Demain l'Europe : Raphaël Glucksmann (Parti socialiste-Place publique, liste Réveiller l'Europe)

  • il y a 3 mois
Toute la matinée, douze têtes de liste ou leurs représentants se succèdent sur le plateau de "Demain l'Europe", à suivre en direct sur le canal 27 de la TNT, sur le site et l'antenne radio de franceinfo. Un événement qui se prolonge dans Le Talk de franceinfo, sur Twitch, avec les candidats qui répondent en direct aux questions posées par les internautes.

Category

🗞
News
Transcript
00:00 On accueille celui qu'on surnomme le troisième homme de cette campagne, Raphaël Glucksmann,
00:05 c'est de l'iste, parti socialiste, place publique, en prénom.
00:09 Bonjour Raphaël Glucksmann.
00:11 Bonjour.
00:12 Bonjour, installez-vous.
00:13 Bonjour.
00:13 Sadia, allez-y.
00:15 Bonjour Raphaël Glucksmann.
00:16 337 mesures dans votre programme pour les européennes qui assument, je cite,
00:21 "une avancée fédérale de la construction européenne".
00:24 Ça veut dire de moins en moins de France et de plus en plus d'Europe ?
00:28 Déjà, bonjour à toutes et tous.
00:32 Non, ça ne veut pas dire de moins en moins de France,
00:33 ça veut dire qu'on assume la construction européenne jusqu'au bout,
00:37 qu'on sort de l'entre-deux.
00:39 Moi, vous savez, je ne me lève pas le matin en disant "fédéralisme européen, fédéralisme européen".
00:44 Ce que je veux, c'est que la France puisse redevenir puissante,
00:47 qu'on puisse reprendre en main notre destin,
00:50 qu'on puisse imposer des règles aux multinationales,
00:52 qu'on puisse protéger nos industries, qu'on puisse construire notre défense commune,
00:56 qu'on puisse mettre fin au dumping fiscal entre pays européens.
00:59 Et pour faire ça, on a besoin d'avancées fédérales de l'Union européenne.
01:06 La manière dont on prend les décisions aujourd'hui à l'échelle européenne, ça nous bloque.
01:10 Des paradis fiscaux peuvent bloquer les mesures de cohérence fiscale,
01:14 et ce sont les Françaises et les Français qui en payent le prix.
01:16 De la même manière, Orban, le dirigeant hongrois,
01:19 peut bloquer les sanctions à l'égard de la Russie.
01:21 Mais ça veut dire quoi, juste, sur l'architecture européenne,
01:24 pour que les gens qui nous écoutent comprennent bien ?
01:26 Est-ce que votre Europe à vous, ce sont par exemple comme les États-Unis,
01:30 avec des États, mais en fin de compte, il y a un État fédéral ?
01:35 Ça veut dire qu'à l'échelle européenne, on prend des décisions à la majorité.
01:41 Ça veut dire qu'un État n'a pas le droit de veto sur les progrès de l'ensemble du continent.
01:46 Ça veut dire que quand on décide de normes écologiques,
01:49 eh bien elles s'imposent à l'ensemble du continent européen.
01:53 Ça veut dire qu'on est capable d'avoir une voie commune
01:56 quand par exemple la bande de Gaza est réduite en cendres.
01:59 Ça veut dire qu'on est capable d'assurer nous-mêmes notre défense
02:03 face à la guerre que mène Vladimir Poutine sur notre continent,
02:06 sans dépendre des États-Unis, pour savoir si nos capitales seront défendues.
02:09 Mais Raphaël Glucksmann, ça veut dire que s'il y a une décision qui est prise par les autres...
02:13 Pas par les autres, par les européens.
02:15 Si on n'est pas d'accord, la France n'a pas son droit de veto,
02:17 donc on se laisse imposer des décisions.
02:20 Mais ça veut dire qu'on construit l'Europe.
