Pour cette nouvelle édition, "Cette année-là" se penche sur la longue histoire de la Nouvelle Droite et d’Eléments avec les Etats-Unis. Elle ressemble à une guerre au long cours, comme celle que l’Amérique mène à l’Europe. Dernier épisode en date : la guerre en Ukraine et le sabotage des gazoducs Nord Stream.
Avec Patrick Lusinchi, directeur artistique d’Éléments, François Bousquet, rédacteur en chef, Olivier François, Christophe A. Maxime et Rodolphe Cart.
Au menu également : le dernier numéro d’Eléments consacré à l’autre Amérique, celle qui défie les GAFAM et l’État profond : Elon Musk, Donald Trump, Tucker Carlson en dynamiteurs du Système.
Le rendez-vous musclé et impertinent du magazine des idées.
Avec Patrick Lusinchi, directeur artistique d’Éléments, François Bousquet, rédacteur en chef, Olivier François, Christophe A. Maxime et Rodolphe Cart.
Au menu également : le dernier numéro d’Eléments consacré à l’autre Amérique, celle qui défie les GAFAM et l’État profond : Elon Musk, Donald Trump, Tucker Carlson en dynamiteurs du Système.
Le rendez-vous musclé et impertinent du magazine des idées.
Catégorie
🗞
NewsTranscription
00:00 [Musique]
00:15 Bonjour à tous et bienvenue dans ce nouveau numéro de cette année là, comme d'habitude toujours avec la même équipe, une excellente équipe.
00:26 Autour de moi on va retrouver François Bousquet, bonjour François. - Bonjour.
00:30 - Ça fait deux mois qu'on ne vous avait pas vu. - Oui, j'ai pas pu être là pour la précédente série d'enregistrement.
00:36 - Bon, on est très content de vous retrouver. Rodolphe Carte qui maintenant est devenu un habitué. - Bonjour Patrick.
00:41 - Olivier François. - Bonjour Patrick. - Vous allez bien Olivier ? - Ça va, très bien.
00:45 - Et Christophe ? - Bonjour à tous. - Bonjour à tous.
00:48 - Alors nous allons faire un numéro, c'est un peu... il n'y a pas vraiment une année cette fois-ci, on va vous parler de l'Amérique.
00:56 "L'Amérique, je veux la voir et je l'aurai, l'Amérique, l'Amérique, si c'est un rêve je le saurais,
01:01 tous les sifflets de train, tous les sirènes de bateau ont chanté cent fois la chanson de l'Eldorado, de l'Amérique."
01:07 C'était Joe Dassin, le philosophe Joe Dassin. - Oui, il avait fait la philologie à l'université.
01:15 - Oui, une philologie comme Nietzsche. Mais vous savez, je ne dis pas que n'importe quoi.
01:19 - Que n'importe quoi, très bien, à la bonne heure Patrick.
01:21 - Alors l'Amérique, nous pourrions commencer par ses couvertures, on va vous les montrer. En 1980 il y en a eu plusieurs.
01:26 On a commencé avec ce numéro 34 et ce magnifique tableau d'Olivier Carré de cette statue de la liberté.
01:33 En 1984, l'argent, avec cet aigle américain qui fonce et ses dollars.
01:39 Vous retrouverez en 1988 le pentagone, Sida le pentagone en accusation.
01:43 Ça je ne sais pas si on a eu une très belle... - Je ne sais pas si on assumerait aujourd'hui.
01:46 - On assumerait ce numéro, mais enfin voilà.
01:48 En 1990, le nouvel ordre américain, c'était au moment de la guerre du Golfe.
01:52 Et en 1991, Etats-Unis, danger.
01:54 Et pour finir, le dernier numéro que vous pouvez trouver en kiosque où l'Amérique est encore à l'honneur.
02:00 Alors François, il y a un paradoxe, voici un...
02:03 "50 ans que la nouvelle droite s'est choisie, à juste titre, son ennemi principal c'est l'Amérique."
02:08 "Contre son colonialisme culturel, cette Amérique forte."
02:12 Et aujourd'hui, j'ai l'impression que cette Amérique qu'on propose dans ce dernier numéro,
02:16 c'est une Amérique qui est en train de se fermer sur elle-même.
02:19 - Oui, alors c'est une Amérique plutôt les trois figures que nous avons choisies.
02:23 Musk, alors se fermer sur elle-même, non, parce qu'il y a une projection verticale chez Musk.
02:27 Mais en tout cas pour Trump et pour Carlson, oui c'est une Amérique pour Carlson,
02:31 pas néo-conservatrice, pas néoconservatrice, et globalement assez isolationniste.
