Quelle est l'importance de l'érection chez les hommes ?

  • il y a 4 mois
Avec Eric Allaire, professeur de chirurgie vasculaire et endovasculaire.

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##BRIGITTE_LAHAIE-2024-05-30##
Transcript
00:00 CAM4.fr, le plus grand site de webcam live réservé aux adultes.
00:05 14h16, Brigitte Lae, Sud Radio.
00:10 Bonjour à tous, nous sommes ensemble durant ces deux heures sur Sud Radio et je vous propose qu'on fasse le point sur ce qui compte vraiment lors d'une relation sexuelle entre deux êtres qui s'aiment.
00:19 Qui s'aiment, si je donne cette précision, c'est parce que le sujet du jour c'est l'érection.
00:24 Quelle est son importance pour les deux partenaires ? Parce que l'érection c'est sans nul doute le moyen de permettre aux deux corps d'entrer en fusion, puisque seule l'érection permet une introduction d'un corps à l'autre.
00:37 Et si je précise cela, c'est bien parce qu'on entend maintenant ici ou là des féministes qui prétendent que l'érection n'est pas nécessaire.
00:45 Alors certes, ce n'est pas une absolue nécessité pour chaque rapport, mais mon expérience d'écoute m'a permis de réaliser que pour les hommes, ne plus bander c'est une réelle catastrophe.
00:56 Et ce n'est pas mon invité Eric Allaire qui me dira le contraire.
00:59 Et pour les femmes, c'est une sorte de nécessité que de sentir en elles le pénis de l'homme qu'elles aiment.
01:05 Alors on va en parler ensemble et puis surtout, et c'est ça quand même la bonne nouvelle, Eric Allaire, mon invité, pourra vous rassurer puisqu'il existe de nombreuses possibilités pour pallier les pannes d'érection.
01:16 En tout cas, votre avis m'intéresse plus que jamais, donc je vous invite à venir nous rejoindre.
01:22 Et puis si vous avez des questions à poser à Eric Allaire pour trouver une solution à votre manque d'érection, et bien notre numéro c'est le même 0 826 300 300.
01:33 Bonjour Eric Allaire.
01:34 Bonjour Brigitte Lahaye.
01:35 Alors est-ce que vous êtes au courant de cette polémique aujourd'hui qui considère que la pénétration c'est une agression faite aux femmes ?
01:44 Oui j'entends les journaux et la presse, certains réseaux sociaux mais pas beaucoup je trouve, comme tout le monde.
01:52 Après, comme souvent dans ces idées comme ça qui surgissent un peu comme des champignons les matins d'automne, il y a ces manifestations d'opinion et puis il y a les gens quoi.
02:11 Il y a les gens, leur vie, leurs aspirations, leurs souhaits.
02:15 Alors c'est toujours intéressant je trouve de poser la question de toute façon.
02:19 Oui oui, je vous la pose.
02:21 Je vous la pose.
02:23 Quelle est la place de la pénétration dans les relations sexuelles ?
02:27 Qu'est-ce que peut en dire un médecin, un chirurgien qui reçoit pendant tout son exercice professionnel des hommes qui consultent pour des problèmes d'érection,
02:42 aussi parce qu'ils ne peuvent pas pénétrer, je dis bien aussi.
02:46 Oui oui, j'entends bien.
02:48 On va glisser donc de la pénétration à l'érection.
02:52 Évidemment il y a un rapport évident anatomique entre les deux.
02:57 Mais si on déplace la question du côté de l'érection, il y a une chose qui est en train d'apparaître dans les pratiques globales et dans la manière que la société a,
03:11 mais surtout va avoir dans les années qui viennent, de regarder l'érection.
03:17 On va passer d'un domaine strictement sexuel à un domaine de la santé plus globale,
03:25 mais je dirais même au-delà de la santé, de la représentation du corps.
03:30 Et donc on est en train de dire que la question de l'érection n'est pas uniquement celle de la relation sexuelle.
03:41 C'est-à-dire ?
03:43 C'est-à-dire que quand un homme vient consulter en disant "j'ai des problèmes d'érection",
03:49 parfois avec sa compagne ou son compagnon, la phrase qui vient après,
03:56 bon il y a les problèmes de relation sexuelle que ça pose,
04:01 mais c'est surtout une question de représentation de soi.
04:04 Bien sûr.
04:05 Aussi bien pour les hommes que pour leurs partenaires.
04:08 C'est-à-dire que...
04:09 Rappelons quand même que ça s'appelait l'impuissance à une certaine époque.
04:14 Le mot est totalement sorti du langage courant,
04:16 mais un homme qui ne bandait pas, c'était un impuissant.
04:19 Et c'est quand même symboliquement, on comprend bien ce que ça peut faire à un homme de ne plus avoir d'érection.
04:25 Ce que vous dites est très très intéressant, et moi je ne pense pas que le terme soit sorti du langage.
04:30 Parce que si vous faites sur internet "impuissance et dysfonction érectile",
04:35 qui est le terme savant qui est en place, vous avez beaucoup plus d'entrées internet
04:40 avec le terme impuissance qu'avec dysfonction.
04:42 Bien sûr.
04:43 Et pour ma part, je demande toujours à mes patients trois mots qui décrivent leur problème.
04:47 Et très très souvent, le terme d'impuissance revient.
04:50 Parce qu'il décrit complètement l'état d'esprit dans lequel les gens se sont installés.
04:57 Donc la pénétration dans tout ça, je vais être un petit peu taquin,
05:01 c'est une sorte d'obsession...
05:04 C'est la cerise sur le gâteau.
05:05 ... d'un petit sous-groupe, qui s'agit beaucoup autour de cette question.
05:09 Je crois que dans leur vie, les gens ont une vision beaucoup plus vaste,
05:13 beaucoup plus complète de ce qu'est la pénétration et de ce qu'est l'érection.
05:20 Et d'ailleurs moi j'entends des hommes qui témoignent,
05:23 qui aiment avoir des relations sexuelles et qui n'ont pas obligatoirement besoin de pénétrer leur partenaire.
05:29 Et réciproquement.
05:31 Et réciproquement chez les femmes.
05:33 Mais c'est pareil, une femme aime voir l'érection de son compagnon, même si elle n'en fait rien.
05:40 C'est quelque chose qui...
05:41 Du coup elle se sent désirable, elle sent qu'il est viril, enfin il y a tout ça qui...
05:46 C'est presque...
05:48 C'est une dimension phallique dans le bon sens du terme.
05:52 Oui, oui, tout à fait.
05:54 C'est quand même une représentation de la vie, mais au sens originel du terme.
06:01 Les statues depuis la nuit des temps nous l'ont prouvé.
06:05 Il faut à un moment donné quand même ne pas renier ce qui fait l'humanité.
06:09 Si je puis ajouter quelque chose Brigitte,
06:12 j'ai rencontré quelques responsables de centres de PMA, de procréation médicalement assistée,
06:19 en leur demandant s'ils ont un programme pour les troubles de l'érection.
06:23 Parce que l'absence d'érection c'est une cause de non-fécondité d'un couple.
06:29 Et devinez quelle est la réponse ?
06:32 Non.
06:33 Ben non, c'est pas le coup.
06:34 Et pourquoi je leur ai posé la question ? Parce que j'ai beaucoup de patients qui viennent,
06:37 qui disent "soit je veux un enfant"
06:40 et moi la plus grande récompense c'est de recevoir le faire part d'une naissance d'un papa
06:46 que j'ai opéré il y a deux ans.
06:48 Alors je précise parce que je ne l'ai pas encore dit, Eric Allard, excusez-moi,
06:52 vous êtes professeur de chirurgie vasculaire et endovasculaire,
06:56 mais vous opérez aussi des jeunes hommes qui ont des fuites veineuses au niveau du pénis
07:03 et qui donc ne peuvent pas maintenir une érection.
