La grande interview : Michel Onfray

  • il y a 4 mois
Le philosophe Michel Onfray était l’invité de #LaGrandeInterview de Laurence Ferrari dans #LaMatinale sur CNEWS, en partenariat avec Europe 1.

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Transcript
00:00Et c'est la grande interview sur CNews et sur Europe 1 avec Michel Onfray. Bonjour Michel Onfray.
00:04Bienvenue dans cette émission. Vous êtes philosophe, libre-penseur,
00:07auteur de La foudre gouverne le monde. Michel, on va en parler dans un instant.
00:11L'actualité, c'est bien sûr la situation dramatique en Nouvelle-Calédonie. Michel Onfray, les émeutes se poursuivent
00:16sous fond de contestation par les indépendantistes d'une réforme électorale
00:20quand quatre personnes décèdent, dont un gendarme de 22 ans. Qu'il y a des centaines de blessés,
00:24que les maisons sont brûlées, que les habitants se défendent eux-mêmes par rapport à des groupes armés.
00:30On peut parler de situations insurrectionnelles ou pas ?
00:32Oui, même de guerres civiles très précisément, puisque ce sont des Français qui attaquent d'autres Français
00:37et des Français qui se défendent des attaques que d'autres Français leur infligent.
00:40Donc, je parlais hélas depuis très longtemps d'une guerre civile à bas bruit,
00:44avec quelques ricanements du côté des islamo-gauchistes.
00:48Et bien, on enlève maintenant à bas bruit, c'est une vraie guerre civile.
00:50C'est-à-dire que je rappelle que le gendarme a quand même pris un projectile en pleine tête.
00:55En pleine tête, c'est-à-dire qu'on a visé la tête, on a voulu le tuer alors qu'il a enlevé son casque,
00:59justement comme un signe de bienveillance, en disant, je ne viens pas armé, je viens pour discuter.
01:04Et là, d'un seul coup, on ajuste le tir et la balle arrive dans la tête.
01:08Il fait longtemps qu'Emmanuel Macron n'a pas eu d'autre choix que de décréter l'état d'urgence.
01:12On en est là aujourd'hui pour faire respecter l'autorité de l'État,
01:16que ce soit en Nouvelle-Calédonie ou même en métropole.
01:19Ou à Mayotte, où on est en train de mourir du cholérin.
01:22Enfin, c'est devenu ça la France.
01:23On meurt du cholérin et puis des gendarmes se font tirer en pleine tête.
01:26Et puis, des gens qui sont des Blancs, puisqu'il faut parler le langage de ces gens-là,
01:31sont terrés chez eux.
01:33Madame Baquette, qui est sous protection de la policière, dit qu'il y a une chasse aux Blancs,
01:37qu'il y a du racisme anti-Blanc.
01:39Oui, parce que vous vous souvenez, quand on avait fait cette émission sur le 1er mai,
01:43j'avais signalé qu'il y avait des drapeaux du FLNKS dans cette manifestation,
01:48en disant, regardez ce qu'on ne dit pas, mais un drapeau russe, un drapeau du FLNKS.
01:53Et j'ai appris, en garde en Seigneux ce matin, qu'il y avait effectivement des gens qui sollicitaient la Russie,
01:57en disant, les Français dehors, les Russes, Poutine venait nous sauver des Français.
02:02Alors comparaison n'est pas raison, mais je veux dire que ça ressemble un peu à la guerre d'Algérie,
02:05où on est allé demander à des puissances étrangères, notamment l'Union soviétique à l'époque,
02:10la possibilité de mettre dehors d'autres Français.
02:13Ce qu'on nous propose ici, c'est une créolisation malheureuse.
02:16Si on en croit Jean-Luc Mélenchon, la créolisation, c'est formidable.
02:19Le métissage, c'est fantastique.
02:21Et la créolisation, pour lui, c'est systématiquement heureux.
02:25On voit que c'est malheureux.
02:26Il y a quand même eu une situation passée qui est quand même assez extraordinaire.
02:29On leur propose trois référendums.
02:31Trois référendums, donc 2018, 2020, 2021.
02:36On déroge à la République.
02:37Tous, non à l'indépendance.
02:38Voilà, tous.
