La bande de "Julie jusqu'à minuit" évoque le président du comité stratégique des centres E. Leclerc
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00:00 Vous aviez un coup de gueule, je crois qu'on peut dire ça, à pousser contre Michel-Edouard Leclerc ce soir.
00:05 Le ruban des bois de nos caddies.
00:08 Alors, grand patron des magasins Leclerc, l'un des patrons préférés des Français, il faut le dire quand même,
00:12 vu par certains comme le champion anti-inflation.
00:16 Par lui-même en tout cas.
00:18 Mais il reste populaire, Anna.
00:21 Le plus populaire d'entre les distributeurs.
00:24 Mais voilà, vous dites que c'est plus compliqué que ça.
00:27 On a ressorti un court extrait de ce document ligne rouge signé par nos équipes.
00:31 On vous fait réagir derrière.
00:33 Le publicitaire Vincent Leclabard a travaillé avec Michel-Edouard Leclerc pendant 20 ans,
00:42 avec toujours en ligne de mire la baisse des prix.
00:45 Ici, sous couvert de lutte contre l'inflation.
00:48 Là on reprend complètement, on va piller l'iconographie de mai 68
00:51 et on les détourne complètement, c'est-à-dire que c'était contre la société de consommation
00:56 et là ça devient contre l'inflation et ça change complètement de sens.
01:01 Et là on se fout de Sarkozy, disons-le.
01:05 Donc monsieur le président, il ne s'agit pas de votre cote de popularité,
01:08 mais de la hausse du prix d'un camembert.
01:10 C'est quand même gonflé d'interpeller le président comme ça sur un camembert.
01:14 Il y a un côté très très irrespectueux.
01:18 Avec ses publicités, Leclerc cherche à faire tomber la loi Galland, puis la loi Dutreil,
01:24 voulant alors encadrer les pratiques de la grande distribution.
01:27 Jamais gratuite, la provoque est l'arme favorite de Michel-Edouard Leclerc
01:31 pour tordre les règles à son avantage.
01:33 Il actionne, le petit nerf qui chie le consommateur va tout de suite vibrer.
01:39 Je vais vous offrir du prix bas.
01:41 Tout le monde est attiré par ce type de discours,
01:44 les gens tombent facilement dans ce panneau, ils le croient.
01:48 C'est le prof des populistes.
01:50 C'est de s'appuyer non pas sur la vérité ou sur le bien commun,
01:53 mais de s'appuyer sur la passion, les émotions, les ressorts des individus.
01:58 Donc ça fonctionne, ça fonctionne très bien.
02:01 Et quelques mois plus tard, une nouvelle loi de modernisation de l'économie est votée,
02:05 la loi LME, tellement avantageuse pour la grande distribution et le groupe Leclerc,
02:10 qu'elle est surnommée la loi Michel-Edouard.
02:13 Anna Cabana.
02:14 Il est éminemment romanesque, Michel-Edouard Leclerc.
02:18 C'est-à-dire que parmi les distributeurs, parmi les patrons,
02:20 il est même le plus romanesque d'entre eux tous
02:21 parce qu'il a l'air comme ça tellement sympathique.
02:24 Il est manipulateur en diable, il est provocateur, il est démago,
02:29 mais démago tout le temps, c'est-à-dire qu'au fond ce qu'il veut,
02:32 c'est que les Français l'aiment.
02:34 Il considère, je ne sais pas si vous avez vu, il avait dit dans une audition au Sénat,
02:37 c'était en janvier 2020, de mon électorat,
02:40 c'est 18 millions de personnes qui viennent faire leur course chez moi.
02:43 Donc on voit qu'en fait, il se prend pour un politique et même mieux que ça,
02:46 il pense qu'il est le meilleur d'entre les politiques.
02:48 Il passe son temps à leur distribuer aux uns et aux autres des bons, des mauvais points.
02:53 Au fond, il est l'arbitre, pense-t-il, des élégances économiques, politiques, de l'inflation.
02:59 Mais c'est intéressant de voir au fond,
03:02 c'est-à-dire que c'est une forme nouvelle et sympathique de populisme.
03:06 Mais le populisme, même s'il est sympathique, c'est très dangereux.
03:10 Et donc je pense qu'il faut alerter parce que les populistes sympathiques
03:14 ne sont pas les plus faciles à arrêter.