07:06 Et grâce à vous, grâce en tout cas à cette opération,
07:10 ils trouvent enfin une érection et ils peuvent donc enfin avoir une relation sexuelle avec leur compagne
07:17 et donc éventuellement devenir pères.
07:19 Et ça touche parfois des hommes qui ont 18, 20 ans, 25 ans,
07:23 on n'est pas obligatoirement toujours avec des hommes d'un certain âge.
07:27 Complètement, c'est 1 à 2% des hommes de moins de 25 ans,
07:30 donc c'est énorme, c'est pas une maladie rare, c'est énorme.
07:32 Oui, oui, absolument.
07:33 Et juste une chose aussi que je trouve extrêmement intéressante
07:37 concernant ces jeunes hommes qui pour certains n'ont jamais eu d'érection,
07:42 je leur demande "mais comment est-ce que vous en êtes aperçus ?"
07:44 Alors la question semble un peu bête,
07:47 parce qu'on se dit "bah oui, forcément, on voit qu'on n'a pas d'érection".
07:50 Eh bien pas du tout.
07:51 Non, parce qu'on trouve normal de ne pas en avoir quand on n'en a jamais eu.
07:56 Absolument. C'est avec la première ou le premier partenaire
08:00 qu'il leur a dit "mais attends, là, il y a quelque chose qui ne va pas".
08:05 Et ils disent "ah oui, j'avais vaguement l'idée que...
08:09 mais j'ai su que j'avais cette maladie-là avec ma première partenaire".
08:15 C'est d'autant plus étonnant, à l'heure de la pornographie,
08:17 on a des représentations permanentes de l'érection, si on le souhaite, sur son smartphone.
08:24 Eh bien malgré tout, le fait de voir une image d'érection
08:27 ne suffit pas à vraiment comprendre ce qui peut se passer de son propre corps.
08:33 Donc imaginer l'érection d'une part, la pénétration d'autre part,
08:38 la complexité mais aussi la richesse de ce que ça représente.
08:43 Donc les propos comme ça, un peu de rencontre et d'automne, du champignon qui pousse,
08:49 c'est intéressant parce que ça nous permet, comme vous le dites, de nous intéresser.
08:53 Absolument. Et je voudrais juste, avant de donner la parole à ceux qui nous écoutent
08:59 et qui sont déjà nombreux à réagir, je voulais juste rappeler que la correspondance,
09:05 si je puis dire, pour les femmes de l'érection, c'est la lubrification.
09:09 Et on sait aussi à quel point les femmes qui ont des difficultés de lubrification
09:15 se sentent très gênées et ont l'impression justement qu'elles ne sont pas aptes
09:23 à avoir une sexualité harmonieuse, positive, etc.
09:26 Donc je le signale pour que les femmes comprennent bien, comprennent un peu mieux
09:31 ce que ça peut signifier pour les hommes.
09:33 On fait une petite pause, c'est Yann qui va commencer avec nous sur Sud Radio.
09:37 Sud Radio, votre attention est notre plus belle récompense.
09:41 Quelle est l'importance de l'érection ? C'est notre sujet aujourd'hui avec Eric Allaire,
09:51 professeur de chirurgie vasculaire. Nous en parlons avec vous et bien sûr,
09:56 votre avis nous intéresse et vos questions sont les bienvenues. Bonjour Yann.
10:00 Oui, bonjour Brigitte, bonjour Dr Allaire.
10:03 Bonjour Yann.
10:04 Alors, juste pour reprendre un petit peu votre introduction, si je peux parler comme ça,
10:10 il y a aussi un aspect qui est intéressant, c'est pour certains la symbolise de la puissance,
10:18 ce que l'homme rentre et la femme reçoit.
10:21 Et je pense que là aussi, il y a peut-être des messages qu'il faut faire passer
10:25 parce qu'on n'est pas toujours dans cette attitude-là.
10:30 Et c'est vrai que l'érection, quand elle est liée à la puissance,
10:36 ça peut être pénalisant lorsqu'il n'y en a plus.
10:39 Et moi, ce que je voudrais dire, c'est que j'ai eu le privilège, malgré moi,
10:45 de vivre toutes les phases, puisqu'ayant eu une prostatectomie radicale,
10:51 je me suis retrouvé sans érection pendant une période, une latence qui est un petit peu normale,
10:58 le temps que votre système nerveux se reconstruise.
11:03 Et ensuite, j'ai retrouvé ma vie sexuelle quasiment normale.
11:07 Et puis maintenant, je suis un peu plus âgé,
11:09 puisque ça s'est passé il y a maintenant presque une quinzaine d'années.
11:12 Et maintenant, avec l'âge, il y a des dysfonctionnements légitimes,
11:15 mais qu'on peut traiter relativement facilement.
11:17 Je veux dire, il existe aujourd'hui des médicaments qui fonctionnent pas trop mal.
11:22 Moi, ce que je voudrais dire, c'est qu'il faut toujours avoir de l'espoir.
11:26 Il y a quand même aujourd'hui...
11:29 Bon, malheureusement, comme vous le disiez, il y a peu de services qui traitent tout ça,
11:34 mais il y a quand même aujourd'hui des gens qui s'y sont intéressés,
11:37 dont vous, dont Brigitte, etc., qui permettent de voir qu'il existe des voies,
11:43 qui sont pas forcément totalement médicales, d'ailleurs,
11:46 mais qu'il existe des voies qui sont forcément uniques pour chacun,
11:51 puisque c'est notre caractéristique, nous sommes uniques.
11:56 Et ces voies-là, elles permettent de retrouver du plaisir.
11:59 Oui, allez-y, pardon.
12:01 Ah non, je l'écoute.
12:03 Je dirais que, comme vous le disiez tout à l'heure,
12:05 l'érection, pour un homme, c'est essentiel,
12:08 parce que c'est quand même la façon dont sa partenaire va voir
12:14 qu'il a du désir pour sa partenaire.
12:16 Absolument.
12:17 Et ça, ça reste quand même assez fort.
12:20 Et n'avoir qu'une érection, ça peut être très, très dérangeant.
12:24 Ça m'arrive par moment, et c'est vrai que j'ai la chance aujourd'hui
12:27 d'avoir une partenaire qui comprend ça très bien,
12:30 et avec qui on arrive à avoir des moments, je dirais,
12:34 d'intimité, de tendresse et de plaisir, sans forcément avoir d'érection.
12:39 Mais voyez, Yann, je rebondis sur ce que vous dites.
12:42 En effet, pour un homme, montrer son érection à sa partenaire,
12:45 c'est à la fois à lui montrer qu'il la désire, qu'il l'aime,
12:49 qu'il est là.
12:52 Et comme je le disais hier, nous, on va s'offrir à vous,
12:58 mais vous nous offrez aussi votre érection.
13:00 Oui, alors surtout, c'est qu'il s'agit d'un réflexe conditionné, entre guillemets.
13:06 Oui, elle ne s'est pas sur commande, c'est ça que vous voulez dire.
13:09 Oui, exactement.
13:10 Il paraît.
13:11 C'est un peu plus sur commande avec là, parce qu'on maîtrise mieux.
13:14 Mais j'ai envie de dire, au départ, c'est un réflexe complètement conditionné,
13:18 c'est-à-dire je te désire et j'ai une érection.
13:21 Alors qu'on peut aussi se dire que pour l'homme qui n'a plus d'érection,
13:26 comme ça m'est arrivé, et à l'époque, j'avais une partenaire
13:29 qui était beaucoup plus jeune que moi, avec qui j'avais beaucoup de plaisir,
13:33 et pour moi, c'était terrible de ne plus avoir d'érection,
13:36 parce que je ne pouvais plus lui montrer,
13:38 enfin, elle ne pouvait plus voir que je la désirais.
