Retrouvez « L'édito politique de Patrick Cohen » sur France Inter et sur : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-edito-politique
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00:00L'édito politique, c'est avec vous, bonjour Patrick Cohen ! Bonjour Marion ! La tentation
00:04Musk, le patron de SpaceX, pris en exemple par des politiques français. Et pourquoi
00:09pas un chef d'entreprise à la tête d'un ministère de l'Efficacité Gouvernementale.
00:13C'est Jordan Bardella qui hier soir sur France 5, et à la suite d'une interview
00:17à Valeurs Actuelles, imagine un Musk français pour dégraisser le mammouth. Mais dégraisser
00:22sans trop fâcher, sans la brutalité et les mises à pied. On peut réduire la fonction
00:27publique sans licencier, fermer des agences sans mettre les gens dehors, assure le président
00:32du RN. C'est la méthode Musk en version « caoutchoumous », celle censée ne faire
00:36de mal à personne. Avant lui, son allié Eric Ciotti avait présenté un programme
00:41à la tronçonneuse. L'éphémère ministre de la Simplification, Guillaume Gasparian,
00:45avait félicité Elon Musk en disant qu'il avait « hâte de partager les meilleures
00:49pratiques pour lutter contre la bureaucratie ». Et Valérie Pécresse s'est rappelée
00:53qu'elle avait soutenu l'idée d'un comité de la hache lors de la dernière présidentielle.
00:58Toujours plus loin, toujours plus fort, pour tenter de se faire entendre ou de frapper
01:01les imaginations. Voilà comment une classe politique en panne de solutions face à l'ampleur
01:07des déficits passe en deux ans, du rabot à la hache, et de la hache à la tronçonneuse.
01:12Je prends les paris de l'arrivée des pelleteuses ou des bulldozers, ou des guillotines.
01:16Je sens que vous ne croyez pas beaucoup, Patrick, au « trumpisme à la française ».
01:20Non, pas tellement, j'en veux pour preuve le programme le plus détaillé, le plus radical
01:24en matière de réduction des coûts, c'est celui de l'UDR d'Éric Ciotti. Il a été
01:28présenté il y a trois semaines, 56 pages, des tronçonneuses à chaque tête de chapitre,
01:33des suppressions en veux-tu en voilà. Ciotti veut effacer les rectorats, les agences de
01:38santé, pas moins de 400 agences, faire disparaître départements, régions, métropoles au profit
01:44de seules provinces, réduire de 30% le parc immobilier de l'État, de 50% le budget de
01:49l'audiovisuel public, etc. Mais sans jamais dire combien de postes supprimés ni qui serait
01:54licencié. Dans son projet, les femmes et les hommes qui œuvrent pour l'État n'existent
01:59pas, les économies sont une abstraction. Même chose au Rassemblement National qui
02:03veut tailler les dépenses sans toucher à ce qui coûte le plus, la protection sociale,
02:09plus de 40% de la dépense publique, la masse salariale de la fonction publique, plus de
02:1220%, près de 350 milliards d'euros. Le RN dit pourtant qu'il veut dégraisser, c'est
02:18dans le contre-budget qu'il a présenté à l'automne, mais à la rubrique « baisser
02:22le train de vie de l'État », on trouve des réductions de crédits à l'Élysée,
02:24au Parlement, à l'ARCOM, à la délégation de la lutte contre le racisme, etc. Pour 630
02:29millions d'euros, soit environ 4 millièmes du déficit de 140 milliards. Comme souvent,
02:35il y a un problème d'ordre de grandeur. Enfin, le discours anti-fonctionnaire se cogne
02:40à la demande de services publics. Dans son interview, dans la même interview à Valeurs
02:44sociales, Bardella répète que la France manque de policiers, d'agents de terrain,
02:48de soignants, d'enseignants. Contradiction éternelle, la démagogie vous invite à vous
02:52en prendre à l'État, jamais spécifiquement à ses agents. Sous Nicolas Sarkozy, entre
02:572007 et 2012, le non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite avait réduit
03:01les effectifs policiers de 13 000 postes. On lui en parle encore.