Les informés du matin du lundi 4 mars 2024

  • il y a 7 mois
Tous les jours, les informés débattent de l'actualité autour de Salhia Brakhlia et Renaud Dély.

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00:00 *Générique*
00:09 Et ravie de vous retrouver pour les infos, mais on est ensemble en direct jusqu'à 9h30 sur France Info avec Renaud Delis. Bonjour Renaud.
00:14 Bonjour, salut.
00:15 Et pour décrypter l'actualité ce matin, la formidable Alix Bouillaguet.
00:19 Oh là là, j'aime bien cet accueil.
00:21 J'aime bien moi aussi.
00:22 Éditorialiste politique à France Info sur le canal 27 et l'interview politique c'est chaque matin à 7h45, 5h45, 45 ?
00:31 Tout juste, tout bon.
00:33 Tout juste, tout bon, sur le canal 27.
00:35 À côté, il y a l'incroyable Etienne Girard.
00:37 Trop gentil.
00:38 Voilà, rédacteur en chef à L'Express.
00:39 Bonjour Charia.
00:40 On est lundi, mardi, je sais pas ce que je vais dire.
00:42 Renaud Delis, on commence tout de suite avec Jordan Bardelac, président et tête de liste du RN pour les européennes.
00:47 Il a tenu son plus gros meeting de la campagne hier à Marseille.
00:51 Oui, le premier meeting en tout cas de sa campagne.
00:53 Effectivement, rappelons que dans les sondages d'intention de vote, Jordan Bardelac fait la course en tête autour de 29 à 30% d'intention de vote
00:59 avec une dizaine de points d'avance sur la liste de la majorité conduite par Valérie Ayé.
01:05 Jordan Bardelac qui tenait donc hier son premier grand meeting de campagne, c'était à Marseille
01:10 et qui tout au fil de son intervention a visé le chef de l'État.
01:17 Au fond, ce que nos dirigeants et l'Union européenne ont provoqué main dans la main, c'est le grand effacement de la France.
01:24 Un grand effacement qui se traduit par le recul de la France chez elle, sur son propre sol,
01:31 mais également en Europe et dans le monde.
01:35 Et le grand effaceur a un nom.
01:38 Il s'appelle Emmanuel Macron.
01:42 Arrots donc sur le chef de l'État, sur Emmanuel Macron, qui a été la cible du discours de Jordan Bardelac,
01:47 alors qu'il s'agit, rappelons-le, d'une élection européenne.
01:50 Alors est-ce que Jordan Bardelac essaie ainsi d'installer un face-à-face avec le président de la République ?
01:54 Ce qui pourrait lui permettre aussi, au passage, d'effacer un petit peu, de faire oublier la tutelle de Marine Le Pen.
01:59 Et puis, est-ce que c'est aussi éventuellement un moyen pour le RN, évidemment, de viser la pole position,
02:05 mais aussi de parler peut-être davantage du bilan d'Emmanuel Macron que de son propre projet européen ?
02:11 - Alex Bouiaguet ? - Oui, c'est vrai que depuis le départ, le RN explique que les européennes,
02:17 c'est vraiment un référendum contre la politique d'Emmanuel Macron.
02:21 Ils veulent en faire une forme de mid-term à l'américaine, et forcément, un vote contre, finalement, le chef de l'État.
02:28 Après, le chef de l'État lui rend bien, Jordan Bardelac, parce que c'est presque lui qui,
02:32 le premier au moment du Salon de l'Agriculture, a instauré ce match de face-à-face.
02:36 D'ailleurs, à mon sens, en faisant peut-être une petite faute de quart, parce qu'il a voulu caricaturer Emmanuel Macron le RN,
02:44 et il l'a dénoncé en tant que parti qui souhaite le Frexit.
02:50 Or, c'est un argument qui, effectivement, est un coup d'épée dans l'eau, parce que le Frexit, depuis après 2017,
02:56 le RN n'est plus du tout sur cette ligne-là.
02:59 Et d'ailleurs, on a le sentiment en ce moment qu'ils insistent beaucoup sur le fait que, non, non, ils ne souhaitent plus du tout la sortie de l'Europe.
03:07 L'affiche de campagne, elle illustre bien ce volte-face et cette volonté d'affirmer qu'ils souhaitent transformer l'Europe de l'intérieur.
03:14 C'est la France revient, l'Europe revit.