13:42 Alors qu'en fait, si...
13:44 Et d'ailleurs, pour beaucoup de femmes, lorsque l'homme a une panne,
13:48 même si c'est une panne comme ça, provisoire,
13:51 elle se sent non désirée.
13:54 C'est ce qu'on entend souvent.
13:56 Non désirée, voire trompée.
13:59 Oui, bien sûr, c'est ce témoignage.
14:01 Ce qu'on peut dire aussi qui est amusant, c'est qu'il m'est arrivé une fois,
14:06 pas deux, mais une fois, d'avoir du plaisir à un orgasme
14:11 sans érection et sans pénétration.
14:14 Donc je pense que là aussi, on est tous des apprentis forcés,
14:18 et il faut se découvrir.
14:20 Il y a plein de choses qu'on ne connaît pas,
14:23 et puis surtout, il n'y a pas de mode d'emploi.
14:26 Ça va être la bonne personne au bon moment
14:30 qui va faire que ça va marcher.
14:32 Oui, votre témoignage d'abord est...
14:34 - est riche.
14:35 - Formidable, parce qu'il est multiple, riche,
14:37 et puis ancré dans la vie,
14:39 et dans ce que l'on sait d'être parfois difficile dans l'existence.
14:44 Donc c'est d'autant plus précieux, je crois, à entendre.
14:48 - Il y a des moments de doute.
14:50 - Absolument.
14:51 Et peut-être, moi il me semble, en vous entendant,
14:54 que j'entends quelque chose qui est la chose suivante.
14:57 C'est qu'en fait, un trouble de l'érection,
14:59 ça peut complètement anéantir un homme et un couple d'ailleurs,
15:03 mais ça peut être aussi le départ d'une...
15:07 comme vous l'avez dit, d'une exploration.
15:10 Alors c'est vrai dans la manière de se procurer du plaisir,
15:14 c'est-à-dire qu'il n'y a pas que la pénétration,
15:17 il n'y a pas que l'érection.
15:19 Et ça, je l'entends de quelques patients qui disent
15:24 "Ok, nous avons trouvé une autre sexualité,
15:27 bon, simplement nous voulons retrouver les érections, etc."
15:32 sinon ils ne viennent pas me voir, bien sûr.
15:34 - Oui, mais je dirais aussi quand même que ça dépend aussi de la maturité du couple.
15:39 - Oui, sans doute.
15:40 - Quand on a 20 ans ou 25 ans ou 30 ans,
15:43 je dirais qu'on est plus orienté vers la performance.
15:46 Quand on a, comme aujourd'hui, 65 ans,
15:50 la performance, elle a un sens,
15:53 mais aujourd'hui c'est surtout la relation qui importe.
15:56 Et ce qui importe, c'est de savoir si on est bien.
16:00 J'ai envie de dire, après, acte sexuel ou pas,
16:03 c'est pas dramatique.
16:05 - Oui, mais Yann, je suis assez d'accord sur la notion de performance,
16:09 mais je pense qu'il ne faut pas oublier que quand un homme démarre sa sexualité,
16:13 il a envie de se prouver déjà à lui-même
16:17 qu'il est capable, qu'il va tenir, qu'il va bander comme il a envie, etc.
16:23 Je crois que c'est important de rappeler ça,
16:26 parce qu'on a toujours tendance à penser que l'homme veut être performant
16:30 pour prouver vis-à-vis des autres, etc.
16:34 Mais c'est d'abord vis-à-vis de lui-même.
16:36 Et c'est ça qui est quand même important à comprendre,
16:38 c'est que quand on est...
16:40 Par exemple, quand un homme a sa première panne,
16:43 suivant sa maturité sexuelle,
16:45 ça va être pris avec un peu d'humour,
16:49 ou ça va être un véritable drame.
16:51 - Tout à fait, c'est peut-être aussi vrai
16:54 que l'homme, quand il se retrouve dans une panne sexuelle,
16:58 il a honte, alors qu'en fait, on est unique.
17:02 J'ai envie de dire, on ne peut pas se comparer.
17:06 J'ai envie de dire...
17:08 - Honte, pas tous, quand même.
17:11 Mais là où vous avez raison,
17:13 je me souviens d'un témoignage que j'ai eu récemment d'un homme
17:16 qui, la première fois avec une femme,
17:18 il n'a pas pu assurer,
17:20 elle s'est moquée de lui,
17:22 et il a mis un temps fou à oser reprendre une vie sexuelle,
17:26 essayer une vie sexuelle avec quelqu'un d'autre.
17:29 Donc on voit bien que c'est quand même un enjeu terrible
17:32 pour l'homme, l'érection.
17:34 - C'est tout à fait vrai, et ce qui est dommage,
17:36 c'est que quand on regarde aujourd'hui l'offre,
17:40 je dirais, pour essayer d'aider les gens
17:43 à retrouver une sexualité normale,
17:45 et donc une érection normale,
17:47 elle est très très faible.
17:49 - Et l'information n'est pas là.
17:52 - Et l'information est très limitée, c'est mondial.
17:54 - J'étais au Canada la semaine dernière,
17:56 j'ai fait une conférence dans la grande université McGill,
18:00 pourquoi ?
18:02 Pour voir ensemble si nous pouvions les aider
18:06 à installer une plateforme d'exploration des causes de l'érection.
18:11 Vous voyez, c'est quand même l'Amérique du Nord,
18:14 avec tout ce que ça représente de sophistication
18:17 sur le plan médical, sur le plan scientifique,
18:20 sur le plan sociétal.
18:22 - Moi, Hitler me rappelait tout à l'heure
18:24 que les Canadiens sont extrêmement forts,
18:28 et ont eu beaucoup d'initiatives très précoces
18:31 dans le domaine de la sexologie.
18:33 Donc, c'est dire que le chemin est encore extrêmement long.
18:38 Moi, je crois que ça progresse,
18:40 et que des témoignages comme le vôtre
18:43 sont tout à fait précieux dans ce sens.
18:46 Et nous avons besoin, il y a une grande difficulté,
18:49 nous avons, je dis nous, c'est la communauté de l'ensemble
18:52 de ceux et celles qui souhaitent aider.
18:55 Alors, c'est plein de métiers, c'est plein de positions dans la société,
18:58 il y a beaucoup de gens.
19:00 L'une des difficultés, c'est le témoignage.
19:04 J'opère évidemment beaucoup d'hommes qui retrouvent leurs érections,
19:08 mais il n'y en a aucun, d'ailleurs, si c'était le cas,
19:11 je demanderais d'être extrêmement prudent,
19:13 qui accepterait de témoigner à visage ouvert,
19:16 "Maintenant, j'ai été opéré, maintenant j'ai des érections, etc."
19:19 Ce qu'on comprend complètement.
19:21 Mais il y a toute une difficulté, voyez,
19:23 il n'y aura jamais de lobbying des hommes malades, d'érection,
19:28 auprès de l'Assemblée Nationale,
19:30 pour qu'on fasse un programme de santé.
19:32 - Métou je ne bande pas, ça ne marchera pas.
19:36 - Ça ne sera pas évident.
19:38 Donc, il y a cette difficulté-là,
19:41 d'où, je crois, la richesse de votre témoignage.
19:44 Et encore, je trouve qu'on en parle plus aujourd'hui qu'il y a une vingtaine d'années.
19:47 C'est quand même quelque chose de...
19:49 Peut-être grâce au fait qu'il y a des solutions comme le Viagra,
19:53 donc c'est moins grave,
19:55 parce qu'avant, il y a 30 ans,
19:57 quand il y avait des problèmes graves d'érection,
20:00 il n'y avait pas de solution.
