• il y a 6 mois
ABONNEZ-VOUS pour plus de vidéos : http://www.dailymotion.com/Europe1fr
Dans son émission média, Thomas Isle et sa bande reçoivent chaque jour un invité. Aujourd'hui, Laurence Delleur, pour le documentaire "Hold Up sur les vieux" à voir sur Arte le mardi 14 mai à 20h55.

Retrouvez "L'invité média" sur : http://www.europe1.fr/emissions/l-invite-du-grand-direct
LE DIRECT : http://www.europe1.fr/direct-video


Retrouvez-nous sur :
| Notre site : http://www.europe1.fr
| Facebook : https://www.facebook.com/Europe1
| Twitter : https://twitter.com/europe1
| Google + : https://plus.google.com/+Europe1/posts
| Pinterest : http://www.pinterest.com/europe1/

Category

🗞
News
Transcription
00:00 Vous écoutez Culture Média sur Europe 1 9h30 11h avec Thomas Hill et votre invité ce matin.
00:05 Je reçois ce matin Laurence Deleur, vous avez co-réalisé un documentaire, je le disais, édifiant, qui sera diffusé ce soir sur Arte.
00:11 Il s'appelle "Hold up sur les vieux".
00:13 Dans l'espoir de soulager les finances publiques, de nombreux États ont fait le choix de confier le grand âge aux bons soins du secteur privé.
00:22 Parce que les vieux ont beaucoup des chers, ils peuvent aussi rapporter gros.
00:27 C'est là tout le paradoxe de la silver economy.
00:31 Un gisement d'or gris, exploité par de grands groupes privés, qui tirent les coups vers le bas pour augmenter leurs marges.
00:39 Nos aînés sont devenus une manne inépuisable sur laquelle on spécule.
00:46 Cette ressource, ce sont nos parents, nos grands-parents.
00:52 Et puis c'est nous, les futurs clients des marchands de vieillesse.
00:58 Et oui, on est les clients, les futurs clients.
01:01 Votre documentaire s'inscrit dans la droite ligne du livre "Les Faussoyeurs" de Victor Castanet,
01:06 qui levait le voile déjà sur la maltraitance des personnes âgées dans les EHPAD, qui avait fait beaucoup de bruit il y a deux ans.
01:11 Est-ce que c'est ce livre d'ailleurs qui vous a donné envie d'aller plus loin et d'enquêter un petit peu partout en Europe, Laurence Deleur ?
01:16 Oui, alors effectivement, c'est ce livre qui a déclenché au niveau d'Arte et de Capa, la société de production avec laquelle je travaille,
01:23 cette envie d'enquêter sur l'Europe pour avoir un regard un petit peu différent que ce qui a pu être fait déjà en France par beaucoup de journalistes,
01:31 et notamment par Victor Castanet, pour voir un petit peu ce qui se passait ailleurs,
01:35 et si c'était pareil que chez nous, si on pouvait établir des comparaisons, des points communs aussi.
01:39 Et le livre, il visait un groupe, mais alors vous, vous élargissez votre enquête aux trois multinationales qui dominent le marché,
01:46 qui sont tout en plus d'origine française, et alors le constat est assez affligeant que vous alliez en Espagne, au Royaume-Uni ou en Allemagne,
01:53 on se rend compte que tous les systèmes sont défaillants et souvent maltraitants envers les personnes âgées.
01:59 Il n'y a pas vraiment de bonne solution, en tout cas telle que c'est fait aujourd'hui.
02:03 Alors on n'a pas tout étudié, on ne peut jamais être complètement global sur les choses,
02:09 mais c'est vrai que ce qu'on remarque, il y a plusieurs tendances, en Espagne par exemple,
02:13 il y a une proximité avec le pouvoir qui pose question et qui fait qu'il y a très peu d'inspections,
02:19 et que du coup les grands groupes peuvent faire un petit peu ce qu'ils veulent.
02:22 200 inspecteurs à peu près pour toute l'Espagne.
02:24 Voilà, c'est ça, pour 400 000 résidents, et puis les inspections, les rapports ne sont pas rendus publics,
02:30 et là ce qu'on raconte dans le film, c'est qu'une députée qui a voulu connaître le résultat de ces inspections,
02:35 elle a mis un an à pouvoir obtenir le droit de lire les rapports,
02:38 elle n'a pas eu le droit de faire des photos,
02:40 et elle a dû signer un contrat de confidentialité,
02:43 disant que si elle révélait ces informations, elle risquait des poursuites pénales.
02:47 Donc c'est vous dire le degré de transparence dans ce pays.
02:50 Et alors vous prenez des exemples d'alternatives aux EHPAD qui sont aussi problématiques,
02:54 vous prenez l'exemple de l'Allemagne qui favorise l'aide à domicile pour que les gens restent chez eux,
02:58 donc sur le papier ça semble assez positif,
03:00 mais derrière en fait on se rend compte que certaines agences de placement,
03:02 elles organisent une forme d'esclavage moderne en fait.
03:05 Voilà, c'est effectivement ce qu'a dit le Conseil économique et social européen,
03:10 qui a mené une enquête là-dessus, c'est qu'il y avait des situations qui s'apparentaient à de l'esclavage moderne,
03:15 et donc ces agences de placement qui vraiment sont florissantes et se développent de plus en plus,