02:22 C'est pas une perte de souveraineté française ?
02:24 Mais aujourd'hui on n'a pas de souveraineté française.
02:26 Aujourd'hui des multinationales nous imposent leurs règles.
02:29 Donc demandons-nous, aujourd'hui on perd notre industrie au profit de la Chine.
02:34 Aujourd'hui on n'est pas capable de protéger les producteurs français.
02:38 Donc à quelle échelle on peut le faire ? C'est ça l'enjeu.
02:41 À quelle échelle on peut le faire ? À quelle échelle on peut redevenir souverain ?
02:44 Eh bien c'est à l'échelle européenne.
02:46 Et oui, quand il y aura une décision sur la protection par exemple des minorités,
02:50 eh bien le gouvernement hongrois ne pourra pas s'y opposer
02:54 parce qu'on touche là à des droits fondamentaux de la personne humaine.
02:57 Et oui, il y aura des moments où la France, par exemple,
03:00 qui peut être en retard sur certains aspects,
03:03 par exemple la lutte contre les violences faites aux femmes,
03:05 eh bien bénéficiera du fait que ce soit la majorité des européens qui décide.
03:09 Je vais être plus concret, s'il y a l'Allemagne et la Pologne par exemple
03:12 qui se mettent d'accord sur une réforme de la PAC
03:14 et les agriculteurs français sont contre,
03:15 ça veut dire que cette réforme elle passe et la France a perdu.
03:18 Mais ça veut dire qu'en fait on va avoir un débat public européen
03:23 et qu'on sera capable de construire des majorités.
03:25 Et la PAC actuelle, vous savez, qui est défendue par la France,
03:28 eh bien elle bénéficie aux plus grands exploitants
03:31 et elle ne bénéficie pas aux agriculteurs qui ont exprimé à juste titre leur colère,
03:35 qui travaillent 70 heures par semaine pour toucher 700 euros par mois.
03:40 Et la PAC, la politique agricole commune,
03:42 qui est largement portée par des lobbies français,
03:45 eh bien elle est à la fois anti-écologique
03:47 et elle ne bénéficie pas à ceux qui en ont le plus besoin dans le monde agricole.
03:51 Donc en fait il faut un débat public européen.
03:53 Déjà on a délégué de la souveraineté, beaucoup de souveraineté.
03:56 Et simplement, eh bien il n'y a pas l'attention du public,
03:59 il n'y a pas de débat démocratique.
04:00 Nous on prend des décisions au Parlement européen
04:02 qui sont majeures et qui ont un impact sur la vie des gens,
04:05 mais où est le débat démocratique qui permet cela ?
04:08 Eh bien seuls des avancées fédérales,
04:11 il ne s'agit pas de créer un nouvel État européen,
04:13 ce n'est pas les États-Unis justement dont vous parliez,
04:16 mais seules des avancées fédérales permettront de rendre les structures de décision lisibles.
04:20 Quand est-ce que les lobbies parviennent à s'infiltrer dans la prise de décision publique ?
04:24 Quand ce n'est pas clair.
04:25 Or les structures actuelles, même moi qui suis ultra investi dans mon mandat,
04:29 qui passe mon temps dans les institutions européennes,
04:32 des fois j'ai du mal à comprendre comment on prend la décision,
04:35 comment quand on vote quelque chose au Parlement,
04:37 ensuite on passe en trilogue avec les États,
04:39 déjà là on a perdu la moitié des citoyens,
04:41 ou les trois quarts ou les quatre cinquièmes,
04:43 et comment finalement la décision se prend au Conseil européen ?
04:46 Eh bien il faut rendre tout cela plus transparent et plus clair.
04:50 Une Europe plus transparente, une Europe plus lisible,
04:52 une Europe avec un peu plus d'argent, c'est ce que vous voulez aussi,
04:55 et pour cela vous dites il faut des ressources propres.
04:58 Cela veut dire quoi ? De nouveaux impôts ?
