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Pieyre-Alexandre Anglade, député Renaissance des Français établis hors de France, membre de la Commission des affaires étrangères et directeur de campagne Renaissance pour les européennes était l'invité de franceinfo le mercredi 29 mai 2024.

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Transcription
00:00 - Bonsoir Pierre-Alexandre Anglade, vous êtes député Renaissance de la quatrième circonscription des Français établis hors de France,
00:06 vous présidez la commission des affaires européennes à l'Assemblée et vous dirigez également la campagne de Renaissance pour les Européennes.
00:13 La question de la reconnaissance d'un État palestinien a enflammé le débat politique français ces dernières heures.
00:17 Emmanuel Macron lui temporise, ce n'est pas le bon moment et tout le monde se demande ce sera quand le bon moment ?
00:23 - D'abord il faut quand même dire que ce qui se passe en ce moment à Rafah est absolument effroyable, que les scènes auxquelles nous assistons dans l'enclave palestinienne doivent cesser le plus rapidement possible
00:34 et ça le président de la République l'a dit de manière extrêmement claire hier.
00:37 - Mais précisément, est-ce que ce n'est pas le moment ?
00:40 - Cela étant dit, tant que nous sommes dans ce contexte de guerre, de violences exacerbées, d'attaques mutuelles,
00:46 je rappelle que tout ça part quand même de l'attaque terroriste du 7 octobre et que s'en est suivie une réponse extrêmement brutale aussi de l'armée israélienne,
00:52 on voit bien que le dialogue politique est devenu quasi impossible entre les deux entités et dans la région.
00:58 Déclarer de manière unilatérale, maintenant sous le coup de l'émotion, la reconnaissance de l'Etat d'Israël serait vraisemblablement prématuré et sans effet.
01:06 - Mais ça n'était pas d'actualité manifestement avant cette flambée de violences, donc le contexte ne change rien à l'affaire.
01:13 - Oui, mais la France défend de manière constante la solution à deux Etats, un Etat palestinien et un Etat israélien vivant côte à côte en paix et en sécurité
01:21 et la question de la reconnaissance d'un Etat palestinien n'est pas tabou pour la France et le président de la République a même dit qu'il y était prêt.
01:26 - Non, vraiment pas.
01:27 - Non, ce n'est pas tabou et c'est la position constante de la France et d'ailleurs je rappelle que le président de la République a été un des dirigeants européens occidentaux
01:35 à soutenir constamment la volonté de la création d'un Etat palestinien mais vous voyez bien le moment dans lequel nous trouvons,
01:39 c'est-à-dire sans autorité palestinienne, ayant l'autorité politique sur l'ensemble des territoires revendiqués par les Palestiniens,
01:46 avec un gouvernement Netanyahou manifestement à la dérive dans le moment que nous traversons et une forme d'instabilité et de tension régionale avec les attaques de l'Iran,
01:55 il y a encore de cela quelques semaines qu'on a déjà oublié, tout ça ne crée pas les conditions d'un dialogue politique serein nécessaire pour avancer sur ce plan.
02:02 - Je vais vous citer Elie Barnavi qui était sur France Info tout à l'heure.
02:05 "Le moment propice ça se crée", dit Elie Barnavi, "ce n'est pas quelque chose qui vous tombe dessus comme un cadeau du ciel, il faut créer cet élan"
02:11 et si on veut renforcer l'autorité palestinienne, ce qu'il dit c'est que l'un des moyens précisément de le faire c'est de la reconnaître en tant qu'Etat.
02:18 - Mais Elie Barnavi a raison de dire qu'il faut être capable de créer le moment, mais ce moment il se crée quand les circonstances elles-mêmes sont réunies.
02:28 Et vous voyez bien que le moment de violence que nous vivons et les attaques intolérables auxquelles on assiste sur la bande de Gaza,
02:35 en particulier à Rafa aujourd'hui, ne créent pas ces conditions. De la même manière que l'attaque terroriste perpétrée par le Hamas ne crée pas ces conditions.
02:42 Et donc avancer sur ce chemin dans un contexte de violence est à mon sens pas la bonne solution.
