Les 4 vérités - Eric Coquerel

  • il y a 2 mois
Jeff Wittenberg reçoit Eric Coquerel, député LFI sortant, sur le plateau des 4 vérités. 

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00:00Bonjour à tous, bonjour, Eric Coquerel. Cette campagne des législatives s'achève dans un climat extrêmement tendu depuis Bruxelles cette nuit.
00:10Emmanuel Macron a dénoncé, je le cite, le racisme désinhibé auquel on assiste dans cette dernière ligne droite.
00:15Il visait particulièrement les propos d'un député du Rassemblement national qui avait estimé que Najat Vallaud-Belkacem,
00:21en raison de sa double nationalité franco-marocaine, n'aurait jamais dû être ministre de l'Éducation nationale.
00:26Est-ce que, sur le constat, vous partagez ce qu'a dit Emmanuel Macron cette nuit ?
00:31Oui, et j'en regrette juste qu'il se réveille un peu tard, quoi.
00:35Il n'a pas dénoncé le racisme auparavant ?
00:36Non, mais je vous explique. Emmanuel Macron, c'est celui qui a permis à sa majorité de voter une loi dans laquelle il y a la préférence nationale
00:44qui est un des thèmes chers de l'extrême droite depuis des décennies. C'est quelqu'un qui, il y a peu de temps, expliquait que le programme
00:51du Front Populaire était immigrationniste, qui est un terme d'ultra-droite, et qui a renvoyé dos à dos le nouveau Front Populaire,
00:59en tout cas France Insoumise et l'extrême droite. Je suis heureux qu'aujourd'hui, dernier jour de campagne, ils se ressaisissent
01:07et, effectivement, pointent le danger que nous avons devant nous, c'est-à-dire que l'extrême droite, pour la première fois en France,
01:13gouverne par les urnes, avec un programme raciste dont, je vous rappelle que la première mesure, c'est l'abrogation du droit du sol,
01:22ce que même Vichy n'a pas réussi à faire. Donc ces propos sont tardifs, je les prends comme tels, et j'espère que d'ici ce soir,
01:30il n'y aura pas un nouveau revirement du chef de l'État.
01:32Mais avant ces déclarations et avant ce que vous appelez un éventuel nouveau revirement, vous mettez dans le même panier, en quelque sorte,
01:40vous mettez un signe égal entre les déclarations d'Emmanuel Macron, la politique qui avait été suivie jusqu'à présent,
01:46et ce que pourrait être le Rassemblement National.
01:48Vous ne m'avez pas bien entendu, je ne l'aimais pas, je dis qu'Emmanuel Macron, par sa politique, et notamment à un moment donné par le fait,
01:54à la fois de, sans arrêt, lui et sa majorité, reprendre les thèmes du Front National et même les solutions à travers la préférence nationale,
02:01laissant penser que, du coup, le Rassemblement National avait les bonnes solutions, banalisant le Rassemblement National,
02:06en n'arrêtant pas de faire un signe d'égalité entre le Rassemblement National et nous, je dis qu'il a préparé le terrain.
02:11Je suis, je vous le dis, je prends comme un bon point le fait qu'il se rassaisisse, mais il était temps.
02:16Ça veut dire quoi ? Que si, parce qu'on va voter dimanche, il y aura ensuite un entre-deux-tours et des consignes de vote,
02:22qu'entre un candidat de la majorité sortante et un candidat du Rassemblement National, vous choisirez le premier ?
02:31Oui, c'est une question, mais j'espère que vous la posez...
02:34On la pose à tout le monde.
02:35Vous la posez là où Macron est, parce que je vous rappelle qu'en 2022, en législative, nous avons eu partout des mots d'ordre très clairs.
02:42Pas une voix pour le Rassemblement National.
02:44Il n'y a pas, dans les duels entre le Rassemblement National et l'EFI, un seul mot d'ordre comparable venant du camp de M. Macron.
02:51Donc, je vous le dis, nous avons toujours été au rendez-vous pour faire la différence, etc.
02:56Mais ça serait un peu plus facile vis-à-vis de nos électeurs, je vous le dis, si M. Macron, son camp, la droite,
03:02n'arrêtait pas de, j'allais dire, presque nous accuser de manière encore plus forte que le Rassemblement National.
03:08Ça serait un peu plus simple pour ensuite appeler à sauver la démocratie.
03:13Mais est-ce que ce ne serait pas plus simple, je reprends votre expression, que tous les partis excepté le Rassemblement National
03:18se mettent aujourd'hui pour un désistement réciproque ?
03:23Le fameux barrage républicain dont on parlait avant, est-ce que vous y êtes favorable ?
03:26Je vous dis une chose, il y a deux cas de figure.
03:30Il y aura les cas de figure où, éventuellement, en cas triangulaire, le Rassemblement National sera en tête.