05:00 Cela veut dire que tous les candidats, toutes les candidates qui viennent et qui disent
05:05 « il faut que l'Europe soit plus sociale, il faut que l'Europe soit plus écologique,
05:08 il faut financer nos industries » et qui ne nous expliquent pas comment on fait,
05:12 eh bien tout cela c'est, si vous voulez, une affaire de bonimenteur,
05:15 parce qu'en réalité l'Europe, en l'état actuel,
05:18 elle a un budget extrêmement restreint, donc elle ne pourra pas financer tout cela.
05:21 La seule manière de faire c'est d'augmenter le budget européen.
05:24 Alors comment ?
05:25 Il y a deux manières.
05:26 La première, on l'a expérimentée pendant la pandémie, face au virus,
05:30 c'est-à-dire la capacité d'endettement mutuel,
05:34 qui était une avancée fédérale déjà, qui ne disait pas son nom de l'Union européenne.
05:37 Cela, il faut le refaire ?
05:38 Il faut le faire sur le fonds de défense, parce qu'on a une urgence absolue,
05:42 qui est que nous avons laissé nos nations désarmées, pour une raison simple.
05:46 Un, nous pensions que la guerre était proscrite, qu'elle avait disparu de nos vies,
05:50 ce qui est complètement faux, on s'en rend compte,
05:52 et deuxièmement, on pensait que le parapluie américain était éternel.
05:54 Or, Donald Trump peut devenir président des États-Unis le 5 novembre 2024.
05:58 Dans ce cas-là, il faut que nous, on soit capables de nous défendre nous-mêmes.
06:01 Donc une des premières urgences, ce sera de créer un fonds de défense européen
06:04 de 100 milliards, qui sera financé par un emprunt mutuel.
06:07 Mais la deuxième chose, c'est qu'on ne peut pas simplement s'endetter.
06:10 Il faut qu'on prenne l'argent là où il est.
06:12 Or, sur le continent européen, les multimillionnaires et les milliardaires
06:17 payent en proportion de leur fortune, moins d'impôts que les classes moyennes
06:21 et les classes moyennes supérieures.
06:22 C'est proprement scandaleux, et c'est pour ça que nous,
06:24 nous portons dans notre projet un impôt sur les plus hauts patrimoines en Europe.
06:29 Et vous serez surpris d'apprendre qu'à l'origine de ce projet avec nous,
06:33 il y a des multimillionnaires qui réclament cette solidarité.
06:37 – Mais est-ce que vous entendez quand même ce que dit Bruno Le Maire,
06:39 le ministre de l'Economie, il dit "moi je suis d'accord pour taxer les plus riches,
06:42 mais faisons-le au niveau mondial", c'est ce qu'il a proposé au G20,
06:47 trouver un moyen de les taxer avec un impôt minimal à travers le monde,
06:52 pour éviter la fuite des milliardaires justement,
06:54 de ceux qui créent de la richesse en Europe.
06:55 – Je suis complètement pour le faire à l'échelle mondiale.
06:57 Simplement, généralement, quand on a une bonne idée,
07:00 qu'on peut la porter à l'échelle européenne,
07:02 et qu'on vous répond comme le ministre de l'Economie,
07:04 c'est une très bonne idée mais il faut le faire à l'échelle mondiale,
07:06 ça veut dire en réalité on ne le fera jamais.
07:08 Donc commençons par le faire à l'échelle européenne,
07:11 on a un espace de décision ensemble qui s'appelle l'Union européenne.
07:15 Quand le gouvernement a supprimé l'ISF en France,
07:17 l'argument c'était de dire "oui, mais les riches vont pouvoir prendre le Thalys
07:22 pour aller en Belgique".
07:24 Mais ce n'est pas la même chose de quitter le territoire européen.
