France Bleu Orleans - les temoins de l'actu : Laurent Warlouzet

  • il y a 6 mois

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Transcription
00:00 Nous sommes avec un professeur orléanais, Alassorbonne, spécialiste de l'Europe.
00:04 Bonjour Laurent Warlouzé.
00:06 Bonjour, bonjour Marie.
00:08 Faut-il plus ou moins d'Europe ? C'est la question qu'on pose à nos auditeurs ce matin.
00:13 C'est aussi la question au cœur des débats politiques sur cette élection.
00:17 Oui tout à fait, je pense que déjà ce qu'il est important de dire c'est qu'il est important d'aller voter le 9 juin.
00:24 Que vous soyez pour ou contre l'Europe, pour plus ou pour moins d'Europe.
00:27 Vous pourrez choisir votre parti, mais en tout cas vous aurez votre mot à dire.
00:31 Parce que c'est une élection qui compte, le Parlement européen c'est un des parlements qui est parmi les plus puissants du monde.
00:37 Qui a énormément de pouvoir en matière de législation économique, commerciale, environnementale, on en parlera peut-être.
00:41 Là vous avez votre agricultrice Alexandra qui élevait des ânes.
00:45 Que ce soit pour l'agriculture ou pour la cosmétique, puisqu'elle faisait des produits cosmétiques.
00:50 C'est essentiel de savoir de quelle Europe on veut.
00:53 Plus ou moins ouverte, protectionniste ou pas, quelles normes environnementales,
00:57 quelles normes pour commercer pour tous ces produits agricoles et cosmétiques.
01:01 Vous le dites effectivement, l'Europe, les décisions du Parlement européen ont un impact dans notre vie quotidienne.
01:08 Comment on explique que ce soit une élection qui intéresse aussi peu, il faut le dire ?
01:12 Alors ça intéresse un tout petit peu plus, parce que aux dernières élections en 2019,
01:17 il y a eu un petit peu plus de participation qu'aux élections d'avant.
01:19 C'était en 2014 le Nadir et puis après ça remonte un petit peu.
01:23 Aujourd'hui, pour la première fois, on a des têtes de liste qui sont des députés européens.
01:28 Donc on voit qu'il y a quand même un investissement de la thématique européenne par les partis,
01:32 y compris par l'extrême droite.
01:33 En 2016, Marine Le Pen voulait sortir de l'Europe, c'était le Frexit.
01:36 Aujourd'hui, le Front National, le Rassemblement National ne veut plus sortir de l'Europe,
01:40 il veut la changer de l'intérieur, la transformer de l'intérieur.
01:43 Et donc maintenant on a plusieurs projets européens.
01:44 Donc si vous voulez peu d'Europe, vous pouvez voter pour les extrêmes, les plus radicaux.
01:50 Et si vous voulez une Europe plus sociale, plus environnementale, une Europe puissance aussi,
01:56 là il faut voter pour les partis qui sont plus modérés, c'est Renaissance,
02:00 les socialistes avec Luxman et les écologistes.
02:03 Puis il y a les filles LR qui sont un petit peu entre les deux.
02:05 Vous voyez, les trois groupes c'est ça.
02:07 Donc si c'est plus ou moins d'Europe, le plus Europe c'est Renaissance, Luxman et puis écologistes.
02:14 Le moins d'Europe c'est les partis radicaux extrêmes, donc surtout extrême droite.
02:19 Et puis un peu entre les deux, vous avez LR, donc Les Républicains et puis LFI,
02:24 qui sont plutôt Europe sociale et LR plutôt Europe minimaliste.
02:29 Mais voilà, qui sont un petit peu entre les deux sur la question plus ou moins d'Europe.
02:33 - Quand vous dites justement plus ou moins d'Europe,
02:35 on va essayer d'expliquer un petit peu sans détailler tous les programmes,
02:38 puisque ça serait trop long, mais quand on dit plus d'Europe,
02:41 ça veut dire que l'Europe a plus d'impact dans notre quotidien,
02:44 et moins d'Europe ça veut dire qu'on récupère un peu de souveraineté,
02:47 c'est le mot aussi qui est un peu au cœur des débats.
