• il y a 7 mois
Le chaos persiste en Nouvelle-Calédonie, cela fait maintenant 72 heures que l'archipel vit au rythme des barrages, des pillages, des incendies, des milices... L'État d'urgence y est déclenché, la violence persiste. Mais que veulent les indépendantistes et comment sortir de cette situation ? Pour en discuter, on accueille Victor Tutugoro, président de l'Union Progressiste en Mélanésie, un mouvement indépendantiste Kanak.
Regardez L'invité de RTL Soir avec Julien Sellier du 16 mai 2024

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Transcription
00:00 RTL bonsoir, Isabelle Choquet et Cyprien Signy.
00:04 Allez RTL bonsoir, nous accueillons maintenant notre invité face à l'événement
00:08 "C'est une voix qui compte" en Nouvelle-Calédonie.
00:10 Bonsoir Victor Tutugoro.
00:12 Bonsoir.
00:12 Vous présidez l'Union Progressiste en Mélanésie,
00:15 vous appartenez au FLNKS qui regroupe les mouvements indépendantistes
00:20 et vous êtes signataire des accords de Nouméa.
00:22 L'état d'urgence est déclenché, la violence extrême,
00:25 on le rappelle un gendarme tué, un autre mort après un tir accidentel.
00:29 Trois décès de civils et depuis 72 heures des barrages, des pillages, des incendies,
00:34 des milices aussi.
00:35 Tiens écoutez le témoignage de Virginie,
00:38 professeure dans un collège à une centaine de kilomètres de Nouméa.
00:41 Elle a appelé le 3210 et les auditeurs ont la parole à la nuit journée.
00:44 Ah non mais moi c'est pas que j'ai peur, je suis terrorisée.
00:46 C'est pas...
00:48 Le mot est même pas assez fort.
00:50 Ah mais nous on est en état de siège.
00:51 C'est-à-dire que là on est un quartier,
00:54 il y a deux entrées, il y a des barricades,
00:56 il y a 80 hommes d'un côté, 90 de l'autre.
01:00 Ils ont préparé des cailloux,
01:02 parce qu'il faut bien qu'on trouve des solutions,
01:05 des machettes, parce qu'on est menacés en fait.
01:09 Ça fait quatre jours que nous sommes bloqués.
01:11 Donc on essaie, entre voisins il y a beaucoup d'entraide,
01:14 mais les mamans qui ont besoin de poudre de lait pour leur bébé, il n'y a plus.
01:19 Les couches, il n'y a plus.
01:20 On a un EHPAD, il n'y a plus de nourriture pour nos petits vieux qu'on adore.
01:24 Il y a beaucoup de solidarité dans la société calédonienne.
01:28 Il faut bien que les Français de métropole comprennent que
01:32 ce n'est pas qu'une question de noir et de blanc.
01:34 C'est vraiment des extrémistes.
01:37 En Calédonie, il n'y a pas que des caldeuches et des canaks.
01:40 Il y a des wadidiens, il y a des foutouniens, il y a des javanais.
01:44 C'est une population multi-ethnique et normalement on s'entend tous très bien.
01:49 - Victor Tutugoro, vous l'une des voix du mouvement indépendantiste.
01:52 Un mot déjà sur cette situation.
01:55 L'armée est déployée à l'aéroport et dans les ports.
01:57 Est-ce que, selon vous, l'état d'urgence était nécessaire pour rétablir le calme ?
02:02 - Oui, je pense, oui.
02:03 Et donc effectivement, la situation telle que décrit la dame,
02:08 oui, c'est ce qui se passe réellement.
02:13 Et oui, il y avait besoin que l'on passe à l'état d'urgence
02:17 pour essayer de ramener un peu de calme.
02:22 - Vous avez appelé au calme, mais est-ce que vous avez encore la sensation
02:25 d'être écouté par la base, par les incendiaires qui sont parfois très jeunes ?
02:28 - Alors, quand on regarde d'une manière globale
02:32 ce qui se passe dans le nord du pays ou aux abords de Nouméa,
02:39 oui, je pense que l'appel au calme a été entendu.
02:43 Mais effectivement, dans les quartiers de Nouméa,
02:46 où c'est une population très jeune, vous l'avez dit,
02:53 en errance, c'est une petite délinquance habituelle,
02:58 et là, ça a complètement éclaté.
03:04 Et effectivement, on n'est pas beaucoup entendu par cette partie de population
03:09 qui s'adonne au pillage, aux exactions.
03:14 - Emmanuel Macron a proposé aux deux camps aujourd'hui,
03:16 les pro et les anti-indépendance, une visioconférence,
03:19 et finalement, elle a été annulée parce que les deux camps refusent le dialogue.
03:23 Pourquoi ne pas saisir la main tendue ?
03:26 - Comment dire, la situation est trop chaude.
03:30 J'utilise cette image-là parce qu'il y a un retour à l'ordre
03:37 qu'il faut amener préalablement.
03:40 Je pense que les situations sont aujourd'hui exacerbées.
03:46 La situation est partie parce que cette jeune population kanak,
03:55 elle a été exacerbée par les propos permanents
03:59 d'une certaine des responsables non-indépendantistes.
04:04 Ça a fini par exacerber cette partie de la population
04:08 qui, en même temps, a toutes les difficultés du monde
04:12 à s'insérer dans cette société calédonienne,
04:15 que je disais tout à l'heure, qui n'a pas de travail,
04:17 ou qui n'est pas toujours très bien formée,
04:21 ou quand elle a été formée, elle a été faire des études en France ou ailleurs,
04:27 ils reviennent et n'ont pas toujours les emplois recherchés.