02:39Et on déroge aux lois de la République, puisqu'on estime que certains auront le droit de voter,
02:44d'autres n'auront pas le droit de voter.
02:46Je rappelle quand le général de Gaulle fait le référendum sur l'autonomie de l'Algérie,
02:49il fait voter tout le monde, c'est-à-dire l'Algérie, la Martinique, la Guyane,
02:53le continent, l'Hexagone, etc.
02:55Là, non, on choisit les électeurs, c'est-à-dire comme à la belle époque de la Révolution française,
02:59de la première Révolution française, il y avait les citoyens actifs et les citoyens passifs.
03:04Alors là, il y a des gens qui peuvent voter, puis des gens qui ne peuvent pas voter.
03:07Ce que fait Macron, pour le coup, je vais le défendre cette fois-ci,
03:09avec cette loi, c'est juste de restaurer un ordre républicain en disant une voix, une personne.
03:15C'est-à-dire un homme, une femme, une voix, etc.
03:17C'est le principe de la démocratie.
03:18Là, on disait non, une voix de couleur, c'est une voix.
03:22Une voix blanche, ce n'est pas une voix blanche.
03:23D'ailleurs, elle ne va même pas avoir le droit de s'exprimer, c'est une voix blanche.
03:26On lui a interdit l'accès au vote.
03:28Moi, j'avais trouvé ça sidérant à l'époque.
03:30Et puis, on ne fait pas trois référendums, on en fait un.
03:32Il est bon, il n'est pas bon.
03:33Et voilà, on sait en France, depuis 2005, quand le référendum ne plaît pas, on le met à la poubelle.
03:37– On s'assied dessus.
03:37– Je veux dire que là, on a le signe d'une créolisation malheureuse.
03:40Et en même temps, la proposition, et songeons un petit peu au laboratoire
03:44de Jean-Luc Mélenchon dans cette aventure, c'est un état racial qui nous est proposé.
03:47C'est un état raciste qui nous est proposé.
03:49Les blancs dehors, qu'est-ce que ça veut dire, les blancs dehors ?
03:52Des gens qui sont parfois là depuis plus d'un siècle, un siècle et demi.
03:56Pour certaines familles, on n'est pas responsable de ce qu'on fait.
03:59Nos parents, un siècle et demi en amont, voire en 1492.
04:03Et à un moment donné, il va falloir arrêter cette histoire
04:05que le péché originel, ça concernerait des couleurs.
04:07Et donc là, on veut un état racial en disant,
04:09nous sommes des noirs ou des gens de couleur ou des canaques.
04:11Et donc, c'est une canaqui.
04:13J'entends même des gens de gauche nous parler de la Nouvelle-Calédonie canaqui.
04:16Tout est déjà dit dans cette aventure.
04:18Quand on a sollicité des gens, c'est comme en Corse.
04:20On a plusieurs fois sollicité les Corses en disant,
04:22voulez-vous une indépendance, une autonomie ?
04:23Ils ont dit non.
04:24Moi, je suis démocrate.
04:25Je regrette qu'on ne soit pas plus démocrate,
04:27c'est-à-dire qu'on sollicite les peuples et qu'on leur demande leur avis.
04:29Encore un point sur la Nouvelle-Calédonie.
04:31Michel Onfray, le gouvernement a interdit le réseau social TikTok
04:34pour éviter que les émettiers ne se rassemblent trop rapidement.
04:36Mais aussi, c'est une façon peut-être de contrer l'influence de la Chine.
04:39Vous avez évoqué la Russie.
04:40La Chine est extrêmement aussi présente en Nouvelle-Calédonie,
04:43évidemment, qu'elle est le troisième producteur mondial de nickel.
04:46Voilà, qui est nécessaire pour fabriquer tout ce qui est électrique,
04:50moteur électrique, etc.
04:52Un moteur de tout ce qui est solaire aujourd'hui
04:55et de ce qui est politiquement correct.
04:56Bien sûr que c'est une guerre économique qui se joue.
04:59Et d'influence.
04:59Et d'influence, puisqu'on l'a beaucoup dit, c'est un porte-avions dans le Pacifique.