02:47 Il faut revenir à un cessez-le-feu le plus rapidement possible de sorte à ce que l'aide humanitaire puisse advenir sur le territoire palestinien
02:53 et ensuite créer les conditions du dialogue politique qui doivent permettre ensuite la création de cet Etat palestinien.
02:57 - Manifestement au sein de Renaissance il y a de la place pour faire entendre des voix un petit peu différentes.
03:00 Bernard Guetta, numéro 2 de la liste des européennes, est clairement favorable à cette reconnaissance.
03:05 Jean-Yves Le Drian, l'ancien ministre des Affaires étrangères, lui dit que poser des actes de ce type permettrait d'avancer aussi.
03:12 Vous, vous êtes totalement en phase. Votre singularité s'il y en avait une ?
03:17 - Moi je suis en phase avec ce qui est la position au fond de la majorité et qui est la position de la majorité, celle de la diplomatie française.
03:24 A savoir deux Etats. Un Etat palestinien qui devra être reconnu quand les conditions que je viens d'énoncer seront réunies.
03:30 Et un Etat israélien qui de fait existe déjà, vivant côte à côte, en paix et en sécurité.
03:36 C'est ce que nous devons au peuple de la région. Et les personnalités que vous venez de citer ne disent pas autre chose.
03:40 Après la question c'est de savoir à quel moment cela se fait. Et manifestement, comme le président de la République l'a dit,
03:44 je crois que les conditions ne sont pas réunies pour le faire maintenant.
03:46 - Alors comme président de la commission des affaires européennes, vous êtes aussi allé en Ukraine plusieurs fois.
03:50 - Oui, 4 fois depuis le début de la guerre.
03:51 - Faut-il laisser l'Ukraine attaquer la Russie avec des armes occidentales ?
03:54 Emmanuel Macron s'y est dit favorable hier pour neutraliser les sites militaires russes.
04:00 Les Etats-Unis restent fermement opposés. Pourquoi cette évolution de la France ?
04:05 - Parce que la Russie a changé de posture. Et parce que la Russie désormais attaque le territoire ukrainien.
04:12 Et j'inverse votre question, ce n'est pas l'Ukraine qui attaquerait la Russie,
04:15 mais c'est bien la Russie qui attaque et met au martyre l'Ukraine depuis maintenant plus de 2 ans.
04:20 C'est la Russie qui désormais attaque depuis le territoire russe la région de Kharkiv et Kharkiv elle-même.
04:25 Et donc il y a quelque chose de paradoxal à livrer des armes aux Ukrainiens pour qu'ils puissent se défendre,
04:31 mais ne pas les autoriser à se défendre en permettant de cibler de manière extrêmement précise les sites militaires en Russie
04:38 depuis lesquels partent ces missiles qui vont aujourd'hui frapper Kharkiv et sa région de manière extrêmement soutenue.
04:44 Et donc le président de la République n'a pas rappelé autre chose hier.
04:47 C'est au nom de la légitime défense.
04:51 Mais moi je rappelle une chose constamment, c'est que l'Ukraine n'est pas attaquée pour ce qu'elle fait.
04:57 Elle n'agresse ni menace personne.
04:59 Elle est attaquée pour ce qu'elle est, c'est-à-dire un pays libre, démocratique qui a fait le choix de se tourner vers l'Europe.
05:03 Et la Russie, depuis plus de 2 ans maintenant, et les soudards de Poutine,
05:07 attaquent de manière éhontée le peuple ukrainien pour le soumettre, le conquérir et au fond déstabiliser toute l'Europe.
05:14 Et donc ce qui se joue en Ukraine aujourd'hui, c'est la paix, la liberté et la prospérité de tout le continent européen.
05:19 C'est pour ça que nous disons aux Ukrainiens qu'ils sont fondés à se défendre
05:22 et que lorsqu'ils sont attaqués depuis le territoire de la Russie,
05:25 les pays qui fournissent des armes doivent leur donner l'autorisation de pouvoir frapper ces bases et ces sites militaires russes qui aujourd'hui bombardent l'Ukraine.
