Tous les jours de la semaine, invités et chroniqueurs sont autour du micro de Jacques Serais pour débattre des actualités du jour.
Retrouvez "Les débats d'Europe 1 Soir" sur : http://www.europe1.fr/emissions/l-invite-actu
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00:00Europe 1 Soir, 19h21, Jacques Serret.
00:04Ensemble jusqu'à 21h et nous sommes avec Yves Tréard du Figaro et l'avocat pénaliste Jean-Yves Leborgne.
00:09Messieurs, j'imagine que vous avez regardé le débat hier soir, Jordan Bardella, Gabriel Attal ?
00:14Ce fut le cas.
00:15Bon, on va voir ensemble, en tout cas, selon vous, qui l'a emporté.
00:19En tout cas, la question a été posée au Premier ministre ce matin en déplacement à Valence.
00:24Qu'a-t-il pensé de ce débat ? Voici l'avis du Premier ministre.
00:29C'est un débat qui était, je pense, important parce qu'il était manifestement attendu.
00:33Ensuite, parce qu'il a permis de confronter démocratiquement, respectueusement, deux visions radicalement différentes.
00:40On a vu une proposition faite, je cite, de double frontière dont à la fin, on n'a toujours pas compris ce qu'elle revêtait.
00:49On n'a toujours pas compris ce que ça voulait dire.
00:51Est-ce que ça veut dire qu'on va transformer toutes les frontières terrestres de la France en péage de Saint-Arnoux,
00:56un week-end de chasse et croisée, alors qu'on a un demi-million de Français qui, tous les jours, traversent la frontière,
01:01en Suisse, en Belgique, en Allemagne, en Espagne, en Italie, pour aller travailler ?
01:05Ou est-ce que c'est juste faire ce qu'on fait déjà aujourd'hui ?
01:08On n'a toujours pas compris.
01:09Donc, les masques sont tombés.
01:11Et dans le contexte que nous connaissons, avec les difficultés qui traversent le monde,
01:15je crois qu'on a besoin de sérieux et de crédibilité.
01:17Pour ma part, j'ai le sentiment que le sérieux et la crédibilité sont derrière notre candidate Valérie Ayé
01:22et pas derrière ce programme du Rassemblement national.
01:25Jean-Yves Leborgne, le Premier ministre, a l'air très satisfait, très content de lui, de sa prestation.
01:31Pour vous, qui ressort gagnant de cette confrontation qui était très attendue ?
01:38Je n'ai pas le sentiment, au propos qu'on vient d'entendre à l'instant,
01:42que le Premier ministre manifeste une autosatisfaction particulière.
01:47Il repose sa position en disant qu'il convient d'avoir des vraies propositions.
01:53Et moi, mon sentiment, c'est que Jordan Bardella est un homme qui a du talent.
01:58Mais il ne suffit pas d'avoir un talent oratoire pour plaider n'importe quoi.
02:03Je sais de quoi je parle en disant cela.
02:05Il faut avoir quelques références un peu solides, un peu concrètes.
02:09Et mon sentiment a été que, pour en quelque sorte attraper,
02:16comme on attrape des papillons avec un outil adéquat,
02:20pour attraper l'opinion, Jordan Bardella était l'écho de certaines insatisfactions.
02:27Mais pour proposer des solutions alternatives à celles que l'État met en place,
02:32va mettre en place, essaie de mettre en place,
02:34et à celles auxquelles l'Europe est confrontée,
02:37je n'ai pas eu le sentiment d'un apport particulier.
02:41C'est un grand talent que de savoir parler longtemps sans rien dire.
02:48Jean-Yves Le Bon, Yves Tréhard.
02:50C'est vrai qu'on était resté sur la prestation de Jordan Bardella face à Valéry Ayé,
02:54il y a 15 jours, 3 semaines il me semble.
02:56Là on a eu le sentiment qu'il s'est retrouvé quand même,
02:58Jordan Bardella, face à un adversaire en tout cas plus costaud que Valéry Ayé.
03:03Déjà, c'est le premier ministre de la France.
03:05Donc heureusement qu'on est encore dans un pays où,
03:08quand on occupe cette fonction à Matignon,
03:11on a un certain talent, une certaine envergure.
03:14Et en dépit de son jeune âge, parce qu'il est quand même très très jeune,
03:17il a les deux, il a de l'envergure et du talent.
03:20Donc effectivement c'était une autre paire de manches.
03:24On peut discuter, à mon avis, de la pertinence du débat,
03:27parce que vous opposez un candidat à une élection,
03:32on s'en va en reparler, à un premier ministre.
03:35Bon, sinon pour moi il n'y a pas photo si vous voulez.
03:38Il y a quelqu'un qui est très à l'aise,
03:40qui connaît ses sujets par cœur.
03:42La preuve en est, c'est qu'il n'a pas de notes,
03:45il est tout de suite de plein pied dans ses sujets.
03:51Et en face de lui, il a un jeune homme,
03:54encore plus jeune que lui d'ailleurs,
03:55qui effectivement a sans doute beaucoup de talent,
03:58mais qui ne maîtrise pas ses dossiers,
04:00qui met du temps, c'est un peu un diesel, j'ai trouvé,
04:05par rapport à Gabriel Attal.
