La participation, point faible historique des européennes

  • il y a 3 mois
Avec Bruno Cautrès, politologue, chercheur au CNRS et au CEVIPOF

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00:00Mais place maintenant à une autre épreuve, une épreuve incertaine, épreuve pour une élection
00:05souvent boudée par les électeurs. La participation est-elle le point faible des élections européennes,
00:12le point faible historique ? En tout cas on en parle avec notre invité Bruno Cotteres, bonjour.
00:16Bonjour.
00:17Bienvenue sur Sud Radio, chercheur au CNRS et au Cvipof de Sciences Po, vous êtes politologue,
00:23on a l'habitude de vous recevoir sur Sud Radio.
00:26Notre dernier sondage, avant la fermeture de tous les sondages, estimait à 52,5% la participation,
00:32c'était le rolling ifop fiducial pour Sud Radio. En 2019 c'était à peu près un français sur deux
00:36qui avait voté, en 2014 c'était encore moins, 42,43%. En 2009 40%, en 2004 42%.
00:44C'est une élection particulièrement boudée, pourquoi ?
00:48Alors c'est une élection forcément qui présente pour les électeurs un peu plus de difficultés
00:55à bien comprendre quels sont les principaux enjeux.
00:58Il y a effectivement cette élection qui est une élection pour élire les députés européens,
01:03mais on va les élire dans un cadre national.
01:06Par ailleurs, ce que font les députés européens est assez peu identifié,
01:11c'est pas exactement le Parlement européen, ça exerce les fonctions classiques d'un Parlement,
01:15mais en même temps c'est pas exactement comme notre Parlement national,
01:19donc c'est un peu plus difficile.
01:21On a trouvé évidemment un niveau d'abstention aujourd'hui plus important bien sûr qu'à l'élection présidentielle,
01:27mais vous savez dans certaines de nos élections nationales, l'abstention est très forte.
01:30Prenons le cas des élections législatives, en 2017 comme en 2022,
01:35c'était l'abstention qui était majoritaire à nos élections législatives.
01:38Il faut dire qu'elles ne se tiennent que cinq semaines après la présidentielle.
01:42Justement il y a un paradoxe dans les chiffres que je vous énonçais Bruno Cotteres,
01:46c'est-à-dire qu'autant les élections européennes étaient parmi les premières régulières
01:51à avoir une participation minoritaire, autant celle-ci depuis quinze ans,
01:55elle est plutôt en hausse, c'est-à-dire qu'en 2019,
01:58il n'y avait plus d'un français sûr de très légèrement qui avait voté,
02:01alors que c'était beaucoup moins auparavant.
02:02Comment on explique cette remontée la dernière fois ?
02:05Oui, on a longtemps eu le sentiment que la participation aux élections européennes,
02:08c'était un toboggan qui ne cesserait vraiment jamais,
02:11qu'on allait vers de moins en moins de participation,
02:14et puis on a vu en 2019 un rebond.
02:16On avait vu en France un rebond de participation en 1994,
02:19mais là en 2019, c'est vrai qu'on a fait, nous en France,
02:22un bond de plus 8 points de participation,
02:24comme l'ensemble des pays membres de l'Union Européenne.
02:27On avait même vu en 2019, dans certains pays,
02:30l'Allemagne, la Roumanie, la Pologne, des bonds spectaculaires de participation.
02:34Vous savez, ça traduit que la question européenne,
02:37les questions européennes, elles sont en train de s'ancrer davantage,
02:41de s'intégrer davantage dans nos vies politiques nationales,
02:44et pour 2019, rappelons quand même une donnée très importante,
02:48il y avait 8 pays membres de l'Union Européenne,
02:51qui simultanément, le jour des européennes,
02:53organisaient d'autres élections,
02:55et ça, ça favorise un peu la participation, bien sûr.
02:58Oui, sauf que ce n'était pas le cas en France.
03:00Tiens, parlons des comparaisons, Bruno Cotteres.
03:03Est-ce qu'on vote moins en France que dans les autres pays d'Europe,
03:06sur cette même élection ?
03:08Alors, la France est un petit peu en milieu de tableau,
03:11de ce point de vue-là.
03:13Elle était, en 2019, à l'étiage européen,
03:16en moyenne, sur l'ensemble des pays membres de l'Union Européenne,
03:18en 2019, on était à 51,
03:20c'est-à-dire à peu près le taux qu'on avait en France.
03:22Il y a des pays européens qui participent beaucoup plus que nous,
03:25qui ont une tradition de participation civique citoyenne plus importante,
03:29c'est le cas notamment de l'Europe du Nord,
03:31et puis il y a des pays où ça vote beaucoup moins,
03:33notamment dans les pays de l'Europe de l'Est,
03:36si on prend un exemple extrême,
03:38la Slovaquie est régulièrement le pays qui participe le moins,
03:44lors de leurs premières élections au Parlement européen en 2004,
03:47il n'y avait que 18% des Slovaques qui avaient voté.
03:51Et c'est d'autant plus paradoxal, pardon,
03:53que ce sont des pays qui n'ont pas eu le droit de vote,
03:55ou en tout cas le droit de vote était plus que figuratif
03:57et symbolique pendant des décennies,
03:59c'est quand même drôle.
04:01Oui, ça veut dire qu'il faut aussi un peu de temps
04:03pour que les élections européennes trouvent leur place
04:06dans les vies politiques nationales,
04:08aujourd'hui c'est le cas en France,
04:10même si on aura sans doute aujourd'hui une participation
04:12d'un niveau moyen.
04:13Dernier point et dernier paradoxe,
04:15à vous proposer Bruno Cotteres,
04:17comment se fait-il qu'on entende très régulièrement
04:19des Français se plaindre parfois,
04:23à raison que tous décident en Europe
04:25et en même temps bouder les élections
04:27qui permettent d'y renouveler le Parlement ?
04:29Oui, c'est un sacré paradoxe,
04:31effectivement,
04:33la position des Français par rapport à l'Europe
04:35c'est quelque chose d'un peu ambigüe,
04:37d'un peu ambivalent,
04:39à la fois on fait partie des pays de l'Union Européenne
04:41qui sont les moins positifs
04:43sur l'intégration européenne.
04:45Par exemple, prenons le cas de l'élargissement,
04:47la France aujourd'hui, c'est le pays quasiment
04:49le moins favorable à davantage
04:51d'élargissement de l'Union Européenne
04:53et en même temps les Français veulent
04:55que leur pays soit un acteur important
04:57en Europe,
04:59souhaitent que leur chef de l'État soit un acteur
05:01important au plan stratégique
05:03de la politique européenne
05:05et donc voilà un peu de l'ambivalence
05:07des Françaises et des Français
05:10sur la question de l'Europe.
05:12Merci Bruno Cotteres, politologue, chercheur
05:14au CNRS et au CIVIPOF
05:16de Sciences Po.

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