• il y a 6 mois
Une petite phrase fait jaser, celle de Jordan Bardella dans "Le Parisien" : "Pour gouverner, pour nous essayer, j'ai besoin d'une majorité absolue". Du coup, on s'interroge : si le RN est en tête aux Législatives, mais avec une majorité relative, et ce que Bardella acceptera le poste de Premier ministre ? Pour en parler, l'ancienne ministre Roselyne Bachelot, Pablo Pillaud-Vivien, rédacteur en chef de la revue de gauche "Regards", et Tugdual Denis, directeur de la rédaction de "Valeurs Actuelles".
Regardez L'invité de RTL Soir avec Julien Sellier du 18 juin 2024

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Transcription
00:00Allez les grands débats de la deuxième heure, pendant trois quarts d'heure on va disséquer
00:08la course contre la montre avant les législatives J-12, on en discute, on se confronte, les
00:13débatteurs en studio, l'ancienne ministre Roselyne Bachelot, bonsoir, à gauche Pablo
00:19Piovivien, rédacteur en chef de la revue Regarde, bonsoir, à droite Tuck Duhaldeny,
00:23directeur de la rédaction de Valeurs Actuelles, bonsoir, et premier grand débat ce soir,
00:28le RN aurait-il peur de prendre le pouvoir ? Les propos de Jordan Bardella, ce matin
00:33en tout cas font jaser.
00:34Alors je le cite dans Le Parisien, pour gouverner, pour nous essayer, j'ai besoin d'une majorité
00:39absolue, et autre petite phrase sur CNews.
00:42Moi j'ai besoin d'avoir une majorité absolue, et donc je n'envisage pas d'être le collaborateur
00:46du président de la République.
00:47En clair, si le RN est en tête, mais avec une majorité relative, eh bien Jordan Bardella
00:52pourrait refuser le poste de premier ministre.
00:54Roselyne Bachelot, Jordan Bardella qui dit, moi premier ministre, mais seulement si j'ai
00:58une majorité absolue, est-ce que le RN prendrait peur, alors que la dernière marche vers le
01:03pouvoir est à gravir ? Je précise qu'à aucun moment, Jordan Bardella a dit textuellement
01:08qu'il refuserait le poste en cas de majorité relative.
01:11On a parfois dans un premier jet un peu tordu la phrase, mais…
01:15Quand on l'entend sur d'autres antennes ce matin, c'est quand même sous-entendu.
01:20Qu'il ait peur, c'est assez logique de prendre ce poste, c'est quand même un garçon
01:26qui a 28 ans, qui n'a jamais exercé de fonction de gestion dans une entreprise,
01:32qui n'a jamais exercé de fonction dans une collectivité territoriale, même modeste,
01:36une petite mairie de campagne, c'est quelquefois plus difficile d'ailleurs que les grandes.
01:41C'est pas ça du tout.
01:42C'est pas simple du tout.
01:44Mais voilà, qu'il ait les chocottes, je le comprends aisément.
01:49Et puis, effectivement, on bâtit un programme, qui était quand même un programme à 102 milliards d'euros,
01:56et puis on se dit « comment on va le faire ? ».
01:58Et c'est vrai qu'on a vu des reculades à peu près sur tous les plans,
02:03aussi bien sur la réforme des retraites, sur la TVA, très bien,
02:09même sur le port du voile dans l'espace public, ou encore la défense.
02:18C'était très curieux de voir le programme du RN sur la défense,
02:22où il y avait quand même des alliances avec Poutine, la sortie du commandement intégré de l'OTAN.
02:27Hop, dans le programme de M. Bardella, ça n'existe plus.
02:30Donc, effectivement, on voit que ça fassaïde beaucoup, beaucoup au Rassemblement national,
02:37et on comprend effectivement que M. Bardella ait peur.
02:41– Thuc Duhaldeny, les auditeurs qui nous écoutent, les électeurs RN peut-être,
02:46s'interrogent ce soir, pourquoi tant d'atterrements à 12 jours des législatives ?
02:50Parce que le RN aussi se rend peut-être compte que la majorité absolue est compliquée à aller chercher ?
