Tous les jours de la semaine, invités et chroniqueurs sont autour du micro de Pierre de Vilno pour débattre des actualités du jour. Ce soir, Gabriel Attal est en campagne et pendant ce temps, Emmanuel Macron a un plan.
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00:00 Avant d'accueillir Marc Ferracci qui lui représente bien sûr le Bloc Central
00:05 et cette idée dont on parlait d'Emmanuel Macron de rallier tous ceux qui ne veulent pas faire les alliances,
00:11 je vous propose d'écouter François-Xavier Bellamy, il était l'invité ce matin de Pascal Praud sur Rampart.
00:16 Le vrai sujet c'est de soutenir nos candidats au premier tour et ils sont, je n'ai pas peur de le dire,
00:21 à tous les électeurs qui nous écoutent, le meilleur rempart contre la France insoumise.
00:25 Moi je suis de droite, je l'assume, je me suis engagé en politique pour reconstruire une droite
00:29 qui soit fidèle à ses valeurs, qui soit fidèle à ses combats et à ses principes.
00:33 Mais au deuxième tour, j'aurais défendu les candidats de ma famille politique,
00:37 au deuxième tour, s'ils ne sont pas représentés et que je dois choisir,
00:40 il est évident que je ferai tout pour empêcher que la France insoumise n'arrive au pouvoir dans ce pays.
00:45 C'est-à-dire que vous voteriez pour un candidat du Rassemblement National face à un candidat du Front Populaire.
00:52 Évidemment, du Front Populaire.
00:54 Quand on entend qu'Olivier Faure nous dit qu'il n'exclut pas que Jean-Luc Mélenchon puisse être Premier Ministre,
00:58 attendez, mais qu'est-ce qui se passe dans ce pays ?
01:00 - Bonsoir Marc Ferracci. - Bonsoir.
01:02 - Merci d'être avec nous dans Hors Pince-Soir, député Renaissance sortant des Français établis hors de France.
01:08 Qu'est-ce qu'il y a ? Là en l'occurrence, on a une chaîne de valeurs qui est mise en perspective par François-Xavier Bellamy
01:13 et il nous dit clairement, ce n'est pas tant le groupe LR-RN qu'il faut combattre,
01:19 c'est ce nouveau Front Populaire.
01:22 Est-ce que ce Front Populaire pour vous, c'est l'ennemi numéro un dans cette législative ?
01:26 - Moi, vous le savez, vous me connaissez, je combats à la fois l'extrême droite et l'extrême gauche.
01:31 - Au même niveau ? Le curseur est exactement au même niveau ?
01:33 - Je vais rentrer un petit peu dans le détail, dans la nuance, si vous le permettez.
01:37 Le Front Populaire est en train de s'organiser autour de la France Insoumise
01:40 qui va en être à l'évidence la force dominante puisqu'ils ont bénéficié d'une allocation de circonscription supérieure à celle des autres partis.
01:48 Ils auront plus d'élus. - 229 contre le reste pour les autres.
01:51 Ça montre bien que la France Insoumise est le centre de gravité de cette force politique qui n'est pas vraiment nouvelle
01:57 puisque c'est une sorte de nouveau baptême de la nupes.
02:02 La France Insoumise, depuis maintenant un certain nombre d'années,
02:06 a mis la fracturation de la société, le désordre, la violence au cœur de sa stratégie politique.
02:12 Et moi, je le dis de manière très claire, c'est un parti qui aujourd'hui
02:17 déstabilise nos institutions, déstabilise le corps social.
02:20 Un exemple très... parmi d'autres, lorsque nous avons été confrontés aux émeutes à l'été 2023,
02:26 les élus de la France Insoumise et Jean-Luc Mélenchon en particulier ont jeté de l'huile sur le feu.
02:30 Donc je pense qu'il y a un véritable danger à ce que la France Insoumise et le bloc qui se constitue autour d'elle
02:37 arrivent au pouvoir. Aujourd'hui c'est une hypothèse qui n'est pas complètement inenvisageable.
02:42 Maintenant, je vais quand même compléter mon propos.
02:44 L'extrême droite au pouvoir, c'est aussi quelque chose qui me fait peur.
02:48 Qui me fait peur pour plusieurs raisons. La première, c'est qu'à chaque fois que des mouvements populistes,
02:53 des mouvements extrémistes ont arrivé au pouvoir, et en particulier quand ils étaient du côté de l'extrême droite,
02:58 avant même qu'ils ne commencent à prendre des mesures, il se passe quelque chose de très direct.
03:02 C'est qu'il y a une désinhibition dans la société.
