Avec Alain Wang, sinologue et Jean-Baptiste Noé, rédacteur en chef de la revue Conflits, Éditorialiste Sud Radio
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00:00 Vérissure, le numéro 1 des alarmes en France.
00:02 Rendez-vous sur verissure.fr pour votre demande de vie gratuite.
00:06 Vérissure présente...
00:08 Sud Radio, parlons vrai chez Bourdin, 9h10, Jean-Jacques Bourdin.
00:13 Il est 9h35, à l'occasion de la visite en France du président chinois Xi Jinping,
00:19 nous débattons sur notre relation avec la Chine,
00:26 sur la géopolitique, parce que la géopolitique change et bouge en permanence.
00:30 Le régime chinois a changé, nos relations ont changé,
00:34 l'Europe est partagée entre les Etats-Unis d'un côté et la Chine de l'autre,
00:40 quelle Europe, quelle indépendance européenne doit-elle être construite ?
00:45 Alors pour débattre de tout cela, de ces relations avec la Chine,
00:48 nous avons deux invités, je suis heureux de les recevoir,
00:51 Jean-Baptiste Noé, parolant alphabétique, qui est rédacteur en chef de la revue "Conflit",
00:55 éditorialiste sur Sud Radio, bonjour, merci d'être avec nous,
00:59 et le sinologue Alain Wang, bonjour, merci d'être avec nous tous les deux.
01:03 Alors, Xi Jinping, regardons les choses clairement, la Chine a changé,
01:08 parce qu'on a depuis longtemps la Chine à la fois fascine,
01:13 c'est un peu comme la Russie, à la fois fascine et en même temps effraie,
01:16 ça a toujours été un peu comme ça, mais la Chine aujourd'hui,
01:20 le pouvoir chinois n'est plus le même que celui qu'il était
01:24 il y a encore 15 ans ou 20 ans, ça a beaucoup changé, qui veut commencer ?
01:29 - Oui, si on revient en arrière, on avait quitté dans les années 80
01:34 véritablement la Chine maoïste, avec l'arrivée de Deng Xiaoping,
01:38 - Deng Xiaoping qui avait ouvert la Chine !
01:40 - Une grande réussite économique, il faut toujours le reconnaître quand même,
01:44 mais de l'autre côté, depuis 2012, l'arrivée du président Xi Jinping,
01:48 celui dont on parle, évidemment... - Président à vie !
01:50 - Président à vie maintenant, donc il a changé la constitution,
01:53 il a mis sa pensée au sein du Parti communiste chinois,
01:58 mais aussi au sein de la constitution, les enfants apprennent sa pensée
02:01 dès l'école primaire, donc on est véritablement face à quelqu'un
02:04 qui est en train de façonner une nouvelle Chine à sa façon,
02:07 et on va dire d'une manière assez dictatoriale.
02:09 - Oui, on est presque en dictature, c'est une autocratie dans tous les cas !
02:14 Qu'en pensez-vous Jean-Baptiste Nocelle ? Cette évolution de la Chine,
02:17 est-ce que d'abord nous l'avons prise en compte,
02:20 et est-ce que nous l'avons vue vraiment ?
02:22 - Je pense ni l'un ni l'autre, mais c'est vrai que Xi Jinping a dit,
02:25 par exemple, que ses deux références étaient Mao et Joseph Stalin,
02:28 donc ça pose un peu le débat, mais il faut aussi noter
02:32 l'extraordinaire progrès de la Chine, je ne pense pas qu'on ne pouvait pas imaginer
02:36 il y a encore 40 ans où serait la Chine aujourd'hui,
02:38 c'est quand même la deuxième puissance économique mondiale,
02:40 elle pèse sur de nombreux points, dans l'automobile, dans la monnaie,
02:44 sa monnaie aujourd'hui est en mesure de concurrencer le dollar,
02:46 et c'est ça aussi qui nous fascine, c'est comment ce pays
02:49 qui n'était pas grand-chose il y a 50 ans, avec eu des famines,
02:51 avec une très grande pauvreté, aujourd'hui est en mesure
02:55 de faire jouer des égales avec les Etats-Unis.