05:03Et de fait, quand tout est un peu chaud quand même sur la planète,
05:06on a besoin, nous, la France, d'endroits sur lesquels on puisse faire
05:09arriver des avions, mouiller des bateaux ou même éventuellement des sous-marins
05:13pour pouvoir disposer d'une puissance militaire planétaire.
05:18Donc, il y a des enjeux extrêmement importants.
05:20Et je ne sais pas ce que va faire Emmanuel Macron parce que dire
05:23couvre-feu, on met la gendarmerie dans la rue, c'est bien,
05:26mais demain et après-demain, est-ce que c'est un État militaire
05:29qu'il va falloir instaurer pour recouvrer là-bas l'autorité ?
05:32Je ne pense pas que ça puisse suffire.
05:34Michel Onfray, le tableau est sombre, en métropole également.
05:37Chacun a été frappé d'effroi après l'attaque d'un fourgon pénitentiaire
05:41un mardi, durant laquelle deux agents ont été tués, trois autres blessés.
05:46La traque se poursuit.
05:47Le détenu et le commando, lourdement armés, sont recherchés.
05:51C'est une scène qu'on aurait pu voir dans une série sur Canal+.
05:54C'est le symbole de la sud-américanisation de la France pour vous, Michel Onfray ?
05:59Non, enfin oui, si on veut, mais c'est le signe qu'il n'y a plus d'autorité en France.
06:03C'est le signe qu'il n'y a plus de morale non plus.
06:05Il y avait une espèce de code de l'honneur, parfois, chez certains bandits.
06:07Enfin, on a bien vu les films de Gabin, avec les scénarios d'Audillard.
06:11Il y avait des bandits au grand cœur.
06:13Éventuellement, on voulait libérer quelqu'un, mais on n'allait pas prendre le risque,
06:17mais décider qu'on allait éventuellement tuer quatre personnes.
06:19Le but, c'était ça.
06:20Il y en a deux qui sont décédés et puis deux qui sont dans un mauvais état.
06:23C'est-à-dire que voilà des gens qui se sont dit...
06:25Hors de danger, lieu maximum.
06:26On peut imaginer qu'effectivement, il y ait une attaque de fourgon.
06:30On joue des policiers, enfin des gardiens de prison,
06:34qu'on leur demande de s'allonger par terre ou je ne sais quoi, mais épargner des vies.
06:37Et puis sauver son soldat et puis l'exfiltrer, son mauvais soldat,
06:41et puis l'exfiltrer. Et puis voilà.
06:43Là, pas du tout.
06:44On commence par dire on va rentrer dans une voiture
06:46et puis les gens, c'est comme des voitures.
06:48C'est-à-dire qu'on peut s'en débarrasser.
06:50Qu'est-ce qu'on fait avec des gens comme ça ?
06:51Il a 30 ans, ce garçon-là, ce monsieur et les autres.
06:53Mohamed Amra, le détenu fugitif.
06:55On ne sait pas qui ils sont, ceux qui l'ont aidé.
06:57Mais enfin, quand on les retrouvera,
06:59on verra que ce ne sont pas des oies blanches non plus.
07:02Ce qui est frappant aussi dans le cadre profil de cet homme,
07:05Mohamed Amra, c'est un parcours de délinquance commencé extrêmement tôt.
07:09Dès 11 ans, on en a souvent parlé dans notre émission face à Michel Onfray.
07:13Et le fait que la réponse pénale n'a pas su enrayer cette spirale de la violence.
07:18Il faut remettre à plat tout cela ?
07:19Ah oui, évidemment, mais les gens qui font de la politique
07:22aujourd'hui font de la politique pour être en place,
07:25pour les voitures avec des sirènes,
07:27pour la puissance, la jouissance ou ce genre de choses.
07:29Ce n'est pas pour la France.
07:30Si vraiment, on a le souci de la France,
07:31on pense à nouveau offrir une politique pénale.
07:35Ça ne peut pas suffire, Michel Foucault,
07:37devant lequel Robert Badinter se met à genoux en disant
07:40c'est formidable, surveiller et punir un livre des années 70
07:43où on nous dit en gros que la prison est problématique
07:46et que la société est problématique, mais que le délinquant est une pauvre victime.
07:50Ça, c'est une jurisprudence dont il faut se défaire.