03:19 se trouvent à la fois côté allemand et côté des pays d'Europe de l'Est, comme la Pologne, etc.,
03:24 et font le lien entre les familles qui ont envie d'avoir quelqu'un à domicile en permanence,
03:29 mais qui n'ont pas des moyens forcément financiers énormes,
03:33 et elles font le lien avec des aides à domicile qui proviennent de ces pays d'Europe de l'Est,
03:38 et qui cherchent du travail, qui sont dans des situations pas faciles dans leurs propres pays,
03:43 et qui sont aussi "prêtes à tout", en tout cas qui cherchent du travail,
03:48 et qui prennent ces emplois mais dans des situations parfois très très difficiles.
03:53 - Ils vont être amenés à travailler 7 jours sur 7, à des horaires pas possibles...
03:56 - C'est ça, sans formation aucune, en se retrouvant avec des gens qui sont dans un état vraiment très très compliqué.
04:01 On a le témoignage d'Anna Olish, qui s'est retrouvée avec une personne qui avait un rein en moins,
04:05 un estomac opéré, qui est morte dans ses bras quelques jours plus tard,
04:08 et elle était toute seule avec cette personne. - C'est totalement sa spécialité.
04:11 - Elle n'avait aucune formation.
04:12 - Et quant au Royaume-Uni, là-bas les pensionnaires des maisons de retraite
04:15 peuvent être virés quasiment du jour au lendemain, ça aussi vous nous l'expliquez.
04:18 Et puis vous revenez en France pour nous montrer un système qui a le vent, on poupe,
04:21 justement on en parlait, l'habitat partagé, sorte de colloque de seniors en fait,
04:25 sauf que là encore, vous nous montrez que le coût il est souvent exorbitant,
04:28 et le personnel pas toujours compétent.
04:31 - C'est ça, alors effectivement il y a un reste à charge affiché,
04:33 on parle donc de la société AGV qui a été rachetée par Corian début 2018,
04:37 Corian qui est devenue Clariane,
04:39 il y a un reste à charge affiché qui est actuellement de 1850 euros,
04:43 mais en fait il y a plein de frais en plus,
04:45 notamment la fameuse sonnette la nuit, au bout de 4 appels gratuits par mois,
04:50 que vous devez payer quand la personne âgée sonne la nuit,
04:53 il y avait l'animal de compagnie qui coûtait 88 euros,
04:56 des frais de dossier à 900 euros,
04:58 tout un tas de... le petit déjeuner et le linge ça coûte 124 euros en plus,
05:03 voilà tout un tas de frais qui se rajoutent,
05:05 et là il n'y a pas plus de deux jours, j'avais une famille qui m'a contactée,
05:08 suite au documentaire, qui me disait qu'elle avait retiré la personne âgée de la colocation,
05:12 parce qu'elle dépensait 2300 euros, et que c'était beaucoup trop pour eux.
05:16 - Hors de prix.
05:17 - Donc il y a des départements qui s'alarment de ce coût élevé,
05:19 et c'est une des raisons pour laquelle certains départements sont réticents à ouvrir leurs portes,
05:23 à donner l'autorisation à Gévie à leur personnel d'exercer.
05:27 - Mais alors après ce tableau noir, vous nous offrez quand même pendant les dernières minutes de votre doc,
05:31 Laurence Deleur, une lueur d'espoir, en prenant l'exemple du Danemark,
05:34 qui a un vrai service public du 4ème âge, mais un service qui leur coûte très cher.
05:38 - C'est ça, rien n'est idyllique, il n'y a aucun pays où vous allez trouver une situation totalement satisfaisante,
05:44 effectivement il y a beaucoup d'argent qui est dépensé là-bas pour les personnes âgées,
05:48 et moi ce qui m'a le plus frappé, c'est surtout la puissance de frappe de ce lobby qui s'appelle Eldrezagen,
05:54 qui est une association qui regroupe un Danois sur sept,
05:57 parce qu'ils leur ont offert beaucoup d'avantages, donc il y a des gens y compris très jeunes qui adhèrent à l'association.
06:01 - Une sorte de syndicat des personnes âgées.
06:03 - Exactement, mais avec un immeuble entier, 200 salariés, énormément d'antennes dans tout le pays,
06:09 et ils font plier le gouvernement sur certaines mesures,
06:12 mais parce qu'ils font des enquêtes, des rapports,
06:14 ils passent à la télévision, ils côtoient des ministres tous les jours,
06:18 et je trouve que c'est très intéressant comme modèle pour réfléchir pour les autres pays européens,
06:25 qu'il y ait une mobilisation un petit peu citoyenne,
06:27 qu'ils puissent s'exercer, pas seulement être passifs en attendant que le politique fasse tout en fait.
06:31 - Et c'est vrai que la question derrière finalement c'est est-ce qu'on est prêt,
06:34 qu'est-ce qu'on est prêt à payer collectivement, à payer pour les personnes âgées,
06:38 ou est-ce qu'on préfère ignorer tout ça jusqu'au jour où on sera nous-mêmes concernés,
06:42 hold up sur les vieux de Laurence Dollar et Nathalie Anselm,
06:46 c'est sur Arte ce soir à 21h.
06:48 Restez avec nous pour suivre l'actualité des médias dans un instant.

Recommandations