02:57 - Oui, oui, voilà.
02:59 - Il faut bien se rendre compte que c'est grâce aux Chinois,
03:01 parce que là on parle du gouvernement, il faut parler aussi du peuple chinois,
03:05 c'est grâce à l'investissement qu'ont eu tous les Chinois depuis les années 80
03:08 dans la construction d'une économie privée,
03:11 qui était extrêmement dynamique, un surprenant 70% de l'économie chinoise,
03:16 c'est eux qui ont construit la Chine.
03:17 - Alors parlons de cet impérialisme, on peut évoquer,
03:20 je peux employer le mot, impérialisme chinois, on est d'accord ?
03:24 - Alors oui, ce n'est que la Chine ne contrôle pas de pays extérieurs,
03:28 ou n'a pas la volonté de contrôler des pays extérieurs,
03:30 il y a le cas de Taïwan, évidemment, que nous on considère comme un pays indépendant,
03:33 que la Chine considère comme étant une région qui lui appartient,
03:37 mais il n'y a pas encore, pas encore, mais l'idée de s'étendre,
03:41 l'idée d'une domination économique, éventuellement d'une domination culturelle,
03:45 mais pas encore d'une domination militaire.
03:47 - D'ailleurs je suis étonné, alors vous allez répondre,
03:49 mais je suis étonné que dans le cadre de ce voyage, personne n'évoque Taïwan.
03:54 - Parce que c'est un sujet extrêmement sensible, et qu'on ne sait pas comment faire.
03:57 - Oui, on ne sait pas comment faire, et les Français ne savent pas comment faire.
04:00 - Oui, ceci dit, on aurait pu l'évoquer puisque le représentant de Taïwan de M. François Wu
04:06 a été présenté au cours de la remise de décoration de la Légion d'honneur de M. Gatolin,
04:11 qui était un sénateur, au président de la République il y a quelques jours,
04:15 en même temps que le Premier ministre en exil, le Tibétain.
04:18 Donc il y a quand même eu quelque chose qui s'est passé.
04:20 - Oui, mais ce que je veux dire, c'est que dans le débat public aujourd'hui,
04:24 on parle très peu de personne, surtout Taïwan, on n'en parle pas,
04:27 parce que c'est un sujet qui fâche.
04:29 - Oui, puis parce que les relations internationales sont fondées sur la puissance,
04:32 et que même si on est favorable à l'indépendance et l'autonomie de Taïwan,
04:36 la puissance chinoise fait que les pays européens sont très limités.
04:39 - Alors, moi je voulais revenir sur la partie de la Chine.
04:45 Parce qu'on a toujours l'impression que cette Chine est pacifique.
04:48 Il faut toujours se souvenir quand même que dans les années 50,
04:50 ils ont envahi le Xinjiang, qu'ils essaient d'assimiler aujourd'hui,
04:55 ils ont envahi le Tibet, ils ont envahi un tiers de la Mongolie,
04:58 et que depuis une dizaine d'années, ils sont en train de reprendre en main
05:01 toute la mer de Chine méridionale.
05:03 Et si on prend les traités internationaux,
05:05 normalement ils n'ont pas le droit de prendre l'ensemble de la mer méridionale.
05:08 - La Chine ressemble à la Russie.
05:10 - La Chine ressemble à la Chine ?
05:11 - Ils ressemblent tous les deux.
05:12 - Et quand même, ce sont des impérialismes voisins.
05:15 - Ce sont deux autocrates dictateurs qui sont en train d'essayer de rêver
05:20 ce qu'ils étaient autrefois.
05:21 Ce que veut Xi Jinping finalement, c'est retrouver une Chine
05:25 qui date de la dynastie des Qing,
05:27 qui était gigantesque sur le plan territorial, c'est un peu sa vision.