20:01 Rappelons quand même qu'on critique parfois la médecine,
20:05 mais elle apporte un bien-être dans bien des domaines.
20:09 Merci beaucoup, Yann, de votre témoignage.
20:11 Merci vraiment.
20:12 On fait une petite pause et on retrouve le témoignage d'une femme dans un instant.
20:16 Nous sommes aujourd'hui avec Éric Allaire,
20:30 et nous sommes dans le vif du sujet, dans le cœur...
20:33 - Du réacteur.
20:35 - Oui, j'avais cette image,
20:38 c'est vrai qu'érection, c'est quand même le cœur de cible,
20:42 si je puis dire, de l'acte sexuel.
20:44 N'est-ce pas, Belinda ? Bonjour.
20:46 - Oui, bonjour.
20:47 J'entends vous deux.
20:48 - Bonjour, Belinda.
20:49 - Bonjour.
20:50 - Alors, je vous écoute, allez-y.
20:52 C'est bien d'avoir l'avis des femmes aussi.
20:55 - Oui, je crois que c'est important, parce que ça nous concerne.
20:58 - Un peu, oui.
21:00 Je trouve, oui.
21:02 - Merci beaucoup.
21:04 Alors, vous voulez mon avis ou un témoignage ?
21:07 Qu'est-ce qui vous intéresse le plus ?
21:09 - Ce que vous avez envie de nous dire.
21:11 - Alors, moi, j'ai eu beaucoup d'expérience avec des hommes
21:16 qui avaient des problèmes d'érection,
21:18 et c'est vrai que j'ai toujours été dans la bienveillance,
21:22 parce que je suis quelqu'un qui suis très franchie spirituelle,
21:26 donc j'ai essayé de parler du problème avec la personne,
21:30 donc de ne pas la mettre à mal,
21:33 de lui dire qu'on pouvait faire autrement,
21:35 qu'il n'y avait pas que l'érection chez un homme qui était importante,
21:39 de lui expliquer aussi qu'il pouvait y avoir un problème soit de santé,
21:43 soit d'une expérience autre qui avait fait que ça n'avait pas fonctionné
21:48 et que ça avait bloqué la personne,
21:50 et que c'était important d'en parler.
21:52 Donc, moi, j'aborde toujours le sujet en demandant s'il a des problèmes de santé,
21:57 parce que c'est vrai qu'on parle forcément du Viagra, des injections,
22:01 mais on ne parle pas des problèmes de médicaments qu'une personne peut prendre,
22:06 puisque certains médicaments peuvent provoquer des problèmes d'érection.
22:11 Bien sûr.
22:12 Et ça, on n'en parle pas. On n'en parle pas du tout.
22:15 Donc, moi, j'ai toujours essayé d'aborder, comme je vous disais,
22:18 le sujet avec bienveillance et avec respect,
22:20 parce que ça peut aussi nous arriver à nous, les femmes,
22:23 d'avoir des petits problèmes de panne.
22:25 J'ai vécu des expériences aussi
22:29 où, par contre, la personne n'était pas du tout romantique.
22:32 J'ai eu notamment une expérience il n'y a pas très longtemps
22:35 où le monsieur m'a dit que je peux faire une injection dans le sexe et que je peux te montrer.
22:41 Bon, ça, ça ne l'a pas fait, effectivement.
22:43 Ça ne l'a pas fait du tout parce que ça n'était pas abordé d'une bonne façon.
22:47 Je n'ai pas dit à ce monsieur que ce n'était pas correct,
22:52 mais je lui ai fait comprendre que le message passait mal.
22:56 Il n'avait pas la façon, mais peut-être qu'on ne lui a pas expliqué non plus.
22:59 Je pense qu'il était dans une démarche où c'était compliqué pour lui.
23:02 C'est vrai que je trouve que pour les hommes...
23:04 - Vous savez, peut-être que vous avez mal interprété aussi ce qu'il était en train de vous dire.
23:09 Peut-être qu'il voulait obtenir une érection pour vous
23:12 et non pas pour vous montrer à quel point il est capable d'en avoir une.
23:15 C'est toujours le problème de la sexualité.
23:19 Il y a toujours deux versions qui sont parfois très contradictoires.
23:24 - Je ne pense pas l'avoir mal interprété.
23:27 C'est que ça a été très mal présenté.
23:29 Je pense qu'il a été très maladroit, ce monsieur.
23:31 Je pense qu'il a été maladroit et j'ai pu en reparler avec lui
23:35 en lui disant que ce n'était pas quelque chose qu'on abordait de la façon dont il l'avait abordé.
23:41 Mais j'ai quand même pu en parler avec lui.
23:45 - Mais vous savez, Belinda, quand on est très maladroit ou maladroite,
23:48 d'ailleurs sur des questions de sexualité,
23:50 c'est généralement parce qu'il y a quelque chose qui est compliqué pour nous
23:54 et qu'on n'est pas très à l'aise avec le sujet.
23:57 - Tout à fait. C'est tout à fait ça.
24:00 Après, moi, dans les relations que j'ai pu avoir,
24:04 c'est vrai que j'ai expliqué aux hommes qui avaient ce problème-là
24:08 qu'il y avait d'autres façons de faire l'amour.
24:11 Et puis au fur et à mesure, ça a un peu engendré une érection.
24:15 Moi, je suis tombée sur quelqu'un qui n'avait pas eu d'érection depuis des années.
24:19 Et en fin de compte, on a fonctionné d'une autre façon
24:22 puisque quelqu'un est assez libéré et libre dans ma sexualité.
24:25 Et en fin de compte, ce monsieur a plus de problèmes en suivant dans sa sexualité.
24:32 - Bien sûr, ça c'est très très important.
24:35 Il n'y a rien de pire que de se focaliser sur ses érections ou les érections dans un couple.
24:42 Rien de pire pour mettre en danger ses érections
24:47 parce que ça devient une véritable obsession, ça devient un stress.
24:51 On sait, il y a toute une mécanique d'hormones, de molécules
24:56 qui sont libérées dans le stress qui font tomber l'érection.
24:59 C'est une espèce de cercle comme ça qui s'auto-entretient.
25:02 Et ce que vous dites est très très important.
25:04 Dans les difficultés d'érection d'un couple ou d'un homme,
25:10 l'idée d'essayer d'échanger, d'avoir du plaisir, un érotisme,
25:17 non centré sur l'érection, est parfois une bonne manière de faire sauter ces verrous.
25:24 - C'est d'ailleurs souvent ce que conseille un sexothérapeute
25:27 de dire "bon ben pendant quelques temps, vous avez le droit d'avoir des relations sexuelles
25:34 mais sans pénétration" pour justement laisser la possibilité à l'homme
25:39 de déstresser à l'idée de ne pas avoir d'érection.
25:42 - C'est ça, moi ce que j'expliquais à ce partenaire,
25:46 c'est qu'il y avait les deux jouets, il y avait d'autres façons de donner du plaisir à une femme.
25:51 Et je pense que dans cette relation que j'ai eue,
25:53 justement ça a cassé le fait qu'il ne sentait plus un homme
25:58 et c'est revenu petit à petit. Malgré tout c'est revenu petit à petit.
26:01 - Oui, vous lui avez redonné confiance et la confiance venant,
26:04 et il a retrouvé son autonomie. - Sa sexualité.
26:09 - Bien sûr. Eh bien vous êtes une bonne infirmière sexuelle Belinda.
26:14 - Je ne sais pas, je suis surtout bienveillante je crois.
26:18 Je crois que c'est important et le petit message que je ferais passer à certaines femmes,
26:23 c'est que je trouve que c'est aussi important de faire passer des messages aux femmes,
26:27 je pense qu'il faut savoir écouter l'autre, ça c'est important.
