Jean-Pierre Champion (Krys Group) : Patrons en questions (Émission du 10/04/2024)

  • il y a 6 mois
Dans ses interviews, Sophie de Menthon, présidente du mouvement patronal Ethic, se met dans la peau des patrons...

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Transcription
00:00 Jean-Pierre Champion, bonjour.
00:03 Bonjour Sophie.
00:04 Bienvenue à Patron en question.
00:06 Et quand on s'appelle Champion, effectivement, c'est bon signe.
00:10 Je remarque que vous êtes patron de l'optique Chris, des lunettes Chris.
00:17 Il n'y a pas que les lunettes d'ailleurs.
00:19 Et qu'est-ce que vous me diriez spontanément comme ça pour définir votre entreprise ?
00:24 Une coopérative.
00:25 Coopérative.
00:26 Et distributeur en même temps que producteur.
00:28 C'est-à-dire ?
00:29 Ça veut dire que nous fabriquons les verres, que nous distribuons dans nos magasins,
00:33 et que notre gouvernance est une gouvernance particulière.
00:36 Et vous vous êtes lancé également dans l'audio.
00:38 Oui, parce que c'est un marché.
00:40 On entend de moins en moins aussi.
00:41 On entend, il y a à peu près 30% des plus de 60 ans qui ont besoin d'avoir des aides auditives.
00:47 Donc on n'est pas du tout sur les mêmes proportions que les lunettes.
00:50 Et pas les jeunes qui sont beaucoup plus soumis.
00:52 Si, mais dans des proportions bien sûr, mais dans des proportions beaucoup plus réduites.
00:56 Il y a 10% en gros des Français qui sont malentendants,
00:59 alors qu'il y a plus de 60% des Français qui ont besoin de lunettes.
01:02 Oui, il y a quand même une différence.
01:04 Ce marché, bon, il est moindre.
01:06 Il fait 1,8 milliard pour être précis,
01:08 alors que le marché de l'optique fait 7,5 milliards.
01:12 Mais c'est un marché qui a une croissance fulgurante,
01:14 parce que jusqu'à présent, le reste à charge était extrêmement élevé.
01:19 Et grâce au 100% santé, tout le monde, malentendant bien entendu,
01:24 sans jeu de mots, peut se payer une paire d'aides auditives.
01:28 Alors il y a quelque chose moi qui m'a beaucoup impressionnée,
01:31 c'est la fabrication des verres, l'industrie.
01:33 Et vous avez donc d'abord un partenariat, c'est intéressant de le dire, avec des Japonais.
01:39 Oui, il y a.
01:40 Et je vous ai entendu dire que, et c'est très important,
01:44 vous achetez des verres en Chine, pas tous, mais une partie,
01:48 et que ce serait suicidaire d'ailleurs de vouloir les fabriquer en France.
01:52 Alors nous les fabriquons en partie, s'agissant des verres à forte valeur ajoutée.
01:58 Et nous achetons évidemment certains verres fabriqués en Asie.
02:02 Donc vous voulez dire que vos verres fabriqués en France sont bien meilleurs que ceux fabriqués en Asie ?
02:05 Écoutez, je n'irai pas jusque là.
02:09 Si vous comparez les mêmes designs, les mêmes fonctionnalités de verres,
02:13 on peut dire que les usines d'Asie sont aussi performantes que les nôtres.
02:17 Par contre, elles ont un coût de main d'œuvre cinq fois plus faible,
02:22 par conséquent, nous produisons à un coût plus élevé.
02:25 Donc c'est uniquement une question de coût et de prix de revente ?
02:27 Une coopérative, qui est, comme vous le savez, ancrée dans son territoire,
02:31 ne peut pas avoir une usine en Chine.
02:33 Elle est forcément, elle maille son territoire, elle se devait d'avoir une usine en France.
02:38 Quand on fabrique en France, il y a une contrepartie,
02:41 c'est qu'il faut choisir les produits qu'on fabrique.
02:44 Et en particulier...
02:45 Et pourquoi ?
02:46 Parce qu'il n'y a pas la compétitivité coût, il y a la compétitivité hors coût.
02:50 Et donc, si vous fabriquez des produits à forte valeur ajoutée,
02:52 vous pouvez compenser cette différence de coût de production...
02:55 Justifier votre prix un peu plus élevé.
02:57 Justifier notre prix.
02:58 Et puis on a une particularité, c'est qu'étant une coopérative,
03:01 nous ne distribuons pas de dividendes sur la partie industrielle.
03:04 Nous redistribuons toute cette création de valeur dans le prix au consommateur.
03:09 Donc nous, on préfère se payer en part de marché, si je puis dire,
03:12 que de verser les dividendes à nos expédients.