03:17 Donc, c'est vraiment une manière de dire, écoutez, nous, on veut une alliance européenne des nations.
03:22 On veut donc une coopération entre États-nations.
03:25 Et après, c'est vrai que sur le reste, sur la manière dont ils vont refaire cette Europe, clairement, les contours sont quand même hyper flous.
03:36 Justement, on va parler du projet du RN pour ces européennes, juste après le Fil info de Diane Fershit à 9h10.
03:42 Le droit à l'avortement pour la première fois inscrit dans une constitution.
03:46 La France s'apprête à passer un cap historique.
03:49 Vote du Parlement, cet après-midi, réuni en congrès au château de Versailles, sur France Info.
03:54 La députée écologiste Sandrine Rousseau se dit très émue.
03:57 C'est un grand jour.
03:58 Mais elle rappelle qu'on a la même problématique sur l'IVG comme psychiatrie, par exemple.
04:02 Il y a, selon elle, absolument besoin de revaloriser les salaires.
04:06 La liste présentée comme exhaustive des armées matérielles militaires fournies par la France à l'Ukraine,
04:10 publiée sur le site du ministère des Armées.
04:12 Plus de 3,8 milliards d'euros d'armement, liste publiée par Paris, face aux critiques de certains de ses partenaires européens.
04:20 Les taxis en colère, opposés aux nouveaux tarifs de transport des malades imposés par l'assurance maladie.
04:26 Opération escargot en cours sur le périphérique parisien.
04:29 Autre mobilisation sur la rocade à Toulouse, mais aussi à Nîmes, Rennes ou encore Bordeaux.
04:34 La 24e journée de Ligue 1 de football en clôture.
04:37 L'An, c'est largement imposé à Lyon.
04:39 3 à 0, les Lanceois sont à 3 points du podium.
04:42 Parmi les autres résultats d'hier, l'Orient s'est imposé à Rennes 2 à 1.
04:46 Montpellier et Strasbourg ont fait match nul de partout.
04:49 (Générique)
05:00 De retour sur le plateau des informés avec Alix Bouillaguet, éditorialiste politique à France Info TV, le Canal 27, avec Renaud Dely aussi,
05:07 et Étienne Girard, rédacteur en chef à L'Express.
05:09 On parle de la campagne des européennes de Jordan Mardela, le président et la tête de liste du Rassemblement national.
05:17 Emmanuel Macron parle de Frexit déguisé dans le programme du Rassemblement national.
05:22 Est-ce qu'il est justifié ?
05:24 Les faits sont plus ambiguës.
05:26 Ce n'est pas complètement faux, mais ça revient à une époque où le RN, FN, à l'époque, assumait de façon beaucoup plus claire ce dessin-là.
05:36 C'est les années 2014-2017 avec Florian Philippot en figure de proue.
05:41 Rappelez-vous, à cette époque-là, le FN, il s'appelait encore comme ça, assumait de vouloir sortir de la zone euro, par exemple.
05:48 Aujourd'hui, il n'y a plus de Frexit, si on regarde le programme.
05:51 Effectivement, on regarde les lignes du programme, on peut dire que c'est faux.
05:55 Il n'y a plus de Frexit.
05:57 Le programme est ambiguë, c'est-à-dire que le RN veut rester dans l'Europe, mais sans Europe.
06:03 C'est-à-dire qu'on a compris au RN qu'on faisait peur aux électeurs en promettant la fin de la zone euro.
06:12 Le Frexit, c'est quelque chose qui inquiète énormément.
06:15 Donc on ne promet plus du tout ça, on va rester, on joue le jeu institutionnel.
06:20 Mais on ne comprend pas bien quel sera le projet européen, et assez logiquement, parce qu'il n'y a pas de projet européen.
06:25 Le projet européen, c'est moins d'Europe en réalité, et beaucoup plus de France, de retour à la souveraineté française,
06:33 ce qui s'inscrira par une forme de blocage au grand projet européen qui pourrait exister de 2024 à 2029.
06:41 C'est ça, c'est on reste dans l'Europe, mais on ne suit pas les règles.
06:44 Je crois que c'est effectivement, mais précisément, je pense que cette formule, en l'occurrence Emmanuel Macron l'a utilisée,
06:48 ce n'est pas le seul, de Frexit déguisé, elle est tout à fait justifiée.