03:04 Tous ceux qui ont des pulsions racistes, des pulsions xénophobes, des pulsions homophobes,
03:09 eh bien, pour utiliser une expression un peu triviale, ils se lâchent.
03:12 Ils se lâchent et ça a des conséquences qui traversent toute la société,
03:16 et ça peut d'ailleurs avoir des conséquences rétroactives de la part d'autres éléments du corps social.
03:21 Donc tout ça me fait très peur, et puis le programme du Rassemblement National,
03:24 on a l'occasion d'en reparler peut-être, me fait peur également.
03:26 Vous voyez qu'avant même que le Rassemblement National ne soit en capacité de gouverner,
03:31 ce que j'espère qu'il ne sera pas capable de faire, eh bien les marchés financiers s'affolent. Pourquoi ?
03:36 Parce que sur les marchés financiers, vous avez des gens dont le métier c'est de prêter de l'argent,
03:39 et en particulier de prêter de l'argent à notre pays, à la France.
03:42 Et qui s'interrogent en permanence sur la question de savoir si la France saura rembourser cet argent.
03:46 Souvent les gens nous disent "vous avez 3000 milliards d'euros de dettes, c'est terrible".
03:50 - 3000 ? - Sauf que, moi j'ai enseigné l'économie pendant quelques années,
03:54 ce qui est important c'est la capacité à rembourser, qui dépend de la dette évidemment,
03:58 mais aussi de la croissance, aussi de la capacité à créer des richesses.
04:00 Ce qui fait peur dans le programme du Rassemblement National, c'est d'abord qu'il est très coûteux,
04:03 100 milliards d'euros par an de déficit supplémentaire,
04:06 c'est le chiffrage de l'Institut Montaigne, qui est un institut indépendant,
04:09 et puis c'est aussi que c'est absolument pas un programme qui va créer de la richesse et créer de la croissance.
04:13 Donc, il y a à la fois des effets de court terme, qui me préoccupent beaucoup sur les tensions qui peuvent traverser le corps social,
04:18 et puis il y a ce qui adviendrait si on devait mettre en oeuvre ce programme.
04:22 Mais, je le dis et je le redis, du côté de la France Insoumise,
04:25 la Gabgi est à tous les étages aussi, si on mettait en oeuvre leur programme économique.
04:28 - On va écouter le Président de la République justement parler de ce que vous venez de dire.
04:32 - Il n'y a pas plus sain et plus démocratique que de demander au peuple de voter.
04:36 Je suis surpris moi de vos questions qui parlent de cuisine, de position, de perception.
04:42 Vous ne croyez pas qu'il faut parler plutôt des programmes ?
04:44 Vous ne croyez pas qu'il faut dire que ce qui affaiblirait la France,
04:47 c'est d'avoir un gouvernement en effet qui n'a pas de programme de finances publiques,
04:51 une incapacité à gouverner et beaucoup d'incohérence sur ces sujets ?
04:54 C'est dans ce détail des questions qu'il faut rentrer.
04:56 Si on dit c'est historique, et ça l'est, à ce moment-là, de quoi s'agit-il ?
05:01 Qui propose quoi pour la France, pour gouverner ?
05:03 C'est ça la seule question qui vaille sur les 17 jours qui viennent.
05:06 - Emmanuel Macron qui a également dimanche dit "je l'ai pris pour moi" sur le score et sur la dissolution.
05:12 Est-ce qu'il y a une forme de "méa culpa" ?
05:15 - C'est possible.
05:16 - Qu'on ne t'en passe ouvre par la voix du Président.
05:18 - C'est possible, ça n'est pas une mauvaise chose.
05:20 Vous savez quand vous avez 40% des voix qui se portent vers l'extrême droite et 50% vers les extrêmes,
05:25 puisque la France insoumise a fait à peu près 10%,
05:27 et que vous êtes au pouvoir depuis 7 ans,
05:29 et moi je fais partie de la majorité, je suis député depuis 2 ans,
05:31 mais avant j'étais conseiller ministériel,
05:33 et bien vous avez besoin de vous regarder dans la glace, c'est évident.
05:36 - Jules Thorez.
05:37 - Moi j'ai une question monsieur le député, vous êtes député des Français établisseurs de France,
05:40 notamment en Suisse,
05:41 est-ce que la réponse n'aurait pas été plutôt sur la question du référendum qui est très pratiqué ensuite,
05:46 plutôt que de dissoudre et de créer finalement l'une des plus grandes crises politiques qu'on ait vécues ces 50 dernières années ?