07:26 Moi quand j'ai eu un débat avec Madame Ahier par exemple,
07:29 elle a dit "oui mais si vous faites ce que vous proposez,
07:31 ils vont partir à Dubaï".
07:33 Mais très sérieusement, tous les fiscalistes qui ont travaillé,
07:36 tous les économistes qui ont travaillé sur la question,
07:38 nous disent que déjà même du temps de l'ISF,
07:41 les départs étaient très limités, alors qu'il s'agit juste de prendre le train.
07:45 Qui, sérieusement, imagine que pour quelque chose qui sera d'ailleurs pour eux
07:49 quasiment un dollar, les milliardaires et les multimillionnaires
07:53 vont prendre l'avion et vivre à Dubaï ?
07:55 - Mais Raphaël Luxman, est-ce que ça suffit de taxer les milliardaires
07:58 pour financer un grand projet européen ?
08:01 A supposer qu'ils restent en Europe.
08:03 - Si vous voulez, une des marques de fabrique des sociodémocrates,
08:05 c'est qu'on est assez sérieux.
08:06 Donc on a travaillé avec des fiscalistes, dont M. Gabriel Zucman,
08:09 qui est le plus éminent fiscaliste français,
08:12 le plus éminent économiste français sur les questions fiscales
08:15 reconnu partout et d'abord aux États-Unis,
08:17 et que les estimations, c'est que ça peut rapporter jusqu'à 200 milliards par an.
08:23 Donc ça permettra largement de financer certaines des dépenses
08:26 liées à la transition écologique et à la nécessité de renforcer
08:29 la solidarité sociale en Europe.
08:31 Mais ce n'est pas que ça.
08:33 Vous avez vu ce qui s'est passé là.
08:35 On a eu la guerre en Ukraine.
08:36 Il y a eu des super profits d'entreprises énergétiques.
08:40 Dans cette situation très spécifique, toutes les démocraties à travers l'histoire
08:47 imposent des contributions de solidarité exceptionnelles,
08:49 c'est-à-dire de taxer ce qu'avant on appelait les profits de guerre
08:52 et ce que désormais on appelle les super profits,
08:55 c'est-à-dire des profits qui ne sont liés à aucun gain de productivité,
08:58 qui sont simplement liés au fait qu'il y a la guerre.
09:00 Eh bien, nous pérenniserons la taxe sur les super profits,
09:04 et pas simplement pour les énergéticiens.
09:06 Et comme cela, nous aurons des rentrées fiscales.
09:09 Une autre ressource européenne, c'est que nous,
09:11 nous allons mettre fin à la religion du libre-échange
09:13 et qu'il va falloir à nouveau taxer les importations sur le marché européen.
09:19 Quand les Américains sont confrontés à une concurrence déloyale de la Chine,
09:22 ils surtaxent à 100% les produits chinois à l'entrée sur le marché européen.
09:26 Quand les Canadiens sont confrontés à une concurrence déloyale,
09:31 ils surtaxent à 235%.
09:33 Et les Européens à combien ? 15%.
09:36 Eh bien, moi je vous le dis, le temps de l'impuissance européenne doit prendre fin.
09:42 Sur le travail, Raphaël Glucksmann,
09:44 vous proposez d'atteindre l'égalité salariale entre les femmes et les hommes
09:47 en sanctionnant financièrement les entreprises qui ne respectent pas
09:50 à travail égal, salaire égal.
09:53 Concrètement, comment vous comptez faire ?
09:54 Est-ce qu'il va falloir démultiplier les contrôles dans les entreprises ?
09:59 On a déjà obtenu dans ce mandat une directive sur la transparence des salaires.
10:07 Ce qui veut dire que quand il y a un écart de rémunération entre femmes et hommes
10:10 pour un même travail de plus de 5%, il doit y avoir un rapport.
10:14 Désormais, il faut que ça devienne effectif.
10:17 Vous savez, moi je ne me sentirai jamais libre
10:19 tant que je vis dans une société où l'inégalité domine,
10:22 où pour le même travail, une femme va être moins payée.
