SMART BOURSE - Emission du lundi 10 juin

  • il y a 3 mois
Lundi 10 juin 2024, SMART BOURSE reçoit Michaël Nizard (Directeur du département Multi-Asset & Overlay, Edmond de Rothschild AM) et Alexis Dupont (Directeur général, France Invest)

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00:00 [Musique]
00:08 Bonjour et bienvenue dans Smart Bourse, votre émission quotidienne sur Bsmart pour rester à l'écoute des marchés.
00:13 Émission que vous retrouvez évidemment chaque soir en replay sur bsmart.fr ou encore en podcast sur l'ensemble de vos plateformes préférées.
00:19 Au sommaire de cette édition du lundi, 13h30, pour bien démarrer la semaine, ce choc d'incertitude qui s'accroît à l'issue des résultats des élections européennes.
00:29 Si la toile de fond, la big picture au Parlement européen évolue assez peu, malgré une certaine percée effectivement des droits durs et extrêmes.
00:37 C'est bien sur le plan national et domestique que certains sorts spécifiques attirent l'attention des investisseurs.
00:45 On parle évidemment du cas français avec un calendrier électoral qui s'accélère, comme on a pu le voir au Royaume-Uni il y a quelques semaines avec l'annonce d'élection générale anticipée pour le 4 juillet.
00:55 Le cas français lui aussi voit son cas électoral s'accélérer avec des élections législatives convoquées pour le 30 juin, 1er tour et le 7 juillet, 2nd tour.
01:07 Les marchés prennent acte de cette incertitude qui augmente avec une pression sur les actifs européens.
01:13 On le voit à travers l'euro, on le voit à travers les rendements obligataires et notamment autour du cas français avec une petite tension de 5 points de base entre la dette française à 10 ans et la dette allemande à 10 ans, le fameux spread.
01:28 Et puis le CAC 40 qui accuse une baisse plus marquée que les autres indices en Europe, en Europe deux fois plus élevée par exemple que la baisse du DAX en Allemagne, une baisse autour de 2% pour le CAC 40.
01:38 Décryptage, commentaire, analyse à suivre avec Michael Nizar des demandes Rothschild Asset Management qui sera avec nous en plateau.
01:45 Sans oublier évidemment la partie plus fondamentale qui intéresse toujours autant les marchés après la décision de la BCE la semaine dernière, c'est la Fed qui entre en piste cette semaine.
01:53 Avec en plus la publication du rapport mensuel sur l'inflation aux Etats-Unis qui interviendra ce mercredi, quelques heures avant la communication officielle de la réserve fédérale américaine.
02:04 Et nous reviendrons également dans cette demi-heure d'émission sur la démocratisation des actifs non cotés, un phénomène qui s'est accéléré ces dernières années.
02:14 Pour la première fois France Invest, l'association qui regroupe justement les investisseurs en private equity entre autres ou en actifs privés.
02:22 France Invest a publié une étude qui permet de quantifier ce phénomène de démocratisation des actifs privés, des actifs non cotés.
02:30 Alexis Dupont dévoilait pour nous ses premiers résultats de cette première enquête de référence.
02:47 Michael Nizar qui nous accompagne en ce début de semaine pour évoquer les enjeux des prochains jours, des prochaines semaines et des prochains mois même sur les marchés.
02:55 Michael qui est responsable de la gestion multi-assets et Overlatch et demande Rothschild Assets Management. Bonjour Michael.
03:00 Bonjour Nicolas.
03:01 Merci beaucoup d'être là. La politique prend évidemment une place importante au lendemain des résultats des élections européennes.
03:09 Je le disais avec une situation française spécifique qui trouble un petit peu les marchés et les investisseurs quand on regarde l'euro, quand on regarde le spread au Hatheboum,
03:18 quand on regarde même l'indice K40 en baisse de 2% par rapport aux autres indices européens.
03:24 Quel est le rationnel de ces mouvements de marché et à quoi est-ce que les investisseurs réagissent spécifiquement ce matin Michael ?
03:30 Oui effectivement c'est quand même une vraie surprise.
