La secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet a demandé mardi que soit organisé en France un référendum sur le réforme des retraites, avant de rencontrer en fin de journée le président Emmanuel Macron pour la première fois.
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00:00 France Inter, Léa Salamé, Nicolas Demorand, le 7-10.
00:06 Et avec Léa Salamé, nous recevons ce matin dans le grand entretien du 7-10, la secrétaire
00:11 générale de la CGT.
00:13 Intervenez, amis auditeurs, amis auditrices, au Standard 01 45 24 7000 ou sur l'application
00:20 de France Inter.
00:21 Sophie Binet, bonjour.
00:22 Bonjour.
00:23 Et bienvenue à ce micro.
00:24 Je rappelle que vous avez pris la succession de Philippe Martinez en avril dernier.
00:29 C'est donc votre première rentrée comme secrétaire générale de la CGT.
00:33 Alors, comme on l'a demandé hier à Bruno Le Maire, qu'est-ce qu'on peut vous souhaiter
00:37 pour cette rentrée, et plus largement pour cette année syndicale ?
00:40 Des victoires pour les salariés.
00:42 Je crois qu'on en a besoin, parce que la colère, elle est toujours très forte.
00:44 Il suffit d'écouter vos informations pour voir que les sujets de préoccupation, malheureusement,
00:48 ne manquent pas.
00:49 Avec une réforme des retraites qui s'applique à marche forcée dans des conditions inacceptables,
00:54 avec des salaires qui décrochent de l'inflation, des services publics qui vont mal entre l'hôpital
00:58 et l'école, et puis surtout un été qui a été marqué par encore des canicules,
01:03 et le gouvernement qui ne nous a toujours pas dit comment il va faire face à cette
01:06 transition environnementale indispensable.
01:08 Et on voit bien qu'on fonce dans le mur à grande vitesse.
01:10 Alors, hier à ce micro, Bruno Le Maire n'avait évidemment pas le même son de cloche et
01:14 le même ton que vous.
01:15 Au contraire, il a dit "je veux lutter contre le pessimisme".
01:18 Je ne sais pas si vous vous visez.
01:19 "Je suis résolument optimiste".
01:21 Il a vanté les bons résultats économiques de la France à ses yeux.
01:25 Une croissance qui est supérieure à celle de ses voisins, un chômage en baisse, des
01:28 usines qui ouvrent.
01:29 Vous ne partagez aucun point d'optimisme du ministre de l'économie ?
01:35 On ne vit pas dans le même monde en fait.
01:36 Je pense qu'il y a une part de mépris de classe.
01:38 Quand il y a quasiment la moitié des Françaises et des Français qui ne partent pas en vacances,
01:43 c'est de la provocation de leur dire qu'il faudrait qu'ils soient plus optimistes.
01:45 Et puis ensuite, sur la situation économique du pays, non, l'industrie, malgré les
01:50 cocorico du gouvernement, ne va pas bien.
01:52 Les usines continuent à fermer.
01:54 J'ai été la semaine dernière à Clestra, à Strasbourg.
01:57 C'est une usine qui fabrique des cloisons de bureaux.
01:59 Je suis sûre qu'ils ont fabriqué celle de la maison de la radio.
02:01 Elle a été rachetée par un actionnaire qui s'appelle la famille Jacot l'année
02:06 dernière, qui s'est engagée à maintenir l'emploi en échange de 5 millions d'euros
02:09 d'aides publiques et qui est en train de démenter l'entreprise.
02:10 Il y a des usines qui ferment, vous avez raison, il y en a qui ouvrent.
02:13 Oui, mais pas en nombre suffisant pour reconstituer notre tissu industriel qui reste extrêmement
02:19 faible.
02:20 Le fait de dire qu'on a baissé le chômage de 9% à 7% et qu'on vise les 5%, on peut
02:26 y arriver, vous y voyez aussi un optimisme à côté de la plaque ? Ou vous y voyez aussi
02:32 un mépris de classe ? Parce que vous employez le terme d'essayer de trouver du travail
02:35 aux gens ?
02:36 Le chômage, il baisse partout en Europe et il baisse en France moins vite qu'ailleurs
02:40 en Europe puisque la France est toujours au-dessus de la moyenne européenne en termes de niveau
02:44 de chômage.
02:45 Il ne faut pas oublier qu'il y a toujours 5 millions de personnes qui sont privées
02:47 d'emplois, sur les questions industrielles toujours, rien que la filière automobile,
02:52 sous deux ans c'est 50 000 emplois qui sont menacés.
