• il y a 7 mois
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Sources
Klein Janco https://www.youtube.com/watch?v=YVZsuE5dfm0
Musique https://www.youtube.com/watch?v=UJdogwBtZvw

Réponses au quiz de fin :

/!\ Description à ne pas lire avant d'avoir vu la vidéo entièrement
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Quelle est la différence entre progrès et innovation ?
Progrès : le temps qui passe est constructeur, complice de notre liberté et volonté.
Innovation : le temps qui passe est corrupteur, la gravité des défis augmente au fur et à mesure.

Que faut-il répondre aux objections sur le réchauffement climatique ?
Dire explicitement que l'on comprend son désarroi.

Que conseille Klein pour que la vulgarisation ne soit plus un échec ?
Repenser l'accès au grand public.

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Transcription
00:00 [Musique]
00:08 Alors il me semble que toute opinion, toute conviction, toute nouvelle connaissance doit s'imbriquer dans les opinions, convictions qu'on a déjà.
00:17 Il y a une sorte d'écosystème mental. Est-ce que vous pensez que cette vulgarisation sur le changement climatique
00:25 a du mal à faire sa place dans les opinions qui sont déjà fréquemment dans la tête des gens ?
00:30 Et comment devrait-on réagir selon vous ?
00:35 Alors petit exemple que j'ai en tête, le progrès humain est inexorable.
00:40 Il y a peut-être une guerre mondiale, quelque chose comme ça, mais à quelques coups de frein près, le progrès est inexorable.
00:46 Donc la déstabilisation du climat, c'est pas possible. Ou alors c'est un problème mineur qu'on va contourner.
00:52 Est-ce que ces deux convictions sont en contradiction ?
00:57 En tant que philosophe ?
00:59 En tant que philosophe, je n'ai rien de spécial à dire.
01:02 Moi je vais plutôt parler là de ce que je ressens comme vulgarisateur.
01:07 C'est-à-dire que si vous m'aviez posé la question il y a deux ans, je vous aurais dit, pour faire de la bonne vulgarisation,
01:13 il faut choisir un sujet et le travailler à fond.
01:16 Moi ça a été la physique antique, donc j'ai étudié les équations de la physique antique, le formalisme, les implications philosophiques, l'histoire de la physique antique,
01:25 l'avis et l'œuvre des pères fondateurs de la physique antique, le type de problème qu'ils avaient à résoudre.
01:30 Ça m'a pris des années et une fois qu'on a fait ce travail, on se sent capable, à tort ou à raison,
01:35 de parler à différents publics, prisonniers, parlementaires, étudiants, collégiens, le grand public, etc.
01:43 Et on tombe évidemment dans le biais que vient de rappeler Jean-Marc, à savoir qu'on a l'impression que ça marche.
01:50 On a l'impression que ça marche, les gens viennent aux conférences, posent des questions intelligentes,
01:54 on corrige les copies des étudiants, ils ont compris le truc, on écrit des livres, on reçoit du courrier des lecteurs,
01:59 visiblement les gens ont compris le bouquin, donc on dit purée ça marche.
02:03 En fait ça ne marche qu'auprès des gens qui s'intéressent à la vulgarisation, c'est-à-dire une fraction minimale de la population.
02:10 Et ça c'est le Covid qui me l'a montré.
02:13 C'est en voyant le Covid que j'ai compris que la vulgarisation c'est un échec.
02:19 Ah bah non, on ne va pas paraître dans le tube !
02:22 Un échec relatif pour mettre un peu d'Einstein dans l'affaire.
02:25 Mais ça veut dire qu'il faut qu'on nous repensionne nos moyens d'accès au grand public.
02:31 Et le grand public, lui, il entend des choses, il est soumis à un flux d'informations.
02:41 En fait dans les mêmes canaux de communication circulent des connaissances, scientifiques ou pas,
02:45 des croyances, des opinions, des commentaires, des bobards.
02:51 Et toutes ces choses, circulant ensemble, bien qu'ayant des statuts différents, se contaminent.
02:58 Et quand vous avez affaire à une connaissance, on va vous dire mais est-ce que ce n'est pas la croyance d'une communauté particulière ?
03:04 En l'occurrence, c'est des climatologues, qui sont une sorte de communauté qui aurait intérêt à aggraver la situation pour avoir des rentes.
03:11 Et puis quand vous avez affaire à une croyance, on va vous dire mais est-ce que cette croyance n'est pas une connaissance qui aurait été injustement méprisée ?
03:19 Et sur la question du progrès quand même, qu'est-ce qu'on peut réellement...
03:25 La question est réglée. On a fait ça avec un collègue de l'Académie des technologies qui s'appelle Gérald Bronner.
03:30 On a étudié un logiciel qui compte l'occurrence des mots dans les discours publics.
03:35 Et on a vu ce que tout le monde devine. Ce mot progrès qui a été écrit pendant trois siècles avec une lettre majuscule,
03:42 a perdu sa majuscule après la deuxième guerre mondiale et il a commencé sa lente décroissance en 1981.
03:50 Époque où apparaît un mot très ancien qui est réactivé, mais moi en tant qu'étudiant je n'ai jamais entendu à l'époque, qui est le mot innovation.
04:01 Le mot innovation monte, monte, monte. Le croisement de la courbe du progrès qui descend et la courbe de l'innovation qui monte se produit en 2003.
