Ce que vous achetez chez Marionnaud, dans un supermarché, sur internet ou chez Lacoste a (peut-être) été livré par Heppner, qui compte 300 chauffeurs routiers et réalise 30.000 livraisons par jour: Cédric Frachet, directeur des opérations du groupe Heppner, est l'invité de Amandine Bégot.
Regardez L'invité de RTL avec Amandine Bégot du 24 mai 2024
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00:00 Participants sur magasin-u.com
00:02 Yves Calvi, Amandine Bégaud
00:04 Matinale spéciale routier sur RTL
00:08 Il est 7h44, nous sommes en direct du restaurant routier La Marmite
00:11 et Amandine vous recevez donc ce matin Cédric Frachet qui est directeur des opérations du groupe Eppner
00:15 Le groupe Eppner, je le rappelle, grosse entreprise du secteur, je le disais
00:19 c'est plus d'un milliard d'euros de chiffre d'affaires, dont les deux tiers à l'international
00:23 30 000 livraisons par jour, 300 chauffeurs, plus bien sûr ceux des sous-traitants
00:29 Cédric Frachet, que transportez-vous ?
00:31 Comme vous l'avez dit tout à l'heure en introduction, à peu près tout ce que vous pouvez trouver
00:35 et consommer aujourd'hui dans votre vie quotidienne
00:37 On va livrer à la fois des petits commerces, des pharmacies, des différentes officines
00:41 des professionnels sur leur lieu de travail, mais aussi des industriels pour alimenter des usines de production
00:46 ou livrer des distributeurs de grands supermarchés
00:49 90% de ce que nous consommons est livré par camion, transporté par camion, c'est un chiffre absolument colossal
00:55 que nos auditeurs découvrent peut-être ce matin, les routiers sont essentiels à notre vie, à tous
01:02 Le groupe Epner, c'est une entreprise familiale au départ, née en Alsace
01:06 et qui va fêter l'an prochain ses 100 ans
01:08 Qu'est-ce qui d'après vous a le plus changé au cours de ces 10-20 dernières années ?
01:12 Je pense qu'un peu comme beaucoup de secteurs d'activité, on est percuté par les changements, l'évolution de la société
01:17 en particulier les habitudes de consommation, tout le monde a pu expérimenter au cours des dernières années
01:22 une expérience de livraison à domicile, ça c'est l'événement des 4-5 dernières années
01:27 où les distributeurs sont obligés d'adapter aussi leur mode de distribution
01:30 et nous de nous adapter pour pouvoir livrer et répondre aux besoins de points de livraison différents
01:35 Et livrer toujours plus vite aussi j'imagine ?
01:37 Avec plus d'informations, il y a la notion de délai évidemment, mais toujours la notion de plus de disponibilité d'informations
01:42 plus de transparence, de suivi, tout ce que vous connaissez dans votre vie aujourd'hui privée
01:46 quand vous vous faites livrer un repas à domicile, aujourd'hui nos professionnels et les industriels
01:50 souhaitent pouvoir avoir la même information, la même transparence pour la donner à disposition de leur propre client
01:55 J'imagine par ailleurs que les routiers d'aujourd'hui ne sont pas ceux d'il y a 10 ou 20 ans, d'ailleurs il n'y a peut-être pas un seul type de routier
02:01 Absolument, vous avez entièrement raison, il y a les grands routiers que vous avez pu croiser ce matin et très tôt dans la nuit ou hier soir
02:07 mais il y a aussi tous ceux qui ouvrent au quotidien au départ de toutes les plateformes un peu partout en France et en Europe
02:11 pour livrer les produits que vous consommez, tous ceux que vous ne payez pas la nuit
02:15 qui font les relations entre les différents entrepôts et tous les acteurs
02:19 parce qu'on parle de transport, on parle d'une chaîne de transport de compétences et de métiers
02:23 aujourd'hui le transport dans l'union TLF, on décompte 250 métiers différents dans la chaîne transport
02:29 donc il y a différents types de chauffeurs et les chauffeurs doivent aussi adapter leur mode de travail au fil des dernières années
02:35 aux nouvelles contraintes de livraison, réglementation urbaine, circulation et les attentes des destinataires
02:40 Bon et ça fait partie, je le disais, des secteurs qui ont du mal à recruter
02:44 on cherche selon les années entre 20 et 30 mille chauffeurs routiers, 22 mille je crois selon les tout derniers chiffres, c'est énorme !
