D'après les sondages, seuls 3 jeunes sur 10 sont certains d'aller voter dimanche aux élections européennes. Sont-ils dépolitisés ? Pourquoi un tel désamour des urnes ? Pour en parler Nathalie Saint-Cricq, éditorialiste, Tugdual Denis, directeur de la rédaction de "Valeurs Actuelles" et Pablo Pillaud-Vivien, rédacteur en chef de la revue de gauche "Regards".
Regardez L'invité de RTL Soir avec Julien Sellier du 04 juin 2024
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00:00 Julien Célier et Cyprien Signe.
00:02 Les grands débats jusqu'à 20h autour de la table.
00:05 L'éditorialiste Nathalie Saint-Cricq, à gauche Pablo Piovivien, à droite Tuck Duhaldeny.
00:09 Deuxième débat.
00:10 Maintenant je voudrais qu'on s'intéresse à nos jeunes parce que d'après les sondages,
00:14 seuls 3 sur 10 sont certains d'aller voter dimanche aux élections européennes.
00:18 Est-ce qu'ils sont dépolitisés ? On va s'interroger ce soir.
00:22 Emmanuel Macron lui aussi se pose la question à trois jours du vote.
00:25 Le chef de l'État répondu à une interview pour Le Crayon,
00:28 un média sur les réseaux sociaux destiné aux jeunes.
00:31 Et puis, hasard du calendrier ou non, le président a annoncé aujourd'hui,
00:35 via le réseau TikTok, la mise en place des deux mains du passerelle à 49 euros par mois
00:40 pour les jeunes de 16 à 27 ans.
00:42 Engagement tenu.
00:43 Le passerelle est mis en place et vous pourrez vous inscrire,
00:47 ce qui vous permettra pour 49 euros par mois, en juillet, en août prochain,
00:53 d'utiliser absolument tous les trains que vous souhaitez,
00:58 que ce soit des intercités, des TER ou des trains nus.
01:02 Bon alors, annonce du passerelle, interview sur les réseaux sociaux
01:06 dans un média prisé des jeunes.
01:09 Nathalie Saint-Cricq, elle est un peu grosse la ficelle,
01:11 on a cinq jours des européennes.
01:12 Je pense que tout le monde a compris là.
01:14 Je vais vous rajouter l'interview conjointe France 2 TF1
01:18 qui aura lieu le jour de l'anniversaire du 80e anniversaire.
01:21 Un doux fois anniversaire, bravo !
01:23 Du débarquement.
01:24 Ça c'est pour les vieux.
01:25 Ça fait beaucoup.
01:26 Non mais, attendez, cela dit, il fait ça parce que c'est plutôt quelque chose d'agréable à annoncer,
01:31 mais parce qu'ils ont annoncé avant la réforme de la séquence de chômage,
01:34 donc on ne peut pas les créditer de dire que des choses agréables.
01:36 Même dans le déroulé de cette campagne européenne,
01:39 il y a eu un certain nombre de choses dont ils auraient probablement pu attendre.
01:42 Ou pu se passer.
01:43 Ou pu se passer, également.
01:44 Alors moi, j'ai écouté des extraits de cette interview.
01:49 Ce qui me frappe, c'est qu'il dit la même chose qu'ailleurs.
01:52 Il y a peut-être à la marge de quelques mots.
01:55 C'est-à-dire quoi ? Il a envie de s'adresser aux jeunes,
01:57 mais finalement il a un petit peu de mal à s'adresser aux jeunes ?
01:59 C'est quoi un jeune ?
02:00 Enfin d'abord, je ne vais pas faire l'enduit,
02:02 mais je veux dire, les sondeurs, c'est les doutes, soit du 18-24 soit du 18-35.
02:06 C'est vrai qu'on voit que les jeunes préfèrent en général les associations,
02:11 préfèrent dans toutes les études qui ont été faites,
02:13 préfèrent les espèces de coordination et se méfient des partis.
02:16 Donc je comprends.
