Le Petit Mystère de Marly

  • il y a 3 mois
La machine de Marly, qui alimente Versailles et les bassins du parc, est condamnée. Sa disparition permet d’évoquer la première machine dont le souvenir est liée au Château de Modave, en Ardennes, surplombant de 50 m. les rives du Houyaux, et pour lequel il fallait beaucoup d’eau. Un charpentier liégeois, Rennequin Sualem, illettré mais expert en hydraulique, réussit à faire monter l’eau.
En 1667, époque où le parc de Versailles commençait à manquer d’eau, Arnold de Ville, aprés avoir admiré la pompe de Modave, réussit par son entregent à se faire recevoir par le Roi qui lui confia les travaux hydrauliques de Versailles. Mais le relevé hâtif des engrenages de Modave ne suffisant pas, il dut faire appel à Rennequin Sualem.
Comblé d’honneur, de Ville se prétendit l’inventeur de la machine. tandis que Sualem se contenta d’une pension et d’une épitaphe sur sa pierre tombale en l’église de Bougival le reconnaissant comme “le seul inventeur de la machine de Marly”.
Transcript
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00:30C'est dimanche, le soleil brille doucement. Où irons-nous aujourd'hui ?
00:41En quête de promenades dominicales, le Parisien du siècle dernier aurait volontiers gagné les rives de la Seine, un peu au-delà d'Orveille.
00:54Là sont encore les îles où se portèrent tour à tour les pas de coraux, ceux des impressionnistes, peintres des canotiers chers à mots passants.
01:04Un écriteau rouillé rappelle la grenouillère et ses voisines les guinguettes, nos grands-parents savouraient les joies du septième jour.
01:13Disparus les canotiers, disparus les canotières en robe de flanelle bleue ou de flanelle rouge, disparu la grenouillère, mais le paysage garde sa grâce et sa jeunesse.
01:27Et l'on ne serait point étonné de voir surgir la silhouette de Mme Zellivette, entourée par ses prétendants.
01:34Bougival, son Robinson est toujours là et le lapin chasseur y remplace la traditionnelle giblotte.
01:47Sur le flanc du vallon, l'église dresse son beau clocher romand. La nef a été reconstruite.
01:57Mais dans la chapelle, on voit un imposant retable en bois doré. Et derrière le maître-hôtel, de beaux chapiteaux romands.
02:08Dans le bas-côté, droit contre le mur, une épitaphe.
02:12Sigis, honorable personne, sieur, rennequin, suallème, seul inventeur de la machine de Marley, décédé le 29 juillet 1708, âgé de...
02:24Intrigué, l'œil revient en arrière, mais seul inventeur de la machine de Marley, seul inventeur. Pourquoi seul?
02:33Située en aval de Bougival, la machine, dont on annonce depuis le 18e siècle les métamorphoses ou les disparitions successives, aurait-elle été, lors de sa naissance, l'objet d'un conflit?
02:48Elle date dans son état actuel de 1858 et fut installée au frais de Napoléon III.
02:55Accusée de mille mots, bien que devenue, comme son aïeul, une très respectable dame, la machine actuelle est due à l'ingénieur Dufrayer.
03:03Le Larousse du 19e l'exalte en ses termes, chef-d'oeuvre de la construction hydraulique, nous ne croyons pas qu'elle ait créé rien de plus parfait.
03:13Oui, mais tout de même, après plus d'un siècle de bons et loyaux services, les six grandes roues refoulent encore près de la moitié des 40 000 m3 d'eau de puits artésiens que réclament Versailles et ses environs.
03:27Derrière un petit bâtiment charledis en forme de temple, les conduits escaladent de coteaux sans aucun relais.
03:34Tout en haut, une grille, celle du château de Madame Dubarry, qui eut pour origine la maison que Louis XIV fit bâtir pour le baron de ville, gouverneur et inventeur de la machine lui aussi.
03:48Tiens, deux pères, mais une seule fille, la machine.
03:53A l'origine de cette petite énigme, Versailles et son problème, le manque d'eau.
03:59En 1678, le roi fit tambouriner que si quelqu'un pensait pouvoir résoudre le problème, il devait se rendre auprès du ministre, M. Colbert, pour exposer son projet.
04:09Ce fut un Belge qui répondit, Arnold de Ville.
04:13Il venait de Huy, bonne ville du pays de Liège, située au bord de la Meuse.
04:20La cité est la plus pittoresque du fleuve.
04:25Arnold de Ville avait 25 ans.
04:29Ingénieux et remuant, il était le fils du bourgmestre de Huy et, comme son père, licencié en droit.
04:37Mais ni les souvenirs d'un passé glorieux, ni les quatre merveilles légendaires de la ville,
04:46les ponts, où figurait encore l'aigle d'Autriche,
04:49les châteaux,
04:56la rosace ornant la collégiale,
05:01la fontaine,
05:04aucun de ces souvenirs, aucune de ces merveilles ne lui paraissait des témoins suffisants de la grande habileté dont il se sentait capable.