03:14 Donc jamais coté en bourse ?
03:15 Ah non, une coopérative ne peut pas être cotée en bourse.
03:17 Par définition ?
03:18 Par définition.
03:19 Ça, ça m'intéressait beaucoup.
03:21 Et donc, lorsque vous avez un partenariat par exemple avec les Japonais,
03:25 c'est complètement gagnant-gagnant,
03:27 c'est pas du tout la même chose qu'un partenariat avec la Chine ?
03:29 Non, parce que d'abord, il faut une entreprise mondiale pour concevoir des vers.
03:35 Parce qu'il y a un coût énorme en matière de recherche et développement.
03:39 Et donc, seule une entreprise mondiale est capable de se payer
03:42 un service d'innovation.
03:45 OIA en est une, ZEISS en est une autre.
03:48 Il y a également un grand champion français qui excelle sur ce plan.
03:54 Et donc, nous, nous sommes une PME.
03:57 Donc on est obligé de s'allier avec un acteur mondial
04:00 qui nous fournit les designs et que nous produisons nous-mêmes.
04:03 Un chef d'entreprise, Chris donc, il est chef d'entreprise dans vos boutiques ?
04:08 De plein droit.
04:09 De plein droit.
04:10 Sauf que vous avez des entrepreneurs dans les magasins
04:13 qui sont des actionnaires, dont vous avez la particularité
04:16 d'avoir un actionnaire client.
04:19 Déjà, un actionnaire, c'est pas facile.
04:21 Mais un client, c'est encore plus compliqué.
04:23 Mais un actionnaire client, je peux vous dire que c'est encore plus compliqué.
04:25 Et alors, il est client de quoi ? De ce que vous faites, vous ?
04:27 Il est client de la tête de réseau, c'est-à-dire de tous les services
04:29 qu'on apporte aux magasins.
04:30 Qui sont ? Quel service ?
04:31 Qui sont l'informatique, qui sont le développement et l'ouverture
04:34 de nouveaux magasins, qui sont les campagnes publicitaires,
04:37 qui sont le conseil en gestion, etc.
04:41 Alors, j'avais une dernière question, un peu par oui ou par non.
04:47 Mais d'abord, est-ce que dans l'avenir, tout le monde ne portera pas
04:52 des lentilles de contact ? Je crois que vous êtes lancé un peu
04:54 dans les lentilles de contact, non ?
04:55 Oui, mais les lentilles de contact en France, c'est moins de 10%
04:58 de ceux qui ont besoin de se voir corrigés, et leurs yeux.
05:01 Alors que dans d'autres pays, comme la Scandinavie, c'est bien plus.
05:04 Oui, mais est-ce que dans l'avenir lointain, peut-être dans 10 ans,
05:08 on ne portera plus de lunettes ?
05:10 Ça, ça reste à démontrer. Effectivement, on voit des gens
05:13 qui ont été opérés de la cataracte et qui ont une vue absolument parfaite.
05:17 Oui.
05:18 Bon, c'est quand même une minorité.
05:20 Et vous ferez quoi, lorsque ça va se développer considérablement,
05:23 ce marché, pour se faire opérer ?
05:25 Écoutez, nous avons, pour vos questions,
05:28 Vous avez anticipé ?
05:29 Nous l'avons, évidemment, dans notre ligne de mire.
05:32 Je ne peux pas vous dire ce que nous ferons précisément.
05:34 Bien sûr.
05:35 Mais nous veillons à tout ce qui est rupture réglementaire,
05:38 rupture technologique, rupture digitale, rupture concurrentielle.
05:41 Ça fait partie, évidemment, des ruptures qui peuvent transformer
05:44 notre marché demain.
05:45 Est-ce que vous portez des lunettes ?
05:46 Non.
05:47 Très bien. Écoutez, c'est parfait.
05:49 Mais je porte des lentilles.
05:50 Pardon ?
05:51 Mais je porte des lentilles.
05:52 Ah ! Donc vous justifiez ma question.
05:55 Mais moi, je ne pourrais pas me passer mes lentilles.
05:58 Ça, c'est très intéressant quand même, pour le fabricant de lunettes phare.
06:01 Mais qu'il faut distribuer aussi des lentilles.
06:04 Alors, vous les distribuez vos lentilles.
06:06 On va chez vous ? Il faut aller chez un ophtalmo avant ?
06:09 Oui, il faut se faire prescrire chez un ophtalmo.
06:11 Puis on les ajuste, on les adapte chez un opticien.
06:14 Et on continue d'acheter ces lentilles,
06:16 qu'elles soient journalières ou mensuelles, chez son opticien.
06:19 Très bien. Écoutez, merci infiniment.
06:21 C'est un plaisir.
06:22 Et puis, bonne chance.
06:23 Merci, madame.
06:24 Merci, madame.
06:25 [Musique]
06:28 [SILENCE]

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