05:51 Est-ce qu'il n'aurait pas fallu consulter le peuple sur une question essentielle qui intéresse les Français ?
05:55 - Vous avez raison, mais j'ai envie de vous envoyer une question tout de suite.
05:58 C'est sur quelle question justement on aurait consulté le peuple ?
06:00 En Suisse, il y a effectivement cette culture du référendum, on appelle ça des "votations",
06:04 - Des questions de pouvoir d'achat, des questions de sécurité, des questions qui intéressent les Français.
06:07 - 3 ou 4 fois par an, sur des enjeux nationaux, fédéraux, on fait voter les Suisses.
06:10 Il y en a eu un encore il y a quelques jours.
06:12 Je pense que ce système de vote très régulier n'est pas forcément transposable immédiatement chez nous,
06:17 ça ne veut pas dire qu'on ne doit pas se diriger vers ce système,
06:20 mais il faut quand même une forme de maturité,
06:24 par exemple s'intéresser de manière très assidue aux programmes des candidats, aux argumentaires,
06:28 ça n'est pas forcément aujourd'hui quelque chose qu'on peut facilement mettre en oeuvre.
06:32 Mais pour aller dans votre sens, il y a peut-être des questions qui auraient mérité d'être mises au référendum,
06:36 mais on pouvait aussi envisager de donner plus de poids à la démocratie au niveau local.
06:40 Vous savez qu'il existe des référendums au niveau local en France.
06:43 Le problème c'est qu'ils n'ont qu'une valeur consultative.
06:45 Et quand un référendum consultatif n'est pas suivi,
06:49 et on a un exemple tous en tête, c'est Notre-Dame-des-Landes, vous vous en souvenez ?
06:52 On fait un référendum, les gens autour de Nantes votent pour l'aéroport,
06:55 et à la fin, on ne fait pas l'aéroport.
06:57 Et ça, ça crée de la défiance.
06:58 Donc je suis d'accord pour aller dans ce genre de direction,
07:00 mais il faut savoir quelles questions poser, et quel format adopter.
07:03 - Georges Fenech, une dernière question pour Marc Ferracci.
07:05 - Moi je pense comme Jules, franchement, cette dissolution,
07:09 annoncée alors même que les résultats des élections européennes n'étaient pas encore consolidés,
07:15 à 21h01, dans une précipitation et dans une dramatisation,
07:21 qui n'était pas nécessaire.
07:24 Je pense qu'il aurait fallu peut-être prendre un peu de temps et de réflexion.
07:28 Et là, le président de la République nous oblige, nous tous citoyens,
07:32 à aller voter, et des candidats à présenter leur candidature,
07:36 dans des conditions physiquement intenables.
07:39 Dimanche, il faut déposer les candidatures, lundi il faut déjà aller...
07:42 - Les réponses de Marc Ferracci, Georges.
07:43 - Les imprimeurs n'ont même pas de papier pour imprimer les bulletins.
07:47 Donc vous allez créer un chaos dans les discours européens.
07:50 - Excusez-nous Georges, le temps nous manque.
07:51 Marc Ferracci a joué, très rapidement.
07:53 - Oui.
07:54 - Ça n'est pas intenable, et j'en suis le témoin, puisque je suis concerné par l'élection.
07:57 C'est très serré, mais on va y arriver, et je pense que tous les candidats vont y arriver.
08:01 Il n'y aura pas de rupture démocratique sur l'accès aux matières électorales, et ainsi de suite.
08:04 J'en suis convaincu.
08:05 Maintenant, sur le timing de l'annonce.
08:07 Je me pose toujours la question de l'alternative.
08:09 Attends un jour, une semaine, des mois, certains disaient "dissolvons",
08:13 "dissolvons l'Assemblée Nationale", mais "dissolvons à la rentrée".
08:16 Quel aurait été le sens de cela ?
08:18 Eh bien, on aurait été dans une situation qui était très incertaine.
08:22 Là, aujourd'hui, il y a un choc, et je pense qu'à un choc, il faut répondre par une autre forme de choc.
08:28 Je conçois, et je l'ai vécu avec mes équipes, que c'est quelque chose de très brutal.
08:32 - Et le choc, vous êtes en train de le faire.
08:34 - Et ce choc mène à une forme de recomposition, qui est déjà un premier résultat de cette dissolution.
08:40 Vous admettrez que la recomposition aurait pu se passer il y a des mois,
08:43 elle aurait pu se passer dans des mois, et elle se passe maintenant, parce qu'il y a eu cette annonce.
08:46 - Merci beaucoup Marc Ferracci d'avoir été avec nous sur Europe 1.