Éric de Riedmatten reçoit un invité dans #LHebdoDeLEco pour approfondir un sujet économique…
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00:00 Vous vous êtes sûrement posé la question pourquoi autant de magasins de lunettes dans les rues ?
00:04 Et bien vous allez savoir pourquoi, on va vous révéler le pourquoi de cette situation en France.
00:10 On en parle justement avec le patron fondateur de la chaîne d'opticiens Lunettes pour Tous.
00:14 Et oui, c'est le nom de cette chaîne.
00:16 Paul Morlaix, merci d'être avec nous.
00:18 Pourquoi ce rythme effréné d'ouvrir sans arrêt des magasins d'optiques ?
00:23 C'est vrai qu'on ne l'apprend à personne, on voit des magasins de partout.
00:25 Il n'y en a presque autant que de boulangeries finalement,
00:27 on voit dans toutes les rues des villes et des villages.
00:29 Il y a 12 500 magasins d'optiques en France, trois fois plus qu'ailleurs dans les autres pays du monde.
00:33 Et en fait, le secret du mystère c'est simple, c'est qu'ils sont rendus très chers en France.
00:37 Donc forcément ça pullule dans les villages.
00:39 Pourtant on a l'impression qu'il y a des prix partout, chacun essaye de faire son rabais.
00:43 Oui alors chacun fait un rabais, une paire achetée, une paire offerte, une paire achetée, deux offertes,
00:46 une paire avec une remise sur la fonction de l'âge.
00:49 Mais globalement vous paierez toujours vos lunettes aux alentours de 500 euros en réalité.
00:52 Ah oui, effectivement c'est beaucoup.
00:54 Donc ça veut dire que les opticiens gagnent beaucoup d'argent avec la lunette ?
00:58 Paradoxalement ils vont vous dire que non, parce que c'est vrai que les magasins d'optiques,
01:01 il n'y a jamais beaucoup de gens à l'intérieur.
01:02 Il y a trop de magasins, pas assez de clients.
01:04 Donc un volume de vente, il faut savoir, de moins de trois paires par magasin par jour.
01:07 Donc c'est très peu finalement.
01:08 Seulement trois paires par jour ?
01:10 Ils gagnent leur vie avec trois paires.
01:11 Donc vous imaginez la marge.
01:12 Effectivement, donc c'est pour ça qu'il y a autant de magasins.
01:14 Alors vous, vous avez pris le contre-pied, lunettes pour tous, mais elles ne sont pas chères du tout ?
01:19 Et vous en faites plus ?
01:20 Voilà, on s'est dit on va avoir moins de magasins, parce que nos concurrents, vous connaissez tous,
01:23 ils ont 800 magasins, 1000 magasins, 1200 magasins, qui vendent de chacun deux à trois paires par jour.
01:28 Et nous, on n'a que 23 magasins en France, en Belgique, 20 en France.
01:32 Et on vend plusieurs centaines de paires par jour, par magasin,
01:34 ce qui nous permet finalement de les vendre moins cher.
01:36 Et ça suffit pour faire des marges, gagner sa vie ?
01:38 Parce que je crois que c'est 10 euros, c'est ça une lunette ?
01:41 On peut commencer à 10 euros, monture et verre à la vue.
01:43 Voilà, il faut savoir que si vous voulez une super belle lunette chez vous, chez nous,
01:46 avec une belle monture, faite à la main, des verres anti-reflets, tout compris,
01:49 toute option, on va payer 80, 90 euros, encore une fois.
01:52 Mais c'est vrai que c'est quatre fois moins cher que le marché.
01:54 Alors, la lunette pour tous, c'est un peu le gouvernement qui avait voulu ça.
01:57 Non, ça n'a rien à voir, parce qu'avec le zéro frais,
02:00 ils promettaient de donner, de pourvoir une lunette pour tous ceux qui n'ont pas les moyens.
02:05 Vous avez raison, c'est une réforme du premier cacada d'Emmanuel Macron, donc c'était en 2020.
02:10 Nous, on s'est lancé en 2014, six ans avant.
02:12 Et effectivement, l'idée aujourd'hui, c'est de pouvoir proposer des lunettes à prix plancher
02:15 pour tous les Français, et ce qu'on fait très bien d'ailleurs.
02:17 Donc ça, c'est le 100% santé que proposait le gouvernement.
02:20 Mais finalement, qui paye ? C'est nous, c'est le contribuable.
02:23 Pas tant que ça, parce que la Sécu, dans cette histoire, met 18% du prix.
02:27 Les 82% sont pris par les mutuelles, c'est privé.
02:30 La TVA était à 20%.
02:31 Je voulais faire un calcul de qui paye, mais en réalité, l'État ne met pas d'argent là-dedans.
02:34 Oui, il faut pas dire quelqu'un qui paye.
02:36 Ou alors, elles sont achetées très low cost à l'étranger ?
02:38 Pas forcément. Nous, on vend des lunettes 100% sans santé.
02:41 Elles sont Origine France garantie, donc on peut les mettre dans Paris, par exemple.
02:44 C'est ça qui m'intéresse.
02:45 Donc, il ne faut pas oublier que votre parcours est original.
02:47 Vous êtes un ancien de la SNCF, c'est bien ça.
02:50 Vous avez complètement changé votre métier.
02:51 Vous avez créé une start-up et vous avez saisi cette opportunité
02:55 de créer des lunettes pas chères du tout, mais en France.