02:50 Oui c'est énorme, c'est pas un phénomène nouveau et c'est pas un phénomène français
02:53 aujourd'hui on cherche 230 mille chauffeurs à peu près en Europe
02:56 donc tous les pays européens sont touchés par le même phénomène
02:59 que vous soyez en Pologne, en France, en Espagne, le sujet est exactement le même
03:03 l'attractivité globale de notre secteur, un secteur qui demande toujours un petit peu plus de main d'oeuvre
03:09 même si les 4 derniers trimestres, l'activité du transport routier de marchandises a diminué au global sur le territoire français
03:16 et a relâché un petit peu la tension sur les métiers
03:19 ceci dit ça reste toujours prégnant, on a toujours besoin de plus de moyens, l'économie grossissant
03:23 le transport est un élément qui participe au développement de l'économie globale
03:27 Mais comment vous expliquer d'avoir autant de mal à recruter ?
03:30 Ce sont quoi les contraintes, les horaires ?
03:32 Il faut être sur la route parfois et on en croisait certains notamment hier soir, plusieurs jours
03:38 donc s'absenter de son domicile plusieurs jours, c'est ça le nœud du problème ?
03:42 Alors évidemment il y a des sujets d'attractivité et de difficultés
03:45 mais je pense que c'est pas propre au métier du transport
03:47 les tensions sur le recrutement vous les trouvez dans beaucoup de secteurs d'activité aujourd'hui
03:51 la restauration notamment
03:52 il y en a plein d'autres et pas seulement ceux-là
03:54 et c'est pas uniquement sur les postes de chauffeurs aujourd'hui
03:56 où il y a des tensions de recrutement
03:57 aujourd'hui on a besoin d'être plus attractifs pour recruter des gens dans les services digitaux
04:01 dans nos services support, informatique, finance, nos opérateurs aussi qui sont dans les agences
04:06 aujourd'hui le transport a besoin de faire découvrir ses métiers, connaître ses métiers
04:10 c'est tout le travail qui est fait aujourd'hui par les membres de TLF
04:13 mais aussi TLF auprès des organismes de formation
04:16 ouvrir nos entreprises aux étudiants, leur faire découvrir tous ces métiers
04:19 et toutes les carrières que peuvent offrir le transport
04:21 ça gagne combien un chauffeur routier aujourd'hui en moyenne ?
04:23 Alors en moyenne aujourd'hui en France selon le nom TLF
04:25 on a une moyenne de rémunération qui est de 30 000 euros
04:27 mais c'est très disparaître en fonction
04:29 30 000 euros par an ?
04:30 Tout à fait
04:31 Brut ou net ?
04:32 Brut incluant l'ensemble des rémunérations mais c'est très disparaître
04:35 On est en dessous du salaire moyen quand même pardon
04:37 je regardais les chiffres, le salaire moyen aujourd'hui en France
04:40 c'est à peu près 42 000 euros brut par an
04:43 30 000 vous êtes très en dessous
04:45 Alors le salaire moyen en France regroupe une multitude de métiers et de choses
04:48 donc je ne sais pas si on peut comparer les deux chiffres ensemble
04:51 si la comparaison est juste
04:53 si on compare au salaire médian par exemple
04:55 qui est plutôt de 22 000 euros en France aujourd'hui
04:57 vous voyez qu'il y a un impact significatif
04:59 si on compare aujourd'hui au revenu le SMIC en France
05:02 on a en moyenne à plus de 40% de rémunération
05:04 mais encore une fois il y a une multitude de diversité de situations derrière ce chiffre
05:09 donc c'est difficile d'en tirer une comparaison avec la rémunération
05:12 Est-ce que si les chauffeurs routés étaient mieux payés
05:15 vous auriez peut-être moins de mal à en recruter ?
05:17 C'est peut-être la question que se posent nos éditeurs en vous écoutant
05:20 Je ne sais pas mais en tout cas
05:22 Peut-être non ? Il y a peut-être un effort à faire non ?
05:25 Je pense qu'il y a toujours des efforts à faire dans les conditions de travail
05:28 mais aujourd'hui on est en compétition aussi avec d'autres métiers
05:30 et les gens choisissent aussi leurs métiers
05:32 pas seulement pour leur rémunération
05:34 et je ne pense pas que vous ayez choisi votre métier aujourd'hui par rapport à la rémunération
05:37 et je pense que les jeunes aujourd'hui qui veulent s'engager dans les métiers du transport
05:40 évidemment qu'ils prennent en compte aujourd'hui leur rémunération
05:43 mais ce n'est pas uniquement le seul accessoire
05:45 Je pense que toutes les entreprises de transport aujourd'hui
05:47 ont besoin de chauffeurs pour développer nos activités
05:49 donc quand il faut faire des efforts salariaux
05:51 on sait les faire aussi
05:52 Ce n'est pas tellement le sujet principal je pense
05:54 du sujet de l'attractivité de nos métiers
05:56 Vous disiez ces problèmes d'attractivité
05:59 concernent tous les pays européens
06:01 Il y a certaines grandes entreprises de routiers internationaux
06:05 qui vont jusqu'au Sri Lanka pour chercher des chauffeurs routiers
06:08 C'est ça ? Aujourd'hui on en est là ?