26:31 Parce que si on n'écoute pas l'autre dans la sexualité, on démolit une personne.
26:36 - Oui mais le problème Belinda, pour écouter l'autre ou les autres,
26:41 il faut déjà s'être écouté soi-même et être ampé avec soi-même,
26:45 et ça c'est pas si facile. - Ah mais non, mais tout à fait.
26:50 - Et c'est pour ça d'ailleurs que la sexualité est si compliquée,
26:53 parce que quand on met deux personnes qui ne se sont pas suffisamment écoutées eux-mêmes,
26:57 comment peuvent-ils écouter l'autre ? Et ça fait bien des soucis.
27:01 Bon ben en tout cas bravo, et puis je crois qu'on va décerner un de ces jours des médailles
27:06 pour les personnes qui sexuellement sont capables de faire du bien aux autres.
27:11 - Très bien, oui. - Merci Belinda. Bonjour Franck.
27:15 - Bonjour Éric, bonjour Brigitte. - Bonjour Franck.
27:19 - C'est un dynamisme. Alors la première question évidemment,
27:23 c'est avez-vous déjà eu des pannes érectiles ?
27:27 - Il y a très longtemps, ça m'est arrivé une ou deux fois maximum dans ma tendre jeunesse.
27:32 - Ah, dans votre jeunesse, donc c'était le stress visiblement.
27:36 - Même pas, c'était pas du tout le stress,
27:40 j'avais une très très forte activité sexuelle,
27:44 et peut-être à ce moment-là, moins de désir, et voilà.
27:48 - Trop c'est trop. - Voilà, trop c'est trop.
27:52 - D'accord. À un moment donné, le bot de pénis vous a dit "Oh, repos, laisse-moi tranquille".
27:56 - "Va faire des courses, regarde un livre". - "Laisse-moi un peu me reposer, je suis fatiguée".
28:02 Alors deuxième question justement, puisque vous avez été très très actif,
28:06 combien avez-vous eu de partenaires à peu près ?
28:10 Je ne demande pas un chiffre exact. 10, 50, 100, 1000 ?
28:15 - Non, pas 50, non non non, j'aurais aimé mais non, je n'ai pas la capacité.
28:19 Je ne sais pas, on va dire dans les alentours, une vingtaine de personnes, de femmes.
28:25 - C'est au-dessus de la moyenne déjà. D'accord, très bien. - D'accord.
28:29 - Et dernière question, est-ce que vous avez un fantasme particulier
28:33 que vous auriez comme ça, envie de nous raconter ?
28:37 Même si c'est pour ne pas le réaliser, bien sûr.
28:41 - Alors le fantasme, il est assez commun, mais faire l'amour à trois, on va dire,
28:48 avec ma femme et d'autres partenaires sexuels.
28:51 - Et d'autres ou une autre ?
28:54 - Peu importe. - N'importe, bon.
28:57 - Je ne suis pas... - On met tout dans le tard, d'accord.
29:00 - Bon voilà, on y va, on se lève, on est de serre, puis on verra bien ce qu'il se passe.
29:04 - Une orgie quoi. - On ne se voit pas, moi je suis ouvert à tout.
29:08 - Très bien, vous pouvez poser une question à Eric Allard, il vous écoute, allez-y.
29:12 - Alors, petite question, qu'est-ce qui serait le pire,
29:16 n'avoir plus d'érection ou en avoir une permanente ?
29:20 - Je vais vous rassurer, quand on a une permanente, on finit par ne plus en avoir du tout.
29:26 C'est tout le danger de ce qu'on appelle le priapisme,
29:30 c'est-à-dire les érections prolongées plusieurs heures,
29:35 qui exposent en fait à une destruction du tissu érectile,
29:40 c'est-à-dire cette sorte d'éponge qui est dans le pénis,
29:43 qui se gorge de sang pour créer l'érection.
29:46 Donc, quand l'érection est très très prolongée,
29:50 c'est-à-dire au-delà de 2h ou 3h sans régression, il faut aller à l'hôpital.
29:56 Donc, le priapisme c'est quelque chose d'anormal,
30:01 c'est une manifestation anormale de l'appareil érectile,
30:05 qui nécessite d'être pris en charge.
30:08 - C'est pour ça, pardon, excusez-moi, mais je crois qu'on en profite pour donner la précision,
30:13 c'est pour ça qu'il ne faut jamais mettre de garrot pour maintenir l'érection
30:16 et les anneaux vibrants pas trop serrés.
30:19 - Surtout pas s'endormir avec, ça c'est le grand danger.
30:22 - Oui, vous avez raison, absolument.
30:23 - Pas s'endormir avec, c'est extrêmement dangereux.
30:25 Donc, je dirais que d'une manière générale, évitez de les utiliser.
30:30 Vous voyez, le priapisme, c'est un phénomène aigu,
30:36 c'est-à-dire que ça arrive dans un temps court.
30:39 Le problème des troubles de l'érection, c'est que ça suit une partie de la vie,
30:43 voire toute la vie quand ça démarre à l'adolescence.
30:45 Et alors là, c'est autre chose.
30:48 Un quart des patients que j'opère de fuite veineuse
30:53 ont eu des idées suicidaires à cause de ce problème.
30:58 C'est un moyen qui malheureusement est passé à l'acte.
31:01 Et il existe une surmortalité par suicide des hommes jeunes,
31:04 par opposition aux femmes jeunes de même âge,
31:10 avec un facteur de 3, c'est quand même beaucoup.
31:13 Alors on dit oui, c'est parce que les hommes sont plus violents,
31:16 donc pour se suicider il faut exercer une violence,
31:18 donc on est plus efficace quand on...
31:20 C'est du pipo, parce que prendre malheureusement un grand tube de médicaments,
31:25 ça ne demande pas spécialement de force physique.
31:27 Non, il y a quelque chose en plus.
31:29 Et on peut vraiment, étant donné la présence de l'idée de suicide
31:35 chez ces hommes qui consultent pour des troubles de réaction grave,
31:38 je précise, on peut vraiment se demander s'il n'y a pas un rapport entre les deux.
31:43 Donc vous voyez, les enjeux ne sont pas les mêmes.
31:46 Le priapisme, c'est un enjeu de santé,
31:48 mais qui débouche effectivement sur cette question d'une urgence médicale à traiter.
31:53 Et pas d'érection du tout, c'est un paysage très menaçant pour la vie.
32:00 Ça me rappelle un patient d'une soixantaine d'années qui vient me consulter,
32:04 qui n'avait plus d'érection depuis l'adolescence,
32:07 qui n'avait jamais eu d'érection depuis l'adolescence, il avait 60 ans.
32:10 Et bon, je l'interroge, à l'évidence c'était des fuites veineuses qu'il avait,
32:14 donc cette maladie dans laquelle le sang arrive dans le pénis mais ressort trop tôt.
32:18 Et il me dit "Vous voyez, je viens vous voir parce que je veux savoir pourquoi ma vie a été comme ça.
32:24 De toute façon, je ne vais pas la changer, c'est trop tard.
32:27 Je répare des motos dans mon garage, c'est ce qui remplit ma vie,
32:32 mais je veux savoir pourquoi j'ai été en quelque sorte condamné à ça."
32:36 Donc l'absence d'érection, c'est aussi une condamnation de sa personne,
32:41 de ce qu'on fait sur terre, ça va jusque là.
32:44 Ça se rend très curieux, parce qu'on a une vision très hédoniste, très joueuse en Occident
32:51 de la sexualité en général et donc de l'érection.
32:54 Mais en réalité, quand ça ne marche pas, c'est quelque chose qui est de l'ordre de la tragédie.