05:33 Un mot sur l'hypothèse de l'envoi de troupes au sol évoquée par le chef de l'État, Nicolas Sarkozy,
05:36 dans un entretien mis en ligne cet après-midi sur le site du Figaro, émet de sérieux doutes.
05:40 Il dit être fort avec Vladimir Poutine, c'est prendre le risque de négocier directement et fermement avec lui
05:45 et c'est pas d'engager un engrenage guerrier aux conséquences inéluctables.
05:50 En clair, est-ce qu'il faut envisager de reparler à Poutine ?
05:56 Mais n'inversons pas les responsabilités.
05:58 Qui depuis maintenant plus de deux ans attaque l'Ukraine et menace toute l'Europe ?
06:02 C'est Vladimir Poutine.
06:03 Qui depuis maintenant plus de deux ans menace les pays européens, y compris la France, de l'arme nucléaire ?
06:07 Depuis plus d'un an, c'est Vladimir Poutine et personne d'autre.
06:10 Et donc, nous, Européens, avons eu parfois tendance à fixer des lignes rouges que nous ne respections pas,
06:16 alors que lui-même, Poutine, ne disait pas où étaient ses propres lignes rouges.
06:18 Et donc, réinstaller une forme d'ambiguïté et dire que nous ne sommes pas prêts à tout accepter
06:22 parce que si l'Ukraine venait à tomber, comme je le disais à l'instant,
06:25 ce serait la sécurité de toute l'Europe qui serait menacée, je crois que c'est nécessaire.
06:28 Et le président de la République n'a pas dit qu'il enverrait des troupes françaises ou occidentales à l'Ukraine.
06:34 Il a dit que si les lignes ukrainiennes étaient enfoncées, et si l'Ukraine en faisait la demande, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui.
06:39 On dit un mot des Européennes, et même s'il ne nous reste pas beaucoup de temps,
06:42 Valérie Ayer reste très loin de Jordan Bardella, autour de 16% talonnée par l'Alice Glucksmann.
06:46 Est-ce qu'à ce stade, vous ne vous dites pas, vous ne regrettez pas d'avoir à ce point installé ce duel au sommet
06:53 avec le Rassemblement National, avec des débats à Talbardella, ou quand le président propose de débattre avec Marine Le Pen ?
06:59 Est-ce que vous n'avez pas détourné les électeurs, finalement, du débat de fond et des questions européennes ?
07:04 Je ne crois pas. Et vous savez, on peut nous reprocher beaucoup de choses, nous majorités présidentielles,
07:08 Avec un enjeu national, disons-le clairement.
07:09 au président de la République et à d'autres. Mais il y a quand même une chose sur laquelle on ne peut pas être pris en revers
07:13 et qu'on ne peut pas nous imputer, c'est l'engagement européen.
07:15 Je rappelle que quand Emmanuel Macron a été élu en 2017, c'était le seul responsable politique à mettre des drapeaux européens
07:21 dans ses réunions publiques, et que depuis lors, l'engagement européen du président de la République n'a jamais été démenti.
07:29 Il a encore été récompensé cette semaine en Allemagne.
07:30 Les électeurs de Renaissance n'ont pas l'air de l'avoir perçu.
07:32 Mais écoutez, moi je ne crois pas. Nous verrons ce qui se passera le 9 juin.
07:36 Et puis encore une fois, ce n'est pas nous qui installons le duel avec le Rassemblement National.
07:38 Ce sont les Français qui font le choix, hélas, et je le regrette, d'avoir fait gagner deux fois d'affilée.
07:43 Et je le rappelle à nos auditeurs, parce qu'ils l'oublient parfois.
07:45 Le débat de Tad Bardella s'imposait par le débat...
07:47 Le Rassemblement National a gagné les élections européennes en 2014.
07:49 Le Rassemblement National a gagné les européennes en 2019.
07:52 Il est aujourd'hui en tête des intentions de vote.
07:54 Et donc nous, nous voulons débusquer ce projet parce qu'il est dangereux pour la France et dangereux pour l'Europe.
07:58 Merci Pierre-Alexandre Anglade, merci d'avoir été l'invité politique de France Info.

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