L'optimisme face à un avenir difficile - Jancovici - Vidéo Dailymotion

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Transcript

00:00 (Musique)

00:08 Le monde d'après, idéalement décarboné, ne peut pas ressembler au monde d'avant.

00:12 Cela fait trois quarts d'heure que vous nous l'expliquez.

00:15 Cela dit, vous nous parlez de décroissance.

00:19 C'est ça le monde d'après ? C'est forcément la décroissance ?

00:21 La décroissance des flux physiques est inexorable, oui.

00:25 La décroissance économique, elle sera ce que sera la convention.

00:31 Oui ? Oui. C'est court ?

00:34 Alors je vais essayer d'élaborer un peu. Oui.

00:38 Le flux physique, en physique, l'énergie est une unité de quantification du changement.

00:46 C'est à ça que ça sert.

00:47 Donc vous avez de l'énergie quand vous quantifiez un changement de température,

00:51 de vitesse, de composition chimique, éventuellement de forme,

00:55 module de Young, d'Air Source, etc.

00:57 Donc l'énergie partout en physique, c'est ce qui sert à quantifier un changement.

01:02 Donc moins d'énergie, c'est par définition en physique, moins de changement.

01:06 Donc à partir du moment où vous avez moins de changement,

01:08 vous avez moins de transformation de minerais de fer en fourchette.

01:10 Vous avez moins de transformation de verre à soie en écharpe

01:13 et vous avez moins de transformation de sable en verre.

01:16 Voilà par définition.

01:17 Donc un monde qui se contracte sur le plan énergétique et il va se contracter

01:21 sur le plan énergétique de toute façon est un monde dans lequel les flux physiques se contractent.

01:26 Alors après, vous pouvez décider qu'on valorise chaque année le verre,

01:30 le double de l'année précédente, auquel cas ça ne pose pas de problème d'avoir un PIB croissant.

01:34 Mais ça ne pour autant fera pas plus de verre par personne.

01:39 Je vais vous prendre un exemple issu de l'actualité très récente.

01:42 La grande distribution, ça fait maintenant un peu moins d'un an qu'elle voit à la fois

01:46 les achats augmentés en valeur et les achats diminués en volume.

01:51 C'est un effet de l'inflation pour être très bien décidé qu'on arrête de corriger l'inflation,

01:55 c'est à dire qu'un poulet qui a passé la grippe aviaire,

01:58 il ne vaut pas le même prix qu'un poulet qui n'a pas passé la grippe aviaire.

02:00 Ce n'est pas le même produit. Ce n'est pas le même produit puisque l'un a passé la grippe aviaire et pas l'autre.

02:05 Et donc, c'est normal qu'il n'y ait pas le même prix. Donc, il n'y a pas lieu de corriger de l'inflation.

02:09 Si on fait ce genre de choses, on peut avoir un PIB indéfiniment croissant

02:13 avec un approvisionnement énergétique indéfiniment décroissant.

02:15 Mais ça fait quand même moins de poulet. Donc, si ce que vous voulez compter avec le PIB,

02:21 c'est les choses vraies, les choses qui se touchent, qu'il s'agisse de produits ou de services qui se touchent.

02:26 Par exemple, un coloc, c'est un service qui se touche. Il faut une salle. Il faut que les gens viennent.

02:30 Il faut des moyens de transport, etc. C'est un service qui se touche.

02:32 Eh bien, si vous voulez avoir, si vous avez une baisse de l'énergie,

02:36 la quantité de produits qui se touchent et de services qui se touchent, vous en aurez quand même moins.

02:41 Est ce qu'on va y échapper? Pas plus que vous n'allez échapper à votre vieillissement.

02:45 Et moi, au miens, j'avais prévu de vous demander si vous étiez optimiste ou pessimiste pour l'avenir.

02:52 C'était ma dernière question. Elle était écrite. J'ai un peu peur de la réponse.

02:57 Je pense que la réponse. Non, non, non, non. Il faut la poser. Je pense que la réponse,

03:01 c'est que vous avez plus de chances d'être optimiste si vous êtes réaliste.

03:04 Si autrement, si aujourd'hui, on vit dans le déni, je pense qu'on accroît la probabilité de devenir pessimiste dans pas très longtemps.

03:13 Si on ne l'est pas déjà. Donc, si on veut. Qu'est ce que c'est qu'être optimiste?

03:17 Finalement, c'est considérer qu'on a toujours la maîtrise de son destin et qu'on a de la prise sur ce qui va nous arriver.

03:23 Eh bien, la prise qui va sur ce qui va nous arriver, c'est plus facile si vous êtes réaliste que si vous n'êtes pas réaliste.

03:28 Je reprends l'exemple de votre vieillissement. Quand mon âge vous aurez. Eh bien, à ce moment,

03:34 si vous fixez des défis à la hauteur des possibilités de votre carcasse, vous avez plus de chances d'y arriver que si vous vous fixez des défis

03:41 à la hauteur des possibilités de votre carcasse quand vous aviez 20 ans. Et vous aurez quand même une vie plus sympa si vous fixez des défis

03:48 que vous relevez que si vous fixez des défis pour lesquels vous vous plantez. Donc, vous voyez bien qu'un peu de réalisme,

03:55 ça peut ça peut aider à être optimiste. Et je pense que en ce qui concerne le sujet que je viens d'évoquer, c'est exactement ça qu'il faut avoir.

04:04 Donc, il faut avoir du réalisme. Le réalisme au début, c'est un peu désagréable parce que ça oblige quand même à abandonner

04:10 un certain nombre de croyances et un certain nombre de méthodes. Aujourd'hui, je reprends l'exemple de l'économie.

04:16 On a quand même une capacité à piloter notre avenir pour les retraites comme pour le reste en pensant qu'on va pouvoir dériver

04:23 des chiffres économiques passés, les chiffres économiques futurs en faisant l'économie de la répétition du raisonnement physique sous-jacent.

04:30 Ça, c'est le plus sûr moyen de se planter et de devenir pessimiste. Voilà. Donc, il faut arriver à trouver d'autres modes de raisonnement

04:37 qui repassent par les réalités physiques de ce monde. Et c'est comme ça qu'on a une petite chance de devenir optimiste.

04:43 Merci beaucoup, Jean-Marc Jancovici.

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