07:52Et surtout à gauche, il faut que la gauche comprenne
07:55que la sûreté ou la sécurité, c'est l'un des droits de l'homme aussi.
07:57On ne peut pas toujours parler des droits de l'homme en disant
07:59ça ne nous donne que des devoirs.
08:01Il y a aussi effectivement le droit qui consiste à pouvoir dire
08:03quand on est une femme, mais pas seulement,
08:05qu'on peut sortir à 10 heures du soir en sortant d'un cinéma
08:08ou d'un opéra ou d'un concert ou d'un restaurant
08:09ou simplement pour aller voir des copains ou des copines
08:11sans risquer de se faire violer, insulter, mépriser, attaquer
08:15avec des gens qui attaquent et qui, pour le coup,
08:17après, seront vaguement réprimandés.
08:20Michel Onfray, est-ce que les mots des hommes politiques
08:21ont encore un sens ? On a entendu, là encore,
08:23la France sera intraitable, la main ne tremblera pas,
08:26ils seront châtiés, ils seront retrouvés.
08:28Les Français les croient beaucoup moins aujourd'hui.
08:30Évidemment, ça fait bien longtemps que je n'y crois plus.
08:32On a l'impression vraiment qu'il y a un formulaire à disposition.
08:35Victime du terrorisme, victime d'un attentat.
08:37Alors, formulaire B3, le formulaire C12.
08:40Et puis on sort le truc, on coche les cases.
08:42Et puis on ne laissera pas les choses en la matière.
08:46C'est insupportable.
08:47La République est aux côtés d'eux, etc.
08:48Ou de dire c'est la République qu'on attaque.
08:50Non, ce n'est pas la République qu'on attaque.
08:51On attaque des gardiens de prison qui font un métier terrible,
08:54terrible, avec des revolvers d'enfants, d'une certaine manière,
08:58et qui n'ont pas la possibilité de tirer.
09:01Je rappelle quand même que Mélenchon et sa clique
09:03nous disent que la police tue.
09:05Je rappelle que c'est l'inverse, c'est la police qu'on tue aujourd'hui.
09:09Et on tolère que des gens tuent la police.
09:12L'idée qu'on puisse assassiner des gens qui sont des gens simples
09:15et des gens modestes, on n'est pas gardien de prison en se disant
09:17ça fait 30 ans que j'ai envie de faire ce métier,
09:20il est tellement formidable.
09:21Donc voilà des gens qui sont là au service de la République,
09:23au service de la nation, qui font un boulot qu'il faut faire.
09:27Il y a des délinquants, il y a des prisons,
09:28on peut bien garder les prisons.
09:29Ils ne sont payés rien du tout et on les expose.
09:31Éventuellement, aurait-il tiré qu'aujourd'hui,
09:34il serait probablement en garde à vue pour expliquer pourquoi,
09:36quand, comment et pourquoi est-ce qu'ils ne se sont pas retenus ?
09:38Est-ce qu'ils ont fait vraiment les sommations nécessaires et d'usage ?
09:41Tout de même, il ne faut pas exagérer.
09:42Vous avez visé le genou, vous avez eu la tête.
09:44Et puis après ça, de se retrouver, je ne sais pas quoi,
09:46dans un endroit où ils vont faire du balayage ou du nettoyage.
09:49Il y a un moment donné où il faut redonner confiance à la police.
09:51Du moins, dire à la police, à la gendarmerie,
09:54à l'armée, aux services secrets,
09:55à tous ces gens qui font un boulot exemplaire aujourd'hui en France,
09:58sans moyen, leur dire on est avec vous,
10:00on est à vos côtés, on va vous aider.
10:01Alors là, évidemment, on reçoit les intersyndicales
10:03et puis on commence à dire oui.
10:04Alors, listez, c'est quoi vos problèmes ?
10:06Oui, on va dire ça.
10:06On calme le jeu, quoi, jusqu'à la prochaine fois.
10:09Votre livre a un titre que je trouve prémonitoire,
10:11La foudre gouverne le monde,
10:13aux éditions Albin Michel, Michel Onfray.
10:15C'est le spectre d'un monde sans règles, sans autorité.
10:19En décadence, ce que vous nous décrivez,
10:20c'est un journal, le huitième tome de votre journal hédoniste,
10:23qui est la chronique de ce monde-là.