05:10Dédaigné, le bonhomme corneur n'aurait à proclamer ses mérites.
05:15Le jeune homme était aussi observateur qu'entreprenant.
05:18Et certains souvenirs de son adolescence lui permettaient d'imaginer confusément les moyens qu'il pourrait employer pour satisfaire au désir du grand roi.
05:29A quelques kilomètres de Huy s'élève le château de Maudave.
05:33La façade est un parfait exemple de sagesse.
05:37Mais sur l'autre face, tout change.
05:40Romantique, la partie la plus ancienne couronne l'extrême pointe d'un rocher abrupt et domine le cours du Hoyou.
05:48En 1667, le château venait d'être restauré par l'architecte français Jean Goujon.
05:53Là aussi, il fallait de l'eau, beaucoup d'eau.
05:57Le Hoyou bruisait joyeusement dans la vallée et le comte de Marchin, à qui appartenait le château,
06:03contemplait mélancoliquement la rivière.
06:07Comment lui faire gravir les pronds rocheux ?
06:14Un charpentier de Jemez-Psurmeuse s'y employa.
06:18Il s'appelait Renquin Suelen.
06:20Homme simple, il ne parlait que le wallon, mais il était rompu aux travaux hydrauliques.
06:25Aidé probablement par Jean Siane Dupont, charpentier installé à Huy, il construisit une machine.
06:34Et bientôt, l'eau du Hoyou, refoulée vers la tour qui existait encore dans la partie supérieure du parc,
06:46jaillit dans le bassin rond de la cour d'honneur.
06:50On cria au miracle.
06:52Et depuis la fontaine de Huy, le bonhomme corneur proclama la merveille.
06:59Adolescent, Arnold de Ville avait bien entendu admirer la machine.
07:04Mais incompétent, il dut se résigner à faire appel à l'habit l'artisan liégeois.
07:11A peine arrivé en France, Suelen et ses compagnons cherchèrent l'endroit propice à l'établissement d'une machine.
07:17Ils le trouvèrent à Bougival, et les travaux durèrent quatre ans.
07:22Entreprise gigantesque pour l'époque.
07:25Il a fallu barrer la Seine pour placer 14 roues en bois de 12 mètres de diamètre,
07:30faire appel à 1800 ouvriers,
07:33et utiliser des quantités industrielles de bois, de fer, de cuivre, de plomb, et 1200 livres de chandelles.
07:40La machine était un diabolique enchevêtrement de charpente,
07:44un hérissement innombrable de bois et de fer, de leviers, d'éperons, de balanciers,
07:49qui actionnaient 221 pompes étagées en trois groupes.
07:54Dans le même temps, Mansart et Robert de Cotte avaient construit Lac-Duc,
07:58qui, de nos jours, garde encore fière allure.
08:04Le 3 juin 1684, la machine entra en mouvement.
08:10Tout se mit à remuer en gégnant et en gémissant, se heurtant et s'entrechoquant.
08:17Le sol tremblait, et le vent emportait l'écho des sourgrondements de la machine.
08:23Arnold de Ville s'était si bien mis en évidence
08:26qu'il avait réussi sans peine à faire croire à tout le monde qu'il en était l'inventaire.
08:31L'eau, doucement, avait empli les réservoirs de Louvciennes.
08:38Un an plus tard, le roi voulut présider une cérémonie pour fêter l'arrivée de la nymphe saine à Versailles.
08:45C'est peut-être en cette occasion qu'il découvrit le véritable auteur de la machine.
08:50Interrogeant Suellem pour savoir comment il avait résolu le problème,
08:54il s'entendit répliquer dans le rude patois de Liège,
08:57« Tout usant, monsieur, tout usant, en y pensant. »
09:02La machine, la plus merveilleuse qui soit sur terre, était vendue en effigie,
09:06alors que le baron de Ville, comblé d'honneur et d'argent,
09:09se ratait de faire accrocher son portrait dans le salon du château de Maudave.
09:13Et tandis que Reinequin Suellem surveillait son œuvre,
09:17alors séjournait en se riant Marly que Louis, la nature et l'art ont embelli.
09:25« Hélas ! » écrivait Madame Vigée-Lebrun en 1812,
09:30« quand je suis revenu en France, j'ai couru revoir mon noble et riant Marly. »
09:39Le palais, les arbres, les cascades, les bassins, tout avait disparu.
09:48Mais depuis, de nouveaux arbres ont grandi.
09:52On peut encore de Marly revoir les eaux et les bois.
09:57Et Versailles demeure. Versailles et ses miroirs.
10:05Apollon sort de l'onde et tout devient vivant.
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11:31Moralité de cette petite histoire ?
11:35Eh bien, relisez La Fontaine, vous n'aurez que l'embarras du choix.
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