02:35 Qui ne veut pas se projeter sur des théâtres d'opération extérieure comme les néocons.
02:40 Qui ont exporté des guerres contre les états voyous.
02:43 En réalité l'état profond est un état voyou.
02:45 Donc c'est une autre Amérique, c'est peut-être une contre-Amérique.
02:48 C'est peut-être un contrepoint dans l'histoire de l'AND, qui est une histoire limpide, vous l'avez dit.
02:54 Nous avons identifié que le libérateur des européens, avec toutes les guillemets d'usage,
02:59 qu'il est temps de s'en libérer, vous évoquiez une utilisation culturelle, oui c'est le soft power.
03:04 Qui nous a colonisés mentalement, ça a été très très peu étudié,
03:08 comme l'ont montré Fourquier et Casselli dans leurs derniers bouquins.
03:11 L'américanisation en 1918 a été très abondamment documentée.
03:15 En 1945 aussi, mais des années 80-90 assez peu.
03:19 Au final, ce qu'ils appellent la "couche yankee", Fourquier et Casselli,
03:24 domine l'ensemble du spectre sociologique français.
03:27 De la France d'en bas, de la France du milieu, de la France d'en haut.
03:30 Donc nous sommes mentalement colonisés, mais nous sommes économiquement colonisés.
03:33 C'est ce que dit également Emmanuel Todd dans "La défaite de l'Occident".
03:37 Il parle d'un nihilisme économique, la destruction des pipelines Nord Stream,
03:44 et le consentement allemand et européen à cette destruction, qui est une destruction économique.
03:50 On frappe l'économie européenne.
03:52 Il y a donc une guerre culturelle, une guerre économique, une guerre géopolitique.
03:56 Elle est totale, cette guerre des Américains contre l'Europe.
04:00 L'extraterritorialité du droit américain est une sorte de raquette internationale.
04:07 Il y a encore des gens avec cela dans nos entourages, pas éléments,
04:12 qui nous expliquent qu'il y a un ami américain.
04:14 Non, il n'y a pas d'ami américain.
04:16 Il y a une hostilité continue depuis la fin de la guerre de l'Europe vis-à-vis des États-Unis.
04:21 Mais il n'empêche, c'est une civilisation qui a su produire des gens de la nature de Elon Musk,
04:27 en tout cas les attirer.
04:29 C'est pour cette raison qu'on a choisi Musk,
04:31 parce qu'il nous semble être la figure emblématique du XXIe siècle,
04:34 en tout cas pour moi, peut-être pas pour la totalité des rédactions.
04:37 Tucker Carlson, parce que je rêve que la France produise un Tucker Carlson.
04:41 Je le dis aux téléspectateurs de TV Liberté, il faut imaginer un mélange de CNews et de TV Liberté.
04:47 C'est qu'on n'a que CNews en France, c'est-à-dire qu'on n'a qu'une droite conservatrice,
04:51 catho-conservatrice, mais on n'a pas une droite punchy, populiste.
04:55 Or, Carlson fait le lien entre toutes ces figures de la contestation.
05:00 C'est un showman exceptionnel.
05:02 Il parle aujourd'hui à 200 millions de personnes.
05:04 En tout cas, l'entretien qu'il a donné à Poutine, c'est 200 millions de personnes.
05:07 Alors certes, on ne va pas tout juger au nombre de vues, bien sûr,
05:10 mais quand même, c'est que les voix dissidentes peuvent porter.
05:15 Donc tout ça fait que oui, on a voulu introduire un tout petit contrepoint.
05:18 On l'avait fait par le passé, l'Amérique qu'on aime, mais comme j'ai eu l'occasion de le dire,
05:22 je trouvais que l'Amérique qu'on aimait, c'était l'Amérique littéraire, cinématographique,
05:27 et c'était assez commode d'aimer cette Amérique-là, puisque oui, on aime tous Faulkner.
05:31 Enfin, j'adore Faulkner et quantité d'autres auteurs américains, mais c'était assez germanopratin.
05:36 Or, non, il y a en Amérique des figures intéressantes, il ne faut pas qu'on passe à côté,
05:40 raison pour laquelle on a voulu, dans un numéro, mettre en couverture les dynamiteurs du système.
05:44 Donc Trump, qui est un peu un cas particulier, Musk, évidemment, mais aussi Tucker Carlson.
05:51 – Ronald, vous qui représentez cette jeune génération,
05:54 cette Amérique, elle fait rêver encore ?
05:59 On voit bien qu'un Trump ou un Elon Musk fait fort assemer beaucoup de jeunes,
06:07 et se disent, c'est peut-être un héros comme ça qu'on aura bien à voir aujourd'hui.
