Dans ses interviews, Sophie de Menthon, présidente du mouvement patronal Ethic, se met dans la peau des patrons...
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00:00Bonjour Philippe Touré, vous m'appelez Sophie quand même.
00:04Bonjour Sophie.
00:05Bienvenue dans Pas trop en questions, je suis ravie de vous recevoir parce que vous avez
00:09un profil particulier avec une histoire qui est très intéressante mais surtout comment
00:13est-ce qu'un jeune français avec des diplômes qui sort de l'école se dit je vais monter
00:18des boîtes mais pas en France ?
00:19Au départ je ne suis pas parti pour monter des boîtes, on m'a offert de travailler à
00:23l'étranger, vous avez 23 ans, je suis parti à la barbade, vendre des produits de luxe,
00:28ensuite je suis revenu en France, j'ai travaillé au Moyen-Orient, puis un jour on m'a offert
00:31un job à Hong Kong pour vendre des cognacs et je suis parti, voilà, je le fais rire
00:35rapidement.
00:36Oui absolument, les cognacs à Hong Kong, j'ai l'impression que c'est un peu ce qui va être
00:42à l'origine de votre première entreprise.
00:43Exactement, d'abord j'ai travaillé pendant 6 ans mais ce n'était pas uniquement pour
00:46Hong Kong, c'était toute l'Asie qui partait de l'Asie du Sud-Est jusqu'en Alaska, les
00:50duty free et puis 7-8 ans plus tard un de mes amis m'a dit les compagnies aériennes
00:56cherchent un nouveau produit pour leur first class, une trousse, j'ai dit ok, moi je vais
01:01fabriquer et Panam nous a donné un contrat de 300 000 trousses à l'époque à 3 dollars.
01:06C'est les petites trousses que j'adore, en avion avec une dentifrice etc.
01:10Mais à l'époque on était les premiers.
01:12Vous étiez les premiers, votre produit c'était des trousses pour les premières classes en
01:18avion.
01:19Voilà, sauf que nous on avait rajouté des produits de luxe français parce qu'on connaissait
01:21bien les producteurs et qu'on était les seuls à pouvoir faire ça et au bout de 5 ans on
01:25avait 80% du marché mondial.
01:26Et pourquoi on ne vous piquait pas l'idée ? Parce qu'on était les meilleurs, non je
01:31pense qu'on avait apporté de l'innovation, on avait fait des contrats avec nos fournisseurs
01:35et puis on le faisait vite, relativement au bon marché et puis ensuite on a étendu ça
01:41en offrant la possibilité à la Panam de faire le duty free à bord de leur compagnie et
01:46on était la première compagnie à faire un duty free à bord de la Panam.
01:48Voilà.
01:49Alors comme tous les entrepreneurs, presque tous ceux que j'en sorte, vous dites tiens
01:52puis si je vendais, après tout, la boîte marche bien, vous allez la vendre ?
01:55Même pas.
01:56Quelqu'un est venu nous dire on va faire une offre que vous ne pouvez pas refuser.
01:59Effectivement et on a vendu en 1994, on était monté à, je peux le dire peut-être mais
02:03150 millions de chiffre d'affaires de zéro en 12 ans.
02:06Formidable.
02:07Et il n'y a jamais eu l'opportunité de faire ça en France ?
02:09Si, on vendait à des compagnies aériennes françaises mais parce que moi j'habitais
02:13en Asie, mon associé habite aux Etats-Unis donc c'était un marché mondial en fait.
02:16D'accord.
02:17Alors ce qui m'intéresse beaucoup parce que bon il y a les péripéties mais vous êtes
02:21actuellement à l'origine d'un produit qui est, j'espère miraculeux mais en tout cas
02:26très inédit, ça s'appelle Nozine.
02:28Nozine, noz comme le nez.
02:30Nozine, vous l'avez lancé aux Etats-Unis comme d'habitude cette société et expliquez-moi
02:36ce que c'est que ce produit Nozine.
02:38D'abord je vais venir à l'origine, pendant 10 ans après avoir vendu ma société, je
02:41n'ai pas fait grand-chose et j'ai rencontré quelqu'un qui avait créé ce produit qui
02:44s'appelle Nozine et qui m'expliquait que la décolonisation nasale était importante
02:49pour prévenir les infections.
02:51Et donc moi j'avais un peu d'argent après la vente de ma société, j'ai décidé de
02:54m'associer avec lui et de financer cette société.
02:57Alors je reprends pour nos auditeurs, la décolonisation nasale ça veut dire en gros que tous les
03:03virus, les microbes arrivent par le nez et que c'est donc, il s'agit finalement de faire
03:08une asepsie du nez.
03:09Alors en fait ce que les gens ne savent pas et que beaucoup de gens ne savent pas c'est
03:13que une grande partie de la population a des bactéries dans le nez et comme des staphylocoques
03:18et qu'on se touche le nez à peu près une centaine de fois par jour et que 80% des
03:23maladies nosocomiales sont liées à votre propre ADN.