05:31 Et évidemment, la dynastie des Qing, en plus, qui n'est pas chinoise, qui est Manchu.
05:35 Mais enfin, en dehors de ça, son idée c'est ça.
05:37 Et donc de revoir une Chine en tant que superpuissance mondiale
05:42 et en compétition avec les Etats-Unis, évidemment, directement.
05:45 - Sur le plan économique, la Chine a mieux réussi que la Russie.
05:48 C'est évidemment qu'aujourd'hui, c'est un acteur qui pèse.
05:52 La guerre en Ukraine lui a aussi été profitable,
05:54 ou elle a réussi à en tirer profit,
05:56 notamment en imposant sa monnaie comme étant une monnaie concurrente du dollar.
05:59 La guerre des monnaies est quelque chose de fondamental.
06:01 On voit la Chine mener aussi une guerre du droit,
06:03 en copiant d'ailleurs le modèle de guerre du droit américain.
06:06 Et puis, en imposant sa raison d'être,
06:09 une sorte de domination économique sur toute la partie Asie du Sud,
06:14 l'Indonésie, les Philippines,
06:16 qui est aujourd'hui un vaste espace chinois,
06:18 au niveau économique, au niveau bancaire aussi.
06:20 - Bien, alors on va parler du rôle de l'Europe,
06:22 quelle doit être la position de l'Europe,
06:24 parce que les Chinois ne veulent pas se mettre l'Europe à dos.
06:30 - L'Europe est un grand marché.
06:33 Il faut se dire qu'en 2022, le déficit européen vis-à-vis de la Chine,
06:37 c'est 400 milliards d'euros.
06:38 Donc nous finançons la Chine.
06:40 - Donc nous finançons la Chine.
06:41 - Qui possède une part de la dette française aussi.
06:43 - Qui possède une part de la dette française.
06:45 - Ça compte.
06:46 La dette c'est un vrai sujet,
06:48 parce que quand on parle de Taïwan,
06:50 quand vous parlez de Taïwan,
06:51 avec les Jinping qui possèdent une partie de votre dette,
06:53 vous êtes forcément pieds et poings liés.
06:55 Votre marge de manœuvre est réduite.
06:57 - Bien évidemment.
06:58 - Une partie de la dette grecque aussi.
07:00 Il faut voir qu'en 2010, pendant la crise des dettes souveraines,
07:04 c'est la Chine qui vient au secours de certains pays.
07:06 La Grèce, le Portugal, l'Italie,
07:09 qui engagent ces pays à suivre la Chine.
07:12 - C'est une façon de conquérir,
07:13 c'est une conquête cachée.
07:16 Une manière de conquérir.
07:18 Alors Diane va intervenir dans un instant,
07:22 parce qu'on va parler de la réponse,
07:23 quelle doit être la réponse européenne,
07:25 et comment faire pour résister,
07:27 pour être à équidistance en quelque sorte
07:30 entre les États-Unis et la Chine.
07:32 Comment l'Europe peut-elle résister à ces deux grandes puissances ?
07:34 C'est un des grands sujets de la géopolitique
07:38 et de l'économie mondiale en ce moment.
07:41 Je vais prendre Diane tout de suite,
07:43 qui est à Perpignan. Bonjour Diane.
07:45 Diane ?
07:47 - Oui allô ?
07:49 - Oui Diane, bonjour.
07:51 - Oui bonjour, bonjour.
07:53 - Que vouliez-vous dire ?
07:55 - Vous parliez sur Xi Jinping,
07:57 qui est arrivé en France,
07:59 et vous demandez tout à l'heure,
08:01 qu'il fallait le punir,
08:03 il fallait être compétitif avec la Chine.
08:05 Ça me fait rigoler quand même.
08:07 - Non, non, pas le punir,
08:09 il s'agissait de mettre des barrières douanières
08:11 un peu plus solides
08:13 à l'importation des produits chinois.
