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00:00 On rejoint notre invitée Françoise Vimeux, bonjour, merci de répondre à France 24.
00:03 Vous êtes climatologue, directrice de recherche à l'Institut de recherche pour le développement.
00:08 Ce que vit l'Asie du Sud-Est, c'est hors norme pour une fin avril ?
00:12 Oui, alors en fait on a des températures extrêmes qui sont records
00:19 et ça n'est pas surprenant de battre des records de température dans le cadre du réchauffement climatique.
00:25 Les conséquences du changement climatique s'intensifient mais surtout se généralisent à tous les territoires.
00:31 Si bien que dans les mois et les années à venir, il ne va plus se passer une seule semaine
00:37 où on n'aura pas une vague de chaleur ou un autre événement météorologique extrême dans le monde.
00:42 Là on parle de l'Asie du Sud-Est, pourquoi est-ce que c'est la zone qui se réchauffe le plus vite ?
00:47 Non, l'Asie du Sud-Est n'est pas la zone qui se réchauffe le plus vite en moyenne.
00:51 Les continents se réchauffent en moyenne plus vite que les océans
00:55 mais si on regarde dans le monde, la zone qui se réchauffe le plus vite c'est la région arctique.
01:00 En revanche là, on est sur un territoire où il fait déjà normalement chaud à cette période
01:06 et donc avec le réchauffement, avec les températures moyennes qui se réchauffent,
01:12 on a des vagues de chaleur qui viennent se superposer et ces vagues de chaleur sont de plus en plus intenses.
01:18 D'ailleurs elles se réchauffent plus vite que le réchauffement lui-même
01:21 et donc on atteint des températures qui sont délétères dans des régions où il faisait déjà très chaud.
01:28 En termes de température ressentie cette fois, on atteint des 50 degrés aux Philippines notamment.
01:35 Est-ce que l'humidité accentue ce sentiment de chaleur ?
01:38 Oui bien sûr, quand on parle de température ressentie pour les vagues de chaleur,
01:43 on prend en compte l'humidité de l'atmosphère et donc on atteint des températures ressenties,
01:49 vous l'avez dit, qui peuvent être de 50 degrés.
01:52 On est même monté jusqu'à 60 degrés il y a quelques semaines au Brésil
01:56 et on le comprend bien en fait notre corps est beaucoup plus sensible à la chaleur
02:00 quand l'atmosphère est humide parce que dans ces conditions,
02:03 nous avons du mal à évacuer la chaleur par transpiration
02:06 et donc c'est beaucoup plus difficile pour nous de supporter les températures élevées.
02:10 Là on comprend bien qu'on est en plein dans le dérèglement climatique et que c'est que le début.
02:14 C'est couplé aussi au phénomène d'il n'y a pas ?
02:17 Alors bien sûr, la variabilité naturelle du climat vient se superposer
02:22 à la tendance au réchauffement dû aux activités humaines.
02:26 Dans cette région du monde, on a un impact réchauffant qui fait même il n'y a pas.
02:31 En revanche, ce phénomène est en train de disparaître en ce moment
02:34 et donc il est peu probable que la vague de chaleur dont on discute en ce moment
02:40 soit entièrement due à ce phénomène El Niño.
02:43 Il va falloir s'attendre à avoir des vagues de chaleur de la sorte
02:47 indépendamment de ce phénomène El Niño dans cette région.
02:50 Donc c'est plutôt inquiétant.
02:52 Qu'est-ce que ça a comme conséquence sur la santé,
02:55 surtout dans des pays qui n'ont pas forcément les structures adéquates
02:57 pour faire face à ce genre de phénomène ?
03:00 Oui, alors on sait que les températures extrêmes ont un impact sur la santé
03:05 pendant la vague de chaleur.
03:07 Ce sont des coups de chaleur, ça peut être de la déshydratation.
03:10 Mais on sait aussi qu'il y a des impacts après la vague de chaleur
03:14 parce que les températures extrêmes viennent fragiliser nos organismes.
03:18 Et donc on augmente les risques, par exemple cardiovasculaires,
03:21 et on a toujours des décès attribuables aux vagues de chaleur
03:25 qui ont lieu après les vagues de chaleur.
03:27 Ça peut être quelques semaines, voire quelques mois après la vague de chaleur.
03:30 Et évidemment, les pays qui n'ont pas de structure hospitalière adéquate
03:37 sont particulièrement vulnérables à ces situations.
03:40 Est-ce que ça accélère aussi la propagation de certaines maladies ?
03:44 Alors c'est un des facteurs qui va accélérer, par exemple,
03:49 la présence de certains vecteurs de maladies comme les moustiques.
03:54 Pas forcément parce qu'il y a des vagues de chaleur,
03:57 mais parce que la température moyenne pendant la saison froide ne redescend pas.
04:03 Et donc certains vecteurs comme les moustiques vont se trouver
04:06 très à leur aise dans certains territoires
04:09 parce que l'hiver, la température ne redescend pas.
04:12 Donc c'est plutôt là l'effet du réchauffement moyen sur un territoire
04:16 que l'effet des vagues de chaleur.
04:18 Jusqu'où c'est tenable pour un être humain ?
04:21 Au-delà de 50 degrés, là, ça devient très compliqué quand même.
04:24 Alors en termes de température ressentie,
04:27 on sait que quand on dépasse des 60 degrés de température ressentie,
04:31 ce qui correspond à des températures de l'ordre de 40 degrés
04:36 avec des humidités de l'ordre de 50%,
04:39 eh bien là, on a des conditions potentiellement mortelles.
04:43 Et on sait d'ailleurs que pour des degrés de réchauffement importants,
04:46 certaines populations, comme en Asie du Sud-Est,
04:49 pourraient être exposées presque tous les jours de l'année
04:52 à ces conditions potentiellement mortelles de température extrême
04:56 couplées à des taux d'humidité extrêmes.
04:59 Est-ce que ça va pousser la population à quitter ces pays ?
05:02 Est-ce qu'on assiste déjà à des déplacements de population ?
05:05 Oui, c'est la question d'habitabilité des territoires.
05:09 Aujourd'hui, dans ces pays, on ne voit pas vraiment
05:13 de mouvement de population à cause des événements extrêmes météorologiques.
05:18 Si on en voit, ce sont des mouvements qui restent très locaux
05:22 parce que les gens n'ont pas forcément la possibilité de partir,
05:26 parce qu'ils ne savent pas où aller.
05:28 Et généralement, jusqu'à aujourd'hui, on a observé plutôt des mouvements
05:32 qui étaient dus à la montée du niveau des mers ou à des inondations.
05:36 Mais on observe peu de mouvements aujourd'hui dus aux vagues de chaleur extrêmes,
05:40 mais bien sûr, l'habitabilité de certains territoires est posée.
05:44 Merci infiniment, Françoise Vimeux, d'avoir répondu avec brillant
05:47 à nos questions. Vous êtes climatologue et directrice de recherche
05:51 à l'Institut de recherche pour le développement.