02:55– Oui, j'y vois des raisons uniquement tactiques.
02:59Jordan Bardella mobilise ses électeurs ou ses électeurs potentiels pour les législatives,
03:04comme il a mobilisé ses électeurs pour les élections européennes.
03:08C'était très compliqué pour lui de faire une campagne de favori pendant les élections européennes,
03:12il était annoncé à 30, 32, parfois 34, et il n'avait qu'une trouille.
03:16Effectivement, c'était que les gens ne se déplacent pas pour voter.
03:19Sachant qu'il y aura encore plus de participation aux élections législatives,
03:22il faut absolument, s'il veut obtenir une majorité absolue,
03:26qu'il batte le rappel auprès de ses électeurs,
03:29et qu'il ne donne pas l'impression que la partie est gagnée d'avance,
03:31parce que, de toute façon, elle ne l'est pas, et qu'en plus, ça serait contre-productif pour lui.
03:36– Et en cas de majorité relative, à votre avis, il y va ou pas, Maxime ?
03:39– C'est sûr que non, il n'y va pas. – Oui, on est d'accord.
03:41– Oui, mais les électeurs du RN qui ont voté pour lui risquent d'être déçus.
03:44– Ah si, je me mets à la place de l'électeur RN qui vote pour quelqu'un
03:47en espérant voir cette personne-là.
03:48– Surtout que les Français adorent la cohabitation.
03:50– Non mais à 230 voix, à 230 sièges, 230 voix.
03:53– Les Français, ils adorent la cohabitation quand le Premier ministre a du pouvoir.
03:56Lionel Jospin avait du pouvoir en 97,
03:59et Jacques Chirac avait du pouvoir en 86,
04:03parce qu'ici, il n'a pas de majorité absolue.
04:06Ah ben non, mais ce n'est pas du tout la même chose d'être Premier ministre de cohabitation
04:09avec une majorité absolue ou une majorité relative.
04:10Regardez déjà quelle galère c'est quand vous êtes aligné sur votre président de la République
04:15comme Gabriel Attal ou Elisabeth Borne, et que vous avez une majorité relative.
04:18– Là, tout est très sous-entendu.
04:20– Pardon, Julien, quand même, j'ai un point.
04:22Parce que par rapport aux électeurs du RN dont vous parlez,
04:25effectivement, la petite musique depuis ce matin,
04:27d'ailleurs, depuis quelques jours, c'est Le Monde qui avait fait un premier papier là-dessus
04:30sur les empêchements, entre guillemets, du RN.
04:32Papier intéressant, par ailleurs.
04:34Mais on peut aussi contrebalancer ce récit en disant que,
04:38certes, ils ne vont pas interdire le voile dans l'espace public,
04:41mais ils vont supprimer les allocations familiales pour les parents de mineurs délinquants.
04:44– Ça reste quand même très raciste, ne l'oublions pas.
04:47– Non, mais non, mais non, mais non.
04:48– Et puis, ça ne recourte pas d'argent.
04:50– On va en discuter, le programme, on va en discuter dans un instant.
04:53– Ils annoncent baisser la TVA sur les produits énergiques.
04:55– On va en discuter, on va en discuter.
04:56– Pas sur les produits, pour ne rien nécessiter.
04:57– Dans un instant, mais sur la stratégie qu'il interroge.
05:00Et puis, c'est vrai que tout est sous-entendu dans les propos de Jordane Bardella.
05:02– Bien sûr, c'est pour ça qu'il n'a pas fait l'alliance avec Reconquête, le mien par exemple.
05:05C'est parce qu'il faut qu'il montre absolument que c'est un parti de gouvernement et qu'il préfère…
05:09– Mais on ne peut pas dire aujourd'hui, franchement,
05:11moi je vous préviens, si je n'ai pas de majorité absolue, j'y vais pas.
05:14Parce que tout est sous-entendu depuis ce matin.
05:16On avait un eurodéputé RN à votre place, Pablo Pio-Vivien,
05:18il y a une heure, Alexandre Dernicolic,
05:20on lui a posé 4, 5 fois la question et il refusait de répondre à la question.
