Les devoirs, un tracas pour la majorité des enfants dyslexiques ! C’est pour simplifier cette épreuve qu’Antoine Auzimour a fondé la start-up Glaaster. Elle développe la première intelligence artificielle capable d'interpréter un profil cognitif. Elle adapte ensuite des textes, applique de nouvelles couleurs une nouvelle police, et permet ainsi une lecture simplifiée, accélérée et une meilleure compréhension.
Category
🗞
NewsTranscription
00:00 Dans cette première partie, donc une IA au service des enfants dyslexiques, Antoine Osimour, le cofondateur de Glaster, nous accompagne.
00:10 Bonjour Antoine. Bonjour Eva. Merci beaucoup d'être avec nous aujourd'hui dans Smart Education.
00:14 Glaster, je crois que c'est avant tout une histoire personnelle. Est-ce que vous, votre scolarité, elle a été compliquée ? C'est un peu ça l'idée ?
00:20 Exactement, c'est partie d'un vécu. Du coup, moi je suis dyslexique. J'ai été fortement dans ces années qui sont les plus difficiles, qui sont surtout la fin primaire, début collège.
00:28 Aujourd'hui, je le suis toujours, mais j'ai eu la chance de pouvoir continuer dans les études. Je me suis spécialisé en ingénierie informatique, assez peu Lyon, et plus spécialement en intelligence artificielle.
00:38 Vous diriez, c'est quoi les premières difficultés rencontrées par les enfants dyslexiques ?
00:43 Alors, chaque enfant a ses particularités. Je vais donner un exemple qui est assez parlant, qui est le mien. Moi, je confondais beaucoup les P et les B.
00:51 J'étais capable d'écrire, de lire une borte avec un grand B. Et effectivement, c'est assez surprenant. Les enseignants l'entouraient en rouge en disant "mais comment est-ce qu'on peut écrire ça ?"
01:00 C'est une difficulté dans la lecture et dans l'apprentissage. On confond certains sons et certaines lettres.
01:06 Vous disiez, c'est intéressant, qu'il n'y a pas de profil type. Tout le monde ne vit pas la dyslexie de la même manière.
01:13 Vous, c'était un peu ça aussi le constat de départ ? C'est-à-dire s'adapter à chaque profil cognitif ?
01:19 C'est ça. Je l'ai découvert assez tard. Je pensais qu'on était tous dyslexiques, qu'on avait les mêmes difficultés.
01:24 En discutant autour de moi et surtout en recherchant à travers les papiers scientifiques, on a découvert qu'il y avait autant de dyslexie qu'il y a de dyslexique.
01:32 Et ça a fait le match avec mes études en intelligence artificielle. C'est quelque chose que sait très bien faire l'intelligence artificielle, de venir s'adapter aux besoins de chacun.
01:40 De venir trouver exactement la correction dont on a besoin.
01:43 Alors, expliquez-nous exactement comment marche cette plateforme.
01:46 Très simplement, vous allez pouvoir envoyer n'importe quel document, soit d'une simple photo, soit en déposant la version numérique.
01:52 On vient prendre en photo la poésie du soir, une page de livre à lire, les cours du soir.
01:57 En quelques minutes, on travaille avec des neuropsychologues pour venir faire un profilage cognitif.
02:02 C'est-à-dire justement venir détecter les besoins de chaque personne à partir de ce profilage.
02:07 Ça, c'est la première étape ?
02:08 Exactement. Première étape. Profilage cognitif pour venir détecter les besoins de chacun et y appliquer une première correction.
02:13 Ensuite, chaque document que vous allez envoyer, on va venir extraire le texte et modifier la perception graphique.
02:20 C'est-à-dire modifier la police, l'espacement entre les lignes, entre les lettres.
02:23 L'intérêt de l'IA, c'est qu'on va à des niveaux bien plus fins, comme les couleurs sur les phonèmes graphèmes.
02:26 Voir même, s'il faut quelques pixels entre le M et le N, on sera capable de le faire.
02:29 À quoi ça ressemble très concrètement ? Oui, c'est-à-dire qu'on va voir des lettres s'afficher en couleurs et tout ça ?
02:34 C'est ça. Vous voyez vraiment ça comme un très simplement, bien évidemment à des niveaux bien plus fins, mais comme un changement de police.
02:40 On va avoir des polices spéciales pour les dyslexiques, on va avoir un texte un peu plus aéré, quelques lettres.
02:46 Par exemple, je reprends mon exemple des P et des B. L'idée, ce serait de pouvoir mettre les P en rouge et les B en bleu.
02:51 Ce qui fait que quand je vais lire une porte, si ça commence par le rouge, je vais retenir que c'est une porte.
