Thomas Sotto reçoit Sabrina Agresti-Roubache, secrétaire d'État chargée de la Citoyenneté et de la Ville, en direct depuis le Vieux-Port à Marseille pour les 4 vérités.
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00:00 Bonjour et bienvenue dans les 4V, Sabrina Agresti-Roubach.
00:06 Bonjour Thomas Soto et bienvenue à Marseille.
00:08 On y est très bien reçu.
00:09 Vous êtes ici la ministre régionale de l'État.
00:11 Vous êtes née ici, vous êtes élue ici.
00:14 Pour commencer, laissez tomber les habits de ministre et dites-nous à votre cœur
00:17 ce que ça vous fait de voir la ferveur monter comme ça à Marseille avant l'arrivée de la flamme.
00:21 Beaucoup d'émotions évidemment.
00:23 Comme vous disiez, c'est l'enfant de Marseille qui va vous parler dans ses premiers mots.
00:27 Beaucoup de fierté, beaucoup d'émotion, beaucoup de joie.
00:31 Parce que les Marseillais sont toujours, on a toujours été au rendez-vous de l'histoire.
00:35 Que ce soit la Coupe du Monde en 1998, l'année capitale de la culture en 2013.
00:40 Et là, l'arrivée de la flamme n'est pas à n'importe quel moment de l'histoire.
00:45 Donc vraiment beaucoup d'émotions.
00:47 C'est très rare que je sois stressée.
00:49 Vous êtes stressée aujourd'hui ?
00:50 Je suis stressée parce qu'il y a beaucoup d'émotions.
00:52 Vous avez peur de quoi ? Qu'elle s'éteigne ?
00:54 Je n'ai pas peur.
00:54 Ah non, pas du tout.
00:55 Stressée que tout se passe bien.
00:57 Vous savez, au contraire, je pense qu'il y a le bon stress et le mauvais stress.
01:00 Moi, j'ai le bon stress.
01:01 Et puis, en termes de forces de l'ordre, on ne peut pas dire que le ministre de l'Intérieur,
01:05 il soit allé, comme on dirait, par le dos de la cuillère.
01:07 Vous avez peur ? Vous êtes inquiète pour la sécurité ou pas ?
01:09 Écoutez, pas du tout.
01:10 6 000 forces de l'ordre mobilisées.
01:13 Gendarmes, police municipale, police nationale, le RAID.
01:17 Enfin, tout est honnêtement fait pour que tout se passe dans les meilleures conditions, bien sûr, de sécurité.
01:22 Au contraire, j'invite mes amis marseillaises et marseillais à descendre sur le Vieux-Port,
01:27 à venir partager la fête.
01:29 Honnêtement, c'est un moment de joie, un moment unique dans l'histoire.
01:32 Les JO, c'est tous les 100 ans.
01:34 Donc non, au contraire, c'est le bon stress.
01:36 Ce n'est pas le mauvais stress.
01:37 C'est le très bon stress.
01:38 Est-ce que vous pensez vraiment, vous qui êtes la ministre de la Citoyenneté,
01:41 que ces Jeux vont pouvoir ressouder un peu le pays ?
01:43 Un pays qui paraît plus divisé que jamais.
01:45 Alors écoutez, moi, je crois quand même vraiment, Thomas Soto, à une chose,
01:49 c'est à ce genre d'événements.
01:51 On se rappelle que les moments de ferveur sont très souvent grâce au sport.
01:56 Le sport, c'est des valeurs.
01:58 Et justement, si vous le permettez, j'embraye un petit peu sur les quartiers prioritaires,
02:03 dont j'ai la lourde charge, la responsabilité.
02:07 J'ai sanctuarisé à peu près 20 000 places pour que les gamins qui sont loin des sites des Jeux olympiques
02:12 et donc qui n'ont pas accès forcément près de chez eux aux épreuves…
02:16 C'est 20 000 places pour les gamins de tout le pays ?
02:18 De tout le pays.
02:19 Pour les quartiers prioritaires.
02:22 Et j'ai décidé de mettre 3 millions d'euros pour qu'on puisse transporter les petits de manière correcte,
02:27 les nourrir de manière correcte, pour qu'ils puissent dormir dans des super endroits
02:31 et que la fête se partage.
02:33 Vous savez, partager n'appauvrit pas.
02:35 Donc partageons la joie, partageons aussi les moyens.
02:38 Et il faut que cette fête soit…
02:40 C'est une fête populaire, mais qu'elle soit vécue par le plus de Français possible.
02:44 Et justement, que ça amène un petit peu de baume au cœur.