03:34 Je vois évidemment toutes les décisions qui ont été prises effectivement hier par Monsieur Macron.
03:39 Globalement en fait quand on voit d'un point de vue d'investisseur, d'un point de vue financier, on voit que pour l'instant finalement la reconstitution de la prime de risque est relativement ténue.
03:50 On a effectivement une réaction de marché comme vous le disiez sur le K40.
03:54 Quand on voit sur la partie prime de risque entre la dette allemande et la dette française, on a 5 points de base d'élargissement.
04:02 Quand on regarde finalement les années 2017, notamment sur le risque qui était peut-être plus important, on voit pour l'instant que finalement la reconstitution de la prime de risque est relativement faible.
04:14 Quand on regarde la partie euro/dollar, le taux de change euro contre toutes les devises baisse, mais très faiblement, de l'ordre de 0,4-0,5%.
04:22 Donc la vraie question c'est de savoir si finalement la reconstitution de cette prime de risque peut continuer à se mettre en place.
04:29 Pour nous en fait la réponse est oui. On pense en fait que pour l'instant le risque n'est pas suffisamment bien intégré à la question justement de savoir si la France va rester gouvernable suite à la dissolution.
04:41 On va vivre finalement des semaines entières d'incertitudes sur cette question là.
04:45 Et donc pour nous, il nous semble qu'en fait la vraie question va se poser sur d'abord les taux d'intérêt, notamment tout ce qui est périphérique à l'Allemagne.
04:53 Deuxièmement sur le marché de la dette, notamment la dette crédit, parce que si vous faites remonter le coût du capital, vous pouvez raisonnablement penser que finalement il y a certains secteurs qui peuvent davantage souffrir d'un levier financier qui est plus élevé.
05:06 On peut penser aux services collectifs, les utilities, on peut penser à l'immobilier.
05:10 Donc sur le court terme, on va dire sur le mois qui vient, on risque d'avoir un peu plus de volatilité réalisée et implicite sur les marchés actions.
05:19 Après sur le moyen terme, quand on regarde finalement le fait qu'on s'éloigne de plus en plus du risque de récession en Europe, en France, un taux de chômage qui n'était aussi bas, les nouvelles jusqu'ici, les nouvelles plutôt bonnes étaient devant nous.
05:35 Donc si on fait fi finalement de ce risque et de cette incertitude politique, sur le plan des fondamentaux, on va plutôt vers un mieux sur la conjoncture.
05:46 Si on prend le référentiel devise et l'euro face au dollar, depuis une paire de mois maintenant, on avait plutôt un renforcement continu, progressif de l'euro contre le dollar.
05:57 Ça rebaisse un peu aujourd'hui, mais on n'efface pas non plus tout ce mouvement.
06:01 Vous dites derrière, on est toujours dans une séquence où la macroéconomie en Europe offre un certain nombre de surprises plus positives.
06:08 Exactement, c'est-à-dire que finalement on laisse derrière nous un vrai questionnement sur la microéconomie.
06:13 Oui, je comprends.
06:14 Devant nous, on a peut-être un télescopage entre deux thématiques.
06:17 La macro qui a certes un ralentissement, mais qui a une vraie résilience au niveau de la conjoncture.
06:24 Mais dans le même temps, on voit finalement survenir, notamment dans les pays émergents, on a eu un risque politique qui a été relativement important,
06:31 mais qui est en ce moment digéré notamment par l'élection de Modi en Inde.
06:35 On a eu le Mexique, on a effectivement en Europe la France et le Royaume-Uni.
06:40 Et devant nous, on a surtout le risque qui n'est peut-être pas assez bien intégré, le risque Trump.
06:45 Donc ce risque-là, c'est d'avoir finalement un taux d'intérêt, des taux réels et des taux nominaux qui peuvent rester relativement élevés,
06:51 au moment où finalement les surprises sur l'inflation ne sont pas encore très très bonnes.
