04:23 Le 7 février dernier, j'ai interpellé Gabriel Attal sur cette question.
04:27 Le 7 février dernier, ça va faire quasiment deux mois.
04:30 En disant qu'il faut absolument, aujourd'hui, prendre contact avec le premier ministre britannique
04:34 en disant « vous nous empêchez de venir dans vos eaux avec des prétextes qui n'en
04:38 sont pas.
04:39 »
04:40 Ce qui est très bien, c'est que les Anglais ont pu compter sur le vote des pêcheurs
04:44 pour le Brexit.
04:45 Et aujourd'hui, ils payent la facture politique.
04:46 Elle est là, la vérité.
04:47 Et nous, dans ces cas-là, il faut être prêt à engager un bras de fer.
04:51 Moi, je veux engager un bras de fer.
04:52 Un bras de fer ? Quel genre de bras de fer ?
04:53 En disant « on ne peut plus aller pêcher chez vous, alors vous ne venez plus pêcher
04:55 chez nous ». Et dans ces conditions-là…
04:57 Vous êtes pour des mesures de rétorsion ?
04:58 Bien sûr ! Mais écoutez, on n'a pas le droit aujourd'hui d'être naïf.
05:01 Il faut se battre pour nos pêcheurs.
05:04 Et encore une fois, si vous ne faites rien, ne vous inquiétez pas, les Anglais vont continuer.
05:07 Le ministre délégué chargé de l'Europe, Jean-Noël Barraud, qui s'est rendu…
05:09 Il s'est bien qu'il soit venu.
05:10 Oui, il est venu vendredi.
05:12 Lui, il n'hésite plus à parler de droit de douane, par exemple, sur les importations
05:17 britanniques.
05:18 Vous y seriez favorables ?
05:19 Mais quand on est au gouvernement, on n'en parle pas, on le fait.
05:21 C'est toute la différence, ça.
05:22 Moi, dans ma région, tout ce qui est de ma responsabilité, je bouge et je fais, je me
05:26 bats pour les gens.
05:27 Et au niveau national, j'attends la même chose, c'est qu'on se batte et qu'il
05:30 y ait des actes.
05:31 Ce que le gouvernement promet, ce que le gouvernement fait, ce que le gouvernement ne fait pas.
05:35 Je vous propose qu'on parle du passerail qui devait permettre de prendre en illimité
05:38 les TER et les trains intercités partout en France.
05:41 Avec un forfait mensuel autour de 49 euros par mois, on s'inspirait d'un modèle
05:45 allemand.
05:46 Le gouvernement semble reculer.
05:48 C'est plus raisonnable, selon vous ?
05:49 On n'y comprend plus rien.
05:51 Moi, je suis favorable à l'idée d'un passerail pour que tout le monde puisse se
05:55 déplacer.
05:56 Et si on commence par les jeunes, c'est très bien.
05:58 Sauf que le gouvernement nous fait cet effet d'annonce, là, comme ça, c'est arrivé
06:01 par hasard.
06:02 Ce n'est plus pour tout le monde, c'est pour les jeunes.
06:04 On n'a plus l'île de France.
06:05 Bon, alors ça veut dire que quand vous allez dans les Hautes-Frances, dans une autre
06:08 région ou de Normandie-Haute et que vous passez par Paris, il faudra reprendre un autre
06:12 billet de transport.
06:13 Là, encore une fois, il faut savoir ce qu'ils veulent.
06:14 Avec quel argent tout ça ? Avec quel argent ? L'argent des régions, l'argent de
06:18 l'État, avec quel argent on leur ait financé ce passerail ?
06:20 Qui est-ce qui a proposé ça ? C'est l'État.
06:22 Donc c'est l'État.
06:23 D'accord.
06:24 Donc l'État ne finance pas.
06:25 Ben voilà.
06:26 Bon, d'accord.
06:27 Alors, le budget des régions est dans le rouge.
06:29 Sans les aides de l'État, les régions ne pourront plus investir massivement comme
06:32 elles l'ont fait à une certaine époque.
06:34 Or, Bruno Le Maire a été très clair.
06:36 Avec un déficit à 5,5%, tout le monde doit assumer sa part de l'effort.
06:41 Les régions aussi.
06:42 Xavier Bertrand, ça vous inquiète ?
06:44 Ils vont arrêter de se moquer du monde, ces gens-là.
06:46 Ils vont arrêter de se moquer du monde, ceux qui nous gouvernent.
06:48 Parce qu'aujourd'hui, clairement, on donne le sentiment que tout le monde est responsable
06:53 de la situation actuelle.