02:55 Le gouvernement donne plusieurs milliards d'euros annuels d'aide publique à la filière
03:00 automobile et ne fait rien pour garantir l'emploi en France et la transition avec l'électrique
03:04 pour que l'électrique soit produit en France.
03:05 Le chômage est passé de 9% à 7%, Emmanuel Macron vise 5%, soit le plein-emploi, c'est
03:12 atteignable à votre avis ?
03:13 C'est atteignable si on s'en donne les moyens.
03:15 Et pour ça, il faut avoir une politique publique volontariste, à commencer par agir
03:20 sur les aides publiques aux entreprises.
03:21 C'est chaque année 200 milliards d'euros qui sont donnés aux entreprises sans contrepartie
03:25 ni condition, c'est un tiers du budget de l'État.
03:27 Si on utilisait ces aides publiques, on aurait un levier majeur pour transformer l'économie
03:31 et répondre aux défis environnementaux.
03:32 En tout cas, vous serez reçu ce soir par le président de la République, par Emmanuel
03:37 Macron, comme vos homologues de la CFDT et du MEDEF, mais pas avec eux.
03:42 Vous serez un tête-à-tête avec le président de la République, c'est la première fois
03:45 que vous la rencontrez ?
03:46 Oui.
03:47 Et qu'est-ce que vous allez lui dire ?
03:48 D'abord, je vais lui dire qu'il faut qu'il descende de sa tour d'ivoire.
03:52 Je vais lui dire que j'entends avec intérêt parler de référendum et que le premier sujet
03:55 sur lequel il faut organiser un référendum, c'est la réforme des retraites, parce que
03:59 cette réforme ne passe toujours pas.
04:02 Et puis, je vais lui dire que la répression syndicale, ça va trop loin.
04:05 On a franchi un cap en cette rentrée avec un dirigeant national de la CGT qui est convoqué
04:09 pour la première fois devant le commissariat pour avoir organisé la mobilisation pendant
04:14 la réforme des retraites.
04:15 C'est un signal qui est donné au plus haut sommet de l'État, qui est extrêmement
04:19 mauvais.
04:20 Après la longue mobilisation contre la réforme des retraites cet hiver dernier, l'intersyndical
04:25 appelle à une nouvelle journée d'action le 13 octobre prochain.
04:28 Est-ce qu'il y a une volonté de prendre votre revanche sur le gouvernement sur ce
04:35 sujet des retraites ? De jouer en quelque sorte, je mets des guillemets, un match retour ?
04:39 Non, pas du tout, c'est jamais l'état d'esprit des salariés et des syndicats.
04:43 Nous, ce que nous voulons, c'est obtenir des avancées concrètes parce que la situation
04:46 elle est mauvaise.
04:47 Et donc nous ne nous résignons pas à être les spectateurs d'un désastre annoncé,
04:53 puisqu'on voit bien qu'on fonce dans un mur à grande vitesse.
04:56 Nous voulons gagner par notre mobilisation des augmentations de salaires.
05:00 Nous voulons gagner l'égalité entre les femmes et les hommes.
05:03 Nous voulons gagner une amélioration de nos services publics, notamment de la situation
05:07 des écoles et des hôpitaux.
05:09 Et nous voulons avoir…
05:10 Ça c'est la journée de mobilisation, parce que sur les retraites, vous aviez déclaré
05:13 mi-juin, on va utiliser tous les leviers pour empêcher le gouvernement d'appliquer cette
05:18 réforme.
05:19 De fait, elle va être appliquée à partir du 1er septembre.
05:22 Vous pouvez encore faire quelque chose pour empêcher la réforme des retraites ? Ou vous
05:26 dites, bon, on n'y est pas arrivé, on a perdu sur ce sujet-là ?
05:30 Ah bien sûr qu'on continue à agir sur la question.
05:33 D'abord, je demande au président de la République d'organiser un référendum
05:35 sur le sujet qui nous permettrait de sortir de l'impasse.
05:38 Ensuite, nous avons actuellement des négociations extrêmement importantes, dont une sur l'Agir
05:42 Carco, c'est les retraites complémentaires des salariés du privé.
05:45 Ça représente entre 20 et 60% du montant de la pension.
05:48 Donc c'est quand même pas rien.
05:49 Ces négociations vont s'ouvrir le 5 septembre prochain.
