• il y a 5 mois
Sophie Binet, la secrétaire générale de la CGT, est l'invitée de Questions Politiques, le 2 juin 2024 sur France Inter.

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Transcription
00:00 Radio France, en lutte, vous avez signé la tribune "Oui au pluralisme et à l'indépendance des médias audiovisuels publics, non à la fusion"
00:08 parmi une cinquantaine d'autres personnalités culturelles, intellectuelles, syndicales.
00:12 18 000 signatures pour l'instant ont déjà été recueillies en seulement trois jours.
00:17 Qu'est-ce qui vous inquiète le plus dans cette fusion annoncée ?
00:20 Eh bien deux choses. D'abord, pour moi, cette réforme est un mystère parce que quand on regarde notre audiovisuel public,
00:26 il fonctionne plutôt bien, il faut le dire. On a des audiences qui battent des records sur Radio France,
00:31 mais aussi sur France Télé, des programmes d'une grande diversité qui permettent de répondre à l'ensemble des publics.
00:36 Pourquoi est-ce qu'on veut s'engager dans une fusion coûteuse, compliquée d'un point de vue social, alors qu'aujourd'hui, ça fonctionne très bien ?
00:45 On peut améliorer les synergies, mais il n'y a pas besoin de fusionner pour ça.
00:48 Et ensuite, ce qui nous inquiète, c'est que cette fusion, elle a lieu dans un contexte d'austérité budgétaire.
00:53 On en a parlé tout à l'heure. Dans un contexte où le financement de l'audiovisuel public a été déstabilisé
00:58 puisqu'on a mis fin à la redevance qui permettait de financer l'audiovisuel public, ça n'a pas été remplacé par autre chose.
01:04 Et donc, ce qu'on sait dans le privé, c'est qu'à chaque fois qu'on fusionne deux entreprises, c'est pour faire des mutualisations et pour couper dans les coûts.
01:12 Et ce qui est très important pour notre audiovisuel public et pour notre information, c'est la pluralité.
01:18 On a besoin que France Culture ne fasse pas la même chose que France 2.
01:21 Guillaume Darré, une question complémentaire.
01:23 Sur cette question, on voit que l'une des craintes notamment des salariés, c'est le lien entre le local, le national.
01:30 On le voit entre France Bleu, France 3 sur le terrain.
01:33 Qu'est-ce qui vous remonte le plus de la mobilisation sur le terrain, notamment côté syndical ?
01:38 Côté syndical, c'est des inquiétudes effectivement très importantes parce qu'on sait qu'une fusion, ça voudrait dire aussi un gros travail social
01:46 sur l'ensemble des droits sociaux des salariés avec des conventions collectives qu'il faudrait faire atterrir, etc.
01:50 Tout ça, c'est trois ou quatre ans de désorganisation énorme d'un point de vue social et managérial.
01:55 Ça coûte de l'argent d'ailleurs, je veux le dire.
01:57 Et ensuite, de l'autre côté, on sait qu'il y a des objectifs non-dits à cette fusion,
02:01 notamment des objectifs d'économie budgétaire qui pourraient se traduire par des fusions de rédaction,
02:06 des fusions d'antennes et moins de pluralité et de richesse de notre audiovisuel public.
02:12 Pour l'instant, ça, le gouvernement le conteste.
02:14 Oui, sauf que bon, j'avoue que je n'ai pas vraiment confiance dans le gouvernement,
02:20 surtout au vu de ce qui se prépare en termes d'austérité,
02:23 puisque nous sommes très inquiets par le projet de loi de finances 2025 et par ce que prépare Bercy.
02:28 Et la dernière chose que je veux dire, c'est que pourquoi est-ce que j'ai signé cette pétition
02:31 et que j'appelle tous nos auditeurs à signer cette pétition ?
02:35 Parce que c'est un enjeu démocratique d'une façon générale.
02:38 On voit qu'aujourd'hui, nos médias sont dans la tourmente,
02:41 parce que quelques milliardaires ont décidé de transformer les médias français en jeu de monopolie
02:47 et s'amusent à racheter tous les médias, et parce que c'est aussi une stratégie de l'extrême droite
02:52 de prendre la main sur des médias, comme le fait Bolloré en France par exemple,
02:56 pour transformer l'information en opinion et diffuser des fake news à tout va.
03:01 Et donc, face à cette stratégie violente, et qui malheureusement fonctionne,
03:04 c'est ça qui est très inquiétant, on a besoin d'avoir un audiovisuel public fort
03:09 pour avoir une information indépendante et des multinationales
03:12 et des gens d'extrême droite qui veulent imposer leurs idées et prendre le pouvoir.

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