04:10 Et la disparition complète du mot progrès dans les discours publics se produit dans le quinquennat 2007-2012.
04:21 Vous pouvez le vérifier simplement, tous les candidats à la présidentielle en 2007 utilisent le mot progrès dans leur rhétorique. En 2012, plus aucun.
04:29 Et à quelle année il y a technologique après ?
04:31 Alors on pourrait dire finalement que le mot progrès c'est modernisé. On l'a fait progresser en le remplaçant par le mot innovation qui est plus moderne.
04:40 En fait c'est faux le mot innovation, ça serait une autre histoire, mais plus ancien que le mot progrès, mais peu importe.
04:45 Et on pourrait dire qu'on a fait une permutation de mots mais c'est le même message.
04:50 En fait quand on regarde, ça demande du temps que j'ai pas, comment la rhétorique de l'innovation se déploie, on constate qu'elle contredit la rhétorique du progrès.
05:00 Pour le dire en une phrase, la rhétorique du progrès suppose que le temps qui passe est constructeur.
05:07 Donc il est complice de notre liberté et de notre volonté. Il est notre allié.
05:12 La rhétorique de l'innovation est complètement différente. On dit qu'on est soumis à toutes sortes de défis, climatiques, vieillissement de la population, etc.
05:21 Et nous avons compris, dit-on, que nous ne pourrons relever ces défis dont la gravité augmente à mesure que le temps passe que par l'innovation.
05:31 Et donc l'innovation c'est un principe de conservation qui est destiné à pallier les effets corrupteurs du temps qui passe.
05:40 Et donc vous voyez la rhétorique de l'innovation s'appuie sur l'idée d'un temps corrupteur et non pas constructeur.
05:47 C'est passionnant. On pourrait en parler pendant une heure encore. Plus. Vraiment, je regrette de devoir vous couper la parole pour les deux.
05:56 Je peux faire un petit complément là-dessus. Très pratique. Sur la question de quand on vous pose ce genre de questions.
06:03 Mais le progrès, mais ceci, en fait, c'est pas une question, c'est une objection. Ce qu'il faut essayer de comprendre, c'est quelle est la motivation de la personne qui vous pose la question.
06:12 Très souvent, en fait, il répond à sa propre déstabilisation, c'est à dire que, en fait, comme vous lui posez un problème auquel il voit pas de solution évidente,
06:20 il a envie de nier le problème parce que c'est ça qu'il ramène dans une zone de confort où l'avenir est de nouveau quelque chose qui n'est pas menaçant.
06:28 Donc, quand on répond à ce genre d'objection, il y a deux choses qu'il faut garder en tête. C'est un. Il faut dire explicitement, à mon avis, que vous comprenez son désarroi.
06:39 Il y a plusieurs manières de le dire. Vous pouvez le dire aussi explicitement que ça. Moi, des fois, je le fais. Vous pouvez le dire parfois moins explicitement.
06:46 Mais en gros, il faut d'entrée de jeu mettre son objection dans la position de quelqu'un qui exprime légitimement une angoisse. D'accord.
06:55 Dès que vous faites ça, quelque part, vous apaisez le débat parce que vous lui dites pas. Vous êtes un abruti qui n'a rien compris.
07:01 Vous lui dites vous exprimez une réaction tout à fait normale qui est celle de quelqu'un qui se retrouve totalement déstabilisé. La deuxième chose qu'il faut avoir présent à l'esprit quand on répond à ce genre de choses,
07:11 c'est que vous répondez autant à la personne qu'à tous les autres qui écoutent, c'est-à-dire que même si vous n'arrivez pas à convaincre la personne qui vous avez en face de vous,
07:18 c'est important de lui répondre parce que tous les autres qui sont présents dans l'assistance vont peser les arguments des uns et des autres pour se faire leur propre opinion.
07:28 Alors moi c'est une règle que j'ai très fréquemment présente à l'esprit avec les climato-sceptiques entre guillemets.
07:35 Quand il y en a un qui m'envoie un mail privé, parce que ça m'arrive de temps en temps, je reçois un mail de quelqu'un qui me dit vous n'avez rien compris, je n'y réponds jamais.
07:42 Enfin je lui réponds très poliment en une phrase en lui disant j'espère pas vous convaincre, je pense que ça c'est pas possible, au revoir monsieur, merci.
07:49 Par contre quand c'est dans l'enceinte publique, il faut toujours y répondre parce que vous, vous ne le convaincrez pas.
07:54 Enfin la personne qui vous fait l'objection, jamais vous la convaincrez. Par contre la nature du débat est essentielle pour les autres qui sont pour l'essentiel de bonne foi
08:03 et qui ont quand même envie de savoir ce que vous avez envie, ce que vous répondez sur l'argument de fond.
08:07 Donc vous répondez pas à l'individu, vous répondez à l'argument.
08:10 Voilà donc c'est quelques trucs et astuces qu'il faut avoir présents à l'esprit, mais encore une fois, ayez bien conscience du fait que ce genre de réaction c'est totalement normal
08:21 parce que c'est l'expression d'un désarroi qui est totalement normal.
08:24 A la limite s'il n'y a pas de désarroi après qu'on ait parlé du changement climatique, c'est un échec, ça veut dire que les gens n'ont rien compris.
08:29 Merci Jean-Marc.
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