02:46 Il y a ceux qui veulent partager la fête
02:48 et il y a ceux qui ont la tentation de la gâcher.
02:50 Il y a une grosse pression sociale sur ces Jeux olympiques.
02:52 Il y a les éboueurs qui étaient en grève ces derniers jours ici.
02:55 Il y a aussi beaucoup de professions qui revendiquent, qui menacent.
02:58 Vous leur dites quoi ?
02:59 Écoutez, moi je suis très attachée aux droits de grève.
03:02 En revanche, je ne suis pas attachée aux droits de grève
03:06 qui voudraient ou gâcher une fête
03:09 ou permettre une espèce de moment de tension.
03:13 Je pense que les négociations salariales dans toutes les entreprises,
03:18 mais même dans les administrations,
03:19 on a plein de moments pour les faire.
03:21 Je vous demande juste, ne gâchez pas la fête des Françaises et des Français.
03:24 Ça serait une faute de faire grève,
03:25 quelles que soient les revendications pendant les Jeux ?
03:27 Pareil, c'est le droit de grève.
03:28 Donc non, non, moi je dis au contraire, participez à la fête.
03:31 J'invite toutes les travailleuses et tous les travailleurs
03:35 à justement sanctuariser ce moment,
03:37 parce qu'on sait que nous, les avancées sociales dans notre pays,
03:40 bien sûr qu'elles se font toujours dans le rapport de force.
03:42 - C'est compliqué, le patron de la SNCF vient de s'en apercevoir.
03:45 Il sera viré parce qu'il a signé un accord avec les contrôleurs et les conducteurs de train.
03:49 - Hier je l'ai écouté, il disait "c'est la vie des grandes entreprises".
03:53 C'est la vie des grandes entreprises.
03:55 - Il a signé des convictions et cet accord était très bien,
03:57 et cet accord, tout le monde était au courant.
03:59 - Je pense que c'est honnêtement très honnête et très sincère de sa part,
04:03 non seulement de l'assumer,
04:05 vous ne pouvez pas signer quelque chose
04:06 et le lendemain dire que vous pensez le contraire.
04:08 Donc non, honnêtement, c'est un moment...
04:10 - Mais vous comprenez qu'il se fasse virer comme ça ou pas ?
04:11 - Moi je ne me mêle pas en général de ce qui ne me regarde pas,
04:14 vous me connaissez un petit peu.
04:16 Je pense que comme dans la vie de toutes les entreprises,
04:19 la vie des ministres, la vie de tout le monde,
04:21 la vie des préfets, la vie des recteurs,
04:23 non, c'est "ainsi va la vie".
04:25 - "Ainsi va la vie", c'est facile quand même, ça ne vous ressemble pas.
04:27 - Non, non, mais "ainsi va la vie",
04:29 vous savez, non, mais pourquoi je vous dis ça ?
04:31 Ça peut m'arriver à moi demain, ça peut vous arriver à vous.
04:34 Vous êtes journaliste, vous travaillez dans une chaîne de télé,
04:36 vous travaillez pour une production,
04:37 vous savez très bien qu'il y a des moments
04:40 où on prend des décisions parfois difficiles,
04:42 mais le tout c'est de jamais rester ni avec de l'aigreur,
04:45 ni avec de l'incompréhension,
04:47 et la réalité c'est que cette année, et surtout là aujourd'hui,
04:50 je vous demande de juste, voilà,
04:51 c'est un jour d'aller, c'est une trêve.
04:53 - Bon, réservez-lui une petite place pour les JO,
04:54 peut-être que ça apaisera son chagrin, Jean-Pierre Farandou.
04:57 Marseille, son cœur immense et ses problèmes aussi.
04:59 En septembre 2021, Emmanuel Macron avait lancé un plan "Marseille en grand"
05:02 pour aider la ville à rattraper son retard en matière de sécurité,
05:05 en matière d'éducation, de transport,
05:07 de lutte contre le trafic de drogue.
05:08 C'est vous qui êtes chargée du suivi de ce plan,
05:11 mais au-delà des effets d'annonce,
05:13 est-ce que ce plan est une coquille vide ?
05:15 - Non, parce qu'une coquille vide à 5 milliards d'euros,
05:18 si vous me permettez, on ne peut pas dire ça.
05:21 - Je me permets de vous dire, parce que la Cour des comptes
05:22 et la Cour régionale des comptes sont très sévères avec ce plan,
05:24 il n'y a aucun calendrier, disent-elles,
05:26 les moyens mis à disposition sont abidjants.
05:27 - C'est pour ça que le Président de la République a décidé de me donner,
05:30 pareil, la lourde charge de l'instruction du plan "Marseille en grand".
