Éric de Riedmatten reçoit un invité dans #LHebdoDeLEco pour approfondir un sujet économique…
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00:00 On va parler d'un phénomène qui prend de l'ampleur, c'est le plaisir de dessiner, de peindre et on le doit à la crise Covid
00:05 parce qu'on s'y est mis à la maison. On en parle avec Clémence Blanc, qui est directrice de la marque Lefranc Bourgeois,
00:12 qui est une marque ancienne, née en 1720. Comment mesure-t-on justement cet engouement pour les beaux-arts ?
00:18 Alors on peut le mesurer par une chose très simple, c'est que l'année dernière, en 2023, ça a été une année record pour les musées.
00:25 Vous savez qu'ils ont fait le plein sur toutes leurs expositions. Donc là, ça montre l'engouement réel des Français pour s'intéresser à l'art.
00:34 Et puis nous, on peut le mesurer évidemment avec des indicateurs de vente, de choses très classiques.
00:42 Ça, vous le ressentez. Après le Covid, on s'est mis à peindre à la maison.
00:45 Oui. Je peux vous donner deux chiffres pour illustrer ça. C'est qu'aujourd'hui, il y a à peu près 20 % des Français qui utilisent de la peinture,
00:52 qui peignent de manière vraiment amatrice, comme vous et moi. Oui, voilà. Après, il y a toujours eu des peintres professionnels, bien sûr.
00:59 Mais les amateurs, c'est-à-dire le plus grand nombre de gens qui peint ou qui dessine, on est aux alentours de 20 %.
01:06 Et avant le Covid, on était plutôt aux alentours de 14 %.
01:09 C'est bien monté. Il y a des tutos aussi qui se multiplient sur Internet.
01:14 Oui. Alors évidemment, avec les réseaux sociaux, ça se multiplie. Et comme pour beaucoup de choses, comme pour la cuisine,
01:18 les gens ont envie d'apprendre et de découvrir par eux-mêmes. Il y a beaucoup d'ateliers aussi qui se sont développés.
01:25 Nous, on en organise aussi dans un de nos lieux, qui est la boutique Charbonnel à Paris.
01:28 On organise des ateliers pour faire découvrir au plus grand nombre avec des peintres professionnels qui viennent et qui apprennent à faire découvrir des techniques.
01:36 Alors justement, il y a trois styles. Ça peut être aquarelle, ça peut être peinture à l'huile, ça peut être gouache. C'est quoi qui marche le plus ?
01:42 Oui, ça peut être huile aussi. La première vente, le plus gros segment de peinture, c'est l'acrylique, qui est une peinture qui est plus moderne
01:52 et qui est aussi assez facile, qui a des qualités, par exemple, ça sèche plus vite. Si vous faites de la peinture à l'huile,
01:59 qui est une très vieille, vraiment ancestrale peinture, qui est très prisée des grands peintres, tous les grands peintres peignent à l'huile,
02:05 on voit un rebond en ce moment, un regain d'intérêt aussi pour le retour à ces produits un petit peu anciens, mais qui ont d'autres qualités
02:16 que le fait de sécher vite. Ça met assez longtemps à sécher, donc il faut plus de temps, il faut plus d'espace.
02:22 Ce qui est tout à fait fantastique, moi je l'ignorais, c'est que vous avez créé le tube. On peut le montrer. C'est vous qui l'avez créé.
02:29 Parce qu'avant, les peintres allaient dans leur atelier, ils étaient obligés de faire leur propre couleur avec ça. Mais ça, c'est quoi ?
02:37 Alors, ce petit objet, c'est une vessie de porc. C'est ce qui permettait de contenir la peinture pour les peintres à l'époque,
02:47 jusqu'à la naissance de l'impressionnisme à peu près. Les peintres, à l'époque, travaillaient vraiment en intérieur et protégeaient leur peinture
02:56 et leur pigment comme ça. Et en fait, le franc-bourgeois a contribué à l'essor de l'impressionnisme en permettant aux peintres de sortir des ateliers
03:04 et d'aller peindre en pleine nature, grâce à cette invention qui est le bouchon à pas de vis et qui permet de conserver la peinture de manière étanche,
03:13 sans oxydation. - Et ça a révolutionné la peinture. C'est comme ça que sont nés les grands peintres impressionnistes.
03:19 On commençait par Fontainebleau, La Forêt, je crois. Et puis après, on a vu les peintures en Ormandie. - Et puis voilà, après, il y a eu Giverny.
03:25 Il y a tout un tas d'endroits. Et aujourd'hui, en fait, les 150 ans de l'impressionnisme, c'est vraiment un mouvement qui continue encore à plaire.