08:15 - Oui, mais laissez-moi rigoler quand même.
08:17 - Pourquoi ?
08:19 - Rien qu'un exemple, l'épanoume solaire.
08:21 On a des usines françaises.
08:23 - Non, non, il n'y en a plus.
08:25 - Non, on en a plus, mais pourquoi ?
08:27 - Pourquoi on en a plus ?
08:29 Tout simplement parce que nous,
08:31 on les taxe, eux, les chinois,
08:33 ils aident, ils les subventionnent.
08:35 - Comme les américains.
08:37 - On ne peut pas être compétitif.
08:39 Qu'est-ce qui se passe avec les chinois ?
08:41 Là, les chinois ont bien dit
08:43 que si on les embêtait,
08:45 le vin de France qui est vendu en Chine
08:47 va être pénalisé.
08:49 Comme les américains ont dit quand il y avait Trump.
08:51 C'est-à-dire que le vin français,
08:53 si on le pénalise,
08:55 ça va être en grande difficulté.
08:57 C'est-à-dire que toutes nos entreprises françaises,
08:59 c'est les plus perdants.
09:01 Je parle pas de l'Europe, parce que l'Europe ne l'aide pas.
09:03 Parce que s'ils se mettaient tous ensemble d'accord,
09:05 les 27, on pourrait lutter contre la Chine.
09:07 Mais on se tourne tellement le dos
09:09 les uns des autres qu'on ne pourra pas être compétitif.
09:11 - Donc il faut plus d'Europe.
09:13 - Non, il faut plus...
09:15 L'Europe, je vous dis pas plus d'Europe,
09:17 il faut plus d'aide, que l'Europe se tienne les coudes.
09:19 - Bah oui, donc plus d'Europe.
09:21 - Ils ne se tiennent pas les coudes.
09:23 Ils n'ont pas l'intention.
09:25 - Diane, Diane, alors...
09:27 - C'est parler pour rien dire sur la Chine.
09:29 Parce que la Chine, eux,
09:31 du jour au lendemain...
09:33 - Ce n'est jamais parler pour rien dire, Diane.
09:35 De réfléchir, ce n'est jamais parler pour rien dire.
09:37 Pardon de vous le dire, Diane, mais jamais.
09:39 Et de réfléchir à la situation géopolitique,
09:41 c'est tellement important.
09:43 La géopolitique a pris tellement d'importance
09:45 aujourd'hui dans notre monde.
09:47 Je ne sais pas si les Français se rendent compte suffisamment de cela.
09:49 Les rapports internationaux
09:51 sont tels aujourd'hui.
09:53 Le monde a tellement évolué.
09:55 Il y a un tel désordre mondial, qu'on ne peut plus
09:57 ignorer ces problèmes géopolitiques.
09:59 On ne peut plus les ignorer.
10:01 - Je voulais revenir sur les panneaux solaires
10:03 ou les voitures électriques.
10:05 C'est vrai que les Chinois les fabriquent avec des subventions
10:07 très importantes de leur gouvernement,
10:09 ce qui leur permet évidemment d'exporter pas cher.
10:11 Mais on ne tient pas compte non plus, parce qu'on parle souvent
10:13 que ça aide à la transition
10:15 énergétique, etc.
10:17 Maintenant, il faut se rendre compte
10:19 que les Chinois, pour fabriquer ce qu'ils font,
10:21 sont en train de détruire
10:23 des zones entières, en Mongolie,
10:25 en Chine, en Afrique,
10:27 et qu'ils ouvrent deux centrales
10:29 thermico-charbons par mois.
10:31 - Mais oui, c'est un argument
10:33 sous l'argument écologique.
10:35 Parce que les Chinois avancent cet argument écologique,
10:37 mais derrière
10:39 détruisent la planète.
10:41 Et c'est vrai.
10:43 - Oui, à ce prix, c'est les Européens qui ont voulu
10:45 remplacer les moteurs thermiques par les moteurs électriques.