05:33 Structurer le plan, bien sûr, poser un calendrier,
05:37 mettre tout le monde autour de la table,
05:39 que tout le monde s'entende, et je vais vous dire une chose...
05:41 - Donc ces 5 milliards, ils seront bien dépensés pour Marseille ?
05:44 - Bien sûr, je peux vous donner tous les montants,
05:45 on les connaît tous par cœur.
05:47 Un grand plan de sauvetage de nos écoles,
05:49 188 écoles avec 1 milliard d'euros abondés par l'État
05:53 pour rénover les écoles les plus délabrées.
05:55 Vous pensez que c'est quelque chose, c'est une coquille vide ?
05:58 650 millions du programme national de rénovation urbaine,
06:01 vous pensez que c'est une coquille vide ?
06:02 - Moi je pense rien, je vous dis ce que relève la Cour des comptes.
06:04 - Non, non, mais la Cour des comptes,
06:05 non, non, justement, la Cour des comptes ne dit pas
06:07 "les moyens ne sont pas fléchés",
06:09 elle dit "il faut une instruction plus, on va dire,
06:12 allez, plus calibrée, il faut un calendrier",
06:14 et ils avaient raison, et ils avaient raison,
06:17 parce que vous savez...
06:17 - Donc ça sera, juste, ça sera à quelle échéance ?
06:19 Tout ça sera...
06:20 - Premières écoles livrées à la fin de l'année,
06:21 on a 10 écoles qui sont livrées à la fin de l'année, en 2024...
06:24 - Et l'ensemble du plan sera éducaté ?
06:26 - L'ensemble du plan, c'est à 2032,
06:27 vous faites pas des métros, des trams,
06:29 et on ne fait pas 188 écoles en 2 ans.
06:31 Enfin, la Cour des comptes le sait mieux que moi.
06:33 - Sabrina Agresti-Roubach, retournez-vous là-bas, regardez,
06:35 regardez, vous voyez là-bas ou pas, tout au fond là-bas ?
06:36 Vous la voyez ou pas, la mairie de Marseille ?
06:38 - Magnifique !
06:39 - Ah, elle est très belle !
06:40 Vous avez créé un micro-parti il n'y a pas longtemps,
06:43 avec Sabrina, j'ai une question simple à vous poser,
06:45 est-ce que devenir maire de Marseille en 2026
06:47 fait, oui ou non, partie de vos projets ?
06:49 - Alors, ce qui fait partie de mes projets,
06:50 mais depuis que je suis toute petite,
06:51 c'est de faire des choses pour Marseille.
06:54 Je n'ai pas attendu de faire de la politique
06:55 pour m'engager pour ma ville,
06:57 première chose.
06:57 Deuxième chose, vous imaginez que
06:59 une enfant des quartiers pauvres de Marseille,
07:01 un jour devienne ministre,
07:02 et on lui confie le plan Marseille en grand,
07:04 donc le pouvoir de changer le quotidien
07:07 des Marseillaises et des Marseillais,
07:08 avec lesquels j'ai grandi.
07:10 Et la troisième chose...
07:10 - Ça ne vous empêche pas de vous projeter ?
07:11 - Non, heureusement, la politique...
07:13 - D'autant que vous avez fait remarquer tout à l'heure
07:14 que tous ces postes-là étaient précaires.
07:16 - Précaires, mais avec beaucoup...
07:19 Enfin, ce n'est pas des postes précaires,
07:22 ce n'est pas rien d'être ministre,
07:23 ce n'est pas rien d'être maire.
07:24 Et ce qui est sûr, et ça par contre je peux vous le dire,
07:27 je jouerai ma partie quoi qu'il arrive.
07:30 - Donc vous n'excluez rien en tout cas ?
07:31 - Jamais personne n'exclue rien.
07:33 - Donc vous allez...
07:34 - Sinon il faut faire autre chose.
07:35 - Donc vous avez très envie de vous présenter
07:37 à la mairie de Marseille en 2016 ?
07:38 - Non, j'ai très envie que Marseille change,
07:40 et je vais vous dire, j'aimerais que les petits-enfants
07:42 de Marseille, est-ce que moi...
07:45 Donc, ce que moi...
07:47 Moi on m'a privée de choses,
07:48 on nous a privées de choses, de moyens de transport,
07:50 on nous a privées d'avoir plein de choses.
07:52 Moi je veux donner aux petits-enfants de Marseille
07:55 tout ce que nous on n'a pas eu.
07:56 - Bon, avant les municipales, il va y avoir...