03:33 Et vous parliez de la question de l'engouement des Français. Aujourd'hui, toutes les expositions qui releillent ce phénomène et cet anniversaire
03:40 de l'impressionnisme font ça le compte. - Alors, ce qui est extraordinaire, c'est que derrière chaque enfant, il y a un artiste, disait Picasso.
03:48 Mais après, ça se perd parce qu'on a moins le temps. - Exactement. - Donc les enfants naissent artistes, presque, on pourrait dire.
03:53 C'est les premiers dessins à l'école. - Oui. Et puis dès que vous arrivez à l'école, dès le plus jeune âge, même en maternelle,
03:58 on vous donne de la peinture, en fait, pour commencer à s'exprimer, à découvrir les couleurs, les textures, les sensations.
04:05 Et puis il y a un moment où on a un peu plus de temps. C'est après plutôt 50 ans où on a un peu plus de temps pour ce type de loisirs.
04:11 Donc aujourd'hui, il y a une grosse partie des utilisateurs de peinture qui est plutôt au-dessus de 40, 50 ans.
04:17 - Et c'est un vrai savoir-faire, une vraie technologie française, il faut le préciser.
04:21 D'ailleurs, vous détenez les trois marques majeures en France. Donc il y a bien sûr le Franbourgeois, il y a Charbonnel et Conté sont les crayons.
04:28 - Conté Appareil. - Ça, ça reste français. On arrive à conserver. - Donc ces trois marques, en fait, elles appartiennent à ce groupe qui s'appelle Colart,
04:35 qui est un groupe familial et qui a décidé de continuer à préserver le patrimoine et le savoir-faire des Beaux-Arts en France.
04:43 Donc c'est la première usine du monde de Beaux-Arts. Elle est située au Mans, donc à 150 kilomètres d'ici.
04:50 Et on y fabrique là-bas toutes nos peintures. À peu près 80 % de nos volumes qu'on vend dans le monde entier, on vend dans 120 pays.
04:58 80 % des volumes sont faits à l'usine du Mans. Et puis, pour vous citer la marque Conté Appareil, donc ça, c'est des crayons Beaux-Arts aussi,
05:06 qui sont vraiment pour les artistes, mais aussi pour les amateurs. - Avec les fameux H, les B, tout ça, l'épaisseur du crayon.
05:11 - Ça, c'est fabriqué chez le dernier fabricant français de crayons, qui est situé dans la région Rhône-Alpes et qui est notre partenaire sur la fabrication.
05:20 C'est aussi un savoir-faire différent que la peinture. - Oui, parce que là, il faut pouvoir trouver la mine idéale. C'est un vrai...
05:25 - Oui, la mine, le bois, les pigments. - Toute dernière question, le budget peinture, c'est quand même pas donné.
05:30 Il faut quand même avoir des sous pour investir. Est-ce que vous sentez que les prix ont monté avec l'inflation ?
05:36 - Aujourd'hui, les Français qui peignent dépensent à peu près 150 € par an, donc les amateurs éclairés, on va dire.
05:44 Et en fait, on peut vraiment trouver tout type de prix. Et nous, on a des produits plutôt premium et de haute qualité.
05:50 Mais on peut trouver tout type de prix. - Qu'est-ce qui coûte le plus dans un tube de peinture ? Qu'est-ce qui coûte le plus ?
05:54 - Alors ça va dépendre du type de peinture que vous utilisez. Par exemple, là, le produit que vous avez, c'est une peinture à l'huile.
06:00 Ça coûte plus cher qu'une peinture à l'eau, forcément, puisqu'il y a des matières qui sont plus chères dedans.
06:05 Après, entre le contenant et le contenu, c'est à peu près 50/50. - D'accord. Et il n'y a pas de problème d'environnement ?
06:11 Il n'y a pas d'éléments toxiques ? - Alors toutes les peintures à l'eau, c'est des peintures qui sont lavables facilement, voilà,
06:19 et qui sont d'ailleurs très présentes dans les écores. - On ne s'embêtera pas avec la toxicité des produits pour l'instant ?
06:24 - Non. Ce n'est pas une préoccupation. - Il n'y a pas de norme européenne qui va nous... - Il y en a. Mais par exemple,
06:28 Le Franc-Bourgeois a été une marque très pionnière sur ce sujet-là et a retiré des produits qui étaient moins désirables que d'autres.
06:35 - Très bien. Écoutez, merci. On va partir faire de la peinture. Alors on va prendre nos pinceaux. - Profitez-en.
06:39 - Merci beaucoup, Clémence Blanc. Restez avec nous sur CNews. - Merci.
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