06:56 On a un tassement des conditions d'emploi au niveau des États-Unis qui est relativement stable,
07:02 et donc qui peut justifier de garder des niveaux de taux encore un peu plus élevés que ce qu'on pouvait imaginer
07:08 il y a encore quelques semaines ou quelques mois.
07:10 Et donc vous avez ce glissement et ce duo entre risque politique et risque économique qui est devant nous.
07:17 Ça veut dire, si on regarde la courbe obligataire, effectivement, on va avoir des forces en présence qui vont être un peu frictionnelles.
07:24 D'un côté, la reconstitution de cette prime de terme liée aux incertitudes politiques,
07:29 et dans le même temps, la perspective quand même de quelques baisses de taux des banques centrales.
07:34 Alors on peut parler du calendrier, baissé avant la Fed, etc.
07:38 Mais qui auront peut-être un impact sur les taux courts, mais pas un impact aussi fort que ça sur la partie longue de la courbe.
07:44 C'est ça qu'on peut imaginer, Michael.
07:45 Exactement, Grégoire, vous touchez du doigt finalement un point central, c'est-à-dire le mouvement de courbe.
07:50 En fait, on voit que depuis deux mois à peu près, on a évité et on s'est éloigné vraiment du risque de remonter des taux supplémentaires sur les taux courts.
07:58 On avait ce questionnement de savoir, est-ce que finalement le 5,25 était le maximum sur les taux fédérales réserves ?
08:03 Est-ce qu'on allait avoir la baisse des taux qui était anticipée au niveau de la Banque Centrale Européenne ?
08:07 Aujourd'hui, on sait globalement que d'ici la fin d'année, on a un pivot qui s'est mis en place avec des baisses des taux qui devraient avoir lieu justement sur l'économie américaine, sur les taux directeurs américains.
08:18 Donc le vrai sujet, c'est de savoir si finalement le flottement au niveau des taux ne va pas se faire sur la partie longue terme.
08:24 Quand on a un risque politique avec Trump qui peut justement amener un risque de reflation comme celui qu'on avait vécu au début de l'année 2017, qui avait duré 6, 7, 8 mois, où les taux d'intérêt avaient fortement remonté.
08:36 Dans le même temps, vous avez en Europe effectivement cette prime de risque qui est en train d'augmenter sur les pays périphériques au cœur de la zone.
08:48 Donc ce qui veut dire que finalement on a encore ce risque de repentification des courbes.
08:55 Oui, j'entends. Ils ne sont pas positifs.
08:57 Qui n'est pas positif en tout cas pour les secteurs défensifs.
09:00 Oui, oui. Non mais ce que je veux dire, la courbe n'est pas encore positive. On est encore sur des courbes légèrement inversées ici et là.
09:05 Jamais dans l'histoire, je pense, on a vu pendant aussi longtemps une courbe inversée.
09:11 Donc ça a renvoyé le message qu'à un moment donné on allait vivre un risque de récession, sauf qu'en fait on est en train gentiment d'éluder, de déprobabiliser ce risque de récession, malgré ces niveaux de pente qui sont très inversés.
09:25 Et donc devant nous, on a malgré tout un risque politique qui fait encore pointer ce risque d'avoir des taux long terme qui peuvent rester hauts, voire même remonter un peu plus en relatif par rapport aux taux courts.
09:39 Et ça, vous disiez, Michael, ça va favoriser ou en tout cas ça va générer des rotations aussi.
09:44 Ça aura un impact sur les marchés boursiers, sur les marchés actions, sur la dynamique sectorielle des marchés boursiers ?
09:50 Oui. Alors déjà par rapport à ce facteur taux, la première surprise c'est que finalement tout le secteur tech, notamment les tech-6, c'est-à-dire les méga-cap, ont très très bien navigué avec des taux qui auraient pu les malmener, qui auraient pu les pénaliser.
10:02 C'était des pertes de +20 pour les secteurs technologiques en Europe et aux Etats-Unis depuis le début de l'année.
10:06 Déjà ce secteur-là s'en sort très bien malgré ce qu'on a vécu sur les taux alors que historiquement c'est quand les secteurs liés à la croissance sous-performent normalement quand les taux d'intérêt se tendent.
