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Mohamed Amra, qui s'est évadé le mardi 14 mai au péage d'Incarville dans l'Eure, ne respectait aucune règle lors de ses précédentes détentions, selon les informations obtenues par BFMTV.

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Transcription
00:00 Et avec nous pour en parler, Stéphane Sélamit, journaliste du service Pôle et Justice de BFM TV. On est aussi avec Yvan Gombert, bonjour, secrétaire national FO Direction pénitentiaire.
00:08 Stéphane, d'abord, on va découvrir ensemble cette vidéo, la première vidéo de l'homme le plus recherché de France. On voit Hamra avec sa chicha. C'est où et c'est quand ?
00:19 Alors, ce qu'on sait sur cette vidéo, c'est que ça s'est passé à la santé. Ça a été authentifié par différentes sources pénitentiaires.
00:24 Je rappelle qu'il était détenu à la santé entre les mois de janvier 2022 et le mois de septembre 2023. C'était notamment authentifié grâce au lit superposé qu'on voit, qu'on atraperçoit dans la vidéo.
00:37 Et donc, c'est avec sa fameuse chicha dont il faisait usage pour égayer ses fameuses soirées d'été.
00:43 Et donc, avec son fameux portable avec lequel il se filmait aussi. Stéphane, vous nous aviez déjà révélé la semaine dernière les conditions de détention de Mohamed Hamra à la prison de la santé,
00:52 notamment les neuf téléphones portables, la chicha donc, la façon dont il gérait ses trafics depuis sa cellule. Il commanditait même des enlèvements.
01:01 Et on apprend qu'il avait donc aussi une petite amie et que leurs relations se poursuivaient, j'allais dire tranquillement, en prison.
01:08 Quasi normalement, comme s'il n'était pas finalement en détention, puisque cette petite amie qui s'appelle Nawal pouvait lui rendre visite en se faisant passer pour la sœur de Mohamed Hamra,
01:19 puisqu'elle empruntait en fait sa carte d'identité et sa sœur, elle, avait droit à des parloirs avec son frère.
01:25 Donc, elle arrivait, elle se présentait et elle a eu plusieurs parloirs avec lui, notamment des parloirs qui eux aussi étaient écoutés.
01:32 Et on sait qu'ils ont eu des brèves relations sexuelles au sein de ces parloirs de la prison de la santé.
01:36 Alors, qu'est-ce qu'on sait de cette jeune femme Nawal et du rôle qu'elle a joué auprès de Mohamed Hamra ? Parce qu'elle était plus que sa petite amie.
01:41 C'est un peu plus que ça, oui. Et puisqu'elle a été mise en examen aussi dans cette affaire de meurtre en bande organisée, donc du côté des Bouches du Rhône,
01:48 aujourd'hui, ce qu'on sait, c'est qu'elle a 21 ans, elle est originaire de Marseille, elle travaille dans un salon de massage.
01:54 Et en fait, elle aurait fait sa connaissance à l'été 2020, du côté de la Seine-sur-Mer, près de Toulon, dans le Var.
02:01 Donc, Mohamed Hamra lui aurait demandé à un moment donné de lui rendre un service.
02:05 Et c'est comme ça qu'elle s'est retrouvée impliquée dans cette affaire de meurtre en bande organisée.
02:09 Elle a été interpellée en janvier 2023 et incarcérée à la prison des Bomettes.
02:14 Où elle est toujours aujourd'hui, a priori ?
02:16 Alors, ça, on ne sait pas encore parce qu'effectivement, ses avocats n'ont pas souhaité nous répondre.
02:20 Est-ce qu'on sait comment elle s'est défendue au cours de ces différentes auditions ?
02:23 Oui, elle s'est exprimée très clairement. Au départ, effectivement, elle avait tendance un peu à nier les faits.
02:28 Et puis, elle a fini par reconnaître son implication, en tout cas, son rôle dans cette affaire.
02:33 Ce qu'elle dit surtout, c'est que finalement, elle était sous l'emprise de Mohamed Hamra.
02:37 Elle était amoureuse de lui, qu'elle lui a rendu service, mais qu'elle ne savait pas en fait ce qu'elle faisait.
