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Tous les jours dans Culture Médias, Thomas Isle dresse le portrait sonore de l'invité. Ce mercredi, c’est Alain Baraton, jardinier en chef du Domaine national de Trianon et du Grand Parc de Versailles, pour son livre "Le livre de la rose" aux éditions Grasset.

Retrouvez "Le portrait sonore de l'invité" sur : http://www.europe1.fr/emissions/le-portrait-inattendu

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Transcription
00:00Et puis je suis vraiment très heureux de retrouver un ancien complice de télé, le jardinier en chef du château de Versailles, monsieur Alain Baraton.
00:06Bonjour Alain. Bonjour, c'est très heureux d'être avec vous.
00:10On est quand même étonnés que vous n'ayez pas été appelé pour le bachelor Alain.
00:13Oui, je le suis aussi.
00:15Il y en a qui offrent des roses, moi j'en produis et j'avais le physique en plus pour les offrir, les gens sont extrêmement déçus.
00:21C'est surprenant.
00:22Vous prenez souvent une rose entre les lèvres ?
00:24Je l'ai quittée pour entrer dans le studio, mais j'ai toujours une rose avec moi.
00:29Le livre de la rose, c'est votre livre, on va en parler dans un instant.
00:32Il est passionnant ce livre, mais d'abord on va dresser votre portrait sonore.
00:35Des petits sons pour mieux vous connaître.
00:37Alain, voici le premier.
00:46Les frères Jacques, c'est beau la photographie parce qu'enfant vous vouliez devenir photographe et voyager autour du monde, c'est vrai ça ?
00:52C'était mon rêve, le jardin ne m'intéressait absolument pas, je voulais parcourir la planète.
00:57Je voulais exister par la photographie et puis la vie a fait que je suis devenu jardinier pour quantité de raisons.
01:02La brillance de mes résultats scolaires en est peut-être la cause également.
01:06Alors ça j'étais moins surpris, effectivement vous étiez nul à l'école.
01:08Non nul, n'exagérons pas, je n'étais pas non plus mauvais en tout, j'étais moyen.
01:15Et c'est votre père qui vous a dirigé vers le lycée Horticole ?
01:19Qui m'a placé d'autorité dans une école Horticole.
01:21D'autorité ?
01:23Dans les années 70, lorsque les garçons n'étaient pas très doués à l'école, ils devenaient jardiniers.
01:28Quand les filles n'étaient pas très douées, elles devenaient coiffeuses ou esthéticiennes.
01:31C'était un petit peu la mode.
01:33Je ne dis pas qu'aujourd'hui les jardiniers sont tous nuls à l'école et les filles coiffeuses aussi,
01:37mais de mon temps c'était un peu le cas malheureusement.
01:39Et on obéissait à ses parents à cette époque ?
01:41Tout à fait, et oui.
01:42Vous avez eu un bac pro quand même en poche ?
01:45Non, un BEP, c'est une erreur que je n'ai jamais corrigée, ça m'arrange.
01:50Et la photographie, vous continuez à en faire un petit peu ?
01:53Non, j'ai eu la chance, j'ai même fait un livre de photos sur Versailles, mais je n'ai pas le temps.
01:57Et puis quand je vois le talent de ceux qui font vraiment la photographie, de la photographie en art,
02:01je préfère rester un petit peu discret.
02:03Allez, extrait suivant.
02:05Tout cela est ridicule.
02:07Tout cela, Madame, c'est Versailles.
02:11Voilà, extrait de Marie-Antoinette, « Tout cela, c'est Versailles ».
02:14Parce qu'en 1976, Alain Baraton, vous entrez dans l'univers du domaine de Versailles
02:19quand vous décrochez un emploi saisonnier d'abord.
02:21Vous étiez caissier, vous étiez propriétaire de l'entreprise,
02:24vous étiez propriétaire de l'entreprise, vous étiez propriétaire de l'entreprise,
02:27et vous avez eu un travail à l'intérieur de l'entreprise,
02:31quand vous décrochez un emploi saisonnier d'abord,
02:33vous étiez caissier à l'entrée du parc.
02:35Vous vous rendez compte, 47 ans,
02:37je suis à la veille moi-même du titre de classement au titre de monument historique.
02:4147 ans que je rentre à Versailles en vélo Solex,
02:44que je deviens caissier effectivement,
02:46je fais payer les voitures qui ont le droit de rouler dans les jardins du Grand Parc,
02:50elles peuvent toujours rentrer dans le parc.
02:52Et c'est en septembre qu'on me proposera un emploi d'aide jardinière stagiaire,
02:56emploi qui ne m'intéresse guère, je veux encore être photographe.
02:59On me propose un logement qui accompagne le poste,
03:02je dis oui, et mon papa, qui élevait quand même avec difficulté 7 enfants,
03:07apprend que j'arrive à Versailles,
03:09j'ai découvert qu'il était royaliste à cette occasion,
03:11il convoque mes frères et sœurs, il dit les enfants, ça y est, nous rentrons à la maison.
03:17Ce qui est fort, c'est que vous n'y connaissiez pas grand-chose au jardin à cette époque-là.
03:21Certaines mauvaises langues continuent de dire que rien n'a changé,
03:24c'est faux, depuis j'ai fait des progrès, je vous le promets.
03:27Surtout, vous avez progressé très vite, parce que vous avez gravi les échelons à toute vitesse,
03:30vous êtes devenu jardinier en chef du domaine du Trianon et du parc du château de Versailles à seulement 24 ans ?
