Le Rassemblement national a publié deux affiches incitant les gendarmes et les militaires à voter pour la liste de Jordan Bardella aux élections européennes. Un appel au vote jugé contraire au statut militaire par le ministre des Armées et le directeur de la gendarmerie nationale
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00:00 – Vous êtes choqué par cette récupération ?
00:02 – Choqué, oui bien évidemment, comme tous mes camarades gendarmes,
00:07 on est choqué par la récupération qui est faite.
00:09 Maintenant, choqué, pas forcément surpris, mais oui un petit peu.
00:14 Mais de toute façon on est habitué par les sorties de nos politiques,
00:19 donc c'est habituel.
00:21 – Mais Jordan Bardella a dit "les gendarmes votent beaucoup
00:24 pour le Rassemblement National", c'est vrai ?
00:28 – J'aimerais bien savoir comment M. Bardella peut savoir
00:31 que les gendarmes votent majoritairement au Rassemblement National.
00:36 Il n'y a absolument aucune étude sérieuse qui le démontre, déjà d'une part.
00:41 De deux, le vote est secret, chacun le sait,
00:44 donc je ne comprends pas comment il peut évoquer ce genre de choses
00:49 avec autant de certitude.
00:50 Bref, de toute façon c'est quelque chose,
00:52 c'est de la récupération politique, ni plus ni moins.
00:54 – Mais est-ce que le statut de militaire vous empêche
00:57 de vous afficher politiquement, c'est ça ?
00:59 – Alors oui, évidemment, le statut militaire,
01:04 nous on a un devoir de réserve qui est que nous ne donnons pas
01:09 nos opinions politiques, religieuses, philosophiques en service
01:12 et hors service, comme tout citoyen on a le droit de s'exprimer,
01:16 mais avec la réserve qu'incombe le statut militaire, bien évidemment.
01:19 – Pourtant des militaires s'affichent dans cette campagne,
01:23 le général Gomart qui est sur la liste de Bellamy,
01:26 et puis dans le passé il y a eu même des militaires
01:29 tête de liste aux européennes.
01:31 – Alors je ne veux pas dire de bêtises, mais il me semble
01:33 que le général Gomart a dû faire retirer son affiche
01:36 où il était en tenue pour rééditer une affiche où il était en civil.
01:40 Donc voilà, après je dirais en dehors de la personne,
01:44 c'est surtout l'institution elle-même, que ce soit l'armée, la gendarmerie,
01:48 enfin l'institution militaire dont l'image doit être neutre.
01:53 Donc à partir de là, il n'y a pas de débat, on ne s'exprime pas en tenue
01:57 sur des sujets politiques, philosophiques, religieux, de quelque manière que ce soit.
02:02 – En fait là ce n'est pas un gendarme ou un militaire qui s'exprime,
02:05 ce que dit Jordan Bardella c'est "si on veut être du côté de l'ordre,
02:09 si on veut être du côté de la paix civile, il faut voter rassemblement national".
02:15 Et en fait si vous avez un uniforme et que vous aimez l'ordre et l'autorité,
02:19 vous devez voter RN ?
02:21 – Alors c'est là où est toute l'ambiguïté de son affiche,
02:22 parce que s'il avait voulu aller au bout de cette démarche,
02:25 comme il tente de l'expliquer, il aurait fallu lui expliquer
02:28 que l'image dont il était servi, c'est une image qui est en distribution libre.
02:33 Ce n'est pas un gendarme qui a posé sur l'affiche "Siamen"
02:37 pour le rassemblement national, et ça c'est important de le préciser.
02:40 Donc à partir de là, c'est une récupération qui est faite par le rassemblement national,
02:45 pour faire un amalgame avec les militaires de la gendarmerie,
02:48 qui pour moi n'a pas lieu d'être.
02:50 Un homme politique ne doit pas amalgamer une institution
02:54 telle que la gendarmerie ou autre, l'armée ou quoi que ce soit,
02:56 à des fins récupération politique.
02:58 Comme il le dit si bien, il l'a dit chez vos confrères de France Info,
03:01 je crois, le gendarme n'est pas un sous-citoyen, il a raison,
03:03 il n'est pas des sous-citoyens, mais les gendarmes,
03:05 les femmes et les hommes qui constituent la gendarmerie,
03:08 sont assez grands pour le jour du vote en secret dans l'isoloir
03:13 pour savoir ce qu'ils ont à faire, sans être amalgamés
03:17 ou sans être amalgamés avec quelque parti politique que ce soit.