02:58 Mais comment faites-vous pour y arriver ? On parle toujours de la main-d'œuvre hors de prix.
03:02 L'idée, c'est qu'on a automatisé le magasin.
03:04 Ceux qui connaissent notre marque, pour tous, son magasin, on voit que c'est hyper automatisé.
03:07 Il y a des machines de partout, des tapis roulants.
03:10 On s'est fabriqué des lunettes de vue de qualité en quelques minutes parce qu'on a juste automatisé.
03:13 Ça ressemble à une usine Tesla, en fait, de voiture en pleine ville.
03:16 C'est finalement comme ça qu'on a réussi à baisser les prix en gardant une qualité super élevée.
03:19 Et le verre, par contre, là, c'est autre chose. Vous parlez de la monture seulement.
03:22 Alors, pour les montures, elles sont exposées et pour les verres, on les fabrique.
03:25 Ils sont en origine France Garantie et ça fait dix ans qu'on bosse dessus.
03:27 Maintenant, vous avez des verres, tout option, en tout traitement, à un prix très bas en magasin.
03:31 Et donc, ça, ça permet de faire vivre votre réseau.
03:34 Tout de même, on a un peu l'impression que quand on achète une paire de lunettes pas chères,
03:38 elle est quand même de moins bonne qualité par rapport à des montures de luxe.
03:41 - C'est pas vraiment vrai parce qu'en fait, quand vous payez vos lunettes 400 euros aujourd'hui,
03:44 vous payez la marque, vous payez le logo connu sur le côté de la branche
03:47 et tout le monde sait que c'est pas ça qui fait le prix.
03:49 Aujourd'hui, une bonne paire de lunettes à 90 euros, 100 euros, ça se trouve de partout sur le marché.
03:53 Honnêtement, c'est les mêmes lunettes qu'à 400 euros.
03:55 - Donc, ça veut dire que là, on révèle ce qu'on a promis en début d'émission.
03:58 Ce sont des marges considérables.
03:59 - Voilà, mais je crois que tout le monde le savait déjà.
04:01 - Mais quand même, 500 euros là.
04:03 - Quand vous voyez un magasin qui marche avec trois clients par jour, il n'y a pas de mystère.
04:06 - En plus, ils sont souvent très, très rapides.
04:09 Je voulais vous demander aussi une étude.
04:10 Xerfi explique que depuis 2018, le marché n'a pas cessé de progresser.
04:16 C'est rare de voir un marché aussi porteur.
04:18 Donc, ça veut dire qu'il y a plus de magasins et de plus en plus de marges, c'est ça ?
04:22 - Alors, Xerfi, ce qu'il vous donne, c'est la valeur du marché, si je ne me trompe pas.
04:24 Donc, la valeur du marché a évolué.
04:25 Forcément, les opticiens ne font que monter les prix.
04:28 Forcément, avec 4 % de croissance...
04:29 - C'est la dépense, le panier moyen qui augmente.
04:31 - C'est en dessous de l'inflation finalement.
04:32 Donc, c'est que les prix qu'on fait augmenter.
04:33 Est-ce que l'on augmente si nos concurrents ?
04:35 Je ne pense pas, encore une fois, mais le reste à charge,
04:37 en tout cas pour le français, augmente tous les jours.
04:39 - Est-ce que vous diriez, et d'ailleurs, vous allez vous mettre à dos tous les opticiens,
04:42 qu'ils exagèrent, les opticiens traditionnels des centres-villes,
04:45 surtout ceux qui n'appartiennent pas au réseau, c'est eux qui en profitent ?
04:49 - Il y a toute une maille de personnes qui profitent dans la chaîne.
04:51 Il n'y a pas que les opticiens, il y a les fabricants qui sont derrière aussi.
04:53 C'est un marché qui vit bien, encore une fois.
04:56 Est-ce qu'il y a des opticiens qui ont abusé de leur marge et de leur position ?
04:59 Sûrement, ça a été prouvé plusieurs fois et condamné.
05:02 Donc, il fallait une nouvelle entretien de marché pour faire un peu de ménage
05:04 et faire réagir un peu tout le monde.
05:06 Et d'ailleurs, je crois que les français sont gagnants dans l'histoire.
05:08 - Très bien.
05:08 Écoute, on a bien compris.
05:09 On a maintenant appris qu'il y avait presque 100% de marge, c'est ça, sur une monture ?
05:14 - Non, pas 100%, mais on n'est pas loin.
05:16 On est quand même sur la marge de l'optique et quand même très proche de celle du luxe.
05:19 - D'accord.
05:20 - Et donc, si on achète une marque, une grande marque, de grandes marques de luxe,
05:23 là, je ne sais pas les dire, mais c'est encore plus cher.
05:26 - C'est une très belle marge, oui.
05:27 - 500 euros, en fait, elle revient à combien ?
05:30 100 ?
05:32 - Beaucoup moins que ça.
05:33 - Moins que 100, c'est-à-dire que j'ai une belle lunette de grande marque,
05:35 vraiment de personnes, pas de marques très, très connues.
05:38 500 euros, elle a...
05:39 - Ça revient, c'est moins de 30 euros à fabriquer.
05:42 - Écoutez, on comprend que les opticiens soient riches.
05:44 On est désolé parce qu'on va sûrement se les mettre à dos.
05:46 Merci en tout cas d'être venu chez nous, Paul Morlaix,
05:49 fondateur de la chaîne Lunettes pour tous.
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