06:12 – Moi qui avais fait un article sur les néoconservateurs,
06:15 c'est vrai que cette Amérique isolationniste, protectionniste, paléoconservatrice,
06:20 elle peut me plaire, justement, parce que c'est des Américains
06:24 qui ne se mêleraient pas, ou du moins moins, des intérêts européens, et notamment français.
06:29 Donc moi, avec ce genre d'Américains, je peux absolument faire, comment dire, alliance.
06:34 Mais par contre, comme vous le mentionnez, il y a toute une partie de la jeunesse aujourd'hui
06:37 qui a un véritable tropisme américain dans le sens occidentaliste.
06:41 C'était un peu le sujet de mon dernier livre "Feu sur la droite nationale",
06:47 où j'expliquais justement, où j'essayais de critiquer cette position d'ouverture,
06:51 mais à mon avis qui est une position de soumission à l'ensemble occidental,
06:54 mais était dans les États-Unis, l'Australie, la Nouvelle-Zélande et même Israël,
06:59 tout cet axe vraiment un peu choc de civilisation de Samuel Huntington.
07:03 Mais par contre, là aussi, dernièrement, je relisais un livre assez intéressant
07:07 qui nous ramène quelques décennies en arrière,
07:09 qui est le livre "Prussianité et socialisme" de Spengler.
07:13 Et ce qui est assez intéressant, c'est que Spengler montre bien
07:16 que le destin de l'homme faustien, de l'homme blanc européen,
07:19 justement, il allait se polariser sur ces deux figures.
07:23 D'un côté, la figure du chevalier teutonique enraciné, prussien,
07:27 pour une société organiste, holiste, ce genre de choses.
07:30 Et de l'autre côté, le modèle du viking dans la rapine,
07:33 qui s'ouvre, qui va donner l'anglais, qui va donner justement l'américain.
07:37 Et aujourd'hui, disons que ce débat, on le retrouve,
07:40 alors bien sûr, pas sur ces mêmes configurations.
07:42 Et moi, je penche très volontairement pour l'homme européen,
07:48 enraciné dans sa terre, contre cet homme sur l'opposition "termaire".
07:52 Mais aujourd'hui, il faut l'évoquer, il y a toute une partie de la jeunesse
07:56 qui se revendique d'une mentalité américaine, d'une mentalité libérale,
08:01 progressiste, très technophile, et oui, qui peut prendre aisément
08:06 une figure comme Elon Musk, comme justement une figure exemplaire.
08:09 Alors il l'est peut-être sur certains points, évidemment,
08:12 mais par contre, à mon avis, elle est tout à fait aussi critiquable sur d'autres.
08:15 – Alors en même temps, il y a une sorte de paradoxe,
08:17 parce que quand on écoute Trump, il n'a qu'une envie,
08:20 c'est de laisser tomber l'Europe, et l'Europe est en train de paniquer,
08:23 alors que ça devrait, un, nous, nous réjouir,
08:26 parce qu'on va peut-être pouvoir prendre notre destin en main, mais on panique.
08:31 – Mais ce n'est pas le cas, c'est tout l'enjeu du bouquin de Todd,
08:35 que l'Europe moribonde, l'Europe qui s'est économiquement écroulée sur elle-même,
08:40 dans sa dette, avec des États faillis, a besoin d'un protecteur.
08:44 Alors les petits pays européens, c'est ce que dit Todd, avaient besoin d'un protecteur,
08:47 ils pensaient aux pays scandinaves, en l'occurrence, Suez et autres,
08:50 mais désormais c'est la France et l'Allemagne qui ont besoin du parapluie américain,
08:54 alors que, en tout cas, pour ce qui est de Trump, il y a un souci isolationniste,
08:58 qui est une tentation de la politique étrangère américaine,
09:00 chez Jackson et quand il est autre président, qui réaffleure et qui revient,
09:04 et les européens prient de panique, que quoi, comment,
09:07 on va devoir nous occuper nous-mêmes de l'OTAN, sans le parapluie américain ?
09:12 C'est nous, moi, je suis presque plus inquiet de la situation européenne,
09:16 et française, que la situation américaine, qui est catastrophique, certes,
09:20 mais j'ai eu l'occasion de le dire dans un précédent numéro de TV Liberté,
09:23 aux États-Unis se met en place un extrême occident, on peut le contester cet extrême occident,
09:27 l'opposition terre-mer est quand même, relativement, quand il faut largement la nuancer,
09:33 puisque à ce compte-là, il faut quand même évacuer la mer de l'Europe qui est Athènes,
09:37 qui est une nation maritime, thalassocratique,
09:40 donc il faut quand même nuancer la lecture schmittienne,
09:43 qui est une lecture assez...