10:26 Et cet aspect-là fait partie d'un plan plus général
10:31 que nous allons mettre sur la table des négociations.
10:33 Nous sommes aujourd'hui le deuxième groupe au Parlement européen
10:35 et nous aspirons à devenir le premier.
10:37 Et donc, au début d'un mandat,
10:39 il y a des négociations législatives avec les autres grands groupes.
10:42 Et nous, nous allons mettre dès le début sur la table
10:45 la clause de l'Europe la plus favorisée.
10:48 C'est une idée qui a été portée, inventée, défendue par Gisèle Halimi.
10:52 Cette clause de l'Europe la plus favorisée, elle dit une chose très simple.
10:55 Chaque femme européenne doit bénéficier de la législation existante,
11:00 donc ce n'est pas utopique, existante en Europe,
11:01 la plus favorable aux droits des femmes.
11:03 Eh bien nous, nous voulons une chose simple.
11:05 Que chaque femme européenne bénéficie de la politique de lutte
11:09 contre les violences faites aux femmes menées en Espagne.
11:12 Que chaque femme européenne bénéficie de la politique de lutte
11:15 pour l'égalité salariale menée en Scandinavie.
11:18 Et que chaque femme européenne bénéficie du droit à la contraception
11:23 et à l'avortement dont bénéficient les femmes françaises.
11:26 C'est vraiment un pilier du mandat qu'on entame.
11:30 Raphaël Glucksmann, si on parle de pouvoir d'achat maintenant,
11:33 vous voulez un revenu décent pour chaque Européen,
11:35 mais il y a déjà au niveau européen un système de revenu minimum
11:39 qui va de 477 euros en Bulgarie à 2256 euros au Luxembourg.
11:44 Donc du simple au quadruple.
11:45 De quel revenu décent vous parlez ?
11:47 Alors, on a porté, d'ailleurs c'est notre groupe qui l'a porté,
11:52 au dernier mandat, non pas le revenu minimum,
11:54 ça c'est en débat et c'est en construction,
11:57 mais le salaire minimum européen.
11:59 Le salaire minimum européen, ça a été une des grandes victoires.
12:01 Mais il n'y a pas un impact immense sur les Françaises et les Français
12:04 parce que le SMIC français était déjà plus haut en proportion.
12:08 Et donc là, ce qu'on veut, c'est faire la même chose sur le revenu minimum.
12:11 C'est faire en sorte qu'il y ait, par rapport au revenu médian et au revenu moyen,
12:17 un revenu minimum en Europe.
12:20 C'est quoi le but de tout ça ?
12:21 Non seulement c'est d'assurer des conditions de vie décentes à tous les Européens.
12:25 C'est une aide sociale ?
12:26 Non, c'est pas simplement une aide sociale,
12:28 c'est aussi une mesure de lutte contre le dumping,
12:31 contre la concurrence déloyale.
12:33 Et le but de l'Union Européenne, ça devrait être la convergence,
12:37 l'harmonisation par le haut.
12:39 Et pour ça, il faut fixer un cadre.
12:40 Ça ne veut pas dire que demain, on va dire en Bulgarie, en France et au Danemark,
12:45 ce sera le même revenu décent, ce sera le même revenu minimal.
12:51 Mais par contre, ce que ça veut dire, c'est qu'on fixe des objectifs de progression
12:55 dans les pays qui, justement, ont un revenu minimum qui est beaucoup trop bas.
12:59 Mais Raphaël, on ne comprend pas très bien.
13:01 Pourquoi vous ne comprenez pas ?
13:02 C'est un revenu qui serait versé à qui et pour quelles raisons, dans quelles conditions ?
13:07 Au citoyen européen et qui sera versé à tous les citoyens européens,
13:12 mais ce n'est pas un revenu...
