C'est un coup de fil qui fait beaucoup de bruit : les ministres des Armées français et russes se sont parlés hier au téléphone. Une première depuis octobre 2022. Pour en parler dans RTL Midi, Sylvie Bermann, diplomate française, ancienne ambassadrice de France en Russie.
Regardez L'invité de RTL Midi avec Eric Brunet et Céline Landreau du 04 avril 2024
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00:00 Céline Landreau, Eric Brunet, RTL midi.
00:04 Alors ça c'est un coup de fil qui a fait vraiment beaucoup de bruit,
00:07 parce que les ministres des armées français et russes se sont parlé, figurez-vous, hier soir,
00:13 hier dans la journée d'ailleurs au téléphone,
00:15 et pardonnez-moi, mais c'est une première depuis 18 mois, depuis octobre 2022.
00:21 Pour en parler avec nous, Sylvie Berman, diplomate française, ancienne ambassadrice de France en Russie, bonjour.
00:26 Bonjour.
00:28 Et Sophie Jousselin du service international de RTL, bonjour Sophie.
00:32 Bonjour.
00:33 Une conversation dont les comptes rendus, Sophie, ont ensuite été très différents d'une capitale à l'autre.
00:38 Oui, alors côté français, on explique que le ministre a appelé son homologue russe pour condamner l'attentat de Moscou du 22 mars,
00:44 pour rappeler que la France est prête à partager des informations dans la lutte contre le terrorisme.
00:49 Sébastien Lecornu a répété que rien ne permettait de dire que l'Ukraine était derrière cet attentat,
00:55 ce qu'affirme pourtant Moscou, et dans son communiqué, le ministère russe de la Défense va même plus loin,
01:01 "Nous espérons que les services secrets français ne sont pas derrière cela, peut-on lire".
01:06 Concernant la guerre en Ukraine, le ministre français a condamné de nouveau l'agression russe,
01:10 et réaffirmé le soutien de Paris à Kiev.
01:13 Selon le ministère russe de la Défense, cet entretien a été l'occasion d'exprimer une volonté commune
01:19 de reprendre le dialogue concernant la guerre en Ukraine.
01:22 Des propos immédiatement démentis, la France n'a accepté ni proposé quoi que ce soit sur ce sujet,
01:28 a-t-on déclaré dans l'entourage du ministre français.
01:31 Merci Sophie.
01:32 Merci Sophie.
01:33 Sylvie Berman, vous qui êtes une ancienne ambassadrice de France,
01:37 c'est terriblement, c'est une vraie douche glacée, parce qu'on se disait, ça y est,
01:41 le contact est reparti entre Moscou et Paris, on parle, c'est déjà beaucoup, ça veut dire beaucoup,
01:47 et derrière, alors que Paris était disposé à donner des éléments importants sur le traçage de ces terroristes,
01:54 apparemment des informations qu'ils avaient, derrière les russes disent "ah ben on espère que Paris n'a pas fomenté cet attentat".
02:01 C'est terrifiant comme petite phrase.
02:04 Oui tout à fait, c'est assez indécent d'ailleurs, mais les russes se sont enfermés dans ce narratif
02:10 d'accusation des ukrainiens, et derrière les ukrainiens de leur maître,
02:15 donc cet occident collectif, mais en réalité je pense que l'entretien est quand même utile.
02:21 Parce que même si les comptes rendus sont divergents, bien entendu,
02:25 le message français est passé, et le message français c'est quand même la priorité à la lutte contre le terrorisme,
02:33 qui concerne aussi bien la Russie que la France et l'Occident, et en particulier à la veille des Jeux Olympiques.
02:41 Finalement ce coup de téléphone, c'est Sébastien Lecornu qui a appelé Sergeï Chouigou, le ministre de la Défense russe,
02:48 donc ça vient de la France, ça voulait dire "malgré les difficultés, malgré le fait que nous soyons adversaires,
02:54 nous avons aussi des ennemis communs, c'est le terrorisme islamiste".
02:59 Mais ça n'a pas marché.
03:01 Non, ça n'a pas marché, il faut voir ce qui se passe, c'est-à-dire quel est le suivi,
03:07 si effectivement il y a davantage d'échanges d'informations.
03:11 À l'époque où j'étais ambassadeur à Moscou, il y avait une coopération anti-terroriste,
03:15 et les Russes qui évidemment sont bien informés sur ces ressortissants islamistes, tadjiks ou du Caucase,
03:25 donnaient ces informations.
03:27 Bon, maintenant c'est évidemment plus compliqué, puisqu'ils se sont focalisés sur l'Ukraine,
03:32 mais ça ne veut pas dire qu'ils ne donneront pas suite.
03:35 Ils ont effectivement, vis-à-vis de leur population, puisqu'il y a quand même une responsabilité russe
03:41 de ne pas avoir écouté les avertissements des services occidentaux,
03:45 et ils ont besoin de se justifier de cette manière-là.
03:48 Donc c'est un communiqué qui est à destination de la population russe,
03:53 et encore une fois, ça ne veut pas dire que c'est un échange téléphonique pour rien.
03:58 C'est un signe en tout cas que ces tensions sont loin d'être apaisées.
04:01 Emmanuel Macron, il y a quelques minutes, alors qu'il visite le nouveau complexe nautique
04:05 qui servira pour les Jeux Olympiques de Paris 2024, le chef de l'État,
04:09 déclare qu'il n'a aucun doute sur le fait que la Russie cible les Jeux Olympiques de Paris 2024,
04:14 notamment en termes informationnels.
04:17 Ça veut dire que la confiance est très loin d'être établie ?
04:21 Oui, tout à fait. Il n'y a pas de confiance aujourd'hui, mais encore une fois, c'est un enjeu qui est essentiel.
04:28 Et évidemment, en plus, les Russes sont furieux d'avoir été écartés des Jeux et de l'ouverture des Jeux,
04:35 en tout cas sous leur drapeau.
04:37 Ça ne veut pas dire pour autant qu'ils vont favoriser un attentat ou laisser faire s'ils ont des informations dans ce sens.
04:44 Oui, la petite phrase d'Anne Hidalgo, "les athlètes russes et biélorusses ne sont pas les bienvenus",
04:49 n'a pas favorisé les choses, c'est certain. Ça peut vexer les autorités russes.
04:54 Merci beaucoup, Sylvie Berman, on le rappelle, diplomate française ancienne, ambassadrice de France en Russie.
05:01 On marque une pause, dans un instant, on va parler des PFAS, les polluants éternels.
05:06 Les députés plongent actuellement sur leur interdiction, vous verrez qu'aujourd'hui, ils sont partout,
05:10 ou presque, et que ce n'est pas forcément une bonne nouvelle.
05:13 Votre avis compte. Venez l'exprimer sur RTL au 3210.