02:49 - Oui, alors ça dépend en fait parce que ceux qui sont pour plus d'Europe vont vous dire
02:53 qu'on a plus de souveraineté au niveau européen parce qu'on l'exerce en commun.
02:57 Par exemple, si on prend les normes environnementales,
03:00 si on a une politique environnementale unique au niveau européen,
03:04 on peut aussi influencer les autres pays pour qu'ils suivent nos normes environnementales.
03:08 C'est l'esprit de la taxe carbone.
03:09 Il y a une taxe carbone qui a été votée au Parlement européen,
03:12 et globalement on dit aux autres pays, on impose une taxe à nos frontières,
03:16 sauf si vous-même vous respectez des règles pour réduire votre empreinte carbone.
03:21 Et là le pari que fait l'Europe, donc après on est d'accord ou pas avec ce pari,
03:24 c'est de dire, nous on est plus fort à 450 millions pour imposer cette taxe carbone
03:29 que si on est tout seul, nous Français.
03:31 L'idée c'est que si on le fait nous tout seul, Français,
03:34 on risque d'avoir des représailles commerciales plus fortes
03:36 où les autres pays vont dire, bon ben vous nous mettez une taxe carbone,
03:39 du coup nous on ne vous importe pas de vin ou de produits agroalimentaires
03:42 ou de produits cosmétiques.
03:44 Parce que effectivement, moi je suis Orléanais, on est dans la Cosmétique Vallée,
03:47 vous avez Dior, d'autres entreprises comme ça qui exportent beaucoup dans notre région,
03:52 et qui dépendent du coup de l'ouverture des marchés extérieurs.
03:55 Et le pari de l'Europe c'est de dire qu'on est plus fort
03:58 pour négocier le commerce international, uni que tout seul.
04:03 Faut-il plus ou moins d'Europe ? C'est la question que l'on vous pose ce matin
04:06 dans les Témoins de l'Actu, vous témoignez dès maintenant au 0238 53 25 25.
04:11 Laurent Warlouzé, vous parlez de commerce extérieur,
04:13 on en a aussi beaucoup parlé avec la crise agricole,
04:17 ça c'est aussi très important, l'APAC, on en a beaucoup parlé,
04:21 l'Union Européenne sur le tout début, c'est-à-dire ce qui se passe sur nos terres aussi.
04:27 Oui tout à fait, l'APAC c'est une des premières politiques européennes,
04:30 c'est nous qui l'avons voulu, les français,
04:32 puisque vous savez qu'on a des problèmes de valence commerciale,
04:34 et l'agriculture, les produits agroalimentaires, c'est un des secteurs,
04:38 avec les cosmétiques d'ailleurs, pour parler de la région, qui sont excédentaires.
04:44 Donc pour exporter, on s'est dit qu'on avait besoin d'une politique agricole commune,
04:48 puisque la particularité de l'agriculture c'est que c'est un domaine où il y a beaucoup de normes.
04:52 Donc il ne suffit pas d'ouvrir les marchés, il faut avoir les mêmes normes,
04:54 parce que si vous ouvrez, disons que vos voisins acceptent vos exportations,
05:00 mais eux produisent avec des normes différentes, ça pose un problème.
05:03 C'est les fameuses "closes miroirs" dont Gabriel Attal a parlé.
05:06 Voilà, il y a les "closes miroirs" avec l'extérieur,
05:09 donc là c'est pour ça que l'accord avec le Mercosur par exemple est à l'arrêt,
05:13 et même en interne en fait, ce que réclamaient les agriculteurs,
05:16 parfois c'était moins d'Europe, et parfois c'était plus d'Europe,
05:19 au sens où ils se disaient "nous on veut bien l'Europe,
05:21 il faut que tout le monde respecte bien les mêmes normes qu'en France",
05:24 ce qui en théorie est le cas, mais ce qui en pratique n'est pas forcément toujours bien respecté.
