Dans ses interviews, Sophie de Menthon, présidente du mouvement patronal Ethic, se met dans la peau des patrons...
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00:00 Bienvenue dans Patron en question, Loïc Quentin, je suis ravie de vous recevoir.
00:03 Et en plus vous êtes là à double titre,
00:05 parce que pour en tant que chef d'entreprise, parce qu'ici il n'y a que des patrons,
00:08 mais en tant que président de la FNAIM.
00:11 Alors vous avez raison, je suis chef d'entreprise depuis 1980.
00:13 J'ai créé mon entreprise à l'âge de 24 ans.
00:16 J'y croyais et déterminé, je suis toujours
00:19 propriétaire de mon entreprise à 49%.
00:22 Alors j'ai envie de vous poser une question d'emblée,
00:24 parce que on sait, moi qui vis avec des chefs d'entreprise,
00:28 on sait à quel point la problématique de l'immobilier et du logement
00:32 est fondamentale et nos boîtes, figurez-vous, souffrent
00:36 de cette problématique de l'immobilier et du logement.
00:38 Imaginons, vous êtes ministre du logement,
00:41 imaginons un ministre avec pouvoir,
00:43 quelle est la première chose que vous feriez pour débloquer tout ça ?
00:46 Alors déjà vous avez raison, c'est vrai, c'est que l'emploi et la mobilité
00:50 est extrêmement lié au logement.
00:51 Aujourd'hui, j'ai dit, après récemment, que
00:54 le logement était le facteur d'exclusion en France, et non pas le travail.
00:57 Quand on a un travail et on ne trouve pas de logement, on ne se déplace pas.
01:00 Et la première proposition que j'ai formulée depuis deux ans,
01:03 que je martèle, c'est la portabilité des prêts.
01:05 Quand vous avez été acquéreur, emprunteur,
01:07 vous avez eu un crédit à 1% et que vous devez vendre votre appartement
01:11 pour aller habiter ailleurs, vous devez rembourser votre crédit à 1%
01:14 pour emprunter à 4%.
01:16 Est-ce une justice dans le cadre d'un contrat qui pourrait se pérenniser,
01:19 être transféré et porté, finalement, pour votre nouvelle acquisition ?
01:23 C'est une demande que je martèle auprès des banques françaises,
01:26 que je martèle auprès de l'État français,
01:28 que j'ai rappelé à Guillaume Casbarian,
01:29 le troisième ministre en 15 mois du logement.
01:32 Voilà pourquoi il a nécessité d'agir urgentement.
01:35 Regardez également dans les Côtes d'Armor,
01:38 un chef d'entreprise avait dû construire 25 logements
01:42 pour pouvoir accueillir des collaborateurs qu'il ne trouvait pas.
01:44 Et vous savez que nous avons un organisme également
01:47 qui adhère au sein des détectives et mouvement que je préside,
01:51 et qui rachète, quand un chef d'entreprise est obligé de bouger,
01:54 rachète le logement pour lui revendre après au prix normal,
01:58 enfin au prix coûtant,
02:00 parce qu'il n'arrive pas à faire les transitions, etc.
02:03 Mais là, vous donnez une solution financière qui est évidemment indispensable,
02:07 mais pour débloquer quand même l'immobilier, qu'est-ce qu'il faut faire ?
02:11 On ne peut plus acheter, on ne peut plus louer,
02:14 on est taxé, on ne construit pas, qu'est-ce qu'il faut faire ?
02:17 La France est malade d'une politique qu'elle n'a pas mis en place depuis plus de 30 ans.
02:22 Je crois qu'on a eu les yeux fermés sur une dynamique
02:25 qu'on croyait définitive et définitivement acquise.
02:28 Il faut revoir, je dirais, toute notre façon de concevoir le logement en France.
02:31 Donc, qu'est-ce qu'on peut faire rapidement pour débloquer l'immobilier ?
02:34 Malheureusement, le temps de l'entreprise est lié aussi, je dirais, au temps des finances,
02:37 et nous n'avons plus de finances pour le faire.
02:39 Et c'est là qu'elle a toute la difficulté,
02:41 on a consommé tout ce que nous pouvions faire hier,
02:43 que nous ne pourrons pas faire aujourd'hui, encore moins demain.
02:46 Et c'est là toute la problématique, c'est d'abord,
02:48 premièrement, c'est de secourir ceux qui sont les plus faibles.
02:52 Je ne parle pas de faire plus de logement social,
02:54 je dis simplement aussi de permettre à ceux qui ont besoin d'accéder à la propriété
02:58 de les soutenir dans l'accès de la propriété.
02:59 Oui, mais ce n'est pas forcément à l'État de le faire.
03:02 Ce n'est pas forcément à l'État.
03:03 Le privé, si on libère le privé, qu'est-ce qui se passe ?