13:14 Qu'ils travaillent ou non, qu'ils soient en activité ou non, qu'ils soient étudiants.
13:16 Oui, c'est ça qu'on veut préciser.
13:18 Non, c'est pour les travailleurs et les chômeurs,
13:20 mais on a un autre projet pour les étudiants,
13:23 c'est-à-dire une allocation d'autonomie.
13:25 Mais ce revenu minimal, c'est un revenu qui ne doit être pas versé simplement
13:31 par l'Union Européenne, ce n'est pas le budget européen qui va le financer.
13:34 C'est un objectif fixé pour tous les États, comme il y a en France.
13:39 Donc du coup, pas contraint, pas obligatoire.
13:41 Ça sera une trajectoire obligatoire.
13:43 Après, on ne va pas sortir du budget européen un revenu minimum pour chaque pays.
13:50 Une question politique maintenant...
13:51 Je sens que je ne vous ai pas convaincu.
13:53 On aura besoin de détails.
13:54 Mais vous verrez, quand on le fera, ce sera très bien.
13:56 Question politique maintenant, Raphaël Glucksmann,
13:58 si vous êtes devant les autres listes de gauche,
14:01 est-ce que vous considérez que le leadership vous revient en vue de 2027 ?
14:07 Alors non, moi ce que je considère, c'est qu'on aura tranché les lignes.
14:10 On sait tous qu'il y a des divergences à gauche sur la question européenne,
14:15 sur la question du rapport à la démocratie,
14:17 sur la question du rapport à la violence,
14:19 sur la question même du rapport à comment on fait de la politique.
14:23 Eh bien, ces élections, elles auront tranché une ligne et une méthode.
14:27 Et moi, je serai le garant de cette ligne et de cette méthode.
14:31 Ce que vous voulez dire clairement,
14:32 c'est que votre ligne, ce n'est pas celle de la France insoumise.
14:35 Et donc, si vous arrivez troisième ou deuxième homme,
14:38 la ligne de la France insoumise ne devra pas s'imposer en 2027, au sein de la gauche.
14:44 Quand on va à une élection et qu'on expose des divergences qui sont profondes,
14:48 eh bien, c'est démocratique, que ce soit les électrices ou les électeurs qui tranchent.
14:52 Mais au-delà de ça, moi, ce que je veux dire,
14:54 c'est qu'on a là dans six jours une opportunité qui est une opportunité immense,
15:00 qui est de montrer qu'en deuxième position,
15:05 il peut y avoir une liste qui défend les principes de la solidarité sociale,
15:09 de la transformation écologique, d'une construction européenne assumée et démocratique.
15:16 Et que ce sera ce pôle-là qui aura émergé de cette campagne,
15:21 qui fera face à l'extrême droite et qui mènera la lutte contre l'extrême droite,
15:25 sans aucune forme, nous, de compromission, sans aucune forme de tergiversation.
15:31 Parce que nous, voyez-vous, nous, nous ne voterons pas la loi immigration avec le rassemblement national.
15:36 Nous, nous tiendrons tête, nous n'aurons pas dans notre groupe des partis politiques
15:40 qui, comme les libéraux, les alliés d'Emmanuel Macron aux Pays-Bas,
15:44 portent au pouvoir l'extrême droite de monsieur Wilders,
15:48 l'extrême droite xénophobe et poutinophile.
15:51 Nous, nous sommes absolument clairs.
15:53 Et l'opportunité qui existe là, c'est de montrer que face à cette vague d'extrême droite
15:58 qui s'abat sur nos nations, eh bien la résistance sera menée par des gens cohérents,
16:03 qui sauront tenir tête et qui ne feront pas des coups de com' tous les 15 jours
16:09 pour flatter dans le sens du poil les dirigeants de l'extrême droite.
16:13 Et ces européennes, ça pourrait être un tremplin pour 2027 ?