33:00 - Oui, c'est une vraie détresse, évidemment.
33:02 Merci Franck, en tout cas, merci à vous.
33:04 On fait une petite pause et on vous redonne la parole sur Sud Radio 0826-300-300, à tout de suite.
33:10 14h16, Brigitte Lae, Sud Radio.
33:14 CAM4.fr, le plus grand site de webcam live réservé aux adultes.
33:19 14h16, Brigitte Lae, Sud Radio.
33:24 Nous continuons à évoquer l'érection en compagnie d'Eric Allaire, professeur de chirurgie vasculaire.
33:29 Et je rappelle évidemment, si vous avez des questions à poser à Eric Allaire
33:33 pour justement régler vos difficultés érectiles,
33:37 il pourra vous donner de toute façon une réponse et un diagnostic clair.
33:42 Bonjour Patrick.
33:43 - Oui, bonjour Brigitte et bonjour Eric.
33:47 - Bonjour Patrick.
33:48 - Eric Allaire.
33:49 J'ai appelé, bon déjà, avant de donner mon témoignage,
33:53 parce que je voudrais effectivement donner un témoignage sur l'importance de la réaction,
33:58 de la réaction, l'érection, c'est la pire.
34:02 Et un avis en fait sur les petites réflexions que j'ai eues
34:07 étant plus jeune sur ces problèmes-là.
34:10 Et puis le parcours de santé que j'ai entrepris depuis que j'ai entendu sur votre antenne,
34:17 Eric Allaire, je l'ai entendu au mois de janvier
34:20 et je suis à mi-parcours et j'ai déjà progressé.
34:24 Et je pense qu'en juillet, je serai un peu fixé.
34:28 Donc le premier point c'est déjà pour remercier Brigitte
34:33 et tous les interbesons qui viennent aussi,
34:35 et les auditeurs qui font part de leurs expériences.
34:40 Je trouve ça très intéressant pour que nous, auditeurs, on gagne un peu en confiance.
34:45 Ça c'est très important.
34:48 Et également, ça nous instruit aussi sur les sujets que vous abordez.
34:52 Et aussi ça nous invite également à passer à l'action.
34:55 Je reprendrai une phrase de Brigitte qui dit souvent
34:59 "le plus important, il faut aller voir tout ça sur le terrain".
35:02 Alors en fait, ce que je vais vous dire, c'est un peu ça sur tout ce que j'ai entendu et écouté depuis 20 ans.
35:09 Alors pour l'importance de l'érection, moi effectivement je suis un peu d'accord avec Yann
35:15 et je dirais que c'est un sentiment d'être vraiment un homme quand on a une érection.
35:21 Parce que si on ne l'a pas, là tout tombe, on commence à paniquer, on déprime.
35:28 Moi ça m'est arrivé quelques fois de ne pas en avoir.
35:31 Et donc finalement ça touche à l'identité de l'homme sur le plan symbolique.
35:35 Ça va même jusqu'à, je vais dire, sur le plan symbolique, on a l'impression d'être plus en vie.
35:40 Je pourrais faire le parallèle avec la petite mort et la grande mort.
35:43 En fait, c'est très bizarre sur le plan symbolique.
35:46 On est complètement anéanti.
35:49 Et puis un autre truc, alors là c'est là où je voudrais amener ma contribution,
35:53 et c'est par rapport à mon âge.
35:55 En fait, moi j'ai commencé ma sexualité à 20 ans, moi j'ai 77 ans.
36:02 Et à cette époque-là, il n'y avait pas de bouquin, il n'y avait pas Brigitte Laé et son émission.
36:08 Et qu'est-ce qui se passait dans la tête des jeunes hommes de 20 ans, dans les années 70, 80 ?
36:12 On ne se posait pas de questions en fait.
36:15 Moi j'étais marié à cette époque-là.
36:17 J'avais envie dans la chambre, je ne me posais pas la question.
36:21 Et puis j'avais un rapport sexuel, je dominais positivement mon épouse.
36:29 Je la prenais quasiment de manière animale sans me poser de questions.
36:34 Alors qu'aujourd'hui, on est plutôt en train de se dire, est-ce que je suis autorisé, est-ce que je dois demander ?
36:41 Et même, je me rends compte en préparant l'émission, que depuis que j'ai quitté cette femme,
36:48 où je ne me posais pendant 30 ans aucune question, je n'ai jamais eu un seul problème.
36:53 Et le problème c'est qu'après ça, j'ai connu une autre femme, et là je suis avec une femme depuis 13 ans.
36:59 J'ai découvert que je lui demande à chaque fois, est-ce qu'on pourrait faire un petit câlin ?
37:07 Chaque fois que je demande, ça veut dire que je suis complètement changé à partir de 50 ans, c'est-à-dire depuis 2010.
37:14 Je demande, en fait ça change tout, parce que mon appart animal a disparu.
37:20 Je préciserai quand même, puisque on a à peu près le même âge Patrick,
37:24 moi quand j'avais 20 ans, j'ai quand même rencontré beaucoup d'hommes qui étaient attentionnés et qui me demandaient.
37:30 Ne faisons pas une généralité, parce que sinon on va encore taper sur le patriarcat.
37:36 Non, mais c'était dans mon histoire de couple, je n'avais pas de bouquin, en fait je n'avais aucune référence.
37:45 Et vous n'avez pas été aidé par une éducation parentale, etc.
37:49 Pas du tout, rien, rien.
37:51 Oui, et l'impulsion était là.
37:53 L'impulsion à 20 ans, et alors ce qui est assez amusant, et ça vous en parlez souvent,
37:58 je me suis retrouvé dans une situation où vous l'évoquez souvent dans vos émissions,
38:03 et en fait j'avais envie, donc j'avais le rapport, et la réflexion qu'elle me faisait mon épouse,
38:09 "Ah bah écoute, c'est vrai, vous le dites souvent, j'avais pas envie, tu m'as prise, mais finalement c'était pas mal."
38:17 Alors en fait, ça pourrait être considéré comme un violent dans le couple, mais en fait non.
38:22 Elle m'a peut-être dit, peut-être en 30 ans, peut-être trois fois "non" ou "non, je suis fatigué".
38:30 C'était juste pour parler de cette... que j'avais aucun problème d'érection.
38:35 Alors qu'aujourd'hui, j'en ai parce que je me pose la question, mais est-ce que ma partenaire peut ou pas ?
38:42 Alors, il y a une autre...
38:44 Oui, mais ce que vous dites est essentiel, en effet Patrick, quand on laisse la pulsion à l'état brut, c'est-à-dire l'animal,
38:51 et bien oui, il n'y a pas de stress, il n'y a pas de...
38:54 Zéro stress.
38:56 Et ça fonctionne.
38:58 Et c'est vrai que je voulais, à l'occasion de cette intervention, évoquer cette question de l'animalité,
39:05 et aussi, ce que je dis maintenant, l'intellectualisation du rapport sexuel,
39:10 c'est-à-dire je demande avant chaque rapport, est-ce qu'on peut faire un petit câlin ou pas ?
39:17 Bien sûr, mon épouse me dit "oui, oui, c'est bon, t'inquiète pas",
39:21 mais bon, j'ai toujours cette anxiété, au fond, est-ce qu'elle va dire "non" ou "oui" ou "non".
39:26 Donc en fait, c'est quand même pas mal psy, quoi.
39:30 Alors, il y a un autre truc que je voulais dire aussi, mais ça c'est une chose que vous avez dit dans pas mal d'émissions,
39:37 c'est qu'il m'est arrivé plusieurs fois d'avoir une critique d'une femme qui me disait "finalement, tu fais toujours ça, pareil".
39:45 Et bien en fait, la critique chez l'homme, en fait, c'est hyper mal vécu, parce que...