05:25C'est impossible quand on est candidat au poste de Premier ministre de dire
05:28« non, je ne le prendrai pas si je n'ai pas assez de députés ».
05:30– Alors, moi, déjà, « quand c'est flou, c'est qu'il y a un loup », et…
05:34– J'ai déjà entendu ça quelque part.
05:35– Exactement.
05:36– Je ne connais pas cette expression.
05:37– Vous ne connaissez pas ?
05:38– Mais si, bien sûr que si.
05:39– C'est Martin Aubry.
05:41– Je vais faire un 2 quand je fais du second degré, Pablo.
05:42– Aubry sort de ce corps.
05:44– Mais elle avait tout à fait raison, Martin Aubry, de « quand c'est flou, c'est qu'il y a un loup ».
05:49Non, j'avoue que moi, je connaissais les candidats qui, une fois élus,
05:55reviennent sur leurs promesses de campagne.
05:59C'est assez monnaie courante, finalement, en politique.
06:01Là, j'avoue que c'est nouveau.
06:03On a un candidat, des candidats du Rassemblement national
06:07qui reviennent sur leurs promesses avant même d'être élus.
06:10C'est original, voilà, c'est la façon de faire du Rassemblement national.
06:16Moi, je rajouterais, en fait, dans tout ce qui a été dit depuis tout à l'heure,
06:20qu'il faut aussi y voir, c'est la même stratégie, en fait,
06:24que le rapprochement avec les Républicains.
06:26C'est-à-dire qu'ils veulent continuer leur dédiabolisation
06:29et montrer, finalement, qu'ils sont une droite comme les autres.
06:32Ce que, je pense, ils ne sont pas.
06:34– Et responsables sur le plan budgétaire.
06:36– Et responsables, exactement.
06:37Il a utilisé plusieurs fois le mot « raisonnable », Jordan Bardella,
06:41lorsqu'il est revenu sur plusieurs de ses promesses,
06:45notamment sur la question de la TVA ou sur la question des retraites.
06:48Ils veulent apparaître comme raisonnables.
06:50Surtout qu'en pendant, ils ont le front populaire,
06:55c'est-à-dire le bloc de gauche qui, lui, est sans arrêt attaqué,
06:58notamment par les néolibéraux,
07:00comme étant un programme totalement fou, avec que des dépenses, etc.
07:04Et donc, eux, ils veulent montrer aux néolibéraux qu'ils sont raisonnables
07:08et puis, finalement, qu'ils vont appliquer aussi des méthodes néolibérales
07:11si jamais ils arrivent au pouvoir.
07:13– On précise aux auditeurs qui nous rejoignent à l'instant
07:16que quand on parle de « renoncement », puisque ce terme a été employé
07:18autour de la table dans ce débat, par exemple la suppression de la TVA
07:22sur les produits de première nécessité à renvoyer à un second temps
07:25et sur la réforme des retraites, Jordan Bardella dit « abrogation » à l'automne.
07:29Son nouvel allié LR, Éric Ciotti, disait hier soir
07:32« il n'est pas dit que la réforme des retraites sera abrogée ».
07:34– Il a dit « pour la retraite » il y a 67 ans.
07:36– Ce matin, il a temporisé et il a dit « c'est Jordan Bardella qui décidera ».
07:40Il y a peut-être eu un petit échange entre les deux dans la soirée.
07:44En tout cas, sur ces promesses de campagne sur lesquelles on revient
07:46en quelque sorte, Roselyne Bachelot, c'est quoi l'idée ?
07:49C'est de ne pas apparaître effectivement comme le dirigeant qui raserait gratis ?
07:52– C'est-à-dire qu'il s'agit justement pour gagner cette majorité absolue
07:59que je pense introuvable, quand on voit les rapports de force
08:02on s'en va vers une majorité relative, qu'elle sera-t-elle c'est encore en suspens.
08:07Mais il faut conquérir des parts de l'électorat.
08:11Or, il y a tout un électorat qui est disponible,
08:17c'est tout cet électorat des petits commerçants, des artisans,
08:21de tout ce qui fait le tissu économique du pays.
08:23Les entreprises de moins de 10 salariés, c'est 2,1 millions d'entreprises de moins de 10 salariés.