16:16 Alors, vous savez, j'ai fait une chose pendant cette campagne qui est extrêmement rare en France,
16:21 j'ai parlé du sujet de l'élection.
16:23 C'est quelque chose qui n'est pas habituel, je comprends,
16:24 parce qu'en France, il n'y a qu'une seule élection qui compte, c'est l'élection présidentielle.
16:27 Donc chaque élection est une post-présidentielle, une pré-présidentielle.
16:31 Eh bien moi, je vous le dis, il s'agit d'une élection E-U-R-O-P-L.
16:35 Donc vous n'y pensez pas du tout ?
16:35 Et donc au début de l'élection, quand j'ai dit que j'allais parler d'Europe partout,
16:39 eh bien les gens sont venus me voir et m'ont dit "mais vous êtes fous,
16:42 l'Europe, ça va ennuyer tout le monde".
16:44 Et je prouve l'inverse, j'ai sillonné la France et partout, partout,
16:48 j'ai parlé d'Europe, d'Europe et d'écologie, d'Europe et de sociale,
16:51 d'Europe et de défense, d'Europe et de liberté, d'Europe et d'état de droit.
16:55 Et vous savez quoi ? Ça passionne.
16:57 Et donc, s'il vous plaît, c'est l'élection européenne la plus importante de l'histoire.
17:01 Donc si on pouvait, un tout petit peu, en France,
17:03 rester focalisé sur le sujet de l'élection et se demander
17:07 quelle Europe on veut bâtir ensemble, c'est notre avenir.
17:09 Justement, les lycéens ont des questions là-dessus.
17:11 On va passer à Ava de l'Académie de Versailles.
17:14 Ava ?
17:16 Bonjour.
17:22 Vous venez de parler du fait qu'en sillonnant la France,
17:24 vous avez parlé de défense et ainsi, je m'interroge,
17:27 est-ce que vous pensez que l'Union européenne, elle en fait trop ou pas assez
17:31 face au conflit géopolitique actuel, notamment pour assurer sa défense
17:34 et en matière de protection des droits de l'homme ?
17:38 Elle n'en fait pas assez. Elle en fait beaucoup plus qu'avant,
17:41 mais elle n'en fait pas assez. Et pour une raison simple,
17:44 c'est qu'elle aura bientôt à gérer ses conflits seule,
17:47 si Donald Trump est président des États-Unis.
17:49 Et donc, on est vraiment dans un moment où il faut que l'Europe se demande
17:52 si elle est prête à passer à l'âge adulte ou si elle désire rester...
17:57 Vous savez, c'est comme dans le film Tanguy.
17:58 Alors ça, c'est un peu une référence de Boomer, peut-être,
18:00 mais dans le film Tanguy, où il y a ce trentenaire qui veut absolument rester
18:07 dans la maison familiale. Eh bien, là, il faut qu'on arrive à assumer
18:12 notre propre puissance, défendre notre propre sécurité.
18:15 Ça suppose des investissements, mais ça suppose aussi une révolution mentale.
18:19 Et regardez, au bout de deux ans et demi de guerre en Ukraine,
18:23 la France, qui est censée avoir l'industrie de défense la plus puissante d'Europe,
18:27 n'est pas capable d'envoyer sur le front ukrainien plus de 5000 obus par mois
18:31 quand les Russes en tirent 20 000 par jour.
18:34 C'est pour vous dire à quel point nous avons laissé nos défenses,
18:36 nos industries de défense, péréclitées pendant des années et des années.
18:40 Et donc, il faut relancer cela. Et de la même manière,
18:42 regardez à quel point l'Union européenne a été affaune,
18:45 affaune face aux proches-orients qui s'embrasent.
18:48 Et donc, il faut qu'on fasse infiniment plus.
18:51 Et pour être cohérent, pour être cohérent, eh bien, il faut qu'on commence
18:56 par faire respecter l'état de droit en notre sein, au sein de l'Union européenne.