09:47 - Manichéenne. - Manichéenne.
09:49 Mais pour Musk, oui, ce sont des colons, des américains,
09:54 nous sommes des indigènes, attachés à nos terres, c'est une distinction qui est chère à Réveille Juvin,
09:58 l'indigène est attaché à sa terre, l'américain est un colon,
10:02 c'est un colon, quand il franchit l'Atlantique, il quitte l'Europe, la Babylone européenne,
10:07 c'est pour créer un nouveau monde,
10:10 et ce nouveau monde désormais, il n'est plus thalassocratique, il n'est plus océanique,
10:13 il n'est plus maritime, il est spatial, c'est une énorme différence,
10:17 c'est que désormais, après avoir colonisé toutes les terres émergées, on va coloniser l'espace,
10:21 moi je veux bien qu'on dise, nous en Europe, mais c'est ce qu'on fait,
10:24 oui, bon, c'est, etc., non, je veux dire, deux choses l'une,
10:29 ou on accepte d'être dépassé, on sera les derniers Mohicans du monde,
10:32 je veux bien, dans un zoo, mais c'est pas le sort que je souhaite à nous, Européens,
10:38 de finir comme les derniers Mohicans, donc on peut camper sur des positions technophobes,
10:43 ce que nous faisons parfois, moi, me semble-t-il, trop complaisamment,
10:46 mais nous serons balayés par l'histoire, on va être balayés par l'histoire.
10:49 – On va parler d'Olivier Rey, j'essaye de penser justement, en fait, à la fois,
10:53 – Un point d'équilibre. – La puissance, un point d'équilibre.
10:55 – Vous parlez d'Olivier Rey. – Oui, d'Olivier Rey, sur la question,
10:58 – La question de taille. – La question de taille, et puis Olivier Rey,
11:01 voilà, montre qu'en même temps, il faut une politique, une souveraineté,
11:05 et que la souveraineté se fait aussi avec des instruments,
11:07 tout en critiquant, évidemment, la société, le système technicien, pour parler des luttes.
11:12 Simplement, sur les États-Unis, je trouve que dans nos milieux, en général,
11:15 que ce soit pour être américanophile et rêver, comme certains, d'une grande alliance occidentale,
11:21 ou pour se réfugier dans un, comment dirais-je, un anti-impérialisme un peu naïf et un peu limité,
11:28 je trouve, parfois, je trouve que par exemple, moi je tiens beaucoup à la notion de troisième voie,
11:34 à la notion de troisième, voilà, pas la troisième théorie politique, comme dit Duclis, mais de troisième voie.
11:39 Et souvent, sous prétexte que l'impérialisme américain était nocif pour l'Europe,
11:43 on a tendance à regarder avec des yeux de chimène d'autres mondes,
11:46 que ce soit le monde russe, pour lequel j'ai évidemment beaucoup de sympathie culturelle,
11:50 en tout cas, ou le monde chinois.
11:52 Je pense que la plupart d'entre nous, si nous vivions surtout en Chine, en Russie,
11:56 ce serait un peu différent, on ne pourrait pas, on ne pourrait pas y vivre.
11:59 Ce sont des régimes, à certains égards, qui sont étrangers à la tradition européenne, je pense.
12:04 Je ne parle pas de la Russie.
12:06 – Mais cette question-là, je veux dire, c'est le…
12:08 – Je pense qu'il ne faut pas tomber de charibes en Sylla, si je puis dire,
12:11 et sous prétexte d'anti-impérialisme américain…
12:13 – Mais il faut attaquer l'impérialisme américain en Europe.
12:17 C'est une réalité continue depuis 70 ans, depuis 80 ans.
12:22 Je veux dire, nous sommes asphyxiés culturellement.
12:28 On a perdu la guerre, on a perdu le hard power, on a perdu le soft power.
12:32 La guerre culturelle a été gagnée…
12:33 – Je suis d'accord François, je veux dire une chose que je vais donner, mais par exemple…
12:35 – Je vais jusqu'au bout.
12:36 – Excuse-moi.
12:37 – Ayant été… je suis obsédé par le bouquin de Fourquet et Cassély,
12:40 sur cette fameuse couche Yankee, je veux dire.
12:42 Il y a un cadre sur deux en France qui a fait au moins un voyage à la Mecque.
12:46 La Mecque c'est New York.
12:47 – Un cadre ?
12:48 – Un cadre sur deux, à la Mecque c'est New York.
12:49 – A la Mecque ?
12:50 – A la Mecque, la Mecque c'est New York.