06:51 Quand on regarde le projet européen de Jean-Alain Bardella et du Rassemblement national,
06:55 et il l'a réexpliqué encore ces derniers jours, c'est les fameux feux vert, orange et rouge.
07:00 Selon les politiques européennes, parfois le Rassemblement national mettrait un feu rouge,
07:05 par exemple sur la question migratoire, hors de question que cette question soit gérée à l'échelle européenne.
07:09 Et puis en revanche, parfois un feu vert, ou dans sa grande bonté, un feu orange,
07:13 si jamais l'ensemble de l'Europe se rangait aux conditions posées par le parti de l'extrême droite.
07:16 Donc ça, c'est évidemment un Frexit déguisé. Pourquoi ?
07:19 Parce que l'Union européenne, ça ne fonctionne pas comme ça,
07:21 ce n'est pas une Europe à la carte, on ne choisit pas telle ou telle politique,
07:25 tel ou tel domaine dans lequel on reprendrait la souveraineté nationale
07:29 au détriment des coopérations européennes.
07:31 Et puis en revanche, on approuverait tel ou tel point autre, tel ou tel autre secteur.
07:37 Évidemment, c'est comme un syndic de copropriété,
07:39 vous n'avez pas à choisir de repeindre tout seul vos volets rouges,
07:42 si jamais le syndic ne vote pas avec vous pour valider ce choix, c'est une communauté.
07:47 Donc on voit qu'effectivement, c'est une façon de fait de détruire l'Europe de l'intérieur,
07:51 donc d'en sortir, mais surtout sans le dire, parce qu'il ne faut pas faire peur aux électeurs,
07:55 d'où ce slogan "la France revient, l'Europe revit", c'est du flan, c'est un slogan de campagne.
08:01 Toutes les listes ont des slogans comme ça, mais c'est tout sauf un projet.
08:04 Et juste un dernier point, effectivement, Jordan Bardalla a dit "non, non, non,
08:06 on ne veut pas en sortir, on veut bâtir une alliance européenne des nations".
08:10 Ça, c'est clairement le mot d'ordre. Mais avec qui ?
08:12 Puisqu'il n'y a aucun autre partenaire potentiel en Europe qui soit sur cette ligne-là.
08:17 Et pire encore, le Rassemblement national, qui a de nombreux sortants,
08:20 qui était déjà arrivé en tête lors des deux dernières élections européennes
08:23 et qui a 23 députés européens sortants, ces 23 élus ne siègent même pas au sein du même groupe
08:30 que les élus européens des deux autres partis nationalistes, on va dire,
08:34 qui sont au pouvoir en Europe, c'est-à-dire l'Italie de Giorgia Melloni et la Hongrie de Viktor Orbán.
08:40 C'est dire à quel point l'ERN est isolée, et c'est bien pour ça d'ailleurs qu'il n'a pas de bilan
08:44 sur les cinq années qu'il vient de passer au Parlement européen.
08:47 Justement, le bilan de Jordan Bardalla, il est mis en question, Alex Bouyagué ?
08:50 Il est mis en question. Alors, on peut voir déjà le bilan chiffré,
08:54 concrètement, qu'est-ce qu'il a fait depuis cinq ans.
08:57 Alors, il se trouve qu'il est à la commission des pétitions,
08:59 qui n'est pas la commission la plus active de toutes les commissions qui existent.
09:04 On l'appelle la commission des planqués, apparemment.
09:05 Oui, parce qu'en fait, c'est celui de faire remonter des choses venant des citoyens
09:09 pour éventuellement un jour proposer des référendums.
09:11 Bon, il se trouve qu'il ne brille pas par...
09:14 En tout cas, il n'y a pas un référendum dans les tuyaux d'ici peu.
09:18 Sur le point de vue, donc, je vous parle des chiffres,
09:20 il a déposé en cinq ans 21 amendements.
09:23 Pour vous donner un ordre de grandeur, dans l'autre part de l'échiquier,
09:28 l'autre partie de l'échiquier, Manon Brie, elle en a déposé 3 466.
09:32 Donc, un premier constat, c'est que Jordan Bardalla ne brille pas
09:36 par un surinvestissement du Parlement européen et par un fourmillement de propositions.
09:43 Après, vous connaissez sa défense là-dessus.
09:44 Il dit "moi, je ne vais pas faire des amendements si à la fin,
09:47 ce n'est même pas pris en compte parce qu'on n'est pas dans la majorité".