05:52 Nous allons y aller de façon très offensive pour limiter l'impact de la réforme du
05:57 régime général.
05:58 Nous avons aussi des négociations sur la question de la pénibilité que nous battons
06:04 pour obtenir dans toutes les branches, pour gagner des départs anticipés.
06:07 Et puis enfin, je veux alerter ici à ce micro sur les conditions scandaleuses d'application
06:11 de la réforme des retraites, puisqu'il y a des choses très graves qui se passent,
06:15 avec des consignes qui sont données aux agents de la CNAV, notamment la Caisse Nationale
06:19 d'Assurance Vieillesse, à qui on a dit de ne pas informer les salariés de leurs droits
06:23 et notamment de ne pas les informer de la clause de sauvegarde.
06:26 La clause de sauvegarde, c'est un dispositif qui concerne les salariés qui ont eu 60 ans
06:31 avant le 1er septembre et qui leur permet de ne pas être pénalisé par la réforme
06:35 des retraites et de partir dès 60 ans.
06:36 Et on a demandé aux agents de ne pas informer et seulement de répondre si les salariés…
06:40 Vous avez la preuve de ça ?
06:41 Oui, tout à fait.
06:42 J'ai la preuve.
06:43 Preuve écrite qu'on leur a demandé surtout de ne pas informer les salariés de leurs droits ?
06:45 On leur a dit qu'ils pouvaient en parler quand on leur posait la question.
06:48 Mais on leur a dit qu'il ne fallait pas informer systématiquement les salariés
06:51 concernés par ce dispositif de la situation, alors qu'au vu des conditions extrêmement
06:56 rapides d'application de la réforme des retraites, évidemment que tout le monde n'est
06:59 pas au courant de cette disposition.
07:00 Donc informez-vous sur la clause de sauvegarde.
07:02 Sophie Binet, avez-vous le sentiment que les Français ont à nouveau envie de descendre
07:06 dans la rue cet automne ?
07:07 Oui, il y a une colère qui est extrêmement forte.
07:10 La preuve, il y a aussi des luttes sectorielles.
07:13 Moi, j'étais jeudi, encore une fois, à Clestra, à Strasbourg, avec des ouvriers
07:17 qui font grève depuis deux mois pour exiger des réponses sur l'avenir de leur emploi.
07:22 Je serai ce vendredi à Val d'Une, dans le Nord, sur l'avenir de la seule entreprise
07:29 de production de roues de train, Dessieux, qui est menacée alors qu'en France, entre
07:34 la SNCF et la RATP, Alstom, on est en situation de garantir un avenir au Made in France en
07:39 matière d'essieux de train.
07:40 Bref, il y a de très nombreuses mobilisations, de très nombreux motifs de colère.
07:45 Et oui, je suis sûre que la mobilisation du 13 octobre sera une réussite, ce d'autant
07:49 qu'elle s'organise à l'échelle européenne.
07:51 Oui, vous avez choisi une journée où tous les syndicats européens appellent à une
07:56 mobilisation.
07:57 Vous espérez retrouver les plus de 1 million, presque 2 millions de personnes qui sont descendues
08:04 dans la rue au mois de janvier-février contre la réforme des retraites ? C'est ça que
08:07 vous visez ?
08:08 C'est dans un mois et demi, donc je ne vais pas donner de pronostic chiffré.
08:10 Ce qui est sûr, c'est que la journée dépendra de ce que nous en ferons et que notre objectif,
08:14 c'est de nous en servir pour gagner des droits concrets.
08:16 Oui, mais justement, quand on lit votre communiqué, il est assez flou, que ce soit celui de l'inter-syndical.
08:21 On ne comprend pas bien.
08:22 Quelles sont les revendications concrètes de cette journée ? C'est quoi ?
08:24 Les revendications, je l'ai dit, c'est…
08:26 Est-ce que vous êtes d'accord entre syndicats ?
08:27 Evidemment, sinon on n'appellerait pas ensemble à cette journée.
08:30 Mais sur les revendications ?
08:31 On a quand même un communiqué de presse qui est long avec de très nombreuses revendications.
08:35 C'est peut-être pour ça que vous n'arrivez pas à les résumer.
08:38 La question de l'augmentation des salaires a commencé par l'augmentation du SMIC,
08:41 la question de l'égalité entre les femmes et les hommes.