12:51 – En fait vous parlez des bourgeois qui allaient à la Mecque.
12:53 – Il y a à peu près deux Français sur trois des catégories populaires,
12:57 donc vote RN, deux Français sur trois, qui ont fait le voyage à Disneyland.
13:01 – Aux États-Unis ?
13:03 – Non, non, à Euro Disney.
13:05 Le premier seating des Gilets jaunes, le premier en date seating des Gilets jaunes,
13:09 c'est à Madeleine Vallée à Disneyland.
13:12 Ils demandent à ce que le Disney soit ouvert le dimanche.
13:15 Donc nous sommes la sociologie des prénoms.
13:18 Les bikers, je découvre dans Fourquet-Casséli que…
13:22 – La danse, la danse.
13:24 – La country qui s'impose paradoxalement, d'abord en Alsace et en Corse.
13:29 – En Corse ?
13:30 – Ce qui est fascinant au dimanche.
13:32 – En Corse ?
13:33 – Les courtepailles ont disparu.
13:34 – Ça c'est triste.
13:35 – Parce qu'on a adoré, ils se sont remplacés par les buffalos.
13:39 Donc oui, on est laminé.
13:42 Donc il faut attaquer l'Amérique dans le mal qu'elle nous fait.
13:45 Moi quand je signe un contrat à La Poste ou dans une banque quelconque,
13:49 je dois signer une décharge vis-à-vis de cette extraterritorialité du droit américain.
13:55 Puisque ma banque, que ce soit La Poste, fait des échanges en dollars.
13:58 Donc je relève du droit américain.
14:00 C'est surréaliste.
14:01 Donc nous sommes colonisés.
14:03 Ça il faut attaquer l'Amérique là-dessus.
14:05 Mais pourquoi se priver ?
14:07 Je suis désolé, moi sur Musk, je sais que ce dossier fait débat.
14:10 Comment peut-on admirer Napoléon et ne pas aimer Musk ?
14:13 Pour moi ça n'a aucun sens.
14:16 C'est les mêmes logiques impériales, promettéennes.
14:19 Alors faisons une critique de l'homopromothéus.
14:23 Mais enfin, je veux dire, on a face à nous quelque chose de radicalement nouveau,
14:28 qui a changé la donne comme Napoléon l'avait changé en Europe,
14:31 en exportant la Révolution française.
14:33 Donc au moins, regardons-le sans ressentiment.
14:37 C'est pas parce que nous, Européens, nous ne l'avons pas.
14:40 On peut d'ailleurs regretter les conséquences de Napoléon, François.
14:44 Et de l'épopée napoléonienne a justement diffusé le virus révolutionnaire Jacobin.
14:49 Et le virus nationaliste.
14:51 Olivier, ça va être...
14:53 Le paradoxe, c'est que, et je citais sur un numéro qui date des années 90,
14:59 où Alain de Benoît disait, le premier banquier du monde,
15:03 l'Amérique croule sous les dettes.
15:05 3 300 milliards de dollars pour les personnes privées,
15:08 3 500 milliards pour les entreprises,
15:10 3 200 milliards pour les finances publiques.
15:12 Depuis, ça a explosé.
15:14 La débaque des caisses d'épargne va coûter 500 milliards de dollars.
15:17 Des secteurs anti-industrie, informatique, robotique, automobile, textile, acier,
15:21 sont menacés par la...
15:23 La seule erreur de Benoît, c'est par l'invasion japonaise.
15:26 En fait, c'est l'invasion chinoise qui va se retrouver.
15:29 Le paradoxe, c'est que l'Amérique n'a jamais été aussi puissante sur un plan culturel
15:34 et a imposé son modèle, et elle est en train, à l'intérieur, de s'effondrer.
15:39 Le bouquin de Todd est fascinant pour ça.
15:42 Quelques éléments clés.
15:44 Il reprend, je crois qu'on a été les premiers en France à l'introduire,
15:48 les travaux de Angus Deaton et sa femme sur les morts de désespoir,
15:52 sur l'effondrement de l'espérance de vie dans la classe ouvrière blanche masculine.
15:56 Tous les indicateurs de croissance et d'espérance de vie augmentent,
16:00 à ce moment-là, avec le Covid.
16:02 Sauf pour la classe ouvrière blanche.
16:05 La crise des opioïdes est fascinante.
16:07 On parle de centaines de milliers de morts.
16:10 C'est dans l'Amérique du milieu, principalement, l'Amérique centrale.
16:13 Big Pharma a fait en sorte de sanctuariser l'impossibilité de les attaquer.
16:18 Avec les opioïdes.
16:20 Blague, là, émateur.
16:22 Nous, on a eu des émeutes.