02:18 Je veux dire que les jeunes sur l'Europe disent qu'ils ne voient pas très bien la nécessité,
02:22 sauf Erasmus ou un certain nombre de choses,
02:24 que la notion de paix pour eux est quelque chose de relativement évident.
02:27 Mais l'idée qu'on parle aux agriculteurs, puis aux cadres,
02:31 puis aux jeunes, puis aux femmes, puis aux je ne sais pas quoi, racisés,
02:35 c'est quelque chose qui me dérange.
02:38 Mais je comprends qu'ils le fassent.
02:41 Moi, si j'étais homme politique, probablement que je déclinerais.
02:43 Je ferais un truc un autre temps.
02:46 Tu irais chez Skyrock en ce moment ?
02:48 Je irais sûrement chez Skyrock, ou je me poserais nu dans lui, oui bien sûr.
02:52 Alors lui, c'est toujours pas les jeunes.
02:54 Je sais, je m'abuse, ça existe.
02:57 Mais là je trouve que, comment dire,
03:00 c'est presque le média qui nous raconte des choses qui ne sont...
03:03 Les questions sont les mêmes que celles des journalistes.
03:06 Lui demander à quoi il rêve, il rêve à l'Europe, à la France,
03:09 il n'arrêtera pas, il aime son pays.
03:11 C'est bien, mais je pense que...
03:15 Il y a quand même une envie, une stratégie derrière Tugdev.
03:19 Chez les jeunes, effectivement, quand on regarde les intentions de vote,
03:24 chez les moins de 30 ans, effectivement,
03:26 on est entre 35 et 40% de vote Bardella.
03:30 Et Valérie Hayé, sur certaines études, elle a 7,5% chez les moins de 30 ans.
03:34 Elle ne dit rien à personne, elle ne peut pas parler.
03:36 Vous êtes désagréable.
03:38 Il se trouve qu'il y a une inversion par rapport à la dernière présidentielle,
03:40 celle de 22, où c'était Mélenchon qui était aimé par les jeunes,
03:44 et là, maintenant, on a Bardella.
03:46 Alors, j'avoue que ce qui est dit sur Bardella, dans les enquêtes,
03:50 et ce qu'ils aiment sur TikTok, c'est de voir qu'il est comme eux.
03:53 - Oui, parce que c'est ça.
03:55 Jean-Luc Bardella et Jean-Luc Mélenchon, ils n'ont pas du tout le même âge,
03:57 mais ce sont les deux personnalités les plus présentes sur TikTok.
04:01 Ça veut dire aussi que ce sont des hommes politiques
04:04 qui ont réussi à trouver les codes, Pablo Piovivien,
04:08 pour s'adresser à cette partie de la population
04:10 qui ne veut quasiment plus voter,
04:12 puisque 70% des jeunes ne sont pas certains d'aller voter dimanche.
04:16 - Et qui veulent moins voter qu'en 2019.
04:19 En 2019, ils avaient été plus de 40% de 18-35 ans à être allés voter,
04:25 et là, on dit qu'ils ne seront plus que 30.
04:27 Donc, ça fait quand même une grosse chute de cet électorat.
04:31 Vous me dites, oui, est-ce qu'ils ont trouvé les codes ?
04:34 Bon, ça, c'est formel.
04:36 C'est-à-dire que je veux bien que Marine Le Pen...
04:39 - C'est un peu formel, il y a quand même un gap générationnel.
04:41 Cette génération des 18-25 ans,
04:43 c'est une génération qui s'informe sur les réseaux sociaux.
04:45 Je ne veux pas jouer le vieux con à 40 ans.
04:47 - Non, mais c'est le vecteur.
04:48 - D'accord, mais...
04:49 - Nous, on n'a pas grandi avec cette façon-là de s'informer.
04:52 - On n'a pas les mouches avec du vinaigre.
04:53 C'est-à-dire que même si l'emballage est joli,
04:55 il faut, au bout d'un moment, avoir un discours qui soit audible.