09:49 Oui, mais en même temps, il pourrait prêcher,
09:52 quitte à prêcher dans le vide, faire de la politique, effectivement.
09:56 Donc, c'est des contributions qui sont peu visibles.
09:58 Et parfois, il y a des votes, alors les votes, c'est aussi intéressant,
10:00 qui sont assez contre-intuitifs.
10:01 C'est-à-dire que Frontex, notamment, a été remis en cause à un moment
10:05 par, pas seulement le RN, d'autres parties au sein de l'hémicycle.
10:08 Et donc, certains voulaient geler en partie le financement de Frontex.
10:13 C'est l'agence Saint qui gère les frontières.
10:16 C'est comme des gardes frontières, en quelque sorte.
10:19 Et donc, il y avait ce gel des financements qui était demandé pour justement
10:23 geler tant que Frontex n'avait pas davantage d'officiers,
10:28 n'avait pas davantage de moyens et tout.
10:30 Jordan Bardalla, de manière assez étonnante,
10:33 eh bien, il a voté contre ce gel des crédits.
10:37 Donc là, on se demande pourquoi.
10:38 La PAC, c'est pareil.
10:39 Ils votent pour et en même temps, ils votent contre le financement.
10:42 Sur la santé, alors ils votent contre tout ce qui est prévention des pandémies,
10:47 tout ce qui est stratégie pharmaceutique.
10:50 En Ukraine, aussi, 29 février, résolution pour soutenir l'Ukraine,
10:54 alors qu'en France, le RN dit "Bien sûr, on soutient l'aide à l'Ukraine".
10:58 Eh bien, le 29 février, le RN a voté contre.
11:02 Étienne ?
11:03 La vérité, c'est que Jordan Bardalla, il s'inscrit dans un rôle d'opposant total,
11:08 en rupture avec tous les projets de l'Union Européenne sur la dernière législature.
11:13 C'est assez souvent le cas de la part du RN, ancien Front National.
11:19 Les électeurs ne leur en tiennent pas grief, mais on voit mal comment ce rôle
11:25 assez caricatural ou unique du RN pourrait se transformer
11:30 dans la prochaine législature en rôle de proposant ou de majorité alternative.
11:37 Parce que cette majorité alternative, le RN n'a jamais essayé de la construire
11:42 au Parlement Européen.
11:44 Mais il n'y arrive pas ?
11:45 Le Parlement Européen, c'est une assemblée dynamique.
11:49 On peut construire des coalitions de projets sur des textes un peu différents.
11:53 Et en réalité, le RN n'a jamais souhaité jouer ce jeu-là de proposant, même alternatif.
11:59 C'est un rôle que joue par exemple la gauche radicale.
12:01 Le RN, pas du tout. Il ne s'inscrit pas dans ce jeu institutionnel.
12:05 Il vote contre la plupart des grands projets.
12:07 Il vote même contre la plupart des grandes déclarations diplomatiques.
12:11 Par exemple, toutes les déclarations diplomatiques visant à s'insurger
12:15 contre l'invasion de l'Ukraine, le Rassemblement National,
12:19 à souhaiter soit voter contre, soit s'abstenir.
12:22 Il ne participe pas à ce jeu-là.
12:24 C'est pas normal. Comment ça pourrait changer de façon spectaculaire entre 2024 et 2029 ?
12:29 Alors comment expliquer ces contradictions, Renaud Delis ?
12:31 On touche là-même aux contradictions qui sont inhérentes au fonctionnement
12:34 des partis dits nationalistes ou d'extrême droite.
12:37 Dès lors que vous voulez bâtir une alliance entre partis d'extrême droite,
12:43 il y a un moment ou un autre où, dès lors qu'ils sont eux-mêmes
12:46 obnubilés par leurs intérêts nationaux, ils s'avèrent incapables de bâtir
12:49 un intérêt commun à l'échelle européenne.
12:51 Un exemple, un simple exemple, le pacte Asie-Démigration,
12:54 qui est un texte extrêmement important, qui a été débattu et voté
12:57 il y a quelques semaines, quelques mois, au niveau européen.
13:00 Le parti de Giorgia Meloni a voté en faveur de ce pacte.
13:04 Pourquoi ? Parce que dans tous les dispositifs qu'il prévoit,
13:07 quant à la gestion des flux migratoires, quant à leur contrôle, etc.,
13:11 il y a aussi, dans les cas d'urgence, une mesure qui vise à répartir
13:16 entre pays membres de l'Union un certain nombre d'arrivées de réfugiés, évidemment.