16:24 Mais les émeutes, à l'été 2020, après la mort de George Floyd,
16:28 mais tous les Américains, notre correspondant américain,
16:32 Ethan Rundle, c'est un pays qui est au bord de la guerre civile.
16:36 Il y a un décrochage de la population majeure.
16:41 Todd, qui est assez intéressant, même si c'est toujours la même chose,
16:44 c'est les indicateurs d'alphabétisation, d'espérance de vie,
16:48 nous montrent que cette Amérique est en train, peu à peu, de s'écrouler sur elle-même.
16:52 Le seul contrepoint que j'apporte, c'est qu'il est en train de se mettre en place un techno-féodalisme
16:58 avec des GAFA ou des NATA, que je ne dise pas de bêtise, c'est Netflix,
17:03 Airbnb, le T pour Tesla et le U pour Uber, en plus des GAFA,
17:10 qui sont des plus grosses capitalisations boursières mondiales,
17:13 on parle de centaines de milliards de dollars,
17:16 avec Musk, ça va prendre encore plus d'ampleur,
17:18 qui sont, je crois, en train de se substituer, peu à peu, aux mécaniques d'État.
17:24 Il y a des États dans l'État aux États-Unis qui font que les vases communiquants,
17:28 l'État est de plus en plus appauvri, de plus en plus adhété,
17:31 même s'il y a la planche à billets, c'est l'avantage des Américains.
17:34 Et à côté de ça, GAFA et NATU, qui prennent une puissance démesurée, colossale,
17:40 qui sont des grands féodaux dont Musk sera peut-être le suzerain.
17:43 Rodolphe, on parlait de la jeunesse tout à l'heure.
17:46 J'ai été frappé de voir, je ne sais pas si ça vous arrive,
17:49 d'aller sur la TNT, d'aller voir les chaînes RMC,
17:52 qui rachètent des séries de documentaires américains
17:56 montrant des trappeurs dans le Grand Alaska qui essayent de survivre,
18:00 ou des gens qui font des voyages en camion pendant toute cette Amérique profonde
18:05 qu'on trouvait un peu dans la petite maison dans la prairie,
18:10 ou chez… – Chéri, fais-moi peur.
18:11 – Non, non, dans Voyages au bout de l'enfer,
18:13 le fils de Chimino, c'est un peu ça.
18:16 Cette Amérique qui fascine la jeunesse d'aujourd'hui.
18:19 Et quand François dit qu'il s'intéresse à la country,
18:22 c'est cette Amérique-là qui intéresse le jeune européen aujourd'hui.
18:25 – Oui, parce qu'elle lui parle, c'est toujours la figure
18:27 un peu de l'explorateur, du travailleur, de ce genre de choses.
18:30 Il ne faut évidemment pas éluder les correspondances qu'on a
18:33 avec certains Américains sur ces points culturels, ce genre de choses.
18:36 Évidemment que même au niveau historique,
18:38 la France a aidé l'Amérique à obtenir son indépendance, ce genre de choses.
18:42 Donc on a évidemment des liens à maintenir.
18:44 Mais bon, après, demain, si on a envie de redevenir souverain
18:47 à l'échelle européenne, voire à l'échelle nationale,
18:50 on sera obligé aussi de concevoir peut-être un divorce, en tout cas.
18:54 Et l'extraterritorialité, on a eu les cas avec Alstom,
18:56 ou ce genre de choses, c'est quand même une soumission
18:59 et une humiliation tous les jours.
19:01 Donc nous, si on se revendique, comme on le fait à mon avis
19:03 à travers la revue "Eléments", aussi de cet humanisme classique
19:06 et des antiques, on est obligé aussi d'avoir un peu de fierté là-dessus.
19:11 - Ah non mais c'est l'évidence.
19:13 Simplement, de fait, le cas Macron est fascinant.
19:17 Je veux dire, Macron nous dit que l'OTAN est cliniquement morte
19:20 au début de son mandat, et aujourd'hui, il court.
19:23 La guerre en Ukraine a montré notre dépendance mortifère.
19:28 Moi, je le redis, le pire arbore européen,
19:30 c'est la destruction des gazoducs Nord Stream.
19:33 C'est de l'équivalent de perdre l'arbore.
19:35 En termes économiques, c'est une économie qui s'écroule sur elle-même, l'Allemagne.
19:39 Et nous ne réagissons pas.
19:42 - Monsieur Etollé, je te remercie, je te fais une petite insiste,
19:45 vous remarquez aussi que les codes américains ont contaminé,
19:48 y compris des gens qui sont très radicalement anti-américains.
