Elisabeth Lévy : "Le RN viole une certaine délicatesse républicaine"

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Transcript

00:00 - Le Grand Matin Sud Radio, 7h-8h30, Patrick Roger.

00:04 - Il est 8h12, Lévis sans interdit avec Elisabeth Lévy.

00:08 Bonjour Elisabeth Lévy.

00:10 - Bonjour Patrick, bonjour à tous.

00:11 - Vous revenez sur cette affiche électorale du RN qui agace le patron de la gendarmerie.

00:17 Racontez-nous pour ceux qui notamment ne l'ont pas vu encore.

00:20 - Alors agacer est un faible mot parce que le général Christian Rodriguez,

00:23 donc le directeur général de la gendarmerie nationale, est colère, très colère,

00:28 et Gérald Darmanin aussi.

00:29 Alors sur cette affiche, on voit un gendarme en tout cas,

00:32 un homme en uniforme de gendarme, de dos.

00:35 Et la légende c'est "Je suis gendarme, le 9 juin je vote Bardella".

00:38 Et sur X, l'affiche est assortie d'un commentaire supplémentaire

00:42 "Pour que les Français vivent en sécurité dans un pays où l'ordre est respecté,

00:46 où on ne risque pas sa vie pour un regard de travers,

00:49 le 9 juin je vote Bardella".

00:50 Et ils ont fait un peu le même genre d'affiche avec un militaire.

00:55 Alors là le commentaire c'est "Contre une armée européenne,

00:57 contre le partage de notre dissuasion, je vote Bardella".

01:00 Bon, vous avez compris le principal.

01:02 Alors le général Rodriguez apostrophe la tête de l'ISRN sur X,

01:06 "Vous semblez ignorer que le statut militaire interdit ce genre de message,

01:09 il l'appelle à respecter, je cite, le gendarme et son statut,

01:13 dans ces périodes où son engagement peut le conduire aux pires conséquences".

01:17 Réplique de Bardella, Rodriguez contrevient à son devoir de réserve

01:21 pour dit-il "prendre à partie de manière inélégante ou trancière et polémique

01:25 un responsable politique".

01:27 Mais est-ce que cette affiche viole la loi ?

01:30 - Alors la loi je l'ignore, je ne sais pas s'il y aura...

01:32 Enfin, je ne suis pas juge, donc vous savez qu'il y a une question d'interprétation.

01:38 Donc la loi, je ne peux pas vous le dire, mais qu'elle viole

01:41 une certaine délicatesse républicaine, sans doute.

01:45 Oui, alors évidemment, comme le dit d'ailleurs Bardella,

01:48 tous les partis, cibles, les clientèles, les professeurs, les pêcheurs à la ligne

01:52 ou les amoureux des bêtes, tout ça c'est très classique.

01:55 Et que le RN cherche le vote des militaires et des gendarmes,

01:58 ça ne me semble pas du tout scandaleux en soi.

02:01 Seulement le visuel et l'usage de la première personne,

02:04 "je suis gendarme, je vote Bardella", embarquent l'institution.

02:09 Ces affiches ne disent pas "gendarmes votez pour nous",

02:12 elles disent "les gendarmes votent pour nous".

02:15 D'ailleurs Bardella le dit encore au général Rodriguez dans leur dialogue sur X,

02:20 beaucoup votent pour le RN, beaucoup de gendarmes, lui dit-il,

02:24 ceux qui semblent vous contrarier.

02:26 C'est d'ailleurs factuellement, ce n'est pas faux,

02:28 la popularité du RN chez les militaires est notoire,

02:31 dans notre armée il n'y a pas beaucoup de partisans

02:34 enthousiastes de la défense européenne, et d'ailleurs ça se comprend.

02:38 Mais imaginez une affiche, les profs votent El-Effi

02:41 ou les journalistes votent Glucksmann,

02:44 ce serait sans doute en grande partie vrai, factuellement.

02:47 - Oui, les sondages sur les journalistes ont toujours montré

02:51 un grand penchant à gauche de la profession.

02:54 - Attendez, Mansoise de Gouin va vous...

02:57 - Non, non, il y a eu des sondages là-dessus, ce n'est pas un secret.

03:01 - Terminé. - Ça me désole mais ce n'est pas un secret.

03:03 Donc ce serait largement vrai dans ces deux cas,

03:06 mais on dénoncerait à raison la raisonnement de corporations entières

03:11 par des responsables politiques.

03:13 Et s'agissant de l'armée ou de la gendarmerie,

03:15 c'est encore plus fâcheux.