08:44 Et donc, nous avons des propositions très concrètes sur, par exemple, la révision
08:47 de l'index égalité salariale qui est un enfumage complet sur les questions d'égalité
08:52 femmes-hommes.
08:53 Vous parlez des salaires puisque vous êtes sur les salaires.
08:54 Vous, vous demandez l'indexation des salaires sur l'inflation.
08:58 La CFDT ne demande pas ça.
09:01 Elle demande autre chose.
09:03 L'indexation des salaires sur l'inflation, le gouvernement vous répond non parce que
09:07 ça créerait une spirale inflationniste.
09:10 Parce qu'en gros, ce qu'ils disent, en tout cas selon eux, augmenter les salaires,
09:13 ça va forcément augmenter les prix.
09:15 Et donc, c'est le serpent qui se mord la queue.
09:16 Vous l'entendez cet argument ?
09:18 Non, c'est de la science-fiction.
09:19 Aujourd'hui, ce qu'on voit, ce n'est pas la boucle prix-salaires, c'est la boucle
09:23 prix-profits.
09:24 Avec des entreprises qui augmentent leurs prix pour maintenir leurs marges et pour continuer
09:28 à augmenter les dividendes pour leurs actionnaires.
09:30 Il y a deux endroits dans lesquels les salaires sont indexés sur les prix.
09:33 C'est la Belgique et le Luxembourg.
09:35 Et dans ces deux pays, il y a une croissance supérieure à celle de la France, un taux
09:38 de chômage plus bas et le pouvoir d'achat est maintenu.
09:40 Hier, à ce micro, Bruno Le Maire nous disait que mener le combat contre l'inflation,
09:47 contre la vie chère, était le combat de la rentrée.
09:51 Pour lui, il réunit cette semaine à Versy, industriel et patron de la grande distribution.
09:56 Il compte leur demander de s'engager davantage, de prolonger les opérations de baisse des
10:01 prix sur mille produits essentiels.
10:02 Vous lui faites confiance sur ce point ?
10:04 En fait, c'est trop marginal.
10:07 Il faut arrêter de… C'est de la communication tout ça.
10:10 Et ça ne se traduit que trop peu dans le réel, puisque sur un an, c'est près de 20% d'augmentation
10:15 des prix alimentaires en supermarché.
10:17 Les salaires sont loin d'avoir augmenté autant, donc il y a un décrochage massif
10:20 du pouvoir d'achat.
10:21 Là-dessus, le gouvernement a des leviers.
10:22 D'abord, c'est la question salariale.
10:25 Ensuite, il peut agir sur la question des prix de l'énergie, où on se retrouve quand
10:29 même dans une situation complètement ubuesque, où on demande à l'opérateur historique
10:33 EDF de vendre son énergie à des prix bradés pour que les concurrents puissent spéculer
10:37 sur le marché de l'énergie et augmenter leurs prix.
10:40 Il faut mettre fin à ça.
10:41 Il y a eu des aides sur les factures d'électricité et de gaz.
10:46 Elles s'arrêtent et on met fin aux tarifs réglementés, là, cet été, ce qui engendre
10:51 une augmentation de plus de 10% des prix de l'électricité.
10:53 C'est avec ça qu'il faut rompre.
10:54 - Allez, donnons la parole aux auditeurs d'Inter.
10:57 Gérard André nous appelle de Bourgogne.
10:59 Soyez le bienvenu, bonjour.
11:01 - Oui, bonjour madame.
11:04 Merci de prendre la question.
11:06 Écoutez, pourquoi attendre le 13 octobre ? Si vous voulez, je suis membre de la CGT
11:12 depuis plus de 50 ans, donc il n'y a pas de problème, pas de défiance.
11:16 Je vois un discours qui est assez fort.
11:18 Mais pourquoi attendre le 13 octobre pour relancer une contestation qui est très, très
11:25 forte dans le pays, qui n'a pas bougé d'un iota et une inflation qui est galopante ? La
11:32 retraite à 64 ans, écoutez, c'est absolument impensable.
11:37 On ne veut pas de cesse à 80% dans ce pays.
11:40 Un gouvernement qui met à genoux le pays et qui dispense de l'argent aux plus aisés…
11:49 - Pourquoi attendre alors qu'il y a des chantiers de cette nature ?
11:54 Merci Gérard André.
11:55 Marlène, sur l'application d'Inter, dit la même chose.
11:57 La rentrée inter-syndicale le 13 octobre avec une journée de grève nationale, ne pensez-vous
12:02 pas que c'est un peu tard avec la colère que vous décrivez ?