07:58 - Et qu'il n'y ait plus de quartier pauvre,
07:59 qu'il n'y ait plus de quartier prioritaire.
08:01 Quand on change la vie des gens,
08:02 on a le droit d'avoir quand même quelques idéaux,
08:04 vous me l'accordez ?
08:04 - Ça c'est sûr, mais ça c'est plutôt le Père Noël
08:06 que les politiques en général.
08:07 - On est d'accord.
08:07 - Avant les municipales, il va y avoir les européennes
08:09 dans un mois ?
08:09 - Faux !
08:10 Je ne suis pas d'accord toi Soto.
08:11 - Avec quoi ?
08:12 - C'est l'engagement.
08:13 - Ah oui ?
08:13 - Non, heureusement qu'on s'engage un petit peu.
08:16 - Les promesses c'est important,
08:17 les concrétiser ça l'est aussi.
08:18 - Absolument, c'est pour ça que le plan Marseille en grand,
08:20 c'est concret.
08:21 - Petite question sur les européennes
08:22 qui arrivent donc dans un mois,
08:23 avec des sondages qui sont calamiteux pour votre camp.
08:25 Comment sauver le soldat haillé
08:27 qui fait valériélier quasiment la moitié du score
08:31 de Jordan Bardella et qui est talonnée
08:32 par Raphaël Glucksmann derrière ?
08:34 - Alors, je vais vous dire,
08:35 j'ai battu l'ERN, le Rassemblement National,
08:37 sur ma circonscription,
08:38 donc la première circonscription de Marseille.
08:40 Et on me disait, dans les sondages,
08:42 j'ai évidemment me donné très largement perdante,
08:44 et j'ai gagné.
08:45 Ce que je sais de ma courte expérience politique.
08:47 - Justement, alors vous qui êtes marseillaise,
08:49 qui connaissez ces quartiers,
08:50 qu'est-ce que vous dites aux gens qui habitent dans ces quartiers,
08:52 qui sont gangrénés par la violence,
08:54 qui sont gangrénés par la drogue ?
08:55 Et je ne dis pas qu'il n'y a rien qui est fait,
08:56 pas du tout ça, non non, je ne dis pas ça.
08:58 Mais dans ces lieux que les politiques quand même
09:00 ont tendance à regarder plus particulièrement
09:02 quand il y a une échéance électorale qui arrive,
09:04 et qui sont tentés de voter ERN,
09:05 qu'est-ce que vous leur dites à ces gens-là ?
09:07 - Leur dire déjà que ce n'est pas la solution,
09:08 c'est une évidence.
09:09 Deuxième chose...
09:11 - Non mais regardez,
09:12 le plan PlastNet XXL du ministre de l'Intérieur,
09:17 impulsé évidemment par le président de la République.
09:19 Je leur dis deux choses.
09:20 La première fois qu'un président de la République
09:22 se penche sur nos quartiers,
09:24 c'est le président de la République Emmanuel Macron.
09:26 La deuxième chose, c'est qu'il faut bien démarrer quelque part.
09:28 Si on n'admet pas qu'il faut en premier
09:31 déloger de là où ils sont
09:33 tous les trafiquements de drogue qui pourrissent la vie des gens,
09:35 je viens de là, je sais de quoi je parle,
09:37 parce que vraiment, j'écoute les commentaires très...
09:40 Vous me permettez l'expression très parisienne...
09:42 - Ça c'est facile.
09:43 - Oui, voilà, mais ça fait un partout balle au centre.
09:46 Un partout balle au centre.
09:47 Mais la réalité, c'est qu'on ne peut pas accepter
09:51 que tout soit fatalité.
09:52 Tout n'est pas fatalité.
09:54 Tout peut être changé à une condition,
09:56 c'est que ce que je sais de mon expérience,
09:58 le vote pour l'extrême droite ne solutionnera rien.
10:02 La deuxième chose, le seul combat qu'on peut perdre...
10:03 - On fera la dernière rapidement, s'il vous plaît.
10:05 - J'en suis la preuve vivante.
10:06 Les combats qu'on perd, c'est ceux qu'on ne mène pas.
10:08 Donc il faut faire la campagne contre le Rassemblement National
10:11 et les battre de partout là où ils sont,
10:12 comme je l'avais fait pendant les législatives.
10:14 - Merci Sabrina Grestiroua.
10:15 Je peux vous remercier en disant que c'est la future candidate
10:18 à la mairie de Marseille qui est venue nous voir ce matin, quasiment.
10:20 - En tout cas, vous pouvez dire,
10:22 c'est celle qui sera toute sa vie marseillaise.
10:23 - C'est ça. - Ça, je vous l'accorde.