03:35Oui, c'est exact, je me suis présenté à un concours,
03:37je n'avais pas envie d'obéir à des ordres de ceux qui étaient plus âgés que moi,
03:42que je considérais comme incompétents, ce qui n'était pas le cas,
03:45mais j'avais un petit peu de morgue certainement.
03:47Je me suis présenté à ce concours, et par le plus grand des miracles,
03:50j'ai été reçu 3 postes été vacants, Rambouillet, Fontainebleau et Versailles,
03:54j'ai choisi Versailles, mais il faut dire que j'avais fait un petit passage entre temps,
03:57par la résilience de La Lanterne, qui à l'époque dépendait du Premier Ministre,
04:01j'étais responsable de la résilience du Premier Ministre.
04:03Et alors, extrait suivant, parce qu'après vous avez eu aussi une carrière médiatique.
04:15Est-ce que vous vous souvenez de cette musique-là ?
04:17Je ne peux que m'en souvenir, j'ai passé quelques années
04:20aux côtés d'une équipe vraiment de personnes ô combien sympathiques,
04:23le comptable Fabien, de la délicieuse Maya Loquet,
04:26qui aujourd'hui fait une carrière éblouissante,
04:28et que j'embrasse sur France Télévisions,
04:30comment ne pas penser également à Gérard Michel,
04:33cet avocat hors du commun,
04:35et puis bien sûr je me rappelle également d'un garçon sympathique
04:38qui a fait je crois une belle carrière radiophonique, Thomas Hill.
04:41Et il se défend petit à petit.
04:42Cette émission c'était la quotidienne.
04:44Et c'est une émission, j'ai la chance de parcourir beaucoup la France,
04:47dans les salons des plantes et salons des livres,
04:49vous n'avez pas idée du nombre de personnes qui m'interpellent
04:52et qui regrettent la disparition de cette émission.
04:54C'était tous les midis sur France 5,
04:56j'allais dire qu'on bossait ensemble,
04:58mais en fait ce n'était pas vraiment du boulot, on peut le dire maintenant.
05:00Pour vous peut-être, j'ai révisé les sujets, je travaillais,
05:03et puis je n'oublie pas non plus Laetitia,
05:06notre vétérinaire maison.
05:08Ça vous manque la télé ou pas du tout ?
05:10Non absolument, oui, l'émission me manque
05:13parce qu'elle était agréable, elle était subtilement conçue,
05:15et c'était vraiment une équipe faite par des professionnels.
05:18Par contre l'avantage c'est qu'elle me faisait un peu reconnaître dans la rue
05:21et je vais vous avouer, je déteste être reconnu dans la rue.
05:24Ah bon ?
05:25Bah oui, j'ai pas tellement envie.
05:26Ça vous gêne ?
05:27Quand les gens me voient, ils disent ça, je vous imaginez pas comme ça.
05:29Ah oui, ils peuvent être déçus.
05:30Vous avez vu mon fusée, je préfère la jouer comme ça.
05:32Allez, un dernier petit extrait.
05:34Assieds-toi près d'un vieux chêne
05:36et qu'on parle à la race humaine.
05:39L'oxygène est l'ombre qu'il t'amène,
05:42mérite-t-il les coups de poche qui le saignent ?
05:44L'hymne de nos campagnes de trio,
05:46parce que vous n'êtes pas intéressé qu'aux plantes,
05:49mais aussi à toute la vie qu'il y a autour.
05:51En 1999, vous avez supprimé tous les pesticides du parc de Versailles
05:57et c'était bien avant tout le monde.
05:59C'était suite à la tempête du 26 décembre,
06:01le parc est totalement dévasté,
06:0318 500 arbres sont jetés à terre,
06:06il faudra en couper 33 000 les années suivantes
06:09et je suis estomaqué de constater que le 27 ou 28 décembre,
06:12alors que la vie a quitté Versailles tout simplement,
06:15et bien on continue, comme on le fait tous les ans,
06:17de pulvériser des produits pour tuer les moustiques.
06:19Je trouve ça tellement dément que je prends l'engagement
06:22de cesser de mettre dans l'atmosphère, dans la terre et dans l'eau,
06:26le moindre produit de quelque nature que ce soit qui ne soit pas naturel
06:30et depuis 1999, à Versailles,
06:33plus aucune goutte de produit n'est dispersée,
06:36comme quoi tous ces produits n'avaient finalement qu'une utilité,
06:39enrichir ceux qui les produisent.
06:41Et puis finalement, c'est qu'un retour à ce qui se faisait au temps Louis XIV.
06:44C'est un petit peu plus de boulot, un peu plus de main d'oeuvre.
06:46On a trouvé de nouvelles techniques.
06:48J'avais créé à une époque le Potager de la Reine avec Alain Ducasse.
06:51C'est quand même pas rien de fournir des légumes à un chef triplement étoilé.
06:55Nous avons créé le Jardin du Parfumeur.
06:57Je vous invite, Thomas, à venir visiter.
06:59Je vous attends toujours à Versailles.
07:01Vous me décevez beaucoup.
07:02Je suis déjà allé.
07:03Oui, mais pas avec moi.
07:04Il y a quand même pas mal de temps.
07:06Et ce Jardin du Parfumeur, là encore,
07:08est produit sans aucune goutte de pesticides.
07:11Très bien.
07:12On va parler de tout ça et du Livre de la Rose,
07:15notre dernier ouvrage qui est disponible chez Grasset.
07:17Livre passionnant sur la Rose.
07:18Et puis, vous allez nous donner des petits conseils
07:20pour bien les cultiver à la maison.