06:10 Dans certains pays de l'Est effectivement
06:12 la pénurie de chauffeurs est telle qu'il y a un moment pour pouvoir faire
06:16 ils vont chercher des chauffeurs effectivement le plus loin possible
06:20 Aujourd'hui vous n'avez pas de chauffeur
06:22 votre camion reste sur le parking
06:23 vous ne livrez pas vos clients
06:25 donc dans certains cas ça peut être le cas
06:27 ça reste quand même pas quelque chose de généralisé
06:30 Autre enjeu du secteur et de la profession
06:32 ça concerne la décarbonation
06:34 les camions ont beaucoup évolué ces dernières années
06:36 c'est sans doute pas terminé
06:38 puisque le Conseil européen a adopté des règles
06:40 la semaine dernière fixant de nouvelles normes
06:42 d'émissions de CO2 pour les poids lourds
06:44 règles d'ailleurs plus strictes que ce qui était prévu au départ
06:47 l'objectif par exemple pour 2030
06:49 c'est de réduire de 45% les émissions de gaz à effet de serre
06:52 ce qui est énorme
06:54 Est-ce que ça vous semble possible ?
06:56 C'est un chiffre ambitieux, possible
06:58 il va falloir quand même mettre beaucoup d'éléments
07:00 aujourd'hui le transport
07:02 on ne bénéficie pas de tous les moyens
07:04 pour pouvoir décarboner
07:06 aujourd'hui les technologies ne sont pas assez matures
07:08 et prendre la décarbonation des transports
07:10 ça implique d'avoir un scope assez large
07:12 puisque ça inclut aussi beaucoup de développement à faire
07:14 sur le développement des infrastructures d'avitaillement
07:16 que ce soit les réseaux de stations électriques
07:18 les réseaux électriques eux-mêmes
07:20 la puissance d'alimentation des agences
07:22 les équipements même qui doivent être mis en place
07:24 ou alors les technologies telles que le gaz
07:26 les stations restent encore trop au gaz
07:28 la production de biogaz et d'injection de biogaz
07:30 est encore rare
07:32 et les constructeurs ne font ne mettre sur le marché
07:34 que depuis quelques mois seulement
07:36 des véhicules électriques avec des autonomies
07:38 aujourd'hui qui ne peuvent pas répondre
07:40 à l'ensemble des besoins de la chaîne
07:42 On ne peut pas traverser la France aujourd'hui en camion électrique ?
07:44 Absolument pas, absolument pas
07:46 en tout cas c'est pas aujourd'hui quelque chose
07:48 que vous pouvez généraliser
07:50 et donc l'objectif est ambitieux
07:52 mais ça va demander encore beaucoup de travail
07:54 C'est un coût, un camion thermique aujourd'hui
07:56 c'est 100 000 euros en moyenne
07:58 300 000 euros s'il roule au gaz
08:00 350 000 s'il roule à l'électrique
08:02 c'est pas demain qu'on aura sur nos routes
08:04 des camions propres partout ?
08:06 Alors c'est pas demain mais en tout cas
08:08 les transporteurs sont engagés
08:10 dans la réduction de leurs émissions depuis de nombreuses années
08:12 TLF et l'ADEME sont engagés
08:14 dans un programme qui s'appelle Objectif CO2
08:16 en 2009 et beaucoup de transporteurs sont engagés
08:18 depuis cette époque comme EPNER
08:20 à réduire volontairement leurs émissions de CO2
08:22 Aujourd'hui le gaz offre une alternative
08:24 dans certaines situations et peut être utilisé
08:26 et chez EPNER aujourd'hui on a 64%
08:28 de notre flotte propre qui roule avec
08:30 des énergies faibles émissions
08:32 la moitié d'entre eux avec du gaz
08:34 et pour cette moitié là la moitié avec du biogaz
08:36 l'autre partie roule aujourd'hui avec des biocarburants
08:38 et on va implémenter au fur et à mesure
08:40 des véhicules électriques
08:42 Donc il faut concevoir la transition de nos flottes
08:44 et de celles de nos sous-traitants aussi
08:46 et donc c'est pour ça qu'on construit aussi des programmes d'accompagnement
08:48 auprès de nos sous-traitants pour qu'ils puissent
08:50 eux aussi transitionner
08:52 et continuer à travailler avec nous
08:54 Merci beaucoup en tout cas
08:56 Cédric Fréchet d'être venu ce matin
08:58 directeur général adjoint du groupe