13:21 Les Italiens, y compris le parti d'extrême droite Giorgia Meloni,
13:24 qui est au pouvoir en Italie, sont plutôt favorables à cette mesure,
13:26 tout simplement parce que, face aux flux migratoires,
13:28 il faut effectivement que les pays prennent leur part.
13:33 Le Rassemblement national a voté contre.
13:35 Donc, ils votent contre une mesure qui est soutenue par un autre parti nationaliste.
13:39 Pourquoi ? Parce qu'il y a un moment où les intérêts, les égoïsmes nationaux,
13:42 dans la logique du RN, reprennent leur domination sur toute forme de coopération.
13:47 Il y a effectivement un dernier point qui est intéressant,
13:50 c'est les prises d'opposition internationales.
13:52 On le voit, sur l'Ukraine, c'est, me semble-t-il, lourd d'enseignement
13:56 sur la vraie nature du Rassemblement national au Parlement européen.
13:59 Lors des deux premiers mois, le RN a voté les résolutions
14:03 condamnant l'invasion de l'Ukraine par la Russie.
14:05 Comme ça, c'était fait, voilà.
14:07 Et Jordan Bardella pouvait dire "ben voilà, c'est bien la preuve qu'on ne soutient pas Vladimir Poutine".
14:13 Sauf que depuis, depuis 18 mois, le RN, systématiquement, ne vote pas
14:17 les livraisons d'armes, les aides financières versées à l'Ukraine,
14:21 et même n'a pas voté, par exemple, sur un autre dossier,
14:24 mais la dénonciation des conditions de détention d'Alexei Navalny,
14:27 mort récemment dans les geôles de Vladimir Poutine.
14:29 Ce qui démontre que, sur le fond, quand même, il ne s'agit surtout pas
14:32 d'embêter, de gêner Vladimir Poutine et la Russie.
14:34 Je vous propose de poursuivre, dans un instant après le Fil Info,
14:37 à 9h10, euh à 9h20, pardon, Jeanne Fershit, on ne va pas revenir, on est ré-là.
14:41 Un hommage ce matin aux quatre agents de l'Institut français tué à Gaza,
14:44 institut qui promeut la culture française dans le monde,
14:46 hommage au Quai d'Orsay, alors que les discussions sont toujours en cours
14:50 au CAIR pour une pause des combats Kamala Harris.
14:52 La vice-présidente américaine réclame un cessez-le-feu immédiat de six semaines.
14:56 Les députés et sénateurs réunis à Versailles, en Congrès cet après-midi
15:00 pour une séance historique, l'inscription de l'interruption volontaire de grossesse
15:04 dans la constitution française, cérémonie retransmise sur grand écran,
15:07 en direct sur le parvis des droits de l'homme, place du Trocadéro à Paris.
15:11 Claudine Monteil, militante de la première heure du droit à l'IVG Isra,
15:15 sur France Info, elle appelle tous ceux qui soutiennent ce combat à s'y réunir.
15:19 Les braises sont brûlantes, c'est ce qu'affirme le président de la FNSE,
15:23 Arnaud Rousseau, au sujet de la colère des agriculteurs.
15:25 Il promet de nouvelles actions, alors que sur l'A62, dans le Tarn-et-Garonne,
15:29 le barrage en place depuis fin février a été levé, l'autoroute est rouverte.
15:33 A 150 jours de la cérémonie d'ouverture des Jeux de Paris, on va découvrir aujourd'hui
15:37 l'affiche officielle de l'événement et de nouveaux billets sont mis en vente
15:41 ce lundi pour les épreuves d'athlétisme, épreuves qui auront lieu au Stade de France.
15:56 Et nous sommes toujours avec Alex Bouyagué, éditorialiste politique à France Info TV,
15:59 avec Étienne Girard, rédacteur en chef à L'Express.
16:02 Et Renaud, on en vient à cette journée spéciale, cette journée historique
16:06 avec le Parlement réuni en congrès au château de Versailles aujourd'hui.
16:09 Pour inscrire dans la Constitution la liberté garantie des femmes de pouvoir recourir à l'IVG,
16:15 donc ce sera cet après-midi à Versailles, pour que ce droit soit inscrit dans la Constitution,
16:21 il faut rassembler une majorité des 3/5ème des parlementaires,
16:24 ce qui devrait être une simple formalité au vu des larges majorités
16:27 qui se sont dégagées lors des deux votes dans les deux chambres, à l'Assemblée nationale puis au Sénat.