12:05 - Ben non, parce que pour réussir le 13 octobre, il faut avoir le temps de le préparer.
12:10 Là, on a un mois et demi pour préparer en grand cette réussite de cette journée du
12:15 13 octobre que nous voulons massive.
12:17 Et puis, entre-temps, il ne va pas rien se passer.
12:19 Il y a des mobilisations de très nombreuses entreprises pour des augmentations salariales,
12:22 pour le maintien de l'emploi.
12:23 Il y a aussi des journées nationales en lien avec des revendications.
12:27 Je pense notamment à la question du frais de ferroviaire, sur laquelle nous sommes extrêmement
12:30 inquiets parce que le gouvernement est en train de démanteler le frais de ferroviaire
12:34 sous les injonctions de Bruxelles et n'est pas capable de construire un rapport de force
12:38 pour se faire respecter et pour défendre le service public.
12:41 Donc, au mois de septembre, il y aura beaucoup d'actions.
12:44 - Donc, vous rassurez nos auditeurs qui ont envie de se mobiliser dès demain.
12:48 - Question de Doom.
12:49 Comment remettre les gens au travail ? Je suis actuellement au chômage, j'ai 58 ans
12:53 et un dynamisme fort.
12:55 Mais quel programme avez-vous pour les seniors, Sophie Binet ?
12:59 - Très bonne question, parce qu'on se pose la question maintenant, après avoir allongé
13:04 l'âge de départ en retraite, alors qu'on sait que, passé 55 ans, les entreprises ne
13:08 veulent plus des seniors.
13:09 Donc, d'abord, il faut mettre fin aux licenciements massifs des seniors, qui sont les premiers
13:14 concernés par les ruptures conventionnelles, par les ruptures conventionnelles collectives,
13:18 par les licenciements, en décourageant les employeurs d'y recourir.
13:22 Ensuite, il faut rendre obligatoire la formation des seniors pour qu'ils soient maintenus
13:30 en emploi, et puis nous voulons des dispositifs de pré-retraite pour permettre de partir
13:34 progressivement à la retraite.
13:36 - Un mot sur le Medef.
13:37 Préoccupés par la décision du gouvernement de reporter la suppression de la CVAE, ça
13:40 vous fait sourire ? Cet impôt de production que le gouvernement avait promis de supprimer
13:43 définitivement en 2024, finalement ils vont étalonner jusqu'à la fin de 2027.
13:48 Ils sont en colère les patrons, vous comprenez ?
13:50 - Non.
13:51 Enfin, si, je comprends, parce qu'ils ont eu de très mauvaises habitudes et parce que
13:55 les aides publiques, je rappelle, c'est quand même 200 milliards d'euros chaque année.
13:59 Maintenant, pour les patrons, c'est devenu une drogue dure.
14:01 Et donc, je les incite, là, maintenant, il faut commencer à travailler pour décrocher.
14:06 - Est-ce que vous êtes sensible, il y a eu ce chiffre paru hier, sur de plus en plus
14:10 de petits patrons qui se retrouvent au chômage et qui n'ont pas d'aide, notamment des
14:17 gens qui perdent leur boutique, qui avaient une petite boutique, ou dans l'hôtellerie
14:20 restauration, c'est-à-dire les secteurs qui sont percutés par la crise de manière
14:24 forte.
14:25 Est-ce que ça vous sensibilise ?
14:26 - Oui, tout à fait.
14:28 En fait, le problème sur les 200 milliards d'aides publiques qui sont données chaque
14:31 année aux entreprises, c'est qu'elles ne sont pas ciblées et qu'elles sont d'abord
14:34 absorbées par les grands groupes qui ne sont même pas exposés à la concurrence.
14:38 C'est pour ça que nous demandons d'abord une évaluation de ces aides.
14:41 Nous demandons à ce que les syndicats puissent avoir un droit suspensif pour ces aides dans
14:46 le cas où elles n'obéissent à aucun objectif social, environnemental ou en matière de
14:50 recherche.
14:51 Et nous demandons à ce qu'elles soient plus ciblées sur les secteurs exposés à la concurrence,
14:55 les entreprises ou la transformation environnementale par exemple.
14:58 - Karim au Standard Inter, vous nous appelez de Lyon, bienvenue !
15:02 - Bonjour, ravi de vous retrouver à l'antenne.
15:04 Bonjour Léa et bonjour Madame Binem.