10:47 - C'est vrai.
10:49 - C'est aussi un très beau cadeau à la Chine.
10:51 - Oui, c'est vrai.
10:53 - Il fallait, parallèlement à cela, subventionner
10:55 l'industrie automobile européenne.
10:57 - Oui, sauf que les batteries des constructeurs français
10:59 ne sont pas fabriquées en France, elles sont construites...
11:01 - Elles le seront, mais elles ne le sont pas aujourd'hui.
11:03 - Non. - Vous avez raison.
11:05 - Sauf qu'il faut faire très attention, parce que quand on écoute les économistes,
11:07 la chanson, c'est que les Chinois nous aident à faire la transition,
11:09 mais maintenant, c'est un peu
11:11 le nuage de Tchernobyl.
11:13 C'est-à-dire, on a l'impression que ça va s'arrêter sur nos frontières,
11:15 mais la destruction de la planète,
11:17 on en a des conséquences tous les jours et partout.
11:19 - Bien, il est 9h46, à tout de suite.
11:21 - Vérissure, le numéro 1 des alarmes en France.
11:23 Rendez-vous sur verissure.fr
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11:27 Vérissure présente...
11:29 - Sud Radio, parlons vrai
11:31 chez Bourdin, 9h10,
11:33 Jean-Jacques Bourdin.
11:35 - On le sait, l'économie et la géopolitique sont étroitement liées.
11:37 La Chine,
11:39 aujourd'hui, souffre
11:41 sur son marché intérieur.
11:43 Je veux dire par là que la Chine produit
11:45 beaucoup de biens d'équipement, énormément,
11:47 mais ne les vend pas aux Chinois.
11:49 Parce que les Chinois ne les achètent pas.
11:51 Donc, que fait la Chine ?
11:53 Elle accumule ses biens de consommation
11:55 qu'elle essaie de répandre
11:57 partout dans le monde.
11:59 Et notamment en Europe.
12:01 C'est ce qui est venu chercher, aujourd'hui,
12:03 Xi Jinping à la Wang.
12:05 - Alors, c'est vrai qu'il y a un axe vers l'Europe,
12:07 mais il ne faut pas oublier aussi
12:09 qu'il y a un troisième axe qui s'est beaucoup versé l'an dernier,
12:11 c'est l'Asie.
12:13 Et l'Asean en particulier.
12:15 Aujourd'hui, on a des relations commerciales
12:17 qui sont à peu près équilibrées, un tiers vers les Etats-Unis,
12:19 un tiers vers l'Europe, un tiers vers l'Asean.
12:21 Et ça, c'est assez nouveau.
12:23 C'est la politique de dérisking, quelque part,
12:25 du gouvernement chinois, pour éviter
12:27 d'être trop dépendant à l'avenir,
12:29 peut-être justement de l'Europe, et peut-être des Etats-Unis.
12:31 - Parce que les Américains ont mis des freins !
12:33 Des freins à l'importation de produits chinois.
12:35 Ce que l'Europe devrait faire ?
12:37 Est-ce que l'Europe devrait le faire ?
12:39 - L'Europe peut le faire. Le problème, c'est que
12:41 quand vous montez les droits de douane,
12:43 vous touchez aussi, c'est-à-dire que les prix
12:45 de produits vont augmenter, donc ça va
12:47 entrer en contradiction avec la question du pouvoir d'achat.
12:49 Il faut bien voir qu'on va acheter les choses plus chères.
12:51 Et puis, la Chine est un concurrent,
12:53 mais il y a aussi un retard
12:55 dans l'industrie française.
12:57 Les normes, la fiscalité,
12:59 les charges... On est dans un monde
13:01 qui fait qu'on doit avoir une concurrence
13:03 mondiale, qu'on le veuille ou non,
13:05 il y a une concurrence mondiale. Si l'industrie française
13:07 a des boulets qui est mise par une
13:09 suradministration, elle ne peut plus lutter.