04:07Après on peut discuter de la pertinence,
04:09ou pas des idées de l'un ou de l'autre,
04:11mais comme Jean-Yves Le Born,
04:14je trouve que, si vous voulez,
04:16il est beaucoup dans la critique,
04:17très peu dans la proposition,
04:19et dans la proposition compréhensible et efficace.
04:23Donc je vous livre quand même un petit scoop,
04:26puisque demain il y a un sondage dans le Figaro au Doxa,
04:29et ce sondage donne...
04:31Post-débat.
04:32Post-débat,
04:33dit que Gabriel Attal s'en est plutôt mieux sorti
04:38que Jordan Barbera s'en est quand même mieux sorti
04:41que Gabriel Attal.
04:42Ce qui me paraît, si vous voulez,
04:44tout à fait étonnant,
04:46très étonnant même.
04:47Ce qui est la conclusion inverse
04:49que globalement des observateurs politiques
04:51que l'on entend depuis hier soir.
04:53Mais les observateurs politiques ne font pas l'opinion.
04:55Absolument.
04:56Justement, on va revenir,
04:57vous souhaitiez qu'on aborde ce sujet,
04:59la pertinence même de ce débat,
05:01ce face-à-face entre le Premier ministre
05:04et la tête de liste du RN,
05:06et donc l'absence de la tête de liste
05:08du camp présidentiel Valéry Ayé,
05:11ce débat justement remis en cause
05:13directement à la suite de cette émission
05:16par François-Xavier Bellamy,
05:18hier soir sur France 2.
05:19Je voudrais commencer par vous dire
05:20que j'ai hésité à venir ce soir.
05:22Et je crois que ce qui s'est passé
05:23est en réalité le signe d'une crise démocratique
05:26assez profonde.
05:27Qu'est-ce qui permet d'organiser
05:29la confrontation entre ces deux personnes,
05:32l'un et le Premier ministre,
05:33même pas la candidate...
05:34Ils s'en sont expliqués en début.
05:35Ils ne nous ont pas convaincus.
05:37Ils s'en sont expliqués en début.
05:38Non mais ce n'est même pas eux
05:39qui devraient s'en expliquer.
05:40Comment est-ce que vous les avez choisis ?
05:41Comment est-ce que vous avez choisis
05:42d'organiser cette confrontation ?
05:43Est-ce que c'est les sondages ?
05:45Les intentions de vote ?
05:46C'est les intentions de vote
05:47qui permettent de faire ce choix ?
05:48Je dois dire que si on regardait les sondages,
05:50il aurait fallu inviter au moins
05:51Raphaël Huluxman.
05:52Jean-Yves Leborgne, il a raison
05:54de se manifester comme cela,
05:56la tête de liste LR,
05:58François-Xavier Bellamy.
05:59Je comprends sa protestation.
06:02Finalement, le choix d'organiser
06:05cette émission dans une confrontation
06:07avec Gabriel Attal,
06:09qui certes est le Premier ministre,
06:11mais qui n'est pas la tête de liste
06:13du parti au nom duquel il est là,
06:16et Jordan Bardella,
06:17qui lui est tête de liste,
06:19c'est un peu une manière de dire
06:20il y a les gens sérieux,
06:22ceux qui comptent,
06:23c'est-à-dire d'un côté le RN,
06:25de l'autre côté la liste de Mme Ayé...
06:27Qui passe en prime time
06:28et les autres en seconde partie.
06:29Et les autres après,
06:31on verra.
06:32On a presque le sentiment,
06:33et c'est là que je comprends
06:34cette esquisse d'irritation
06:36qui n'est pas absurde du tout,
06:38de M. Bellamy,
06:40à savoir qu'au fond,
06:42vous nous avez invités
06:43parce que vous étiez obligés,
06:44mais vous auriez presque pu
06:46vous en abstenir.
06:47C'est une étonnante façon
06:49de bloquer le débat électoral.
06:51Yves Tréhard.
06:52Ah oui, je pense que
06:54François-Xavier Bellamy
06:55avait toutes les raisons de protester.
06:56Il l'a fait très calmement,
06:58avec beaucoup d'assurance
06:59et beaucoup de brio d'ailleurs,
07:00je dois dire.
07:01Et il avait tout à fait raison.
07:02Mais comment le service public
07:04a pu se laisser embarquer
07:06dans ce jeu
07:08qui, à mon avis d'ailleurs,
07:10risque d'être très mal perçu
07:12par le public,
07:13qui lui-même n'est pas fou.
07:15Il comprend,
07:16et il sait très bien que c'était pas...
07:18Si vous voulez,
07:19ça ne correspondait à rien,
07:20cette histoire.
07:21Sauf à mettre face à face
07:22deux jeunes hommes brillants, certes,
07:24mais ça ne suffit pas.
07:25Merci beaucoup, messieurs.
07:26Il est bientôt 20h
07:27à suivre le journal de Maël Hassani.
07:28Je vous rappelle que nous sommes
07:29ensemble jusqu'à 21h.