• il y a 5 mois
Avec Julia Torlet, présidente et porte-parole de SOS Homophobie

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##C_EST_DANS_L_ACTU_5-2024-06-08##

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Transcription
00:00 Direction Montpellier, on en parle avec notre invité Julia Torley, bonjour.
00:04 Bonjour.
00:04 Vous êtes la présidente de SOS Homophobie.
00:07 On revient sur un témoignage, un témoignage vidéo qui est assez bouleversant.
00:12 C'est une jeune femme qui s'est filmée en colère, désespérée d'ailleurs.
00:16 Le visage complètement tuméfié, elle a été rouée de coups.
00:19 Ça s'est passé à Montpellier cette semaine.
00:21 Elle nous raconte "J'étais avec ma petite amie dans la rue, assise sur un trottoir.
00:26 On discutait, on se faisait un câlin.
00:27 Et là, un homme commence à se moquer de nous.
00:30 Puis une femme arrive et elle me regarde et elle me dit "Tu fais l'homme, tu veux être
00:34 un homme ? Si tu veux être un homme, bats-toi comme un homme."
00:37 Ensuite, la jeune femme n'a pas le temps de répondre, nous dit-elle.
00:40 Son copain, le copain de celle qui l'agresse, lui avait déjà, je cite, "foutu un coup
00:44 de poing au visage".
00:45 La jeune femme ne se rappelle pas ce qui s'est passé après.
00:47 Elle a été rouée de coups, elle a essayé d'aller porter plainte.
00:49 Ça s'est mal passé avec la police.
00:51 C'est ce qu'on appelle une agression lesbophobe.
00:53 D'abord, Julia Torley, on parle souvent des agressions homophobes qui visent donc un
00:58 homme, un homme homosexuel.
01:01 Là, c'est une femme lesbienne qui est visée.
01:03 Est-ce que c'est plus rare ou est-ce que c'est parce qu'on n'en parle jamais ?
01:05 Alors, il y a un peu des deux.
01:07 C'est un peu plus rare, certes, mais c'est surtout parce que quand on regarde les chiffres
01:13 et témoignages des agressions homophobes, les hommes qui sont gays ou présumés gays
01:18 du moins, sont très souvent, très majoritairement agressés physiquement dans des lieux publics,
01:24 dans la rue, et ils le sont seul ou en couple.
01:26 Alors que les femmes lesbiennes, les agressions physiques n'ont lieu quasiment que quand
01:30 elles sont en couple.
01:31 Comment on explique cette différence ?
01:33 C'est très simplement, et c'est exactement ce qui s'est passé cette semaine à Montpellier,
01:39 dû au stéréotype de genre qu'on a.
01:41 C'est-à-dire qu'on va estimer qu'un homme qui ne rentre pas exactement dans les
01:46 cases, les codes genrés du masculin, qui ne paraîtrait pas assez viril, serait forcément
01:50 gay.
01:51 Et cet homme-là, il y a tout de suite la sanction sociale qui tombe dessus.
01:55 Vous dites que pour certains hommes, il y a une présomption d'homosexualité venant
01:58 de certains homophobes.
01:59 Il n'y a pas de présomption de lesbianisme ?
02:03 Exactement.
02:04 Mais oui, c'est tout à fait ça.
02:05 Et c'est d'autant plus vrai qu'on le sait, et c'est l'histoire lesbienne entière
02:10 qui le montre, les lesbiennes sont invisibles en société.
02:12 Il y a en fait ce préjugé qui a toujours la peau dure, qui consiste à croire que les
02:16 lesbiennes, ça n'existe pas vraiment, c'est pas pour de vrai, c'est une phase, c'est
02:21 quelque chose comme ça.
02:22 Pourquoi ? Parce qu'elles se cachent ?
02:23 Ah mais non, c'est pas qu'elles se cachent, c'est qu'on ne les voit pas.
02:24 On ne les voit pas et on ne leur laisse aucune place.
02:26 Vous regardez très simplement, ne serait-ce que l'histoire culturelle de ces derniers
02:31 temps, on montre depuis longtemps des personnages d'hommes gays, des personnages de femmes
02:35 lesbiennes, c'est beaucoup plus rare.
02:37 C'est beaucoup plus rare et les quelques fois où on en a vu dans la culture, elles
02:40 sont très caricaturées, mais les lesbiennes réelles de la vraie vie qui ne sont pas forcément
02:43 des caricatures, elles, on ne les voit pas.
02:45 C'est peut-être aussi en quelque sorte, bon signe, après tout, moi si je marche dans
02:49 la rue, quelle que soit mon orientation sexuelle, je suis content qu'on ne me voit pas ou
02:52 qu'on ne me remarque pas.
02:53 Ça veut dire aussi peut-être qu'il y a une forme d'égalité entre les lesbiennes
02:56 et le reste de la population ?
02:57 Non, pas vraiment, parce qu'en fait, devoir rentrer dans des codes sociaux très définis
03:03 pour être respecté, ce n'est pas de l'égalité.
03:05 L'égalité, ce serait de pouvoir être qui on est, peu importe les vêtements qu'on