03:34Nous prendrons nos responsabilités.
03:36C'est-à-dire ?
03:38Nous verrons bien si des cas comme ça arrivent dimanche.
03:42Parce que si vous voulez, avant un premier tour, moi, je ne pars pas battu.
03:45Donc, je ne me mets pas dans une configuration où le Rassemblement National serait en tête comme ça.
03:51Oui, mais les sondages, on verra les journées.
03:53Donc, on verra dimanche soir.
03:54Je vous dis simplement que nous, nous avons toujours été au rendez-vous pour combattre l'extrême droite,
03:58y compris dans nos mots d'ordre.
04:00Ce n'est pas le cas, malheureusement, de la majorité.
04:02Ce n'est pas le cas des Républicains.
04:03J'ai entendu, il y a peu de temps, l'ancienne présidente de l'Assemblée Nationale,
04:07je dois vous le dire, expliquer que si, au cas où Eléfie serait au deuxième tour vis-à-vis du Rassemblement National,
04:13elle ne donnerait pas de mots d'ordre.
04:15Donc, je pense que la balle est dans leur côté.
04:17Nous, nous n'avons jamais manqué.
04:19Peut-être pouvez-vous me le dire directement.
04:21Donc, vous appellerez le cas échéant, votez pour Renaissance.
04:23Non, nous dirons toujours qu'il n'y a pas une voie pour l'extrême droite,
04:26comme nous l'avons toujours fait.
04:28Mais pour ça, il faudrait peut-être aussi que nos électeurs suivent ce que nous disons.
04:32Et pour que nos électeurs suivent ce que nous disons,
04:34il faudrait que la majorité arrête ce parallèle mis entre l'extrême droite
04:39et une force républicaine comme France Insoumise et le Nouveau Front Populaire.
04:42Alors, pour suivre ce que vous dites, il faut aussi parler de ce qui se passe chez vous à la France Insoumise.
04:48Jean-Luc Mélenchon a encore dit hier soir
04:50que ceux qui le disqualifiaient comme premier ministre potentiel,
04:54il y en a parmi les leaders du Nouveau Front Populaire,
04:58Marine Tondelier, Olivier Faure ou Fabien Roussel,
05:00commettaient une grave erreur.
05:03Est-ce que vous êtes aussi sur cette ligne ?
05:05Vous maintenez que Jean-Luc Mélenchon pourrait être premier ministre si vous gagnez les élections.
05:09Remarquez que cette semaine, Jean-Luc Mélenchon a dit qu'il ne revendiquait rien,
05:13qu'il irait là où c'est utile,
05:15qu'il y avait y compris au sein de France Insoumise
05:17plusieurs personnes premières ministrables, dont moi d'ailleurs.
05:20Donc il a clairement mis les choses sur la table.
05:23Maintenant, pourquoi d'un point de vue...
05:28Pourrions-nous entendre le fait que, par exemple,
05:30Fabien Roussel s'imagine premier ministrable,
05:34avec les scores qui sont ceux du Parti communiste,
05:37et que Jean-Luc Mélenchon, 22% il y a deux ans à la présidentielle,
05:40qui n'est pas pour rien dans le fait que le Nouveau Front Populaire existe,
05:43que la gauche soit à nouveau au rendez-vous du pays...
05:46Non, mais d'accord.
05:47Mais pourquoi voudriez-vous qu'il estime que sa candidature ne serait même pas admissible ?
05:54Bien évidemment, c'est des pas.
05:56Mais écoutez bien ce qu'il a dit.
05:58En aucun cas, il y a un préalable.
06:00Il y a d'autres candidats possibles à France Insoumise.
06:02Il n'exige rien.
06:04Maintenant, on peut peut-être aussi admettre
06:07que Jean-Luc Mélenchon représente quelque chose de fort à gauche dans ce pays,
06:11notamment parce qu'en réalité, il l'a sauvé.
06:13Et que si nous pouvons peut-être gouverner dans quelques jours,
06:16c'est grâce à Jean-Luc Mélenchon.
06:17Alors, ce n'est pas ce que dit par exemple François Ruffin,
06:20l'un de vos camarades de la France Insoumise,
06:23qui dit, je le cite, que selon lui,
06:25Jean-Luc Mélenchon est un obstacle à la victoire du Nouveau Front Populaire.
06:28Il a tort.
06:29Et moi, je vais vous dire, je ne vais pas le commenter plus avant.
06:31Parce que je pense que là, avant un premier tour dans lequel,
06:34encore une fois, et je ne m'y résume pas,
06:36l'extrême droite peut être majoritaire dans ce pays,
06:38je pense que nous ne devons rien faire qui divise notre camp.
06:41Donc, les petites phrases de Jean-Lal,
06:42l'un fait l'obstacle, l'autre ne doit pas se présenter comme Premier ministre,
06:46etc. Moi, je les récuse totalement.