13:11 - Oui, mais la concurrence mondiale est inégale
13:13 puisque nous, nous mettons des règles
13:15 et notamment, nous respectons les règles du commerce
13:17 international, ce que font ni les Chinois, ni les Américains.
13:19 - Alors, c'est vrai, mais il y a aussi des règles
13:21 qu'on s'est mises au patte,
13:23 comme l'action des centrales nucléaires, par exemple.
13:25 Ce n'est pas les Chinois qui ont fait fermer les centrales nucléaires
13:27 françaises. - Non, ça, on est d'accord.
13:29 - Donc, il y a aussi une inégalité par ce
13:31 biais-là, où non seulement on a une naïveté par rapport
13:33 à l'extérieur, et en plus, on se rajoute
13:35 des normes qui ne devraient pas y être.
13:37 - Alors, je pense qu'il y avait quelqu'un qui avait été
13:39 assez intelligent il y a très très longtemps, qui s'appelait Michel Barnier,
13:41 qui avait émis l'hypothèse que
13:43 vis-à-vis de la Chine, la seule solution qu'on avait, c'était
13:45 la réciprocité. C'est-à-dire,
13:47 de se dire aux Chinois, vous avez
13:49 accès au marché européen, mais en échange,
13:51 il faut que nous ayons aussi, nous, le même
13:53 accès sur le marché chinois.
13:55 Et je pense que la bataille, elle est là, parce qu'aujourd'hui,
13:57 on n'a toujours pas accès au marché chinois.
13:59 - Mais parce que notre commerce extérieur
14:01 est considérablement déficitaire
14:03 avec la Chine.
14:05 - Ah si, je regardais les chiffres.
14:07 - Oui, c'est sûr, mais on a quand même pas mal d'entreprises
14:09 qui sont en Chine actuellement,
14:11 qui pourraient éventuellement
14:13 travailler autrement, pouvoir
14:15 vendre leurs produits, etc. C'est plutôt des produits
14:17 qui sont fabriqués pour aller sur l'exportation,
14:19 et pas pour rester en Chine et vendre
14:21 sur le marché chinois. - C'est-à-dire que nous,
14:23 Français, nos entreprises, vont installer des usines
14:25 en Chine, pour venir
14:27 nous envahir de produits
14:29 chinois, fabriqués
14:31 par des entreprises françaises.
14:33 - Bien sûr, oui. - Il y a eu des cas...
14:35 Danone, par exemple,
14:37 a eu un problème il y a quelques années,
14:39 avec des vols de brevets, dû à une association
14:41 faite avec une entreprise chinoise. Évidemment, Danone
14:43 avait porté plainte en Chine, mais dans ces cas-là,
14:45 il était sûr de perdre.
14:47 Donc, il y a eu plusieurs gros industriels français
14:49 qui se sont un peu brûlés les ailes,
14:51 en se rendant compte qu'effectivement, les règles étaient inégales
14:53 et qu'elles étaient forcément toujours contre eux.
14:55 - Et elles sont de plus en plus inégales que, depuis l'arrivée
14:57 de M. Xi Jinping, il y a une reprise en main
14:59 qui est assez dure. La dernière loi,
15:01 c'est la loi sur l'espionnage qui a été mis en place,
15:03 enfin renforcée, depuis le 1er juillet
15:05 dernier, qui aujourd'hui met en péril
15:07 pratiquement tout le monde. C'est-à-dire que vous êtes en Chine,
15:09 vous êtes homme d'affaires, vous discutez de quelque chose,
15:11 vous essayez de savoir quelque chose sur votre concurrent
15:13 qui est un concurrent d'État, vous pouvez être taxé
15:15 immédiatement d'espionnage et être arrêté.
15:17 Ça pose quand même de sérieux problèmes.
15:19 - Oui, oui. Le régime s'est
15:21 durci. Il ne s'est peut-être pas
15:23 refermé, mais il s'est durci, dans tous les cas.