02:41 Elle ne savait pas à quoi elle participait, finalement.
02:43 Yvan Gombert, on se souvient de votre colère froide, ici même, dans Première Édition,
02:48 lorsque Stéphane Sélamy nous avait révélé les conditions de détention de Mohamed Hamra,
02:54 et notamment le fait que sa cellule avait été placée sur écoute par la justice,
02:58 et que l'administration pénitentiaire n'avait rien su du contenu de ses écoutes,
03:02 ce qui aurait pu lui donner une indication sur la dangerosité de l'individu,
03:05 et ce qui aurait pu, in fine, peut-être empêcher le carnage du péage d'un Carville.
03:11 On rappelle que deux agents pénitentiaires ont été tués dans l'évasion de Mohamed Hamra.
03:15 Quand vous découvrez ce matin que Mohamed Hamra avait droit à des visites au parloir de sa sœur,
03:21 et qu'il s'agissait en fait de sa petite amie,
03:23 est-ce que vous ne vous posez pas aussi des questions, d'abord,
03:26 sur la façon dont sont contrôlées les identités des visiteurs en prison ?
03:30 Alors, non pas forcément.
03:33 Pour votre information, souvent on a des titres d'identité qui ont des photos assez anciennes,
03:39 et parfois on a du mal à identifier la personne.
03:42 Les personnes peuvent éventuellement se ressembler,
03:44 et comme ça va assez vite, il peut y avoir des erreurs d'interprétation.
03:49 Nous, ce qu'on voit dans ce système, c'est qu'il est complètement déficient.
03:53 En Italie, on a un système de biométrie qui permet d'éviter ce genre d'erreur.
03:59 On ne l'a pas en France.
04:00 On l'a uniquement pour les détenus, qui eux, ont un système de biométrie à la sortie du parloir
04:06 pour s'assurer qu'il n'y a pas eu un échange entre les détenus.
04:10 La biométrie ?
04:12 Oui.
04:13 Oui, la biométrie, en fait, c'est une biométrie palmaire, c'est-à-dire que c'est avec la main.
04:19 C'est-à-dire que la personne place sa main sur un appareil,
04:23 et on identifie via la main si c'est la bonne personne ou pas.
04:26 C'est une identification individuelle, donc on ne peut pas se tromper.
04:30 C'est automatique.
04:31 Vous avez une lumière d'hiver rouge, et donc si la lumière est rouge, c'est pas la bonne personne.
04:36 Donc pour l'instant, les visiteurs peuvent entrer sur la seule fois de leur pièce d'identité,
04:40 y compris avec une photo qui peut dater d'il y a 30 ans.
04:43 Exactement.
04:44 Moi, j'ai déjà vu certains cas où il était impossible d'identifier entre deux personnes.
04:49 J'avais dû identifier la personne uniquement avec la couleur des yeux,
04:52 donc c'est un peu limité.
04:54 Les personnes peuvent se ressembler parce que les photos sont anciennes,
04:57 parce que la personne qui va essayer d'entrer va tout faire pour ressembler la personne qui est sur la photo.
05:01 Yvan Gombert, des rapports sexuels au parloir, ça paraît ahurissant aussi ça.
05:05 Alors les rapports sexuels au parloir, pour que vous compreniez un peu comment fonctionne un parloir,
05:10 c'est pas une grande salle où tout le monde voit ce qui se passe, non.
05:13 Ce sont des petits box, assez nombreux, et vous avez un surveillant qui fait le tour de ces box.
05:17 Sur certains établissements, vous aviez des petits murets de séparation,
05:22 qui empêchait justement ce type d'actes.
05:24 La juridiction administrative et le conseil d'État ont demandé leur suppression et leur destruction.
05:28 Donc aujourd'hui, il y a un contact qui se fait assez rapidement.
05:32 Si effectivement les personnes veulent rentrer en contact en quelques secondes,
05:37 le surveillant le tente faire son tour, ne verra pas ce qui se passe.
05:41 J'ai bien compris, ça s'est fait assez rapidement.
05:44 Donc c'est totalement possible.
05:46 Oui, et après ça donne parfois des bébés parloirs, Stéphane Sélami.