10:18 Donc là il y a une histoire indépendante ?
10:19 Il y a une histoire indépendante qui est liée effectivement à la thématique intelligence artificielle.
10:23 Ensuite quand vous regardez finalement la repantification des taux et ces taux qui ont eu tendance à remonter, ça a plutôt bénéficié aux secteurs cycliques, notamment les industriels, toute la partie minière, les financières, les capital goods.
10:36 Et de l'autre côté vous avez les secteurs défensifs qui ont eu tendance finalement à souffrir.
10:40 Donc on a eu un re-rating, donc finalement une hausse assez forte des cours sur la partie cyclique qui a très bien finalement salué le fait que la conjoncture tenait particulièrement bien avec une remontée des indicateurs de directeurs d'achat.
10:54 Devant nous qu'est-ce qu'on a ?
10:56 Si les taux d'intérêt continuent de rester hauts, voire même de progresser avec une repantification, et bien ce sera encore les secteurs défensifs qui pourront être un petit peu plus malmenés parce que justement le coût du capital aura tendance à les pénaliser.
11:10 La vraie question c'est que finalement les secteurs cycliques sont déjà historiquement revenus à des niveaux très élevés.
11:16 Donc si la conjoncture commençait à montrer un certain signe de ralentissement, alors on pourrait avoir un début de rotation sectorielle entre les secteurs cycliques à la faveur finalement des secteurs plus défensifs.
11:29 Les comportements cycliques ont déjà bien anticipé, il y a quelque chose peut-être d'un peu asymétrique aujourd'hui sur ces secteurs-là par rapport à des secteurs défensifs effectivement qui restent malmenés encore avec ces mouvements de courbe de taux.
11:42 Je redonne juste pour l'élection française, le spread au Hatheboum qu'on regarde, oui on est peut-être à 55% plus aujourd'hui, l'écart entre le rendement de la dette française et le rendement de la dette allemande à 10 ans.
11:53 Vous évoquiez les références électorales précédentes, 2017, les derniers sondages avant le premier tour font monter la probabilité d'un second tour Mélenchon-Marine Le Pen à l'époque.
12:06 Et c'est là où on a vu effectivement la prime de risque française s'accroître par rapport à l'Allemagne jusqu'à, j'ai revu tout à l'heure, 75 points de base.
12:14 Voilà, ça a été la dernière référence d'un écartement du spread français sur des considérations politiques.
12:19 Exactement.
12:20 Sachant que là, si on se projette finalement après les élections, le facteur de risque positif finalement pour cette dette OAT, c'est qu'on va avoir certainement plus de visibilité.
12:31 Puisqu'en fait vous allez avoir un taux de participation qui aujourd'hui, dans les élections toutes récentes, quand on regarde 2017-2022, on a eu un taux de participation aux législatives qui était de l'ordre de 51,50, un taux d'abstention de l'ordre de 52%.
12:45 Si aujourd'hui on va vers finalement un taux de participation qui va être beaucoup plus élevé, oui on risque d'avoir de l'incertitude sur les prochaines semaines, mais me semble-t-il ce n'est pas durable.
12:57 C'est-à-dire qu'à un moment donné, on va revenir, vu le mécanisme de la Ve République, on va avoir quand même devant nous finalement une baisse plus tard de cette prime de risque, parce que finalement on va très rapidement retrouver de la visibilité sur le gouvernement.
13:17 Sur la conduite de la gouvernance et la conduite de la politique du pays.
13:21 Bon, le marché aussi, c'est vrai que la politique européenne, je me mets à la place d'un investisseur anglo-saxon ou d'un gérant de fonds de pension du fin fonds du Texas ou de la Californie, bon, il doit s'arracher les cheveux.
13:31 Mais en Europe en tout cas, ce qui est intéressant, c'est que dans le passé récent, on a vu des expériences de gouvernement menées par des droits de populistes extrêmes.
13:41 L'Italie, évidemment, a été très regardée de ce point de vue-là. Force est de constater que sur des métriques purement financières ou macro-économiques, l'Italie de Mélanie ne démérite pas par rapport à ce qu'on peut observer de l'historique italien ou ailleurs en Europe.
