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00:00 Le président français Emmanuel Macron ce matin à Bayeux, le 7 juin au matin, Bayeux était la première ville libérée par les britanniques.
00:07 Cette libération s'est faite sans combat.
00:09 Le 8 juin, ils opèrent la jonction avec les américains.
00:12 Le général de Gaulle débarque le 14 juin 44 pour imposer sa présence et celle de la France,
00:17 alors que les américains voulaient occuper le pays le temps d'une période transitoire.
00:21 C'est la première fois qu'il pose le pied sur le sol français depuis juin 40.
00:25 De Gaulle n'hésite pas à prendre la tête d'une manifestation de rue pour que cette libération ne soit pas seulement l'oeuvre des alliés,
00:32 mais également celle du peuple français.
00:35 On retrouve Christophe Primm, historien, spécialiste de la seconde guerre mondiale et responsable des collections mémoriales de Caen,
00:41 auteur de plusieurs ouvrages dont la bataille du Cotentin, "Bonjour".
00:46 Si Bayeux est libéré dès le 7 juin 1944, les britanniques et les canadiens ne pénètreront que le 9 juillet dans la ville de Caen,
00:54 un mois après la date prévue.
00:56 Le débarquement est une réussite, mais la libération de la Normandie a été beaucoup plus longue et beaucoup plus difficile.
01:03 Oui, tout à fait. On vient de commémorer la journée du débarquement du 6 juin,
01:10 mais il va falloir encore 100 jours aux alliés pour libérer la Normandie dans sa totalité.
01:17 Les soldats américains, on sait qu'ils se sont embourbés dans la bataille des Hays, dans le Cotentin.
01:23 Vous pouvez nous en dire plus ?
01:25 Les américains de leur côté, qui ont débarqué sur Utah et sur Omaha,
01:32 dès le 6 juin sont confrontés justement à ce bocage normand, chose qu'ils n'avaient pas prévue,
01:41 tout simplement parce que leurs reconnaissances aériennes, qui ont été prises à certains moments de la journée,
01:47 ne leur ont pas permis de réaliser à quel point ce paysage allait contrarier leurs opérations,
01:55 alors que les allemands ont une parfaite connaissance de ce dernier, puisqu'ils sont là depuis juin 1940.
02:01 Et du coup, comment les américains se sont sortis de cette bataille des Hays ?
02:06 Les américains sont un petit peu tendres au départ.
02:10 La majorité des troupes n'ont jamais fait leur baptême du feu avant la Normandie,
02:15 mais ils vont apprendre, ils vont apprendre vite, ils font ce qu'on appelle aujourd'hui des rétex,
02:20 des retours d'expérience, et ils vont bricoler un petit peu, mais trouver aussi des solutions,
02:26 et surtout c'est leur puissance, leur puissance matérielle, leur puissance en homme,
02:30 et la puissance de leur artillerie qui va permettre finalement, au fur et à mesure,
02:34 de prendre le dessus sur les forces armées allemandes, elles qui manquent de tout.
02:38 Et donc c'est à la fin du mois de juillet qu'il y aura la percée décisive dans l'opération Cobra ?
02:44 Oui, la percée Cobra qui va être réalisée au sud de Saint-Lô à partir du 26-27 juillet,
02:52 avec un premier acte manqué à cause de bombardements ratés.
02:58 Mais très vite, les américains, les troupes américaines percent le rideau défensif allemand,
03:04 et la troisième armée du général Patton va s'embouffrer dans la brèche,
03:09 donc aller jusqu'à Saint-Lô, et à partir de Saint-Lô, à la fois pour une partie libérer la Bretagne,
03:15 et pour le reste faire finalement un mouvement, former la pince sud,
03:20 qui va permettre de prendre au piège le reste des armées allemandes qui étaient stationnées en Normandie.
03:26 De Gaulle, lui, pesait peu sur le plan militaire, mais il a réussi à s'imposer, et ça n'a pas été sans mal ?
03:33 Non, ça a été très compliqué entre De Gaulle et surtout le président Roosevelt,
03:39 puisque les États-Unis ont continué d'avoir des relations avec Vichy,
03:43 tout simplement parce que pour eux, à leurs yeux, Vichy restait un interlocuteur viable,
03:50 mais De Gaulle, lui, justement, va avoir quelques relations tendues,
03:56 notamment avec le président américain, ce qui fait que les américains vont,
04:00 en tout cas c'est vertueux, à mettre en place une occupation militaire après le débarquement,
04:05 ce qui va finalement ne pas plaire à De Gaulle, qui va faire tout ce qu'il peut,
04:10 il va réussir pour mettre en place finalement cette république,
04:14 et devenir finalement le nouveau chef, non plus simplement de la France,
04:18 du moins de la France libre, mais de la France toute entière.
04:21 Qu'est-ce qui a finalement convaincu les américains de soutenir De Gaulle ?
04:25 Alors on va dire que si les relations étaient tendues avec Roosevelt sur le terrain,
04:32 les relations avec Eisenhower étaient bien meilleures.
04:37 Et ça c'est un fait depuis la fin de l'année 1943,
04:44 les deux hommes vont beaucoup discuter ensemble, notamment de la future libération,
04:50 et plus spécifiquement aussi de la libération de Paris,
04:53 donc il va y avoir toujours une communication,
04:55 et à partir du moment où De Gaulle force un petit peu la main aux alliés,
05:03 notamment en débarquant en Normandie le 14 juin,
05:08 en faisant un petit peu la tournée des Paupettes,
05:10 en allant jusqu'à Bayeux, jusqu'à Aisigny, ce que n'avaient pas prévus les britanniques,
05:15 il va s'imposer finalement comme le seul interlocuteur pour les alliés sur le plan politique.
