Regardez Lenglet-Co du 31 janvier 2024 avec François Lenglet.
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00:02 RTL matin
00:06 RTL 7h38 Langue Léco avec vous François Langley. Bonjour à tous. Dans son discours de politique générale hier le Premier ministre
00:12 Attal a donc annoncé la dé-smicardisation de la France. Qu'est ce que ça veut dire exactement ?
00:17 Vous savez qu'aujourd'hui 17,4% des salariés sont payés au smic. Bon c'est 1400 euros net par mois.
00:25 Ça représente plus de 3 millions de personnes et en proportion des salariés du pays c'est presque le double d'il y a 15 ans.
00:32 Alors ça pose une double difficulté, c'est un niveau de salaire faible et bien souvent c'est un salaire duquel on ne décolle pas.
00:39 Le problème n'est pas tant d'être au smic que d'y être toute sa vie professionnelle.
00:43 Pourquoi reste-t-on bloqué au smic toute sa vie François ? Ça peut paraître étrange.
00:48 Vous savez il y a d'abord un effet pervers du système social français.
00:52 Si un employeur souhaite augmenter un salarié au smic de 100 euros net par mois, il doit débourser
00:56 483 euros de plus chaque mois. Donc ça lui coûte 500 euros en plus.
01:02 Attendez ce ne sont quand même pas les charges qui augmentent à ce point là non ? Elles augmentent en effet beaucoup parce que le smic bénéficie
01:08 d'exonération importante.
01:10 Dès lors que le niveau de salaire s'éloigne du salaire minimum, et c'est le cas avec une augmentation de 100 euros,
01:15 il est frappé par davantage de charges.
01:18 Sans compter que côté employé, il y a aussi un surcroît de cotisation à régler.
01:22 Et puis c'est pas tout. Si un smicard est augmenté, il va toucher moins d'aides sociales. La fameuse prime d'activité notamment,
01:27 qui complète les revenus du travail quand ils sont faibles.
01:30 L'employeur devra donc compenser aussi. Ultime effet de l'augmentation, avec 100 euros en plus,
01:36 le salarié devient soumis à l'impôt sur le revenu. Pour 23 euros par mois, le total de tout ça c'est
01:44 83 euros mensuels, c'est le premier chantier auquel Attal devra s'attaquer
01:49 supprimer ces effets de seuil mortifères.
01:52 - Alors je reprends l'expression
01:54 désormais connue, est-ce que tout cela suffirait pour
01:58 désmicardiser le pays, la France ? - Non, il faudrait aussi utiliser le levier de la formation
02:03 pour permettre aux salariés non qualifiés,
02:06 c'est souvent ceux qui sont au smic, de monter en compétence et d'occuper des postes plus qualifiés. Vous savez, quelque chose qu'on oublie même.
02:14 Auparavant c'était beaucoup plus naturel justement ces évolutions. Un employé de nettoyage chez Renault, il était payé par Renault,
02:21 et s'il était motivé, sérieux, il avait des opportunités pour changer de métier au sein même de l'entreprise.
02:28 Passer dans un bureau, devenir comptable, c'est plus le cas. Désormais toutes ces tâches, le nettoyage, la cantine, elles sont
02:35 externalisées par les grandes entreprises.
02:38 L'employé de nettoyage est donc dans une entreprise qui ne fait que du nettoyage.
02:43 Et il n'a plus ses chances d'évoluer.
02:45 L'externalisation a contribué à bloquer l'ascenseur social, elle a
02:49 smicardisé le pays. - C'est très intéressant. On aura beau former les gens, si les emplois plus qualifiés n'existent pas, comment on fait ? - C'est le troisième levier,
02:57 développer de nouveaux secteurs avec la politique économique et industrielle,
03:01 pour changer la structure de l'économie française et puis la faire
03:05 monter en gamme. On a commencé avec le redémarrage de l'industrie en France, il y a quand même plus de 100 000 emplois
03:11 sur les dernières années, alors que ça n'avait fait que décroître auparavant. Mais c'est une oeuvre de longue haleine, évidemment, la
03:17 désmicardisation de la France est un chantier de très long terme. - Merci beaucoup François Langlais.
03:23 pour l'enquête.