03:17 Dans le Code de la fonction publique, me semble-t-il,

03:19 il est écrit que tout agent public doit faire preuve de réserve

03:23 et de retenue dans l'expression de ses opinions,

03:25 et on le sait évidemment, cette exigence est encore plus stricte

03:29 pour des représentants d'institutions garantant de l'ordre,

03:32 de la sécurité, de l'unité nationale.

03:34 Ils doivent échapper à tout soupçon de politisation,

03:38 c'est pour ça que l'armée est la grande muette,

03:40 un gendarme ne peut pas évoquer publiquement son vote,

03:43 surtout en le liant à son statut,

03:45 puisque donc le supposé gendarme,

03:48 peut-être que ce n'est pas du tout un gendarme,

03:50 de l'image est en faute.

03:52 Alors bien sûr, bien sûr, comme le dit encore Bardella,

03:54 les gendarmes ne sont pas des sous-citoyens,

03:56 ils ont parfaitement le droit d'exprimer une opinion politique dans l'isoloir,

04:02 sauf qu'il nous prend un peu pour des lapins de trois semaines,

04:05 parce qu'une affiche n'est pas un isoloir,

04:07 et c'est même tout le contraire.

04:12 Françoise de Goyes, votre opinion sur cette affiche,

04:16 qui a été utilisée quand même par l'ORN ?

04:18 Écoutez, moi je constate,

04:20 je suis absolument, je plussois à tout ce qu'a dit Elisabeth,

04:23 sur le caractère évidemment très particulier,

04:25 mais bon, les faits sont têtus,

04:27 on regarde les votes à la présidentielle en 2022,

04:29 vous êtes à 52-53% des gendarmes, des policiers,

04:32 qui votent pour le Rassemblement National.

04:34 Ça n'a pas besoin de faire une amniste pareille.

04:36 Non, ça ce sont des faits,

04:38 non, non, c'est des sorties de vote,

04:41 non, c'est des sorties de vote.

04:43 - Sorties de vote avec des sondages,

04:45 c'est pas une étude en fait,

04:47 - Bien sûr, vous avez raison,

04:49 vous avez raison de le préciser,

04:51 moi je dis juste que voilà,

04:53 c'est aussi une forme de décomplexion,

04:55 la réalité c'est que cette affiche

04:57 montre autre chose qu'une catégorie,

04:59 elle montre un RN complètement décomplexé,

05:01 dont on sait maintenant,

05:03 si ça se confirme, s'il n'y a pas de démobilisation,

05:05 je pense qu'ils se feront pas avoir comme la dernière fois pour les régionales,

05:07 que le seul problème de Jordan Bardella

05:09 c'est de savoir s'il est plus proche de 35%

05:11 ou proche de 30%, c'est ça,

05:13 la réalité aujourd'hui,

05:15 donc ça montre une campagne

05:17 totalement décomplexée, dans un climat

05:19 totalement décomplexé,

05:21 je le regrette, vraiment, je le regrette,

05:23 je pense qu'on a atteint aussi des niveaux...

05:25 - Donc vous trouvez que si c'est décomplexé

05:27 que c'est une faute en quelques sortes alors ?

05:29 - Bien sûr que c'est une faute, comme sont une faupe,

05:31 mais si vous voulez, on est parti quand même

05:33 dans quelque chose d'extrêmement binaire,

05:35 et beaucoup de fautes sont commises,

05:37 c'est une faute que Emmanuel Macron

05:39 et Gabriel Attal capturent médiatiquement le débat,

05:42 c'est une faute que Rima Hassan soit devant la tour de TF1

05:48 pour manifester contre une interview de Benjamin Netanyahou,

05:52 c'est une faute les fake news qui disent...

05:55 Moi je pense qu'on a vécu une campagne,

05:57 on l'a pas assez regardée, moi je la regarde tous les jours,

06:00 je pense qu'on a vécu une campagne qui dit des choses,

06:03 pour moi, sur le plan démocratique,

06:05 c'est une façon extrêmement inquiétante,

06:07 et c'est aussi inquiétant pour moi que Bardelin,

06:09 Jordan Bardelin pardon, utilise les gendarmes,

06:13 que Emmanuel Macron s'offre des vingt heures pour le prédant,

06:16 et que Gabriel Attal déboule dans un débat organisé sur Valérie Ayé,

06:22 pour moi ça procède vraiment de la même chose.

06:24 - Bon, Elisabeth Lévy ?

06:25 - J'ai plus là où je décide,

06:26 parce que j'arrive jamais à répondre à tout en même temps, non !

06:29 - Ah bah, attendez, concentrez-vous, comme l'a dit Guy Carlier tout à l'heure.