10:25Alors, ça peut se lire comme une formule poétique, ce qu'elle est,
10:28parce que c'est une formule d'Héraclite,
10:29philosophe grec de l'Antiquité,
10:31qui nous disait justement que le feu gouvernait le monde.
10:33Alors bon, il faut rentrer dans l'État,
10:35il ne va pas faire un cours de philo,
10:36ce n'est pas l'heure, ce n'est pas le jour.
10:36C'est un peu tôt.
10:38Ça pourrait encore, mais je garde cette idée-là
10:42qu'effectivement, c'est le feu qui fait la loi,
10:44pas seulement les éléments, enfin l'eau, la terre, l'air et le feu, etc.
10:48Mais simplement pour dire qu'effectivement,
10:49c'est le bruit et la fureur, pour reprendre la formule bien connue,
10:53et que ça ne cesse pas.
10:54C'est-à-dire que c'est comme ça depuis toujours
10:56et ce sera comme ça depuis toujours,
10:57parce que finalement, l'homme est ce qu'il est,
10:59et puis on peut essayer de le civiliser un peu.
11:01Mais quand on le civilisait beaucoup, ça allait à peu près.
11:04Quand on le décivilise,
11:05parce que parfois, il y a des endroits où on doit civiliser
11:08et où on décivilise, l'école, l'éducation populaire.
11:11On a hélas perdu Bernard Pivot il n'y a pas très longtemps,
11:13mais voilà quelqu'un qui faisait de l'éducation populaire.
11:15Il civilisait les gens.
11:16Il parlait de littérature, il parlait de livres,
11:18il montrait des auteurs, etc.
11:20Aujourd'hui, on peut parler du concours de l'Eurovision
11:23ou du dispositif des Jeux olympiques.
11:26On décivilise là, vraiment.
11:28Monsieur Langré, vous dites dans ce livre,
11:29je suis toujours du côté des femmes, des laïcs, des homosexuels,
11:32des juifs, des libres penseurs.
11:34Je n'ai pas changé.
11:35Je suis toujours raté.
11:35J'estime que toutes les religions font mauvais ménage
11:37avec la démocratie et la liberté.
11:39Aujourd'hui, vous pensez que tout est en train de basculer,
11:43qu'il y a un véritable risque sur la liberté d'expression, notamment ?
11:46Oui, ce n'est même plus un risque.
11:48Ça n'existe plus, la liberté d'expression, aujourd'hui.
11:50Ou alors une espèce de liberté d'expression
11:52totalement sauvage sur les réseaux sociaux
11:53où n'importe qui peut dire n'importe quoi.
11:55Je rappelle que le négationnisme, le révisionnisme,
11:57cette façon de dire qu'il n'y a pas eu de chambres à gaz,
12:00que c'est une invention des juifs pour la création de l'État d'Israël.
12:02Il y a une époque où ce tisne ne se trouvait que dans des livres imprimés
12:06et parfois difficiles à trouver.
12:07Encore que j'ai souvenir de cahiers d'annales révisionnistes
12:10qu'on trouvait dans ma sous-préfecture,
12:13simplement au milieu de je ne sais pas quoi.
12:15Je ne vais pas donner de faire de publicité ou de Paris Match
12:17et du journal du dimanche.
12:20Et aujourd'hui, tout ça est sur le net.
12:21C'est-à-dire que les idées les plus insupportables,
12:24les plus sottes, les plus débiles circulent sur le net.
12:27Et donc, on se dit, voilà, c'est la liberté d'expression.
12:29On peut aujourd'hui, sans difficulté,
12:31dire que les chambres à gaz n'ont pas existé.
12:32On ne va pas en prison pour ça.
12:34Et si par hasard, vous avez dit quelque chose qui gêne un petit peu
12:36sur un plateau de télévision, là, vous avez 10 associations
12:40qui vous attaquent en vous expliquant que ce que vous avez dit était islamophobe
12:42parce que vous ne l'avez pas dit comme il le fallait
12:45ou que de toute façon, c'est vous qui l'avez dit.
12:46N'importe qui de gauche aurait pu le dire.
12:48Ce serait bien passé, comme une lettre à la Poste.