15:25 - On le voit d'ailleurs avec Hong Kong.
15:27 On parlait de Taïwan tout à l'heure. Hong Kong, c'est aussi
15:29 un vrai sujet où là aussi,
15:31 les Européens n'ont rien fait,
15:33 alors que la Chine a violé un certain nombre d'accords
15:35 lorsqu'il y a eu la rétrocession de Hong Kong à la Chine,
15:37 qui fait que cette
15:39 cité-État qui était un lieu de liberté
15:41 économique ou intellectuelle, aujourd'hui,
15:43 voit ses libertés se restreindre. - Oui,
15:45 évidemment. - Avec des symboles,
15:47 sur la liberté de la presse, la liberté des ONG,
15:49 la liberté aussi, les grands cabinets de conseils
15:51 américains ont tous quitté, je dirais,
15:53 la Chine, sont en train de quitter Hong Kong, parce qu'ils
15:55 ne peuvent plus travailler. - Oui. Alors,
15:57 il y a les problèmes économiques
15:59 et puis les problèmes des droits humains.
16:01 - Évidemment. - La Chine ne respecte
16:03 absolument rien en matière
16:05 de droits humains dans le monde
16:07 et finalement, personne
16:09 ne le lui dit. On parle
16:11 beaucoup de génocide
16:13 à Gaza, ou de possibilité
16:15 de génocide à Gaza, on parle beaucoup de
16:17 la guerre en Ukraine, mais
16:19 vraiment, on ignore totalement,
16:21 on se moque totalement de ce qui
16:23 se passe avec les Tibétains,
16:25 avec les Gégous... - Oui,
16:27 simplement, c'est qu'aujourd'hui,
16:29 au niveau des Nations Unies,
16:31 je dirais,
16:33 la grande structure est un peu brinque-ballante
16:35 dans le sens où souvent, la Chine,
16:37 à grosso modo, entre 120-133
16:39 pays qui lui sont acquis, et à chaque fois
16:41 que la Chine est mise en cause sur le plan
16:43 des droits de l'homme, évidemment,
16:45 elle actionne le levier de la
16:47 majorité et on arrête
16:49 toutes les procédures contre la Chine. Il y avait eu
16:51 un rapport qui avait été émis sur le Xinjiang,
16:53 il a été bloqué parce que les Chinois l'ont bloqué.
16:55 - Mais est-ce que la Chine,
16:57 parce que la Chine s'inquiète
16:59 quand même sur le terrain géopolitique,
17:01 est-ce que la Chine
17:03 a progressé ces dernières années ou pas
17:05 sur ce terrain-là ?
17:07 Est-ce que la Chine
17:09 est plus puissante aujourd'hui qu'elle ne l'était
17:11 il y a 10 ou 20 ans ?
17:13 - À mon avis, oui, quand on regarde l'Afrique,
17:15 que sur le plan commercial...
17:17 - Mais on pense russe quand même en Afrique, un peu, non ?
17:19 - L'Afrique, c'est rien,
17:21 c'est à peine 2% du commerce international
17:23 pour la Chine. Donc c'est important
17:25 pour les Africains, la présence chinoise,
17:27 mais pour la Chine, la question africaine n'est pas importante.
17:29 - Ce sont des matières premières quand même.
17:31 - Oui, mais c'est assez faible.
17:33 Le vrai concurrent, c'est l'Inde.
17:35 Là, il y a une vraie concurrence, d'ailleurs, même
17:37 d'un point de vue démographique, puisque l'Inde aura probablement
17:39 plus d'habitants que la Chine dans les 10-15 ans qui viennent.
17:41 Et l'Inde est aussi une très grande
17:43 puissance pharmaceutique. Et d'ailleurs,
17:45 je trouve que c'était intéressant du point de vue de la diplomatie
17:47 française d'avoir à la fois accueilli
17:49 le Premier ministre indien l'année dernière,
17:51 le 14 juillet. Grande fête,
17:53 grande réception. Et aujourd'hui,
17:55 on voit bien que la France, dans sa diplomatie, essaye
17:57 de jouer un peu sur les deux tableaux.