19:51 Moi, ça m'avait surpris en regardant un documentaire sur Daesh
19:54 et sur la communication de Daesh.
19:56 Les codes de Daesh étaient des codes éoliens.
19:58 J'ai récemment vu une affiche où on voyait Poutine, Bachar el-Assad,
20:02 le guide de la révolution islamique.
20:04 C'était une organisation "anti-apartheid"
20:08 et contre l'Amérique, etc.
20:12 Les codes étaient hollywoodiens.
20:14 Les codes de certains films russes,
20:16 il y a une scène de films historiques de grandes productions russes,
20:19 sur l'histoire russe, qui sont d'ailleurs tout à fait de bons films intéressants,
20:22 je ne pourrais pas les citer les noms, mais j'en ai vu un récemment,
20:25 sur Stalingrad, c'était des codes américains.
20:27 C'était un grand film hollywoodien.
20:29 Alors le cinéma s'y prête, mais il faut peut-être aussi que l'Europe réinvente un style.
20:33 C'était la grande question du style de vie.
20:36 La révolution conservatrice disait "le style de vie".
20:39 C'est important.
20:41 - Peut-être pour, au sein de notre débat, revenir sur la fragilité américaine,
20:45 sur la fragilité psychologique, anthropologique, humaine.
20:48 On parle du déclin, puisque cette année-là, je pense à l'année 1986,
20:53 ce titre de film peut venir, sur le déclin de l'empire américain,
20:57 du réalisateur canadien-québécois Denis Sarkand,
21:00 qu'on avait d'ailleurs interviewé,
21:02 sur son film "Le Testament", qui est un film avec des grosses ficelles.
21:06 Le déclin de l'empire américain, qui est d'être 1986,
21:08 qui est aussi une année de bascule, dans les années 80.
21:11 C'est un film très beau, où il y a une division homme-femme
21:14 sur les intellectuels québécois, qui parlent.
21:16 C'est un film très bavard.
21:18 C'est un film sur la frivolité tragique,
21:20 et la quête à la fois d'un bonheur un peu illusoire,
21:24 et d'une immense efficacité.
21:26 C'est une critique inversée de la société américaine,
21:30 puisque les femmes font du sport, les hommes parlent.
21:32 Et on est en 86, c'est un point de bascule aussi,
21:36 c'est Reagan qui triomphe, mais en même temps,
21:38 il y a cette fragilité américaine, où l'économie est catastrophique,
21:40 l'armée n'a jamais été très puissante,
21:42 la chute de la guerre américaine,
21:44 il y a la guerre du Vietnam qui les massacre,
21:46 la chute de Saigon, tout ça.
21:48 Et en fait, toutes les guerres sont catastrophiques.
21:50 C'est intéressant, j'ai retrouvé dans le numéro de 91,
21:54 c'est une analyse de Paul Kennedy,
21:58 qui a écrit ce livre "Naissance et déclin des grandes puissances",
22:00 et qui disait "les grandes puissances,
22:02 dans leurs années de décadence relative,
22:04 réagissent instinctivement en dépensant plus pour leur sécurité,
22:08 au lieu de consacrer des sommes à l'investissement,
22:10 et donc aggravent ainsi leurs problèmes à long terme".
22:12 Et sur les 30 ans après ces années 90,
22:14 on a vu ce qu'a été la guerre en Irak,
22:16 la guerre en Afghanistan,
22:18 il y a eu une dépense d'énergie de la part des Américains.
22:22 - Que des guerres perdues au niveau collectif et national,
22:24 en revanche, des guerres gagnées par les intérêts privés.
22:26 D'où peut-être ce basculement aux Etats-Unis,
22:30 d'un privé, alors qu'il y avait l'intégration du public et du privé,
22:34 de plus en plus puissant.
22:36 Le paradoxe, ce qui me frappe, et Todd le dit,
22:40 c'est que c'est un pays qui est mort, mais nous aussi,
22:44 parce qu'il parle de l'Occident,
22:46 au sens occidentaliste, un peu critiqué bien sûr, comme nous,
22:50 qui est mort parce qu'il développe,
22:52 moi je trouve que c'est assez stimulant,
22:54 il y a un niveau de civilisation,
22:56 à partir du protestantisme,
22:58 on peut faire la même chose pour le catholicisme,
23:00 c'est qu'il y a un niveau de croyance,
23:02 c'est la croyance religieuse,
23:04 donc ça fait une force, la nation américaine,
23:06 c'est la thèse de Quinton dans son plus grand livre,
23:08 qui n'est pas le clin d'essayation,
23:10 qui sommes-nous ?
23:12 Le cœur de l'Amérique, c'est la religion wasp, protestante,
23:14 une fois que cette religion s'étiole,
23:18 la nation...