03:06 Si on libère le privé, le problème c'est que le privé est totalement dépendant
03:09 de la réglementation d'un dispositif, de lois, de réglementations qui sont implicables,
03:14 qui sont contraignantes et qui empêchent notamment la création de richesses
03:17 et qui empêchent la création de logements.
03:19 Le dispositif zéro artificialisation net est un dispositif incompréhensible
03:24 quand on a besoin d'espace et de fonciers pour construire des logements.
03:27 Donc ça c'est intéressant, c'est un des premiers points qu'il faudrait...
03:31 C'est vrai que quand vous fabriquez des voitures, il vous faut de l'acier.
03:33 Quand on fabrique des logements, il faut du foncier.
03:35 Je fais un parallèle.
03:36 Bien évident, et on ne peut pas construire autrement que détruire ce qui existe déjà
03:40 et pour reconstruire.
03:40 Alors il faudrait avoir un regard pragmatique sur le développement du territoire,
03:45 faire un peu de couture urbaine et libérer des espaces qui sont aujourd'hui dévolus
03:49 à aucune activité, qui ne compromettent pas notamment,
03:51 qui ne sont pas liés à une bétonisation et au contraire qui permettraient
03:54 d'amener un peu d'oxygène.
03:55 Le foncier est déjà la première clé d'entrée à la construction de logements en France.
03:59 Très intéressant et vous pensez que c'est jouable ça ?
04:02 C'est une question de courage politique.
04:03 La vraie vision aujourd'hui dans les politiques du logement n'a pas été
04:07 d'afficher une vision pragmatique et réaliste des besoins et de l'utilité
04:12 du logement pour les ménages français.
04:14 Les français ont besoin de logements et encore pour une ou deux décennies
04:18 et il faut tout mettre en œuvre pour y parvenir.
04:21 Et y a-t-il une volonté politique pour le faire ?
04:23 Je crois que mon rôle de président d'une fédération c'est de le marteler,
04:27 de le rappeler sans cesse.
04:29 Quand j'ai dit, j'avais dit un jour dans un journal,
04:32 "Monsieur le président de la République, l'immobilier n'est pas une rente"
04:35 et je ne peux pas me satisfaire que d'entendre le président de la République
04:38 dire que l'immobilier c'est la surdépense publique pour l'inefficacité collective.
04:43 Moi je lui pose la phrase de l'abbé Pierre,
04:46 "Gouverner c'est d'abord loger son peuple" et ça c'est fondamental.
04:49 Et je crois que c'est ce qui doit prédominer dans sa vision pragmatique
04:53 en tant que chef de l'État.
04:54 Alors je me demandais pourquoi pas taxer les rentes, ça touche l'immobilier ?
04:59 L'immobilier est déjà largement taxé.
05:01 Ah oui mais est-ce que ça touche encore l'immobilier ?
05:03 Non, si on taxe encore l'immobilier, il n'y aura plus de propriétaires en France.
05:07 D'accord.
05:08 L'immobilier est déjà surtaxé, c'est l'actif le plus taxé
05:12 et le plus soumis à réglementation.
05:14 Oui puisqu'on a remplacé l'ISF en fait, on a déplacé l'ISF par l'IFI.
05:17 Par l'IFI et on a le taux marginal de l'imposition
05:20 qui s'applique sur les revenus fonciers à 45%, la CSG, CRDS,
05:23 quand les impôts sur les actifs boursiers, les revenus boursiers,
05:28 sont soumis à la flat tax.
05:30 Donc dans tous les cas, c'est un actif qui est largement surimposé.
05:33 Et en plus de ça, avec une réglementation des contraintes épouvantables,
05:37 un encadrement des loyers, je dirais, un ensemble de diagnostics à respecter,
05:42 aussi une obligation de rénovation énergétique à l'échéance de 2025, 2028 et 2034,
05:47 il faut bien y penser, avec des travaux qui incombent aux propriétaires,
05:50 autant de niveaux à décourager beaucoup d'investisseurs en France.
05:53 Justement, une question, vous répondez par oui ou par non,
05:56 est-ce que la prime Rénov' est un succès ?
06:00 Non, on n'a pas déployé.
06:01 En copropriété, 23 000 ma prime Rénov' en 2022, 30 000 en 2023.
06:07 Le parc des copropriétés en France a rénové, c'est 9 millions de logements.
06:10 Cherchez l'erreur.
06:11 Ce sera la conclusion.
06:12 C'est une parfaite conclusion.
06:14 Et je vous remercie beaucoup.
06:15 Et j'ai bien retenu qu'il fallait effectivement faire preuve d'un vrai courage politique en la matière,
06:20 parce que toutes nos entreprises en dépendent finalement.
06:23 Merci. Merci beaucoup.
06:24 [Musique]
06:27 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]