04:32 Donc c'est un cocktail qui a fini par exacerber.
04:36 Le point de départ, il y a maintenant 72 heures de ce brasier,
04:39 c'est la question de l'élargissement du champ électoral à des nouveaux arrivants,
04:43 validé cette semaine par les députés ici à Paris à l'Assemblée nationale.
04:47 Pourquoi vous vous opposez à cet élargissement ?
04:49 Pourquoi ? Parce que nous estimons
04:52 qu'on doit passer par la case de la citoyenneté.
04:56 Nous essayons de dire, définissons d'abord une citoyenneté calédonienne,
05:01 définissons les conditions.
05:03 On vote parce qu'on est citoyen.
05:06 Et non pas le contraire.
05:07 Vous voyez les jeunes qui manifestent aujourd'hui,
05:13 toute cette jeunesse qui commet l'irréparable, je vais le dire ainsi,
05:18 en la crainte que ces gens-là viennent et s'installent
05:22 et ont toutes les facilités à trouver du travail ou à s'insérer dans la société,
05:30 alors qu'eux-mêmes, enfants du pays, n'y arrivent pas.
05:33 Emmanuel Macron vous a fixé un ultimatum indépendantiste et loyaliste.
05:37 Il dit "discutez, entendez-vous dans les jours à venir justement sur l'avenir en commun,
05:43 mais entendez-vous vite parce que sinon en juin,
05:45 je réunis le Congrès et j'acte l'élargissement de ce fameux corps électoral".
05:49 Un mois pour envisager un avenir commun ?
05:51 Est-ce que cet ultimatum, vous le dénoncez ? Ce n'est pas la bonne méthode ?
05:55 D'abord le passage en force.
05:57 Vouloir fixer des ultimatums comme ça,
06:02 ça ne passe pas.
06:04 Il faut prendre le temps d'en discuter.
06:06 Il oublie une chose, dans la manière de proposer les choses,
06:10 c'est qu'il est le représentant de l'État
06:14 et c'est à lui de porter les discussions, de piloter les discussions
06:19 parce qu'il a la responsabilité de la décolonisation du pays.
06:24 Nous, nous estimons aujourd'hui, on lui a dit plusieurs fois,
06:27 que nous ne sommes pas arrivés au terme du processus de décolonisation
06:32 et c'est à lui, c'est à l'État qui a la responsabilité
06:35 et non pas renvoyer aux acteurs locaux comme ça.
06:38 Il faut aujourd'hui qu'il envoie une mission.
06:40 Avec un médiateur par exemple ?
06:42 Je ne sais pas, on a entendu le nom d'Edouard Philippe par exemple,
06:45 Premier ministre, qui s'était penché sur la question ?
06:48 On a attendu les trois derniers premiers ministres
06:52 de la République prendre la parole et dire un certain nombre de choses, oui.
06:56 Et donc, il faut qu'ils prennent la décision d'envoyer
07:01 une mission ou envoyer des médiateurs pour apaiser la situation, apaiser les choses.
07:07 M. Tuttugoro, parmi vos opposants, il y a Nicolas Metzdorf,
07:11 il est député Renaissance, anti-indépendance,
07:13 et il dit aujourd'hui "je suis menacé de mort parce que je suis blanc".
07:17 Vous dénoncez, vous, ces menaces ?
07:19 Les menaces, ce n'est pas une bonne situation, ce n'est pas sain.
07:25 Mais il faut qu'il se pose la question, pourquoi on est arrivé là ?
07:29 Il a eu des propos, pendant plusieurs mois,
07:33 il a beaucoup parlé au nom de l'État.
07:35 L'État, c'est l'État, il y a des responsables de l'État,
07:39 et donc c'est eux qui parlent au nom de l'État, mais pas chacun à sa place.
07:42 Voilà, et je veux dire, si on est arrivé dans cette situation,
07:46 c'est qu'il a franchi des lignes.
07:50 Victor Tuttugoro, pour terminer, est-ce que le processus qui a été enclenché
07:54 il y a 30 ans maintenant pour envisager, définir un avenir en commun,
07:58 il est encore valable aujourd'hui ?
08:00 Est-ce qu'il y a un avenir commun encore envisageable ?
08:03 On entendait notre auditrice un petit peu plus tôt qui parlait de
08:06 cette société multiculturelle avec
08:09 des Kanaks, des Kaldosh, des Javanais, des Walisiens, des Futuniens,
08:13 des personnes d'origine asiatique.
08:16 Est-ce que l'avenir en commun est encore possible en Nouvelle-Calédonie ?
08:20 Oui, je le crois.
08:21 La citoyenneté calédonienne reste l'objectif à aller chercher.
08:26 Il faut des gens, il faut des responsables modérés pour y arriver.
08:30 Ce sont des questions de bons hommes au bon endroit.
08:35 Merci beaucoup Victor Tuttugoro.
08:36 Je rappelle que vous présidez l'union progressiste en Mélanésie,
08:39 que vous êtes l'une des figures du camp indépendantiste Kanak.
08:42 Merci d'avoir été notre invité face à l'événement aujourd'hui.
08:44 RTL bonsoir.
08:47 Et la suite de RTL bonsoir, c'est RTL Inside.
08:50 RTL dans la tête de Didier Deschamps avant l'annonce de la liste des Bleus pour l'Euro ce soir.
08:54 Et la bisoconférence arrive également.
08:56 Le programme Alex ?
08:57 Je vais être obligé de parler de la Nouvelle-Calédonie un peu,
08:59 mais il y aura aussi plein de choses vraiment très drôles.
09:02 OK, tout de suite.
09:03 Waouh !
09:03 RTL Bonsoir. Jusqu'à 20h.

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