17:59 - Oui. - On est dans l'en même temps.
18:01 - Oui, on est dans l'en même temps.
18:03 Justement à propos de l'Inde,
18:05 est-ce qu'aujourd'hui, l'Inde
18:07 est en train de rattraper
18:09 la Chine ? - Oh, ça,
18:11 ça mettra du temps. - Ça mettra du temps.
18:13 - Oui, beaucoup de temps, parce que je dirais
18:15 que l'Inde est en train de commencer son décollage
18:17 industriel. Et puis,
18:19 sur le plan technologique, la Chine est largement
18:21 en avance sur l'Inde.
18:23 Je pense qu'il faudra attendre quand même
18:25 15-20 ans avant... - Donc l'Inde n'est pas un rival de la Chine ?
18:27 - Non, elle
18:29 espère l'être. Elle est sur les sujets
18:31 pharmaceutiques et agricoles.
18:33 Mais effectivement, pour tout ce qui est industrie
18:35 fine ou lourde, là, non.
18:37 Et le gros avantage
18:39 de la Chine aujourd'hui, c'est la robotisation.
18:41 En termes d'avantages économiques, la Chine
18:43 a robotisé ses ports
18:45 de manière très importante. Les ports chinois
18:47 sont parmi les premiers ports au monde.
18:49 Et là, sur la robotisation, elle a un avantage
18:51 qui pourra peut-être lui permettre
18:53 aussi d'affronter la question du vieillissement
18:55 de la population. Parce que la démographie, c'est un vrai sujet.
18:57 La pyramide chinoise
18:59 connaît une explosion de population
19:01 âgée, une réduction de population jeune.
19:03 Et donc, la robotisation peut être une solution
19:05 à cette
19:07 contrebalance. - Mais est-ce qu'on voit déjà la rivalité
19:09 entre la Chine et l'Inde émerger
19:11 en Asie ? - Oui, puisqu'il y a
19:13 des confrontations sur les frontières
19:15 sino-indiennes, qui sont contestées
19:17 de chaque côté, avec
19:19 des dehors qui sont très violents. Alors, pour l'instant,
19:21 ils ont passé un accord comme quoi ils n'utilisent pas
19:23 les armes létales, mais ils se tapent
19:25 à coups de bâton, etc. Et ça fait quelques morts
19:27 quand même. Donc, il y a des jeux quand même sur cette
19:29 frontière himalayenne qui sont
19:31 très très importants. - Oui.
19:33 - Et il y a l'océan indien aussi, que l'Inde considère
19:35 évidemment comme son océan, mais
19:37 où la marine chinoise est en train de s'installer.
19:39 La Chine a énormément investi
19:41 dans la marine, elle veut dépasser
19:43 la marine américaine, et la Chine
19:45 est de plus en plus présente dans l'océan indien.
19:47 Également, d'ailleurs, à la Réunion,
19:49 au Kenya, en tant que Zany.
19:51 Et là aussi, il y a concurrence chinoise
19:53 contre la présence française.
19:55 - Merci à tous les deux d'être venus nous voir
19:57 pour parler de la Chine.
19:59 Merci. Valérie Expert et Gilles Gansman
20:01 reçoivent Alexandra Redamiel,
20:05 qui est directrice des divertissements et des jeux
20:07 à France Télévisions, chef de la délégation française,
20:09 à l'Eurovision.
20:11 Il est 9h57.
20:13 Merci d'être avec nous sur Sud Radio.
20:15 (Générique)
20:17 - Sud Radio, parlons vrai chez Bourdin.
20:19 9h10, Jean-Jacques Bourdin.
20:21 - Avec Vérissure, le numéro 1
20:23 des alarmes en France.
20:25 Rendez-vous sur verissure.fr pour votre demande
20:27 de devis gratuits.