06:54 Non.
06:55 Qui est-ce qui tient le chéquier en France ? C'est le gouvernement.
06:58 C'est le ministre de l'économie et des finances.
07:00 Les Français ne sont pas responsables de cette situation parce qu'en plus, ils payent
07:03 leurs impôts.
07:04 Voilà la réalité.
07:05 Et aujourd'hui, on ne sait plus du tout où on en est.
07:07 Ça fait 7 ans qu'ils sont au gouvernement, qu'ils sont au pouvoir et aujourd'hui, il
07:11 n'y a plus de confiance.
07:12 Est-ce que c'est de leur part de l'incompétence ou du mensonge ?
07:15 Il se trouve quand même que le ministre de l'économie a précisé que dans les 7 ans,
07:18 il y a eu des crises extrêmement graves.
07:20 Il y a eu la crise du Covid, il y a eu la crise de l'Ukraine, il y a eu l'épisode
07:22 des gilets jaunes.
07:23 L'Ukraine ? C'est l'Ukraine qui est responsable de l'augmentation du prix des
07:26 céréales, de l'augmentation du prix de l'électricité, de la moutarde.
07:29 Au bout d'un moment, c'est de la faute à l'Ukraine, ça va bien.
07:32 C'est le gouvernement qui ne sait jamais de sa faute.
07:34 Donc aujourd'hui, déjà, si on veut y voir clair, il y a une chose à faire.
07:37 C'est qu'on ait à nouveau un audit des comptes de la nation.
07:41 Et je demande au Premier ministre de solliciter la Cour des comptes pour faire cet audit des
07:47 comptes de la nation pour savoir exactement où on en est.
07:50 Cet audit a lieu au lendemain d'une élection présidentielle.
07:54 Et il a eu lieu exceptionnellement au lendemain de la crise Covid.
07:57 C'est la Cour des comptes qui l'a fait.
07:58 La situation est telle aujourd'hui, si on veut savoir exactement où on en est, d'avoir
08:03 cet audit des comptes de la nation qui est transparent, qui sera sincère, à la différence
08:08 de la présentation du budget, pour qu'on sache exactement ce qu'on va faire.
08:12 Parce qu'autrement, dans les 3 ans qui viennent, moi je ne sais pas dans quel État
08:16 seront les Français, dans quel État sera le pays.
08:18 Vous Président de la République, vous choisiriez par exemple d'augmenter les impôts ?
08:22 La solution de facilité, comme d'habitude, sans jamais toucher aux dépenses.
08:26 Non, je vais vous dire une chose, moi j'ai strictement aucun tabou.
08:28 Mais dans ma région, sur un budget aujourd'hui d'à peu près 3,2 milliards d'euros.
08:33 Aucun tabou sur votre candidature à la présidentielle ou sur les impôts ?
08:34 Si vous souriez tous, c'est que vous avez la réponse.
08:36 Vous savez clairement quelle est mon intention.
08:38 3,2 milliards d'euros.
08:40 Depuis que je suis en fonction, j'ai fait quasiment un demi-milliard d'euros d'économie
08:44 sur les budgets de fonctionnement, sans augmenter les impôts.
08:47 C'est là toute la différence.
08:48 Le réflexe français qui consiste à dire on augmente les impôts, ce n'est pas le
08:52 bon réflexe.
08:53 Mais il y a aussi un autre réflexe qui n'est pas bon.
08:54 C'est que le gouvernement tape sur les plus fragiles.
08:56 Moi je vais vous dire une chose, je suis pour qu'on réforme en profondeur l'assurance
08:59 chômage pour ramener vers l'emploi.
09:01 Mais qu'on n'aille pas dire que les déficits sont de la faute justement des chômeurs
09:05 et des chômeurs seniors.
09:06 Ça, cette solution de facilité là, non seulement elle est dangereuse et je la désapprouve
09:10 profondément.
09:11 Merci beaucoup Xavier Bertrand parce que ce soir peut être un grand soir pour votre
09:13 région valentienne.
09:14 CIC en demi-finale de la Coupe de France de football face à l'Olympique lyonnais.
09:19 Vous regrettez que ce match ait lieu à Lyon et pas chez vous ?
09:21 Oui, je ne le cache pas, on a aidé l'ensemble des supporters, ils sont plus d'un millier
09:24 à prendre le bus tout à l'heure.
09:26 Effectivement, on croise les doigts.
09:27 Un pronostic ?
09:28 Le miracle de la Coupe de France, c'est toujours David qui gagne contre Goliath.
09:32 Ah ben voilà, merci.