03:08 porte, peu importe la tenue qu'on a et pouvoir être respecté pour ça.
03:13 On nous accepte comme telle et qu'on vous foute la paix, en d'autres termes.
03:15 Oui, peu importe que vous portiez du vernis à ongles ou pas, ce serait ça l'égalité.
03:18 Exactement.
03:19 Donc cette jeune femme nous raconte qu'elle a porté plainte ensuite, mais qu'elle a
03:21 dû y aller à plusieurs reprises, qu'au début la police lui disait qu'elle ne pouvait
03:25 pas prendre sa plainte, qu'elle ne pouvait pas s'en occuper, qu'il fallait d'abord
03:28 un certificat médical.
03:29 Bref, ça a été très compliqué.
03:31 Est-ce que l'accueil de ces plaintes est difficile ?
03:33 Oui, alors c'est très variable selon les lieux, selon les interlocuteurs et interlocutrices
03:38 auxquels on peut avoir affaire.
03:39 C'est très variable, mais en tout cas le problème de fond, c'est le problème de l'accompagnement
03:44 dans la formation des forces de l'ordre.
03:46 Et ça, c'est un point sur lequel on se bat beaucoup parce que le gouvernement ne cesse
03:50 d'annoncer que les forces de l'ordre, police et gendarmerie vont être formées à l'accueil
03:54 des victimes, particulièrement à l'accueil des victimes de LGBTI-phobie.
03:58 C'est partiellement fait, c'est partiellement accompagné, mais c'est encore très timide.
04:02 Pourquoi c'est censé être différent ? Après tout, je me fais casser la gueule dans la rue,
04:05 quelle que soit la raison, on me vole mon portefeuille par exemple.
04:08 J'arrive au commissariat, c'est naturel, je veux porter plainte, c'est exactement la
04:12 même chose et la même procédure que si je me fais casser la gueule parce que je tenais
04:16 un homme par la main, non ?
04:17 Mais bien sûr que le dépôt de plainte est le même, mais parce que vous n'êtes pas
04:21 sans savoir que les forces de l'ordre sont constituées d'humains et que les forces de
04:24 l'ordre, les policiers, policières, gendarmes, sont des humains qui ont eux-mêmes des préjugés.
04:29 Et que donc quand on ne déconstruit pas ses préjugés à l'avance, à l'accueil, on
04:33 se heurte à ses mêmes préjugés.
04:35 Ce qui veut dire que dans certains commissariats de France ou certaines gendarmeries, c'est
04:39 ce que vous nous dites parfois, des homosexuels ou des lesbiennes arrivent, se font casser
04:43 la gueule et se font envoyer balader parce qu'elles sont homosexuelles ou lesbiennes ?
04:46 Voilà, alors il y a deux degrés de gravité.
04:48 Il y a effectivement ça qui consiste à continuer l'agression par un refus d'entendre ce qui
04:54 s'est passé, des moqueries ou ce genre de choses.
04:56 Et puis il y a aussi des agents et agentes qui accueillent de très bonne foi mais qui
05:00 ne sont pas en capacité par manque d'outils de classifier la plainte comme étant une
05:04 plainte pour agression homophobe, lesbophobe, transphobe.
05:07 Ce qui est une circonstance aggravante, il faut le rappeler.
05:10 Ce qui peut l'être si effectivement c'est tenu jusqu'au process, ce qui n'est pas toujours
05:13 le cas.
05:14 Mais ce qui effectivement constitue une circonstance aggravante.
05:16 Est-ce que la situation s'améliore, est-ce qu'elle se dégrade en termes d'une part
05:19 d'insécurité pour toutes les personnes dont on vient de parler et en termes d'autre part
05:23 d'accueil des plaintes ?
05:24 Alors sur l'accueil des plaintes, oui on essaie de faire en sorte que ça progresse.
05:29 Il y a des systèmes de formation qui sont en cours de déploiement, qui sont encore
05:33 très balbutiants mais on espère que ça va aller de mieux en mieux.
05:36 On espère que ce soit déployé de mieux en mieux mais ça il faut absolument que le gouvernement
05:39 se saisisse de ça de manière effective.
05:42 En revanche pour ce qui relève du climat, non là on ne cesse de le dire, en ce moment
05:46 le climat se dégrade.
05:48 Il y a un climat de violence physique comme cette agression en témoigne, de violence
05:52 verbale également, il y a un climat de tension qui est extrêmement menaçant en ce moment.
05:57 Qui déborde sur le reste de la société pour d'autres raisons par moments aussi.
06:01 Merci à vous d'être intervenu ce matin sur Sud Radio Juliator.
06:05 Les présidentes de SOS Homophobie, on reparlera de ces agressions, elles sont nombreuses et
06:09 malheureusement beaucoup trop présentes, beaucoup trop fréquentes surtout.

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