LENGLET-CO - Mise en perspective du déficit abyssal du budget 2023 de la France
Regardez Lenglet-Co du 26 mars 2024 avec François Lenglet.
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00:02 RTL Matin
00:06 Il est 7h36 Langue Léco avec vous François Langlais.
00:09 Bonjour à tous. Alors depuis la semaine dernière on attendait les chiffres du dérapage budgétaire annoncé comme mauvais François.
00:15 Et l'INSEE vient de publier le chiffre officiel du déficit public français pour l'année dernière 5,5%.
00:21 Oui ça représente environ 154 milliards d'euros.
00:25 Alors un mauvais chiffre qui est préoccupant pour au moins trois raisons. 1) il est plus mauvais que l'objectif qu'avait donné le gouvernement.
00:32 Il y a un écart de plus de 15 milliards d'euros.
00:35 2) il est bien plus mauvais que le chiffre de 2022. Non seulement ça s'améliore pas mais au contraire ça se détériore.
00:43 Et 3) c'est l'un des plus mauvais résultats en Europe.
00:46 Comment peut-on avoir de telles surprises avec un dépassement de près de 15 à 20 milliards d'euros ?
00:53 Ecoutez, l'explication officielle c'est le ralentissement de l'économie qui amoindrit les recettes d'impôts.
00:58 Parce que quand l'économie ralentit, moins de consommation donc moins de TVA,
01:03 moins de bénéfices donc moins d'impôts sur les sociétés etc. On nous parle aussi de ralentissement chinois,
01:10 de guerre en Ukraine. Je sais pas pourquoi je vous sens sceptique.
01:13 Disons ce facteur il a bien surjoué mais il explique pas tout.
01:18 Disons qu'en réalité il y a un effet ciseau. Des recettes moindres que prévues, c'est vrai,
01:22 mais aussi des dépenses qui ont continué à progresser à bon rythme et cela dans les trois composantes des comptes publics.
01:28 L'État, les collectivités locales et l'assurance maladie.
01:32 Vous évoquiez les autres pays européens, qu'est-ce que ça donne ?
01:34 Écoutez, selon les derniers chiffres d'Eurostat, c'est l'INSEE européen, au troisième trimestre de l'année dernière,
01:40 la France occupait le 22e rang sur 27 dans le classement,
01:46 le hit parade si je puis dire des déficits publics.
01:49 Derrière nous, il y a plus guerre que la Hongrie, la Slovaquie, la Bulgarie, la Lettonie et l'Italie.
01:55 Vous voyez qu'il n'y a quand même pas de quoi tirer un feu d'artifices.
01:58 - On est content d'être devant les Bulgares.
01:59 Dites-moi, il y a d'autres pays qui ont connu une telle différence entre l'objectif et la réalité ?
02:02 - Oui, l'Italie, avec un dépassement encore plus important que le nôtre.
02:07 Quand il n'y a plus que l'Italie de Georgia Melloni pour nous rassurer, c'est quand même marée basse.
02:13 Mais d'autant qu'en plus, il y a aussi l'inverse.
02:16 Vous avez l'Espagne par exemple, qui fait mieux que prévu pour arriver à 3,7% du PIB en 2023,
02:22 ce qui fait baisser sa dette.
02:24 Il faut ici céder la place à la Cour des comptes,
02:28 dont le président Pierre Moscovici déclarait tout récemment, je cite,
02:31 "la France est l'un des pays de la zone euro dont les finances publiques sont les plus dégradées
02:35 et dont les objectifs de rétablissement sont les plus étalés dans le temps".
02:39 Aujourd'hui, il ajouterait que ces objectifs ne sont même pas respectés.
02:44 - François Langlais, côté dette publique, quelles conséquences ?
02:47 - Les quelques 20 milliards vont s'ajouter à notre tas.
02:51 C'est-à-dire que là aussi, on rate l'objectif de dette publique,
02:55 il est supérieur d'un point de PIB.
02:57 Là encore, il faut reprendre les termes de la Cour des comptes,
02:59 nous sommes solidement installés sur le podium des trois pays les plus endettés de la zone euro,
03:05 aux côtés de l'Italie et de la Grèce.
03:07 - Ce dérapage compromet-il le retour d'un déficit à moins de 3% du PIB
03:12 auquel le gouvernement s'est engagé ?
03:13 - Ce n'est pas tant le dérapage qu'il menace que notre propension
03:17 a toujours dépensé plus quand la croissance est là,
03:20 sans penser au temps difficile qui arrive toujours.
03:22 Ce sont les cycles de l'économie, avec comme résultat des marches d'escalier
03:26 que nos présidents successifs sculptent sur la courbe de la dette française.
03:30 - Merci beaucoup François Langlais.
03:31 [SILENCE]