15:07 Moi je suis délégué de personnel de pilage de 22 ans, actuellement je suis à la retraite.
15:12 Il va bien falloir réévaluer régulièrement le montant des retraites parce que là, je
15:18 m'en sors pas.
15:19 J'ai repris un travail, je me lève à quatre-vingt-quarts pour payer l'école de mon fils à Montréal.
15:25 Et là, il va y avoir le sexe foncière qui va encore augmenter et c'est de plus en plus
15:31 difficile.
15:32 J'ai quatre, je me plains pas.
15:33 Moi je me lève le matin et je vois des choses assez hallucinantes.
15:35 Quand je travaille par exemple chez Amazon à Lyon, il y a des gens qui sont à la retraite,
15:41 il y en a ma main qui est à 75 ans, 75 ans, vous imaginez ! A manipuler des gros colis,
15:45 c'est inadmissible.
15:46 - Et vous, vous avez quel âge Karim ?
15:48 - J'ai 63 ans, je suis ingénieur et je me plains pas.
15:51 Et je me lève le matin, comme je vous le disais, en intérim pour mettre des bouteilles
15:56 dans les rayons parce que moi je veux reprendre un travail qui me fait un peu de souci des
15:59 fois quand on rentre à la maison.
16:01 Et voilà, j'en suis là.
16:03 J'en suis là.
16:05 - Merci Karim pour votre intervention et votre témoignage.
16:10 Comment les recevez-vous Sophie Binet ?
16:13 - C'est le sujet auquel il faut répondre.
16:15 C'est le fait que malgré une vie de labeur, il y a de plus en plus de retraités qui vivent
16:18 avec des pensions qui sont en dessous ou autour du seuil de pauvreté qui ne leur permettent
16:23 pas de boucler leur fin de mois.
16:25 Donc il faut revaloriser les pensions d'urgence.
16:27 C'est un objectif aussi qu'on va porter dans cette négociation Agir Carco sur les retraites
16:31 complémentaires qui s'ouvrent en septembre et un objectif sur lequel on interpelle le
16:34 gouvernement.
16:35 - Une question de Laura sur l'appli France Inter.
16:37 En exigeant une augmentation générale des salaires, vous continuez d'écraser les TPE
16:41 et les PME qui ne peuvent plus embaucher, qui n'ont pas les moyens d'augmenter les salaires.
16:45 Ces entrepreneurs n'ont pas d'actionnaires ni de dividendes à verser, juste une marge
16:49 à respecter pour vivre et payer leurs charges.
16:51 - Il faudrait un grand plan en France pour les entreprises de taille intermédiaire et
16:56 les petites entreprises qui sont asphyxiées par les grands groupes.
16:59 Il faudrait un plan pour par exemple mettre fin aux abus sur les délais de paiement parce
17:02 que le premier motif de faillite des entreprises c'est les délais de paiement qui ne sont pas
17:06 respectés par les grands groupes ou les entreprises.
17:09 Il faudrait un grand plan pour cibler les aides publiques sur ces petites entreprises
17:15 et arrêter que toute politique économique ou industrielle soit calquée sur les intérêts
17:19 des grands groupes ou des actionnaires.
17:20 - Mais si vous décidez d'indexer les salaires sur l'inflation, de fait ils vont être impactés
17:28 ces petits patrons.
17:29 - Bien sûr.
17:30 - Parce qu'ils n'ont pas les moyens d'indexer les salaires sur l'inflation.
17:32 - Oui, enfin aussi les petites entreprises sont les principales bénéficiaires de la
17:35 consommation générée par l'augmentation des salaires.
17:38 Donc elles ont aussi besoin que les françaises et les français puissent consommer.
17:42 Ce qu'il faut c'est des mesures ciblées pour les petites entreprises pour leur permettre
17:47 d'avoir plus de marge de manœuvre et cesser que les aides publiques soient captées par
17:51 les grands groupes.
17:52 - Rose, sur l'appli d'Inter, comment voyez-vous la rentrée scolaire dans quelques jours avec
17:56 un nouveau ministre ? La CGT ne se bat pas vraiment pour l'augmentation du salaire des
18:01 enseignants.
18:02 Ce n'est pas prioritaire pour vous ?
18:04 - Je ne suis pas d'accord.
18:06 Je pense que c'est un problème majeur que les enseignants en France soient parmi les
18:10 plus mal payés des pays de l'OCDE.