03:26En d'autres termes, vous allez à l'hôpital, vous vous faites opérer, vous vous touchez
03:29le nez, vous touchez votre blessure, vous risquez de vous faire infecter.
03:31Donc je me contamine moi-même ?
03:33Exactement, pas à 100% mais à 80% oui.
03:3680% ?
03:37On a des études maintenant qui prouvent tout ça bien sûr.
03:39Une fois qu'on a ça, il y a ces fameuses maladies nosocomiales qu'on attrape dans
03:43les hôpitaux où effectivement on se contamine, c'est très grave, y compris dans les services
03:48d'opération.
03:49Et tout à coup ce produit, miracle, je ne vous demande pas la composition, c'est secret,
03:55mais ce produit, vous allez le distribuer et essayer de l'imposer dans les hôpitaux.
04:00Oui, on l'a maintenant aux Etats-Unis, on a plus de 1000 hôpitaux, on a 24 études
04:05qui ont été publiées par des études indépendantes.
04:081000 hôpitaux américains ?
04:09On a 1000 hôpitaux à peu près aux Etats-Unis.
04:10Qu'est-ce qui se passe quand vous imposez, entre guillemets, vous vendez nosines à un
04:16hôpital ?
04:17Qu'est-ce qui va se passer comme process ?
04:18Comme process, ce qu'on leur propose maintenant, ce n'est même plus de leur vendre un produit,
04:21on leur propose un programme.
04:22C'est-à-dire qu'on leur propose de désinfecter tous leurs patients et on s'aperçoit que
04:29si on fait ça systématiquement, rajouté bien sûr à d'autres procédures, lavage
04:32des mains, décolonisation du corps, qu'on a des résultats de baisse des infections
04:36qui sont colossales.
04:37On est arrivé, dans certaines de nos études, jusqu'à 90-95 % de réduction des infections.
04:41C'est énorme ça.
04:42Oui, c'est énorme.
04:43Et alors pourquoi c'est aux Etats-Unis ? Je sais que vous avez d'autres pays où vous
04:46avez un peu développé, mais en France, c'est stupéfiant qu'on n'adopte pas ça.
04:49Les maladies non-communs, c'est terrible.
04:50Pour être tout à fait honnête, comme on était une petite entreprise et qu'on a mis
04:54beaucoup de temps à se développer, on n'avait pas les moyens de regarder ailleurs, et en
04:57particulier à l'étranger.
04:58Aujourd'hui, que la société a atteint un certain stade, je commence effectivement
05:02à m'intéresser à d'autres marchés.
05:03Je ne connais pas la situation en France, je ne sais pas les protocoles qui sont appliqués.
05:07Il y a, dans certains pays, ils appliquent des protocoles à base d'antibiotiques, avec
05:12les problèmes des antibiotiques qui sont la résistance.
05:15Nous, notre produit est un antiseptique nasal.
05:17Ça n'a rien à voir en fait, un antibiotique, ça soigne, vous, vous préparez la fonction.
05:21Non, mais il y a aussi des antibiotiques préventifs, c'est-à-dire impliqués systématiquement.
05:25Mais le problème de l'antibiotique utilisé systématiquement, c'est la résistance.
05:31Et nous, on n'a pas de résistance, puisque c'est un antiseptique, donc à base d'alcool
05:34et d'autres produits.
05:35Et ça a une persistance dans le nez de plusieurs heures, ce qui fait l'intérêt du produit.
05:39Alors, 30 secondes pour conclure.
05:41Qu'est-ce que vous voulez faire de Nosin aujourd'hui ? Comment allez-vous vous développer dans
05:46le monde ? Parce que c'est du salut public.
05:49D'abord, la maladie nosocomiale, c'est un problème mondial.
05:52On vient d'obtenir l'autorisation de le mettre sur le marché mexicain.
05:57C'est arrivé avant-hier.
05:58Et là, nous avons entrepris avec un cabinet spécialisé pour la mission marché en France.
06:03Et puis, en même temps, moi, je suis ouvert à voir s'il y a un des hôpitaux qui ont
06:06des problèmes et de leur proposer des programmes que nous serions prêts à financer pour tester
06:11et leur montrer ce qu'on sait faire.
06:12Je sais, mais c'est mon dernier mot, je sais que je crois que la Belgique est intéressée.
06:16Oui, la Belgique est intéressée, mais on a eu des demandes pour l'Espagne, on a eu
06:19des demandes partout.
06:20Mais avant de pouvoir le faire, on est obligé d'avoir les autorisations nécessaires.
06:23Ah, de grands problèmes.
06:25Écoutez, je vous remercie beaucoup, Philippe Touré.
06:27On va suivre ça avec beaucoup d'intérêt.
06:28Je vous remercie, madame.