04:58 Dans cette même étude,
05:00 c'était une étude d'Ipsos qui date du début de la semaine
05:03 sur le vote des jeunes dimanche prochain,
05:06 en fait, il disait que la raison principale
05:09 pour laquelle les jeunes veulent se mobiliser ou sont mobilisés
05:12 à 45% c'est la question écolo.
05:15 Et le problème, c'est que sur la question écolo,
05:17 Emmanuel Macron, il n'a pas grand-chose à dire.
05:19 Et globalement, il n'y a pas beaucoup de candidats
05:21 qui ont quelque chose à dire.
05:23 Et d'ailleurs, ça fait une...
05:24 Sauf peut-être Europe Écologie Le Vert,
05:25 mais ils n'arrivent pas à en parler.
05:26 - Enfin, Jordan Bardella, il obtient 30 à 40% de son vote
05:30 et il ne parle pas d'écologie.
05:31 - Non, non, ce n'est pas un cliché.
05:32 - C'est 45%.
05:33 Et juste, j'aimerais juste terminer.
05:35 C'est d'ailleurs une grosse différence avec 2019.
05:37 C'est qu'en 2019, l'élection européenne
05:39 était arrivée à un moment où il y avait les marches pour le climat.
05:42 Il y avait eu énormément, il y avait eu des sécheresses
05:44 dès le mois de juin qui avaient engendré
05:47 une grosse mobilisation, notamment de la jeunesse.
05:49 - Il y avait une marche pour le climat le samedi du week-end.
05:51 - Le samedi, la veille, exactement.
05:52 Et en fait, ça, ça avait emporté le mouvement,
05:54 ça avait créé une dynamique qui avait fait que, hop,
05:56 il s'était retrouvé le dimanche dans les urnes.
05:58 Et là, force est de constater qu'il n'y a pas cette dynamique-là.
06:00 - Tuque Dual.
06:01 - Je m'insurge contre cette vision très ringarde des choses
06:03 qui consistent à penser que pour parler à un jeune,
06:06 il faut baisser le niveau du champ lexical de 40%,
06:11 aller que dans des médias réservés aux jeunes.
06:14 Évidemment, les jeunes vont sur TikTok
06:16 et s'informent sur les réseaux sociaux et ce que vous voulez.
06:18 Maintenant, si vous êtes un homme politique
06:20 ou une femme politique sérieux ou sérieuse
06:23 et que vous exprimez régulièrement dans des grands médias
06:25 et que votre discours est clair et audible,
06:28 vous finissez par les toucher aussi.
06:30 Et je m'insurge aussi contre le cliché qui consiste à penser
06:32 que les jeunes ne s'intéressent qu'à l'écologie, aux loisirs
06:36 ou à je ne sais quel autre sujet,
06:38 alors qu'ils vivent aussi dans le même pays que tout le monde
06:41 et que quand l'insécurité les touche,
06:43 ça se transforme en vote,
06:45 que quand l'immigration les touche, ça se transforme en vote.
06:47 Et donc, il faudra s'interroger au sortir de cette élection
06:49 si les sondages le confirment,
06:51 pourquoi 39% des jeunes qui vont voter dimanche,
06:54 le 9 juin, ont l'intention de voter pour Jordan Bardella.
06:57 - Tuque Dual, Denis, Pablo, Pio, Vivien, Nathalie, Saint-Cricq.
07:00 On prolonge dans un instant les grands débats de RTL Bonsoir.
07:02 On va accueillir notre invité, Christian Clot.
07:05 Il est explorateur, il est chercheur et il est assez fascinant.
07:07 Il s'est plongé dans des climats extrêmes
07:09 pour simuler la météo de demain.
07:11 On parlait d'écologie, avec lui, on va se poser cette question.
07:13 Est-ce que nous sommes vraiment prêts à nous adapter
07:16 face aux bouleversements environnementaux qui nous guettent ?
07:18 A tout de suite.
07:19 Julien Célier, Cyprien Sini.
07:22 RTL Bonsoir