02:55 Aujourd'hui, vous vous adressez à qui ? Est-ce que vous allez toquer à la porte des écoles ou c'est plutôt à la porte des familles ?
03:00 C'est chez soi ou à l'école, ça ?
03:02 Dans un premier temps, on est là aussi aux côtés des familles, plutôt au moment des devoirs, plutôt vite ou cite.
03:08 La destination directement des familles avec cette solution.
03:11 Et on a de plus en plus de sollicitations des écoles qui souhaitent eux aussi aider, pas que au moment des devoirs, mais directement en classe.
03:17 Aider les enseignants, aider les élèves en classe.
03:20 Et donc dans ce cas-là, on vient s'intégrer directement au sein des établissements.
03:25 Donc des établissements collège-lycée, mais aussi enseignement supérieur.
03:29 J'en suis l'exemple, on a des dyslexiques tout au long de la scolarité.
03:32 Et aujourd'hui, on est en train d'intégrer même des écoles d'ingénieurs.
03:36 Par exemple, CPE Lyon.
03:38 Et c'est pas exactement la même chose ? La plateforme marche pas exactement de la même manière quand on s'adresse à des élèves de primaire, de collège ou des étudiants de l'enseignement supérieur ?
03:44 On a la chance en enseignement supérieur d'avoir de plus en plus de documents numériques.
03:48 Parce qu'on a un peu moins pour les plus petits.
03:51 Donc pour les plus petits, c'est plutôt un système de photos.
03:53 On vient prendre en photo, on a encore beaucoup de polycopiés.
03:56 Pour les plus grands, donc justement les écoles d'ingénieurs, voire même les adultes, on a un système où on vient déposer un PDF.
04:02 Voire même s'intégrer directement dans les LMS.
04:05 C'est les Learning Management System, Moodle ou autre.
04:07 Quand vous voulez ouvrir votre cours, au lieu de l'ouvrir sur la version PDF, vous êtes capable de l'ouvrir sur une version accessible.
04:12 C'est intéressant ce que vous dites, c'est plutôt bon signe.
04:14 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, les écoles, les établissements sont plus prompts, plus aptes à utiliser ce type de technologie.
04:21 On avance.
04:23 Ça c'est sûr. Il y a de plus en plus de diagnostics.
04:25 On a aussi de plus en plus de personnes qui se signalent.
04:28 Et on cherche à comment les aider au mieux. Comment est-ce qu'on peut favoriser la scolarité de chacun.
04:34 Voire même, c'est ce qu'on a découvert avec cette solution qu'on met en place justement avec CPE Lyon, on a un format 100% inclusif.
04:40 C'est-à-dire qu'il n'y a pas besoin de se signaler.
04:42 Juste, vous avez le choix entre l'ouvrir en version PDF ou l'ouvrir dans une version accessible.
04:46 Et on s'est rendu compte qu'il n'y avait pas que des dyslexiques qui utilisaient l'application.
04:50 Tout type de dys, mais pas que.
04:51 Des malvoyants ou des allophones, non français, langue étrangère.
04:54 Voir tout simplement quelqu'un qui est un peu fatigué de la journée.
04:57 Il reste encore 40 pages de documentation technique.
04:59 Et on est content de l'avoir dans une version un peu plus accessible.
05:01 Vous étiez présent au dernier CES de Las Vegas.
05:04 La semaine dernière, vous étiez aussi à VivaTech à Paris.
05:07 C'est quoi vos objectifs là pour les années à venir Antoine ?
05:10 On est en train justement de finaliser des expérimentations.
05:14 La rentrée de septembre est très attendue pour les écoles.
05:17 Avec des intégrations pour justement cette rentrée qui va arriver.
05:21 Et de plus en plus de parents qui sont en train d'envoyer des documents sur la plateforme.
05:25 Tous les matins on se lève et on voit des pages et des pages de livres.
05:28 Donc on se dit qu'il y a effectivement des enfants qui se remettent à la lecture grâce à cette plateforme.
05:33 Notre objectif c'est d'ici la fin de l'année prochaine de pouvoir atteindre les 1000 parents sur la plateforme.
05:38 Et 20 établissements.
05:40 Très rapidement la technologie elle évolue aussi, l'IA elle...
05:43 Bien sûr, c'est du reinforcement learning.
05:46 Donc l'objectif c'est de venir, on vient brancher un moteur d'intelligence artificielle par enfant.
05:49 Plus on va l'utiliser, plus on va apprendre de lui et plus on va affiner la correction.
05:53 Merci beaucoup Antoine Ozymour d'être venu nous voir aujourd'hui dans Smart Education.
05:56 Je rappelle que vous êtes le co-fondateur de Glaster.
05:59 Merci beaucoup d'avoir été avec nous.
06:01 On passe tout de suite à la deuxième Medtech.