06:32 - Mais comme Françoise Brostou,

06:34 j'essaye de chouet... bah oui, excusez-moi,

06:36 j'essaye juste de me rappeler sur à quoi je voulais répondre,

06:40 ah oui, c'est décomplexé, je ne vois vraiment pas

06:42 pourquoi l'ERN serait complexé,

06:44 j'en ai assez de ce mot...

06:46 - Non mais, c'est pas que l'ERN, c'est d'une façon générale, dit Françoise.

06:49 - Mais à la paré, je ne vois pas pourquoi on mènerait des campagnes complexées,

06:52 c'est l'horreur de ce terme,

06:53 non, parce qu'on l'a en point essentiellement pour l'ERN,

06:56 pour dire "c'est pas bien, ils sont décomplexés",

06:59 alors qu'ils devraient être complexés,

07:01 et bien non, il n'y a pas de raison d'être complexés,

07:03 moi c'est pas ça le problème,

07:05 je pense que c'est une faute, comme je l'ai dit,

07:07 des esprits démocratiques,

07:09 c'est-à-dire qu'en l'occurrence, comme l'a dit Françoise,

07:11 honnêtement, on le sait très bien,

07:13 moi je fais souvent des sujets avec des militaires,

07:17 vous voyez bien qu'ils ne sont pas LFIs,

07:19 vous voyez bien qu'ils ont plus de sympathie

07:22 pour l'ERN ou Reconquête

07:24 que pour Glucksmann ou LFI,

07:27 et c'est pas du tout, pour moi c'est pas un problème,

07:29 donc en plus, pour aller dans le sens de Françoise,

07:32 c'est pas un problème, les gens votent ce qu'ils veulent,

07:34 c'est ça que je veux dire,

07:36 et pour aller, mais pour aller,

07:39 ben voilà, je ne sais plus...

07:41 - Non mais sur le complexe ou décomplexé ?

07:43 - Non mais ça y est, je vous l'ai dit,

07:45 je ne vois vraiment pas pourquoi l'ERN serait complexé,

07:49 maintenant, tu as dit qu'ils allaient,

07:52 la question c'est de savoir s'ils font 30 ou 35,

07:54 la réalité c'est qu'après la campagne qu'on a eue,

07:56 s'ils ne font que 30,

07:58 ce sera un échec,

08:00 je suis d'accord, ce sera un échec,

08:02 - Tout le monde va considérer que c'est un échec,

08:05 mais pour ce qui est de décomplexé,

08:07 ceux qui font la campagne la moins,

08:09 disons la plus,

08:11 où il y a le moins sur moi,

08:13 c'est pas l'ERN, on est d'accord, c'est LFI.

08:16 - Je parlais de décomplexé,

08:18 au sens extrêmement négatif du terme,

08:20 je parlais du Rassemblement National,

08:22 je parlais aussi de la campagne, la double campagne,

08:24 dans laquelle a été embarquée d'ailleurs Manon Aubry,

08:26 la double campagne LFI,

08:28 c'est-à-dire que je pense que la campagne sur Gaza,

08:30 moi j'ai écouté vraiment

08:32 le discours de Jean-Luc Mélenchon à Toulouse,

08:34 il y a quelque chose qui m'a paru extrêmement effrayant,

08:37 dans toute la théorie complotiste,

08:39 l'idée que l'État volontairement

08:42 n'enverrait pas le matériel de campagne

08:44 dans les quartiers populaires,

08:46 mais c'est très hard d'entendre ça,

08:48 - Dans les bons quartiers non plus !

08:50 - Non mais je veux dire par là que quand je parle de décomplexion,

08:52 pour moi c'est très négatif,

08:54 parce que je dis qu'il y a des dits qui ont sauté,

08:56 et cette négativité-là, je l'applique également

08:58 aux couples exécutifs,

09:00 honnêtement, franchement,

09:02 il y a eu une qualité de campagne chez Raphaël Gucksmann,

09:04 il y a eu une qualité de campagne chez François-Xavier Bélamny,

09:07 je suis désolé de le dire,

09:09 mais il y a beaucoup de règles

09:11 qui n'ont pas été respectées par les autres candidats.

09:13 - On poursuit dans un instant, en tout cas,

09:15 sur la question que nous posons,

09:17 est-ce que ces visuels de campagne vous choquent ?

09:19 Vous dites non à 79%

09:21 avec beaucoup de commentaires.

09:23 - On poursuit dans un instant

09:25 des sujets surpris, surprenants à venir.

09:27 prenons avenir.

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