13:59 Alors évidemment, il y a eu toute la traction amenée par Braghi, par les plans européens, etc. Mais en tout cas, il n'y a pas eu de rupture avec l'accession de Mélanie et ce que la représente en Italie au pouvoir.
14:13 Tout à fait. Je dirais par rapport à ce point-là, le vrai point névralgique, c'est peut-on vivre une nouvelle fois un moment "trust", donc ce fameux gouvernement britannique qui avait cherché finalement à réduire les impôts.
14:27 Et donc, les marchés s'étaient emparés de cette thématique en faisant remonter très fortement les taux GILT, donc les taux britanniques, et ça avait amené effectivement la démission du "trust".
14:37 Ce qui a permis finalement au gouvernement Mélanie de voir exactement cette épouvantabilité-là pour ne pas imiter, ne pas rentrer dans cette spirale de remonter des taux très très forts.
14:47 Le laboratoire britannique, de ce point de vue-là, a été riche d'enseignements pour beaucoup de chancelleries, j'imagine, à travers l'Europe et la planète.
14:54 Exactement. Et donc, il me semble que ce mécanisme-là peut agir encore comme un épouvantail pour envoyer un message finalement au potentiel gouvernement, qui se formera à partir du 7 juillet, sur la conduite finalement de la politique économique et de l'autre côté finalement du financement.
15:12 Donc si c'est bien ficelé, on a normalement une prime de risque qui devrait plutôt rebaisser. Mais c'est vraiment un point qu'on a déjà vécu, qui permettra effectivement de chercher à s'en écarter pour les gouvernements de tous types.
15:26 Pour conclure, Michael, quelle est la logique d'investissement qui prévaut à ce stade chez vous, chez Edmond Rochi, l'Asset Management ?
15:33 Écoutez, c'est assez simple. Depuis maintenant un peu plus de deux mois, on a cherché à prendre le rebond des marchés. Donc on est passé positif sur les marchés actions.
15:41 Sur les pays développés dans un premier temps, en attendant d'y voir plus clair sur l'imminence d'une baisse des taux pour ensuite s'intéresser aux pays émergents.
15:47 Aujourd'hui, on est plutôt surpondéré sur la zone US, la zone européenne. Ça, c'est sur les actions. On pense effectivement que jusqu'à la première baisse des taux de la Fédérale Réserve, il faudra rester plutôt pro-risque, constructif sur les marchés actions.
16:02 Sur les taux d'intérêt, on a cherché à bénéficier de la phase de détente des taux, même si on n'a pas vu la révision des anticipations de baisse des taux depuis le début de l'année.
16:13 Néanmoins, on a plutôt eu tendance à prendre des profits sur la dette obligataire américaine. Aujourd'hui, quand on voit les marchés de l'emploi, bien nous en a pris, on a plutôt envie de rester plutôt neutre
16:23 et d'attendre le moment de revenir surpondéré sur la dette au moment où on aura plus de visibilité sur le relancement.
16:30 Bon, il y a un range sur le design américain 4,30, 4,70. On est tombé dans le bas du range. Ce n'était pas le moment d'être acheteur agressif de treasuries à ce moment-là.
16:38 Merci beaucoup, Mickaël.
16:39 Merci, Grégoire.
16:40 Mickaël Guzzard, responsable de la gestion multi-assets et overlay, des demandes Rothschild Asset Management.
16:54 On sort des marchés cotés pour s'intéresser aux actifs privés, aux actifs non cotés. C'est un fil rouge de l'émission depuis plusieurs années maintenant avec la montée en puissance de la démocratisation de ces actifs risqués.
17:04 Et je le disais en introduction, une première étude de référence menée par France Invest qui permet de quantifier ce phénomène d'accession des actifs privés par une nouvelle génération et de nouveaux épargnants grands publics.
17:19 Alexis Dupont, directeur général de France Invest, est venu nous apporter les résultats de cette première étude de référence.