08:32Et ces gens-là, ils sont complètement affolés.
08:34Quand on leur dit l'augmentation des charges, ils sont affolés par les deux programmes.
08:40Et effectivement, l'idée de rétro-pédaler pour trouver des parts de marché,
08:45pardon pour cette expression un peu triviale,
08:48pour trouver des parts de marché, c'est aussi la raison du rétro-pédalage.
08:53– Et est-ce que ce n'est pas à l'inverse risquer électoralement Tuck Duell-Denis ?
08:57Parce qu'il y a effectivement une partie de l'électorat qu'il faut rassurer,
09:01mais il y a la campagne notamment des européennes,
09:03et maintenant celle des législatives a été tournée vers le pouvoir d'achat.
09:07Donc il y a des électeurs RN qui attendent des réponses, et vite.
09:11– Alors contrairement à la campagne présidentielle 2022,
09:14la campagne des européennes du Rassemblement National
09:16était beaucoup plus tournée vers l'immigration.
09:18– Certes, mais le pouvoir d'achat y était présent aussi.
09:20– Et c'est la préoccupation première des électeurs.
09:24– Oui, et la deuxième c'est l'immigration.
09:25Donc ils sont plutôt raccords avec l'opinion.
09:28Ce qu'il faut bien comprendre,
09:29c'est que le parti du Rassemblement National n'est pas un parti comme les autres.
09:32C'est-à-dire que quand un autre parti fait une alliance, une coalition,
09:36on a l'impression que c'est des accords politiciens.
09:39Quand c'est le Rassemblement National qui est diabolisé depuis 50 ans,
09:42on a l'impression que tout d'un coup il décroche la timbale.
09:44Quand un autre parti commence à parler de renoncement, de reculade,
09:48on a l'impression qu'effectivement il y a du reniement.
09:50Avec le Rassemblement National,
09:51on a l'impression qu'il commence à devenir raisonnable.
09:53Moi je suis désolé, j'écoute Roselyne Bachelot et Pablo Pianvivien depuis tout à l'heure,
09:57et je me dis qu'ils sont en train de convaincre les électeurs
10:00« indécis » qui hésiteraient, par exemple,
10:02– Oh là là, Pablo est remonté sur sa chaise, prêt à en découdre.
10:05– Pablo se redresse, mais qui hésiteraient lors d'un deuxième tour.
10:08Par exemple, je suis un électeur macroniste,
10:10j'hésite au deuxième tour, parce que j'ai dans ma circonscription
10:14un duel entre le Rassemblement National et le Front Populaire.
10:17Eh bien, écoutez, cet électeur-là,
10:19je pense qu'il préfère que le Rassemblement National
10:22ajourne la réforme des retraites,
10:23fracture pas les pays au jour 1 en interdisant…
10:26– Pablo, la réponse, c'est le truc dual,
10:28parce qu'on a 30 secondes et on doit aller à la pub.
10:30– Je ne pense pas qu'un électeur du Rassemblement National
10:35le fasse parce que le Rassemblement National
10:37va abroger la réforme des retraites ou va modifier le taux de TVA.
10:42Je pense qu'il le fait pour des raisons racistes.
10:44C'est-à-dire qu'il pense que le problème aujourd'hui de nos dépenses publiques,
10:48ou plutôt une des façons de résoudre le problème de nos dépenses publiques,
10:51c'est en faisant la préférence nationale,
10:55c'est en limitant les aides aux étrangers,
10:56c'est en les empêchant d'accorder aux soins.
11:00Je pense que c'est le récit qui a réussi à imposer aujourd'hui
11:03le Rassemblement National et c'est un désastre.
11:05– Allez, les grands débats de RTL Bonsoir continuent.
11:08Je suis désolé Roselyne, je sais que vous vouliez intervenir,
11:10mais là je me fais vraiment gronder dans le casque.
11:13Et on a une question très importante à se poser tous ensemble autour de cette table.
11:16Quel Premier ministre potentiel à gauche ?
11:18Ruffin ? Mélenchon ? Berger ? Pourquoi aucune femme dans la shortlist ?
11:22On va se poser la question.

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