16:31 Une journée historique dont se réjouissait il y a quelques minutes sur ce plateau
16:35 la députée écologiste Sandrine Rousseau, en espérant d'ailleurs que la France fasse école.
16:41 C'est un grand jour vraiment et c'est un moment où on va aller à Versailles
16:46 pour un droit fondamental qui est la liberté des femmes à disposer de leur corps.
16:51 Et c'est aussi inscrire dans la Constitution que la liberté ne se décline pas tout à fait de la même manière
16:55 quand on est homme et quand on est femme.
16:57 C'est aussi un message envoyé aux Américaines, aux Hongroises,
17:00 à toutes les femmes qui partout dans le monde ne peuvent pas avoir accès à l'IVG
17:04 et donc voilà, on fait ça pour aussi soutenir les autres.
17:07 Alors la France est donc le premier pays au monde à inscrire l'IVG dans la Constitution.
17:12 Est-ce qu'au vu d'un certain nombre de menaces qui pèsent sur l'IVG dans différents pays,
17:17 outre-Atlantique, aux États-Unis, mais aussi d'ailleurs dans certains pays européens,
17:20 est-ce que la France peut faire école et inspirer d'autres pays ?
17:24 – Alex ?
17:25 – C'est vrai que la question pouvait se poser il y a encore deux ans.
17:28 Il y a encore deux ans, personne n'avait l'idée de vouloir inscrire l'IVG dans la Constitution,
17:32 personne y compris Emmanuel Macron,
17:34 puisque cette inscription de l'IVG dans la Constitution
17:37 n'est ni dans son programme de campagne de 2017, ni dans celui de 2022.
17:41 Donc c'était vraiment assez loin dans tous les esprits.
17:45 Et puis il a fallu effectivement la Cour suprême américaine
17:50 qui remet en cause ce droit d'avorté dans les États,
17:53 qui a effectivement agité une petite lumière dans les esprits,
17:57 et notamment dans celle de Mathilde Panot, parce qu'il faut quand même le reconnaître.
18:02 Il y avait Aurore Berger avant elle, mais en tout cas Mathilde Panot
18:05 qui a fait une proposition de loi et qui effectivement, cette proposition de loi a cheminé
18:08 et fait qu'aujourd'hui, grâce à Mathilde Panot,
18:11 ce droit va être inscrit dans la Constitution.
18:14 Et c'est vrai que je disais il y a deux ans que ça semblait étrange,
18:17 aujourd'hui ça semble effectivement presque nécessaire,
18:20 tant ce droit semble contesté, donc je parlais des États-Unis,
18:24 mais aussi dans nombreux pays d'Europe, tout près de chez nous, en Italie.
18:29 Alors en Italie, c'est même pas Giorgia Meloni, la présidente du Conseil italien,
18:33 qui souhaitait amoindrir le droit à l'avortement,
18:36 ce sont les médecins eux-mêmes et leur fameuse cause de conscience,
18:39 leur objection de conscience comme ils l'appellent.
18:41 Et c'est flagrant là-bas les chiffres, 63 000 avortements cette année,
18:46 c'était 130 dans les années 80, c'est-à-dire moitié moins,
18:50 parce qu'effectivement aujourd'hui, deux tiers des hôpitaux refusent à des femmes de pouvoir avorter.
18:55 Donc des phénomènes comme celui-ci, ça peut arriver partout et pourquoi pas en France.
19:00 Il y a l'exemple d'autres pays européens comme en Hongrie ou en Pologne,
19:03 où là c'est vraiment les autorités qui ont décidé de réduire cet accès à l'IVG,
19:08 voire même de l'interdire, Étienne.
19:10 C'est pour ça que quand on parle de faire école pour l'inscription dans la Constitution,
19:15 on n'y est pas aujourd'hui.
19:17 À l'inverse, on a un certain nombre de pays où l'inscription dans la loi est compliquée.
19:22 Maintenant la France joue son rôle effectivement de pionnière en matière de droit des femmes,
19:28 ce qui n'a pas toujours été le cas dans l'histoire.
