Le Sénat rend ce mardi son rapport sur l'impact du narcotrafic en France. La commission d'enquête sénatoriale a proposé mardi la création d'un parquet national antistupéfiants (Pnast) et de faire de l'Office antistupéfiants (Ofast) une "DEA à la française", sur le modèle de l'agence antidrogue américaine.
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00:00Avant de voir les solutions, un constat. Vous dites, je vous ai lu, vous dites, la France n'est pas encore un narco-État. C'est le « pas encore » qui m'inquiète.
00:10Oui, il s'agit aussi de réveiller un peu les consciences et attirer l'attention sur les enjeux. Nous pensons que, et c'est le produit de ces 6 mois de travail de la commission d'enquête,
00:20que les risques sont immenses. Alors évidemment, la corruption ne gangrène pas toute la société. Évidemment, les dealers ne sont pas à tous les coins de rue.
00:29Mais l'ampleur du trafic, son enracinement, sa complexité, la criminalité qui est associée, elle fait des ravages partout. Ça concerne désormais la France des sous-préfectures,
00:39des zones rurales. Donc il faut vraiment qu'on réagisse. Et le rapport, il a un peu vocation à tirer la sonnette d'alarme sur tous ces phénomènes.
00:47– Parce qu'on le voit, on a toutes les communes qui peuvent être touchées, des villes moyennes, Besançon, Belfort, Cavaillon, Troyes, ça fait partie des noms de villes
00:57qui avaient été citées au moment de cette commission, au moment des auditions. Et on a une masse d'argent en réalité. On parle de 3,5 milliards de chiffre d'affaires
01:05pour le trafic de drogue en France. C'est largement sous-estimé ?
01:09– Oui, c'est sans doute largement sous-estimé. La fourchette, c'est entre 3,5 milliards et 6 milliards. L'implantation territoriale du trafic, elle progresse.
01:21Et c'est assez intéressant et presque ironique pour nous. Mais entre le début de nos travaux en novembre et la remise du rapport aujourd'hui,
01:31on a vu intervenir des phénomènes très violents dans des territoires qu'ils n'avaient jamais connus jusque-là.
01:37On pense à ce qui s'est passé à Dijon, on pense à ce qui s'est passé à Rennes. Donc il y a une progression du narcotrafic qui tient à la submersion du pays
01:46par la cocaïne. La production a été multipliée par 3 ces 15 dernières années. On a de plus en plus de saisies, mais il y a de plus en plus de produits qui arrivent.
01:56Donc il y a des débouchés. L'offre crée sa propre demande et tous les territoires sont concernés. Et c'est un business qui est complètement amoral, asymétrique.
02:06Les sommes d'argent qui sont en jeu permettent aux trafiquants d'être très agiles, de s'adapter. Ils s'adaptent techniquement. Ils ont des techniques de plus en plus
02:14sophistiquées pour l'acheminement du produit. Ils s'adaptent dans leur organisation. Ils peuvent corrompre. Et c'est un des postes de dépense de leur business.
02:24Voilà. Donc on parle de moyens illimités. La formule dit bien ce qu'elle veut dire. Et on a affaire à des gens qui sont extrêmement puissants.
02:33Et parfois, on a le sentiment que la puissance publique, elle est dans une logique de guérilla et qu'on est dans un rapport du faible au fort.
02:39Et que le faible, c'est plutôt l'État et ses institutions, alors que les trafiquants, eux, sont assez forts.