03:20 Populiste Michel-Édouard Leclerc-Christophe Barbier,
03:22 ou elle va un peu loin Anna Cabana ?
03:23 Au sens propre du terme.
03:25 C'est du populisme.
03:28 C'est pas parce que c'est du populisme que c'est forcément dangereux.
03:31 Il n'en fait pas pour l'instant un projet politique de conquête et d'exercice du pouvoir.
03:35 Il en fait pour l'instant quand même un projet politique de conquête de popularité et d'existence.
03:41 Il en fait surtout un projet économique de conquête du profit.
03:44 Pour lui et aussi pour tous ces féodaux.
03:47 Tous ceux qui tiennent des magasins et qui se portent très très bien grâce à leur travail.
03:51 Mais grâce aussi au talent et au charisme de Leclerc.
03:56 Là où il a l'avantage, c'est qu'il met l'État en permanence devant ses contradictions.
04:00 Quand il dit, on l'a entendu d'ailleurs dans le même long reportage,
04:03 "Alors on me demande le lundi à Bercy de faire baisser les prix pour les consommateurs
04:06 parce que les consommateurs, l'inflation, ça les rend en colère.
04:09 Et puis le mardi au ministère de l'Agriculture, on me dit,
04:11 "Montez les prix parce qu'il faut payer les agriculteurs donc augmentez vos prix."
04:14 Comment je fais ?
04:15 Ces contradictions de l'État depuis 30 ans, 40 ans,
04:17 elles servent finalement le jeu de la grande distribution.
04:20 Le seul moyen de combattre cet éventuel populisme si on le considère dangereux,
04:24 c'est de s'adresser par-dessus Michel-Édouard Leclerc et ses clones aux consommateurs
04:29 en leur disant, "Arrêtez de raisonner selon l'étiquette."
04:32 Bien sûr on sait que vous avez des problèmes de pouvoir d'achat.
04:35 Mais pensez à votre santé, pensez aux agriculteurs,
04:37 pensez à l'intérêt de l'économie française, faites du patriotisme économique,
04:40 arrêtez de regarder simplement la promotion.
04:43 Pensez à l'intérêt à long terme.
04:46 Mais ça c'est un discours qu'on entend assez peu parmi les politiques,
04:48 chez certains, il faut le dire, notamment certains écologistes,
04:51 et qui rapportent assez peu de voix.
04:52 Parce que c'est compliqué à entendre pour beaucoup de Français aussi.
04:55 Oui, qui disent, "Vous êtes bien gentils avec vos visions à long terme,
04:57 mais moi je n'arrive pas à boucler ma fin de mois donc je prends le moins cher."
04:59 Et le moins cher, c'est Leclerc et d'autres qui me le proposent.
05:01 Lui qui dit, Michel-Édouard Leclerc,
05:04 "Voilà, j'y pense quand je me rase à la politique."
05:07 C'est assez logique finalement qu'il se lance en politique.
05:09 Mais il fait déjà de la politique et il pense qu'il en fait au-dessus.
05:12 Il pense qu'il a un canal direct avec les Français,
05:15 que lui au fond agit sur leur vie de tous les jours, sur leur vie quotidienne.
05:18 Oui, il a l'impression que ses clients sont des électeurs.
05:21 Ce sont ses électeurs.
05:21 Attendez, vous avez entendu le mot.
05:23 C'est ce que vous avez dit tout à l'heure.
05:23 Vraiment 18 millions de personnes, ce sont mes électeurs.
05:27 Et il y a quelque chose d'intéressant, c'est que le ministre,
05:29 Julien Normandie, il envoyait à Michel-Édouard Leclerc
05:32 le catalogue annoté aux feutres rouges des magasins Leclerc,
05:36 avec "Marqué, pas assez cher".
05:38 Leclerc a rempli une armoire de ces catalogues
05:41 et à chaque fois qu'il voit un journaliste,
05:43 il le lui montre au fond comme un trophée.
05:45 C'est-à-dire que la contestation des politiques,
05:48 il essaie de la retourner et d'en faire un trophée
05:51 pour précisément parler aux consommateurs et aux Français,
05:55 en leur montrant qu'il est du même côté qu'eux,
05:58 du bon côté du manche, du côté des antipolitiques
06:02 qui font autrement de la politique.
06:04 Et on verra si ses ambitions politiques se concrétisent.
06:06 on parle peut-être d'une implication pour les européennes, on verra bien.