18:12 C'est ça qui explique en grande partie le manque d'attractivité du métier d'enseignant
18:17 et le fait qu'il y ait plus de 3000 postes en cette rentrée qui ne soient pas pourvus
18:20 avec des milliers d'élèves qui se retrouveront sans enseignant devant leur classe.
18:24 Donc nous sommes très inquiets sur les conditions de rentrée scolaire et nous demandons deux
18:28 choses en urgence.
18:29 La première chose c'est de revaloriser les salaires des enseignants et ce n'est pas le
18:33 pacte proposé par le gouvernement qui va y répondre.
18:35 Et la deuxième chose c'est de rétablir des dispositifs de pré-recrutement pour satisfaire
18:40 aux besoins d'avenir en matière d'enseignants et de personnel éducatif.
18:44 - Sophie Binet, vous qui avez été conseillère principale d'éducation, qui avez été CPE
18:47 dans une autre vie en lycée professionnel, vous pensez quoi à la décision du ministre
18:51 de l'éducation nationale de supprimer les abayas à l'école ?
18:54 - Oui, bah écoutez, les signes religieux c'est clair, ils n'ont pas leur place à
18:59 l'école.
19:00 C'est nécessaire de rappeler la règle pour les quelques établissements dans lesquels
19:03 il peut y avoir un problème.
19:04 Par contre ça ne vaut pas une rentrée politique aux 20h.
19:06 Le problème c'est que de faire sa rentrée politique sur cette question-là, en faisant
19:10 cela, le ministre de l'éducation nationale instrumentalise le sujet pour évacuer les
19:15 questions centrales de la rentrée pour l'ensemble des enseignants et des élèves qui sont d'abord
19:20 le manque d'enseignants et d'enseignantes et le fait qu'il y a des milliers d'élèves
19:22 qui se retrouveront sans enseignants.
19:24 - Il en a parlé aussi aux 20h de TV1.
19:26 - Oui, sauf que maintenant on ne parle que des abayas et plus on en parle...
19:29 - Mais je note que vous soutenez la décision du gouvernement.
19:31 - Bah en fait, moi ce que je conteste c'est d'en faire une décision politique.
19:36 Techniquement il faut avoir des règles claires pour les équipes éducatives mais par contre
19:41 le problème c'est que plus on en parle, plus on fait augmenter le phénomène et ça c'est
19:43 très dangereux.
19:44 Moi je l'ai vu comme conseillère principale d'éducation.
19:46 - Vous avez vu quoi ?
19:47 - Le fait que plus on stigmatise une religion, plus on insiste sur tel ou tel signe religieux,
19:52 plus on assiste à l'augmentation du phénomène.
19:54 - Mais c'est contradictoire ce que vous dites.
19:56 Vous dites qu'il faut des règles claires et il faut interdire les abayas dans l'école.
20:01 - Oui, bien sûr qu'il faut des règles claires de toute manière qui s'inscrivent dans la
20:05 loi de 2005 que la CGT a soutenue.
20:07 - Et qui comprennent les abayas puisque c'est le phénomène les plusieurs proviseurs alertent
20:11 sur…
20:12 - Dès lors que c'est considéré comme un signe religieux, évidemment qu'il faut l'interdire
20:14 comme les autres.
20:15 Mais le problème de faire sa rentrée politique sur le sujet, c'est que ça instrumentalise
20:19 le phénomène, que ça stigmatise une population et que de fait, ça ne fait qu'inciter à
20:24 ce que l'accessoire soit encore plus porté.
20:26 - Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur, appelle la majorité à se préoccuper davantage
20:31 des classes populaires.
20:32 Il estime une victoire de Marine Le Pen à la prochaine présidentielle.
20:36 C'est probable si la majorité laisse filer une majorité des classes populaires et moyennes
20:41 chez la leader du RN.
20:43 Qu'en pensez-vous ?
20:44 - Le bilan de Gérald Darmanin en direction des classes populaires, c'est la répression
20:50 massive, notamment pendant la réforme des retraites.
20:52 Les priorités des classes populaires, c'est les salaires, les services publics, l'école,
20:58 l'hôpital et Darmanin et son gouvernement mènent une politique au service des grands
21:03 groupes, des intérêts financiers des plus riches.
21:05 Donc il ne faut pas prendre les travailleuses et les travailleurs pour des abrutis.
21:08 - Merci Sophie Binet d'avoir été un autre micro ce matin.