19:01 Nous avons été, la Commission européenne, les États membres ont été bien trop faibles
19:05 face à, par exemple, à la Hongrie de M. Orban.
19:08 Il y a des procédures quand même.
19:10 Il y a des procédures sur le conditionnement de l'aide.
19:12 Et nous avons poussé énormément au Parlement pour les obtenir.
19:16 Mais elles sont appliquées de manière très parcellaire.
19:18 Et à chaque fois, le Conseil européen, d'ailleurs dont des fois la France,
19:23 trouve des deals avec Orban pour qu'il échappe aux sanctions.
19:26 Mais il faut aller plus loin. Il faut aller plus loin que ça.
19:29 Il faut aller plus loin que ça parce qu'en fait, nous sommes à un moment de bascule
19:32 où des majorités sont en train de se former partout en Europe.
19:35 Qui inclut l'extrême droite.
19:36 Et on sait très bien que les droits des minorités, les droits des femmes
19:41 seront les premières victimes de ces nouveaux gouvernements.
19:45 Et donc, il faudra que l'Europe se pose là comme un bouclier des droits,
19:49 un bouclier des libertés.
19:51 Et moi, je suis persuadé, pour revenir à la discussion qu'on avait au tout début,
19:54 que c'est par l'affirmation de l'échelon européen
19:57 qu'on parviendra à protéger ces démocraties qui sont à la fois
20:00 attaquées de l'extérieur par la Russie de Poutine, par exemple,
20:03 ou menacées de l'intérieur par l'essor de l'extrême droite partout en Europe.
20:07 On va passer à la question de Adeline, stagiaire de l'agence Erasmus.
20:13 Bonjour, Monsieur Glussman.
20:14 Bonjour.
20:14 J'ai une question un peu plus ciblée.
20:17 Quelles initiatives vous comptez mettre en place pour attirer et retenir
20:21 les talents dans les régions confrontées à un déclin démographique ?
20:27 Souvent, ces régions, elles sont d'abord des régions où il y a eu
20:32 de la désindustrialisation, où les emplois sont partis.
20:35 Donc la première des mesures, c'est de faire revenir les usines.
20:39 Et nous, la transformation écologique que l'on porte,
20:43 on porte la phase 2 de ce pacte vert, c'est une phase de réindustrialisation.
20:48 Le protectionnisme écologique et la planification écologique
20:51 que nous proposons, ça se traduira par plus d'usines
20:54 dans les zones désindustrialisées et non pas moins.
20:57 Plus d'emplois dans l'industrie et non pas moins.
20:59 Et donc, on fera revenir de l'emploi.
21:01 Et la deuxième des raisons souvent de ce déclin démographique,
21:05 c'est l'enclavement.
21:07 Et c'est pour ça que je prends juste une mesure.
21:09 Nous, on porte l'Europe du train.
21:12 On l'a mis dans l'aspect écologique et climatique,
21:14 mais c'est aussi une question sociale.
21:17 Un investissement massif dans le ferroviaire
21:20 qui permette de relancer les petites lignes
21:23 qui ont été fermées les unes après les autres
21:26 ou qui périclident aujourd'hui.
21:28 Relancer les transports publics pour désenclaver.
21:31 Et on a aussi comme mesure un bouclier rural
21:34 qui permet un accès minimal aux services publics.
21:37 En fait, ça doit être une véritable bifurcation.
21:41 Et la transformation écologique,
21:43 ça permettra justement aux politiques,
21:45 à la puissance publique de reprendre la main
21:48 et de focaliser son attention et ses efforts
21:52 précisément sur les zones qui ont été les plus victimes
21:55 de la globalisation et du laisser faire, laisser passer.
21:57 Merci beaucoup Raphaël Glucksmann.
21:59 Candidat tête de liste PS Place Publique.
22:02 C'est déjà fini ?
22:03 C'est déjà fini.
22:05 Merci beaucoup à vous.

Recommandée