19:31 On peut espérer un destin comme celui de l'abolition de la peine de mort,
19:35 inscrit dans la Constitution française sous Jacques Chirac
19:39 et maintenant inscrit dans un certain nombre de grands textes internationaux,
19:43 où hormis aux États-Unis, on voit mal, en tout cas en Europe occidentale,
19:48 aujourd'hui le retour de la peine de mort.
19:50 Donc souhaitons que l'IVG et le droit à l'avortement connaissent ce destin-là,
19:57 qui est de faire de plus en plus consensus jusqu'à ne même plus faire débat.
20:02 C'est quand même extraordinaire ce qui s'est passé ces derniers jours au Sénat français.
20:07 Le Sénat français, le temple de la droite sous la Ve République,
20:11 qui avait voté contre l'abolition de la peine de mort,
20:14 qui avait voté contre la loi Veil en 1974
20:18 et qui vote très largement pour l'inscription de l'IVG dans la Constitution.
20:23 - Difficilement aussi en même temps.
20:25 - Ça a été difficile à coucher si je puis dire, mais ça a très bien accouché.
20:31 Et c'est la preuve qu'on a évolué de façon spectaculaire
20:37 dans les mentalités et dans les consciences en 40 ans en France.
20:40 - C'est le cas de la société française en général.
20:42 D'ailleurs, on a vu tous les sondages d'opinion qui montraient
20:44 que plus de 85, près de 90% des Français étaient favorables à l'inscription de l'IVG dans la Constitution.
20:48 Donc c'est vrai que le Sénat a eu un peu de mal à digérer cette évolution, mais il l'a fait.
20:51 Et c'est même à la rigueur tant mieux qu'il y ait eu 50 sénateurs qui aient voté contre,
20:54 parce que ça illustre le fait qu'il y a eu un vrai débat,
20:56 qu'il y ait allé au fond des choses, au fond des arguments.
20:58 Et finalement, une écrasante majorité s'est ralliée à cette réforme qui a été portée,
21:02 et Alex W.F. vient de le rappeler, par presque tous les groupes,
21:07 en tout cas des initiatives venant de plusieurs groupes,
21:09 et d'abord de la gauche, effectivement, des insoumis, des écologistes, etc.
21:14 Et le gouvernement a pris sa part, puisqu'il a même, heureusement,
21:17 transformé une proposition de loi en projet de loi,
21:19 ce qui permettait d'aller plus vite, d'éviter de passer par la case du référendum,
21:24 qui là aurait été évidemment beaucoup plus compliqué.
21:26 Juste un dernier point, c'est vrai que maintenant il y a la concrétisation de ce droit,
21:29 il faut aller plus loin dans sa mise en œuvre,
21:31 que toutes les femmes puissent y avoir accès, quels que soient les territoires dans lesquels elles vivent, etc.
21:37 Il faut souligner d'ailleurs la proposition de Rorbergé,
21:39 là, d'essayer de corriger, de conforter le texte qui vise à sécuriser,
21:43 dit-elle, le fait que les sages-femmes puissent réaliser des IVG chirurgicales,
21:48 en plus des IVG médicamenteuses qu'elles peuvent déjà effectuer.
21:53 Et effectivement, il faut en la matière corriger le texte, essayer de sécuriser ces praticalités.
21:57 Parce que dans le décret qui est paru en mois de décembre,
21:59 il y a la nécessité d'avoir la présence de médecins en plus des sages-femmes.
22:04 Merci beaucoup, merci à tous les trois,
22:06 Alex Bouillagui, éditorialiste politique à France Info TV,
22:08 et on vous retrouve tous les matins pour l'interview politique à 7h45 sur le Canal 27.
22:13 Merci à vous, Etienne Girard, rédacteur en chef à L'Express.
22:16 On en profite pour jeter un coup d'œil à la Une de L'Express de cette semaine, c'est la tradition.
22:21 Elle est sur l'Iran, le nouvel axe du mal, écrivez-vous.
22:25 Dossiers à lire dans L'Express et le magazine, donc, on peut le retrouver.
22:29 Dans tous les bons kiosques et sur L'Express.fr, bien sûr.
22:32 C'est pas dans les boulangeries ? Non ?
22:34 Pour l'instant, c'est sur tous les kiosques, mais les bons kiosques.
22:37 Les bons kiosques, justement. Merci beaucoup, Renaud.
22:39 A demain, salut.
22:40 On se retrouve demain. Les informations de retour ce soir à 20h avec Bérangère Bonte et Jean-François Aquilli.
22:44 [Musique]

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