12:50Mais si c'est je ne sais pas quoi, je prends par hasard Éric Zemmour ou un autre,
12:53on dira alors cela, on les envoie tout de suite au tribunal.
12:55Vous parlez aussi du langage.
12:56L'usage de certains mots comme d'insultes empêche qu'on puisse les utiliser
12:59pour ce qu'ils signifient véritablement.
13:01Il y a un révisionnisme linguistique.
13:04Oui, c'est mentique.
13:05Justement, sur fascistes, sur les mots fascistes qui sont devenus fachos,
13:09nazis, antisémites.
13:11Il y avait des antisémites partout à une époque.
13:12Moi, j'ai écrit sur la Torah, sur les Évangiles et sur le Coran
13:18dans un livre qui s'appelait Le traité de la théologie.
13:20Je n'enlève aucune ligne de ce traité.
13:22Et évidemment, j'étais islamophobe.
13:24Qu'est-ce que ça veut dire, islamophobe ?
13:26On a peur de l'islam.
13:28On condamnerait des gens parce qu'ils ont peur.
13:30L'étymologie, c'est ça.
13:31Un islamophobe est quelqu'un qui a peur de l'islam.
13:33Et on vous envoie au tribunal parce que vous avez peur de l'islam.
13:36Et vous avez peur en disant quoi ?
13:38Qu'il se trouve dans le Coran, un certain nombre de choses
13:40qui sont homophobes, antisémites, misogynes, phallocrates.
13:43Je lisais l'autre jour dans Le Point qu'une dame savante et sérieuse
13:46disait qu'il n'y avait aucune invitation à tuer les juifs dans le Coran.
13:49Est-ce qu'on parle du même Coran ?
13:50Est-ce qu'on parle du même livre ?
13:51Il y a juste un moment donné où le débat n'est pas possible ou pensable
13:54parce qu'il y a des gens qui vous disent clairement que ce livre n'existe pas,
13:58que cette phrase n'existe pas, que cette sourate n'existe pas,
14:01que le verset de telle sourate n'existe pas,
14:03qu'il faut le recontextualiser,
14:05que ça ne veut pas dire ce que ça veut dire, etc.
14:07Donc effectivement, il y a un moment donné où le débat n'est plus possible.
14:11Le passage que vous êtes en train de lire,
14:13c'est un passage qui me permet de répondre à ceux qui disent
14:15Onfray est devenu de droite, voire d'extrême droite.
14:17Regardez, il est avec Laurence Ferrari dans cette émission, etc.
14:22On passe à Onfray, sur cette émission, en revanche, samedi 13h.
14:24Et je dis non, je n'ai pas changé, mais vous, vous avez changé, vous, la gauche.
14:27Si vous pensez effectivement qu'aujourd'hui, la zoophilie, la scatologie,
14:31la scatophilie, la pédophilie, tout ça, c'est formidable.
14:35Non, excusez-moi, mais moi, je ne serai pas de gauche quand ce sera cette gauche.
14:38Il y a des lumières d'espoir quand même, Michel Onfray, ou pas ?
14:41Trouvons-en une au moins ce matin.
14:43Moi, je pense qu'il y a des espoirs individuels.
14:45C'est-à-dire, je vois plein de gens qui m'arrêtent et qui y espèrent en notre espoir
14:49et qui nous disent votre émission, on l'écoute et puis ça nous plaît
14:51parce qu'on se sent, on n'est pas seul, etc.
14:54Donc, il y a cette idée qu'effectivement, il y a une majorité silencieuse
14:57qui commence à parler un peu et qu'il y a une minorité agissante
15:01qui, elle, fait la loi depuis très longtemps.
15:03Intellectuellement, je veux dire, dans le service public notamment,
15:06et qu'on la voit toute griffe dehors parce que d'un seul coup,
15:10le monopole qu'elle avait sur l'intelligence disparaît.
15:13Et c'est bien de voir des monopoles disparaître.
15:14Très bien, merci beaucoup, Michel Onfray d'être venu ce matin
15:17sur CNews et sur Europe 1.
15:19La foudre gouverne le monde aux éditions.
15:21Albin Michel, c'était votre grande interview sur nos deux antennes.

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