23:20 Le deuxième stade, c'est ce qu'il appelle le stade zombie,
23:22 parce qu'il y a une image rémanente,
23:24 on ne croit plus en Dieu,
23:26 mais on croit encore à la morale, que nous enseignait Dieu,
23:28 et il y a le stade où la religion n'est plus du tout active,
23:30 c'est le stade actuel,
23:32 c'est le niveau zéro, c'est vrai en Europe,
23:34 c'est vrai aux Etats-Unis,
23:36 alors que ce n'est pas vrai dans aucun autre pays du monde,
23:38 mais c'est vrai que dans l'espace, pour le coup occidental,
23:40 et est-ce qu'une nation survit à cette mort de ses propres croyances ?
23:44 Todd dit que non,
23:46 je ne vois pas en quoi on peut le contester,
23:48 sur toutes les sociétés qui ont cessé de croire en leur Dieu,
23:50 et en l'occurrence c'était le Dieu protestant,
23:52 ne peuvent pas survivre à la mort de ceux qui les a fondés,
23:58 d'où les indicateurs que prend Todd,
24:02 qui sont vachement réacs quand on y réfléchit,
24:04 c'est le mariage pour tous,
24:06 il dit que le mariage pour tous c'est un signe de décadence,
24:08 c'est Todd qui parle,
24:10 comme dirait Patrick, c'est la mandarin,
24:12 - Parfois il tourne un peu,
24:14 je vais expliquer l'anecdote sur Todd,
24:16 il dit "regardez l'Ukraine, la GPA est autorisée,
24:20 c'est un signe de décadence,
24:22 la Russie pratique aussi la GPA de manière assez massive,
24:26 - Mais c'est moins l'idéologie trans disons,
24:28 - Je sais bien,
24:30 et de fait le discours russe par contre est un discours
24:32 très clairement traditionnaliste et conservateur,
24:34 - Le discours de Poutine pour la joie et de la femme,
24:36 c'est un discours conservateur,
24:38 c'est un magnifique hommage aux femmes,
24:40 mais qui est exactement comme pour les chinois,
24:44 comme le basculement du sud global,
24:46 où justement il y a la puissance en train de se déplacer,
24:50 toutes nos femmes, en tout cas la mienne,
24:52 la journée de la femme elle veut la fêter à Moscou,
24:54 parce qu'on parle d'elle,
24:56 on ne parle pas d'une zombie dégenrée,
24:58 - Patrick,
25:00 - Ou dérangée,
25:02 - Peut-être pour finir,
25:04 juste pour finir sur une note un peu générale,
25:06 en citant James Ellroy, le grand auteur conservateur
25:08 d'Alien noir et les confidentiels,
25:10 sur les deux obsessions un peu générales
25:12 et qui dit qu'il y a une obsession à la culpabilité,
25:14 et qui dit que quand on parle de déclin et d'effondrement,
25:16 on ne peut pas perdre l'Amérique,
25:18 n'est pas en déclin,
25:20 puisqu'elle ne peut pas perdre ce qu'elle n'a jamais possédé,
25:22 donc je trouve que c'est des choses assez fortes
25:24 sur ce pays qui est une excroissance
25:26 involontaire de nous-mêmes,
25:28 qui est fondée sur des choses,
25:30 oui effectivement,
25:32 comme dit François, le colon,
25:34 qui veut absolument à la fois s'implanter
25:36 d'une manière un peu factice,
25:38 et qui déploie ses ailes d'une manière maladroite
25:40 et brutale.
25:42 - En conclusion ?
25:44 - Non, non, rien d'autre à ajouter.
25:46 - Sur la question du colon,
25:48 la logique du colon, c'est détruire.
25:50 Et en cela, nous sommes Amérique,
25:52 on détruit,
25:54 parce qu'on n'est pas indigène,
25:56 ça n'est pas notre terre,
25:58 et donc on va détruire la terre,
26:00 pardonnez-moi, c'est mon obsession,
26:02 Mars, on n'en est pas là.
26:04 - Et donc les hommes ne détruisent pas Mars ensuite,
26:06 c'est une race assez nocive,
26:08 l'humanité, quand même.
26:10 - Peut-être que les Martiens nous...
26:12 - Vous y croyez aux Martiens ?
26:14 - J'ai envie d'y croire.
26:16 - Allons-y.
26:18 - On croit aux Martiens.
26:20 Donc nous on se retrouve dans deux mois,
26:22 et puis le mois prochain c'est moi.
26:24 - Avec plaisir.
26:26 - Bonjour chez vous.
26:28 [Musique]