39:52 - C'est un poison !
39:56 - Moi je me rappelle l'inverse, où on m'a dit "ah ben alors, c'était extra, c'est formidable",
40:03 et là, bizarrement, je me redressais comme un espagnol qui bombe le torse, qui est "el hombre, est el hombre".
40:13 Et je suis fier, parce que ma femme m'a dit "ah mais c'était extra, c'était formidable".
40:18 Donc, ça veut bien dire que quand on démolit le mec, comment dire, en parole, et bien il n'y a plus rien.
40:27 - Donc, vous êtes en train de me dire, Patrick, que le sexe faible, c'est l'homme.
40:32 - Ben oui, parce que moi, en fait, oui, oui, parce que un mot c'est fini, je ne borne plus rien,
40:39 et pourtant, la nana qui m'a dit ça, mais elle était canon, je crois que c'était sûrement une des plus belles femmes que j'ai eues dans les bras,
40:46 et bien moi, j'étais complètement, j'étais très très très très touché.
40:54 Alors, je vais peut-être parler maintenant du problème que j'ai aujourd'hui,
40:58 maintenant avec cette précaution, le consentement à fond, les ballons, etc.
41:03 Maintenant, j'ai eu peur, en fait, quand j'ai entendu Eric Allaire, vraiment très peur, comme je suis un anxieux,
41:12 c'était en janvier 2024, il a dit "si vous avez une absence d'érection, il va falloir vous inquiéter si ça se répète".
41:24 Et il se trouve que toutes les semaines, je suis tout seul, parce que je suis en couple,
41:29 en fait, je suis un couple "moderne", je ne sais pas si c'est moderne, mais la semaine, je suis chez moi,
41:35 et je suis tout seul, et je n'ai aucune érection, et le week-end, à partir du vendredi soir,
41:42 donc c'est bientôt, le vendredi soir, je retrouve mon épouse, et là, tout d'un coup, j'ai envie, j'ai des érections,
41:50 bon, elles ne sont pas cri-en-fond, mais voilà. Donc, quand j'ai entendu ça, j'étais hyper inquiet,
41:57 et donc la première chose que j'ai découvert, c'est que Brigitte et Eric m'ont rassuré,
42:06 et l'idée de commencer un parcours de santé, ça m'a vraiment aidé.
42:12 Alors, j'ai suivi des conseils, j'ai commencé par, déjà, avant d'appeler mon médecin traitant,
42:20 c'était vachement dur, parce que c'était une femme, j'ai appelé un ami cardiologue,
42:24 et quand je lui ai raconté ça, il m'a dit "mais c'est normal, moi j'ai des clients tous les jours comme ça".
42:28 Alors, donc, je lui ai dit "dis-moi ce que je dois te dire au médecin".
42:35 Alors, c'est mon ami cardiologue qui m'a dit ça.
42:37 Patrick, on va vous retrouver, mais là, après les infos, vous allez préciser la question que vous avez envie de poser à Eric Allaire,
42:44 parce que sinon, il n'y aura plus de place pour les autres, parce que vous êtes particulièrement locas,
42:51 et puis, on se retrouve après les infos, mais vous n'échapperez pas à la devinette, Eric Allaire.
42:58 À quel moment le fait d'être au bout du relot est totalement insupportable ?
43:04 Vous avez le temps des infos pour me donner la réponse.
43:16 Eh bien, nous sommes toujours avec Eric Allaire, professeur de chirurgie vasculaire,
43:20 qui nous parle, chaque fois qu'il vient, de ses problèmes érectiles,
43:25 notamment chez les jeunes avec les fuites veineuses.
43:29 On va redonner la parole à Patrick, qui va essayer de poser sa question clairement.
43:35 Et avant, je voudrais la réponse à ma devinette.
43:39 Eric Allaire, à quel moment le fait d'être au bout du rouleau est totalement inconfortable ?
43:46 Eh bien, si, quand on est aux toilettes, et quand on est au bout du rouleau, c'est franchement embêtant.
43:52 Patrick, qu'est-ce que vous voulez savoir ?
43:57 Alors Patrick, une question, je vais faire comme avec mes patients.
44:00 Une question en une phrase, et une réponse en une ou deux phrases.
44:05 Oui.
44:06 Allez-y, Patrick, votre question.
44:09 La question, en fait, c'est quelle est la part du psy par rapport au médical ?
44:14 Parce que moi, j'ai l'impression, dans mon histoire...
44:16 Ça, c'est plus une question, là, une seule phrase.
44:19 Donc, quelle est la part du psy par rapport au médical ?
44:23 Oui, c'est bon, c'est bon, c'est bon, Patrick.
44:26 On a entendu, même si j'ai beaucoup aimé votre témoignage avant,
44:30 alors, la part du psy par rapport au médical.
44:34 Une grande confusion et un grand drame.
44:38 C'est-à-dire que, malheureusement, le corps médical est éduqué, actuellement,
44:45 pour penser que l'essentiel des troubles de l'érection, c'est du psy.
44:50 Pourquoi ? Parce que, face à un homme qui a le problème d'érection,
44:54 on lui demande, mais est-ce que, par exemple, vous appréhendez
44:57 quand vous avez un rapport sexuel de ne pas y arriver, etc.
45:00 Alors, évidemment, on répond oui.
45:02 Vous imaginez, vous n'arrivez pas à avoir d'érection du tout.
45:05 C'est stressant.
45:06 Donc, on dit, ah oui, oui, donc c'est psychologique, voyez bien.
45:09 Alors que c'est exactement l'inverse, c'est-à-dire que c'est la maladie
45:12 qui bloque les érections et le blocage d'érection qui, en conséquence,
45:17 crée un stress et donc toute une psychologie.
45:20 Vous voyez, le schéma principal, c'est celui-là.
45:24 Après, ça va tellement dans les deux sens,
45:27 que la médecine psychosomatique, c'est quelque chose, c'est plus...
45:33 Le corps et l'esprit sont reliés et on le sait pour tout,
45:36 pas simplement pour l'érection, de toute façon.
45:38 - Ça répond à votre question ?
45:40 - Absolument, ça répond à la question de Patrick.
45:42 Merci Patrick, en tout cas.
45:44 Merci beaucoup de votre témoignage, qui était également très riche, en tout cas.
45:48 On retrouve Karen maintenant. Bonjour Karen.
45:51 - Bonjour Patrick, bonjour Brigitte.
45:53 - C'est Eric qui est avec nous.
45:55 - Ah, pardon, excusez-moi.
45:57 C'est l'auditeur d'avant, c'était Patrick.
45:59 - Oui, oui, oui.
46:00 - Je vous en prie.
46:01 - Alors, moi, je n'ai jamais été confrontée à quelqu'un qui n'avait pas du tout d'érection.
46:05 Par contre, que ce soit mon ex-mari ou mon conjoint actuel,
46:10 ça peut arriver effectivement, ou ça a pu arriver qu'il y ait des pannes.
46:14 Et je ne suis pas du genre à m'offusquer, à mal le prendre, ou ce genre de choses,
46:23 parce que ça peut être lié à tellement de facteurs.
46:27 Mais je trouve qu'il y a plein de solutions, y compris si on le décide ensemble,
46:33 dire "bon, ben écoute, pas maintenant, et puis ce sera pour plus tard".
46:37 Et plus tard, ça peut être demain sans problème, voilà.
46:41 Le truc pour moi qui est important, c'est d'en parler.
46:45 C'est de pouvoir communiquer, c'est de pouvoir dire "est-ce qu'il y a quelque chose ?
46:50 T'inquiète pas, c'est pas grave".
46:52 Au même titre, comme je le dis, au moins ça peut arriver.