05:22 La libération de Paris d'ailleurs c'est le 25 août,
05:24 mais quelle a été l'importance de la résistance française dans cette libération ?
05:29 C'est toujours la question, c'est difficile finalement d'évaluer son efficacité,
05:39 en tout cas les alliés l'ont bien prise en compte.
05:42 Bien sûr il y a le rôle combattant, notamment à travers les maquis mobilisateurs,
05:47 qui ne va pas forcément être très efficace au demeurant,
05:51 donc il suffira de parler notamment d'évoquer le maquis de Saint-Marcel ou encore celui de Vercors,
05:59 qui ont été réduits, détruits par les allemands.
06:04 Mais il y a aussi une autre importance qu'on doit donner à la résistance,
06:09 c'est justement leur enseignement,
06:12 puisque finalement ils ont facilité énormément les choses aux alliés
06:17 grâce à toutes les informations qu'ils leur transmettaient depuis 1942.
06:22 Et comment les gaullistes et en particulier Jean Boulin ont réussi à unifier la résistance française ?
06:28 On va dire que l'unification a été longue, il a fallu se montrer patient.
06:35 Bien sûr les victoires acquises, les victoires militaires,
06:40 notamment celle de la France libre, on parlera notamment de Birak M, de Koufra,
06:45 ont permis aussi à la France libre, à la France combattante, peu à peu de s'imposer.
06:51 Mais après c'est sur le plan politique, il a fallu réussir à faire convaincre
06:56 toutes les mouvances politiques qu'on pouvait trouver au sein de la résistance,
07:00 justement d'offrir un front unifié.
07:03 Et en particulier avec les communistes, les franciens partisans,
07:08 qui ont toujours souhaité faire bande à part,
07:11 et surtout eux qui étaient très bien décidés à lutter activement,
07:16 notamment par des sabotages, des actes armés,
07:21 alors que pour le reste de la résistance, on pensait à la future libération,
07:26 il y avait d'autres moyens d'agir.
07:28 Et cette libération s'est faite au prix de la vie de jeunes soldats des pays alliés.
07:32 Combien de soldats américains qui avaient traversé l'Atlantique sont morts durant la libération ?
07:37 Sur les alliés, on va dire qu'au moment du débarquement,
07:44 on rappellera 4500 pertes sur Omaha, beaucoup moins sur Utah.
07:51 Après on est aux alentours de 20 000 si ma mémoire est bonne.
07:55 Ce n'est pas négligeable, mais il faut toujours aussi,
07:59 quand on parle de mort, je préfère parler de perte,
08:03 c'est parler aussi des blessés, parler des disparus.
08:06 Il ne faut pas oublier aussi que tous ces combats vont laisser des traces,
08:10 notamment dans les esprits de tous ces combattants.
08:13 L'absence de Vladimir Poutine lors des cérémonies hier du 80e anniversaire
08:17 du débarquement de Normandie ne doit pas faire oublier également
08:21 le rôle majeur joué par les Russes dans la défaite des nazis.
08:25 Le tournant de la guerre, c'est quand même la bataille de Stalingrad.
08:29 Oui, la bataille de Stalingrad, qui est remportée par l'Union soviétique
08:34 en février 1943.
08:38 Il ne faut pas oublier que le débarquement, vu du côté soviétique,
08:43 c'est un second front, c'est quelque chose qui doit venir
08:46 soulager leurs forces armées pour qu'elles puissent continuer d'avancer.
08:51 L'essentiel des pertes occasionnées à l'armée allemande,
08:57 plus de 2 millions de morts, vont l'être sur le front de l'Est.
09:01 Forcément, l'Union soviétique a joué un rôle majeur dans cette guerre,
09:07 même si elle était alliée aux forces anglo-américaines.
09:13 Finalement, ils ont mené leur propre guerre.
09:17 C'est à partir de 1944, où la défaite de l'Allemagne devient
09:23 de plus en plus évidente, qu'on va voir des conférences internationales
09:28 en présence de Staline pour préparer l'après-guerre.
09:31 Même s'il y a eu ce fameux pacte Molotov-Ribbentrop,
09:34 les pertes militaires soviétiques représentaient 88% du total
09:40 des pertes alliées en Europe.
09:43 Le débarquement marque l'hégémonie américaine et l'Europe qui se construira
09:49 sous parapluie américain malgré les réticences du général de Gaulle ?
09:55 Oui, les Américains s'y sont préparés dès le début,
10:01 dès le mois de janvier 1942.
10:04 La Operation Warplanes américaine, qui était pendant une partie du temps
10:11 dirigée par Eisenhower, a préparé les opérations.
10:15 Les premiers plans prévoyaient notamment une invasion en Europe occidentale.
10:21 Plus précisément, les premiers plans devaient se passer dans le Cotentin.
10:28 Deux ans vont se passer, bien sûr le plan va changer,
10:33 mais pour eux c'était l'étape ultime.
10:35 On est dans le principe du "Germany first", il fallait vaincre l'Allemagne d'abord.
10:38 Pour la vaincre, il fallait absolument débarquer en Europe occidentale,
10:42 reprendre pied sur ce continent.
10:45 Il fallait les forces pour le faire.
10:47 Merci beaucoup Christophe Primm pour votre analyse.
10:50 Merci d'avoir été avec nous sur France 24.