06:48Donc, je n'irai pas plus loin dans ce commentaire.
06:50– On a parlé au début de cette interview d'un climat de racisme ambiant
06:55que vous dénoncez.
06:56Il y a aussi des accusations d'antisémitisme,
06:58un climat qui touche certains de vos amis.
07:01Alors, il y a deux jours,
07:03un montage de votre collègue Sébastien Delogu, député sortant,
07:07montre la parodie d'un jeu vidéo
07:09où on voit des députés insoumis en chevalier
07:12qui s'attaquent aux députés franco-israéliens Meir Habib,
07:15représentés en pieuvre.
07:17Et dans ce clip, on voit aussi une pizza four à pierre,
07:21allusion que tout le monde a bien comprise,
07:24ou alors que fait donc cette pizza four à pierre dans le clip,
07:27comme une allusion à la seconde guerre mondiale, au camp d'extermination.
07:30Vous n'êtes pas mal à l'aise avec ce genre de vidéo ?
07:32– Non, mais il faut arrêter de prendre les choses dans la fâcheuse sphère.
07:34Non, mais sérieusement.
07:35– Ce clip existe, M. Coquerel, ou non ?
07:38– Oui, mais attendez, je réponds.
07:39L'interprétation de ce clip, ça vient de la fâcheuse sphère.
07:41Donc ça suffit un petit peu…
07:42– Il ne faut pas interpréter une pizza four à pierre.
07:44– Je vous donne ma réponse, ça suffit.
07:45Il y a un clip dans lequel, à un moment donné,
07:47on voit un emballage de pizza, d'accord ?
07:49– Four à pierre.
07:50– Oui, four à pierre, pizza, il y a plein de fours à pierre, etc.
07:53Et de là, on en déduirait que M. Delogu fait une allusion…
07:57Vous savez Sébastien Delogu, c'est un député qui s'oppose,
08:01mais viscéralement, y compris par rapport à ses origines,
08:04à tout génocide.
08:05Il a été en Arménie, il n'y a pas très longtemps, par rapport à ça.
08:08Bien évidemment, il dénonce les génocides de l'histoire,
08:12y compris le plus important, celui qui reste, j'allais dire,
08:17par sa dimension exceptionnelle, qui reste dramatique,
08:25c'est-à-dire, je pense, la Shoah.
08:27Bien évidemment, il s'oppose à ça.
08:29Et donc, imaginez-vous qu'une seconde, dans un clip,
08:32il fasse une allusion à ça.
08:33Bien évidemment que non.
08:34M. Habib en pieuvre, pourquoi pas ?
08:37M. Habib, c'est un député qui, à l'Assemblée nationale,
08:40n'arrête pas d'avoir des propos racistes,
08:42qui, une fois où j'ai évoqué le fait que le risque de génocide à Gaza,
08:47s'est exprimé en disant qu'il continue.
08:50Il parlait de l'armée israélienne.
08:53Donc, je dis que les interprétations qui viennent de ce camp-là,
08:57vis-à-vis de ce clip…
08:58Une dernière question, M. Pokras.
08:59Je vous invite à ne pas les reprendre.
09:01Je vous assure que M. Delogu, il le dira lui-même,
09:03est étranger à tout antisémitisme.
09:05Et heureusement, sinon, il ne serait pas candidat…
09:07C'est le cas aussi de votre suppléante Manon Montmirel,
09:09qui fait l'objet d'une plainte de la part d'un monsieur d'origine juive
09:13qui prétend, qui affirme, plutôt que cette dame l'a agressée.
09:17Vous, vous avez dénoncé une…
09:19Non, mais ce n'est pas qu'on l'a dénoncée.
09:20C'est une provocation.
09:21C'est une dénonciation.
09:22Et ma suppléante a porté plainte pour dénonciation calomnieuse.
09:25Et je vous remercie d'évoquer ce sujet dont on avait parlé avant.
09:28Non, non.
09:29Mais là aussi, vous donnez une importance à une provocation…
09:31Pas du tout.
09:32C'est une simple question.
09:33C'est la seule télé où on me parle de ce sujet.
09:35Donc, je vous en remercie.
09:36Donc, je vous dis, il y a une dénonciation calomnieuse qui a été portée
09:39par rapport à des faits qui sont totalement faux
09:41et qui s'inscrivent dans un climat où on essaye sans arrêt
09:44de, j'allais dire, accuser France Insoumise de choses, évidemment,
09:49qui sont totalement contraires à toutes ses valeurs.
09:51Eh bien, vous l'avez dit.
09:52Je vous remercie.
09:53Et donc, c'est la suite de Télématin.
09:54Merci beaucoup.
09:55Merci beaucoup à tous les deux.
09:56Merci aussi à Vivien Fourvieille pour la traduction en langue des signes.