05:52 Oui, il y a juste une chose, elle a 31 ans et pas 21 ans.
05:54 31 ans.
05:55 Yvan Gombert, Éric Dupond-Moretti avait demandé une enquête interne
05:59 sur les écoutes de la cellule de Mohamed Amra sur le fait que la justice n'ait pas communiqué à la prison
06:04 les informations qu'elle avait obtenues sur la dangerosité de Mohamed Amra.
06:07 Vous savez où en est cette enquête, même si elle dépend de la justice ?
06:11 Non, je n'en sais rien du tout.
06:14 De toute façon, c'est une enquête qui est interne, donc on n'est pas censé en évoquer ce sujet.
06:20 Stéphane ?
06:21 De nos informations, le rapport de cette inspection devrait être rendu cet été.
06:25 Mais qu'est-ce qui a changé depuis trois semaines ?
06:27 Est-ce que quelque chose a changé depuis trois semaines dans les prisons françaises ?
06:31 Ah non, pas grand-chose, non.
06:34 C'est la même chose qu'avant.
06:35 Il n'y a pas eu d'évolution majeure.
06:37 De toute façon, comme il n'y a pas d'évolution textuelle ou d'évolution matérielle,
06:41 pour l'instant, rien n'a changé.
06:44 Yvan Gombert, vous disiez qu'il y a une série de défaillances qui est énorme.
06:49 Mais qu'est-ce qui vous choque le plus ?
06:51 Tout est choquant, mais qu'est-ce qui vous choque le plus ?
06:53 Vous qui savez ce qui se passe dans les prisons, c'est quoi ?
06:55 C'est le téléphone, c'est la chicha, c'est les rapports sexuels au parloir,
06:58 c'est l'usurpation d'identité, c'est quoi ?
07:00 Ce qui me choque le plus, je dirais, c'est les téléphones,
07:04 puisqu'on avait un brouilleur qui était en place.
07:07 Donc normalement, un téléphone, je veux bien, mais là on était sur neuf.
07:11 Donc ça questionne sur le dispositif, ça questionne sur l'efficacité de ce dispositif.
07:17 Nous, à l'origine, on n'était pas forcément favorable aux brouilleurs,
07:20 mais plutôt à des détecteurs de téléphone pour être beaucoup plus efficaces.
07:24 Parce qu'en plus, vous connaissez le problème,
07:27 les brouilleurs de téléphone, par exemple à Paris,
07:29 brouillent aussi le voisinage, ce qui implique de baisser le niveau de brouillage.
07:34 Les réverins de la prison de la santé pourraient vous en parler.
07:36 Exactement. Donc voilà.
07:38 Donc ça rend le dispositif non efficace sur ce type de structure.
07:42 Donc nous, on préférait un système de détection de téléphone portable
07:45 de manière à aller chercher directement le téléphone portable à la source,
07:48 voire même de l'identifier avant qu'il ne rentre en détention,
07:51 avec un système un peu plus adapté.
07:53 Stéphane ?
07:54 Ce qu'on n'a pas aujourd'hui du tout.
07:55 Oui, on sait effectivement que le champ de brouillage est réduit,
07:58 puisque c'est une prison qui se trouve en plein cœur d'une ville.
08:01 Donc voilà, c'est compliqué pour ça aussi.
08:03 Et il y a de toute façon des cellules, et on le sait,
08:06 où les téléphones passent et où les communications sont possibles.
08:09 Stéphane Adeline le disait, il entame sa quatrième semaine de cavale.
08:13 Moi, Madame Reiss, qu'on a aujourd'hui une idée de l'endroit où se situe la TRAC ?
08:17 Justement.
08:18 Non, aucune idée pour le moment.
08:19 Il y a plusieurs pistes qui sont toujours explorées.
08:21 Plusieurs dizaines de témoignages ont été recueillis, exploités.
08:25 Mais pour l'instant, la TRAC se poursuit.
08:27 Et il n'y a pas de piste particulière qui est retenue.
08:30 Merci en tout cas d'avoir été avec nous ce matin.
08:33 Merci Yvan Gombert d'avoir réagi en direct aux révélations de Stéphane Sélamy.

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