46:55 Ça peut arriver qu'en cours de rapport, ça ne devienne pas agréable
46:58 parce que ça a duré un peu longtemps, ou des choses comme ça.
47:01 Et ça peut être valable pour l'un que pour l'autre.
47:04 Et pour moi, la priorité, c'est vraiment d'en discuter,
47:09 de se dire "ben oui, en fait j'ai envie, mais voilà, j'ai bougé,
47:14 ça m'a fait perdre l'érection".
47:16 Parce que c'est vrai que des fois, c'est lié juste à ça.
47:19 Ça peut être lié à un moment où on est plus attentif à l'autre
47:25 et du coup on est moins attentif à soi et on perd un peu le fil de l'histoire.
47:33 Et je trouve qu'après, on a tellement quittusé aujourd'hui des solutions.
47:40 On peut passer par les jeux, on peut passer par les sextoys,
47:44 on peut passer par plein de choses que c'est pas dérangeant.
47:49 - C'est bien, Karen.
47:52 Peut-être qu'il y a une chose qu'on n'a pas dite,
47:54 mais votre témoignage m'y fait penser,
47:56 c'est peut-être plus facile de gérer la situation
47:59 lorsqu'on est avec son partenaire habituel
48:01 que lorsqu'on est dans une relation la première fois avec un inconnu
48:06 où finalement on ne sait pas trop si c'est le stress,
48:09 si c'est lui qui a des problèmes vraiment d'érection,
48:12 si c'est parce qu'on lui plaît pas.
48:14 Peut-être que ça c'est important aussi de le signaler.
48:18 - Oui c'est possible.
48:19 Alors pour avoir discuté,
48:20 parce que moi j'ai rencontré mon ami actuel par l'intermédiaire d'une appli,
48:24 et on est plusieurs voisins et copains
48:28 à avoir rencontré nos partenaires également via des applis,
48:31 et il y a quelque chose qui est ressorti chez les hommes,
48:34 c'est qu'à la première fois où il y avait le risque qu'on passe sous la couette,
48:41 on va dire,
48:43 des jeunes et des moins jeunes,
48:45 mais j'ai été surprise surtout pour des jeunes,
48:49 avaient eu recours à une petite aide extérieure,
48:53 on va dire,
48:55 de peur que lors de la première fois justement il y ait un risque de panne.
49:01 Mais oui, peut-être que c'est plus des cas pour l'homme que pour la femme.
49:09 - Aujourd'hui oui.
49:10 Je crois que ce que vous venez de dire, Eric Allaire, c'est important,
49:14 les hommes aujourd'hui, on leur met la pression.
49:18 - Absolument, il y a deux choses.
49:21 D'abord, l'auditeur précédent parlait du sauvage,
49:26 le sauvage qui est en nous tous et toutes.
49:29 - L'animal.
49:30 - Oui, l'animal.
49:31 Et puis nous sommes des êtres de civilisation,
49:35 donc la civilisation nous modèle aussi à cet égard.
49:39 Et c'est vrai que le modelage actuel de la civilisation pour les hommes vis-à-vis de leurs érections,
49:45 ce n'est pas toujours extrêmement encourageant.
49:49 Alors quand on a un certain recul du privilège de l'âge,
49:53 je pense que ce n'est pas un problème pour toutes sortes de raisons,
49:56 mais quand on est très très jeune, c'est sûrement extrêmement difficile.
50:00 Je pense que dans les années qui viennent,
50:02 ça va être une véritable question pratiquement de santé publique,
50:06 donc collective, qui est comment les jeunes gens vont faire pour se rencontrer.
50:13 Et puis du coup, il y a le second point que vous dites,
50:17 c'est-à-dire ces rencontres que vous avez connues par les appels.
50:20 C'est formidable, c'est formidable,
50:22 parce qu'on ne choisit plus dans son village ou son quartier,
50:25 on choisit sur la planète entière.
50:28 C'est un peu, comment dirais-je, un petit peu consommateur,
50:32 comme point de vue, je prie de m'en excuser,
50:34 ce n'est pas du tout mon propos,
50:36 mais en tout cas, c'est quelque chose de très intéressant.
50:40 Et la contrepartie de ça, c'est ce que vous décrivez,
50:43 c'est-à-dire que le gars qui arrive là,
50:46 il n'y a pas eu tous ces échanges humains,
50:50 toutes ces rencontres qui créent la confiance,
50:53 qui créent le désir, qui créent l'envie,
50:57 et donc, la petite pilule finalement, remplace tout ça.
51:02 Vous avez raison Eric Allaire, parce que finalement,
51:05 auparavant, on avait le temps de se rencontrer,
51:19 de se mettre en confiance, avant d'avoir...
51:22 Tandis que là, ça peut être parfois une sorte de pression,
51:25 comme ça, immédiate, hop, c'est pas tout.
51:30 Et puis je trouve que les hommes ont une pression,
51:33 aujourd'hui, au sens large du terme,
51:36 alors vous en avez parlé Brigitte à plusieurs reprises,
51:39 dans différentes émissions, sur différents sujets,
51:42 mais je trouve que les hommes, aujourd'hui,
51:46 n'ont pas une situation facile.
51:49 Les tendances se sont inversées sûrement,
51:52 par rapport à ce que d'autres générations ont pu connaître,
51:55 mais aujourd'hui, il faut qu'ils soient...
51:59 On retrouve un peu le côté de la femme qui devait être mère, épouse, amante, etc.
52:04 Et là, on retrouve un peu la même chose sur le dos des hommes.
52:08 Et donc, effectivement, ils se doivent d'être performants,
52:13 ou au moins au rendez-vous sur tous les domaines.
52:16 Et c'est une pression qu'ils n'avaient pas forcément avant.
52:21 Cela étant dit, Eric Allaire,
52:23 il n'y a pas de problème de prendre une petite pilule régulièrement, de temps en temps ?
52:27 Il faut rassurer aussi tous les hommes ?
52:30 Non, il n'y a pas de problème.
52:33 Simplement, c'est quand même la marque de la numérisation de la vie en général,
52:39 et des rapports humains aussi, tout à fait, en général.
52:42 C'est vrai pour les amitiés, comme pour l'amour.
52:46 Et ça pose des problèmes nouveaux,
52:49 voilà ce que je veux dire.
52:51 Et ces problèmes, il ne faut pas les négliger.
52:54 Surtout, moi je pense beaucoup aux jeunes,
52:57 voire aux très très jeunes.
52:59 Je pense qu'il serait temps de les aider.
53:01 Il serait temps de leur dire que ce qu'ils entendent à la radio,
53:06 de groupes de pression,
53:09 de gens qui ont des idées tout à fait intéressantes...
53:13 ... mais qui ne représentent pas la vie,
53:26 dans sa complexité, dans sa richesse.
53:29 Il faut peut-être qu'ils aient une parole
53:33 qui soit une sorte de guide bienveillant.
53:37 Moi, je disais, il y a une dizaine d'années,
53:40 je disais, est-ce qu'il ne faudrait pas remettre le flirt à la mode ?
53:43 Ça serait bien, mais bon...
53:46 visiblement, on n'en prend pas le chemin.
53:48 Oh, je ne sais pas !
53:50 Je vois tout comme ça dans la rue,
53:52 je trouve que ça flirte quand même beaucoup.
53:54 Oui, bien sûr, bien sûr.
53:55 Il faut toujours se méfier,
53:57 les médias sont un miroir un peu grossissant,
53:59 mais en même temps, ils ont une influence
54:02 sur tout un chacun, évidemment.
54:04 Merci Karen, merci beaucoup d'avoir pris la parole.
54:08 On fait une petite pause et on retrouve Michel,
54:10 qui a également des questions, je crois, à poser.
54:13 A tout de suite.
54:14 Sud Radio, votre avis.

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