05:28 Donc vous voyez, plus ou moins d'Europe, ça dépend des secteurs,
05:33 ça dépend du pari qu'on fait justement sur cette souveraineté européenne.
05:38 Vous nous l'avez expliqué, l'un des partis qui milite pour moins d'Europe,
05:42 c'est le Rassemblement National en France.
05:44 Il est crédité à plus de 30% d'intentions de vote dans les sondages.
05:48 C'est assez inédit, vous qui avez eu l'occasion d'observer plusieurs élections européennes.
05:53 Oui tout à fait, donc là un des gros enjeux c'est qu'elle va être la place de l'extrême droite,
05:58 il y a deux groupes d'extrême droite au Parlement,
06:00 et surtout est-ce qu'il pourrait y avoir une alliance extrême droite-droite,
06:03 alors que jusqu'à présent c'était plutôt les partis, disons modérés,
06:08 allant des républicains aux socialistes, en passant par Renaissance et les écologistes,
06:13 qui disons s'entendaient sur les postes et sur la plupart des législations,
06:17 même s'il y avait des conflits.
06:19 Donc là ce serait un enjeu, et on voit dans les débats,
06:23 et c'est vrai que vous dites que la campagne n'intéresse pas trop,
06:26 il y a quand même des débats qui sont assez, je trouve, musclés,
06:29 il y a eu un débat entre Florian Bardella et Raphaël Glucksmann,
06:31 et vous voyez bien les deux visions.
06:33 Il y a un texte qui est en négociation actuellement qui s'appelle "Le devoir de vigilance",
06:36 c'est-à-dire obliger les entreprises multinationales à une vigilance sur leurs sous-traitants,
06:41 pour éviter que ces entreprises emploient des sous-traitants qui ne respectent pas
06:46 les droits de l'homme, les droits humains essentiels ou les normes écologiques.
06:49 D'un côté Raphaël Glucksmann, sociodémocrate, était pour,
06:52 ça correspond à son idée d'Europe sociale,
06:54 et d'un autre côté Jordan Bardella était contre,
06:57 parce que pour lui c'est l'Europe des normes, donc lui il veut moins de normes.
07:00 Donc on voit bien l'opposition, est-ce que vous voulez utiliser l'Europe
07:04 pour imposer des normes sociales et environnementales sur les multinationales ?
07:08 C'était oui pour Raphaël Glucksmann et c'était non pour Jordan Bardella.
07:12 – Vous faites partie d'un collectif de chercheurs qui ont établi un bilan
07:16 de la dernière mandature du Parlement européen,
07:18 donc depuis 2019 qui se termine cette année.
07:20 Ce qui est sûr, même si évidemment on ne peut jamais savoir
07:23 comment va vraiment se terminer une élection,
07:25 c'est que la mandature à venir va être complètement différente selon vous ?
07:29 – Oui, je vous remercie, donc ça c'est une note de l'Eurolab,
07:33 on peut la trouver sur internet, si vous tapez Eurolab,
07:35 une note qui a été demandée par le Conseil économique et social environnemental.
07:39 Là il y a plus de détails par rapport à tout ce que je donne,
07:42 donc chacun peut se faire son opinion.
07:44 Oui, la mandature sera différente parce que l'Europe est confrontée
07:48 à des défis aussi sans commune mesure, il y a le changement climatique,
07:51 la guerre en Ukraine, le protectionnisme aussi,
07:54 protectionnisme chinois, je veux dire, extérieur, éventuellement des États-Unis,
07:59 de Trump, et donc face à tous ces défis, comment est-ce qu'on réagit ?
08:02 Est-ce qu'on réagit par plus ou moins de normes ?
08:04 – C'est la question qui est au cœur, merci beaucoup Laurent Warlouzi,
08:07 on doit s'arrêter maintenant, mais c'était très intéressant,
08:09 merci beaucoup d'avoir été notre invité, je rappelle que vous êtes Orléanais
08:13 et professeur à l'Assemblée spécialiste de l'Europe, bonne journée.

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