17:24 L'étude apportée sur l'échantillon qui existe aujourd'hui sur le marché, je pense que l'étude est quasi exhaustive aujourd'hui sur ce qui peut toujours y avoir des petits manques.
17:37 Mais globalement, l'étude est exhaustive et ce qu'on voit, c'est que ça concerne essentiellement des FCPR.
17:42 Oui, c'est ça. On met de côté FIP, FCPI qui ont des fonctionnements un peu différents.
17:46 Ils ne font pas grand chose sur le marché aujourd'hui, ils sont plutôt le véhicule qui a été utilisé dans le passé.
17:50 Le mouvement qu'on voit et qu'on avait envie d'étudier un peu dans le détail et de commenter, c'est ce mouvement sur le moins de 100 000 euros mais véhicule FCPR.
17:57 Quels sont les chiffres qu'on peut mettre là-dessus déjà pour quantifier un petit peu ce que cette démocratisation a apporté en termes de levée, d'encours, etc.
18:06 On avait déjà beaucoup de chiffres dans nos collectes antérieures sur la population au-dessus de 100 000 euros, familier office, personnes physiques fortunées, françaises, étrangères.
18:13 Tout ça, au global, c'est plus de 5 milliards d'euros mais là-dedans, on n'avait pas tout l'échantillon, on n'avait pas toute la diversité qu'on trouve pour les épargnants en dessous de ce seuil-là de 100 000 euros, c'est FCPR.
18:25 Et on a trouvé une population qui, en fait, est à la fois très intéressante, très diversifiée et quand même déjà assez largement constituée.
18:31 En encours, c'est pas loin de 8 milliards d'euros et on voit une accélération très forte puisque rien que la collecte de l'année 2023, c'est pas loin de 2 milliards d'euros.
18:39 - Ah oui, d'accord. Sur 8 milliards d'encours total à fin 2023. - Donc les choses accélèrent assez rapidement et d'ailleurs on le voit parce que l'âge moyen des fonds dans notre échantillon, c'est 3 ans et demi, un peu moins de 3 ans et demi.
18:48 Donc ça se développe à une vitesse assez rapide.
18:51 Comment on caractérise effectivement ces fonds qui sont vraiment dédiés au grand public ? Quels sont les points de différence majeurs avec la manière dont les institutionnels, eux, et depuis longtemps, se sont investis dans des stratégies, des véhicules d'actifs non cotés ?
19:10 - Il y a des similarités et puis il y a des vraies différences, notamment en termes de constitution. Nous, ce qui nous a quand même beaucoup surpris, c'est que c'est vraiment du non coté.
19:16 C'est pas du capital investissement, du private equity, c'est du non coté. - Au sens large ? - Au sens large.
19:22 Les actifs sous-jacents sont beaucoup plus diversifiés que ceux à quoi on pouvait s'attendre.
19:26 Il y a une part importante d'aides privées, d'equity, du primaire, du secondaire, des liquidités, parfois des actifs cotés.
19:34 Donc on a vraiment des produits, enfin c'est une classe d'actifs nouvelles en fait, qui est en train de se déployer sous nos yeux.
19:39 Et avec des différences du coup avec le monde institutionnel, ça fonctionne plutôt en appel immédiat, là où le monde institutionnel fait ce qu'on appelle de l'appel progressif de capitaux en fonction des besoins.
19:50 Les sous-jacents sont plutôt plus matures en moyenne, avec ce qu'on appelle la courbe en J, donc la façon dont la valeur se crée dans le temps, qui sont un peu moins creusées.
19:59 Donc on a des choses qui sont un petit peu plus lissées. C'est quelque chose d'autre. - C'est plus dérisqué, on peut le dire comme ça, Alexis ?
20:05 - Oui, ça reste déplacement à risque. - Oui, à risque, forcément. Non mais bien sûr, tous les disclaimers s'allument, etc.
20:10 Mais dans cette fameuse courbe en J, là, c'est des investissements... - Mais on voit que le mix d'actifs, le mélange entre l'equity, la dette, des actifs plus matures parfois,
20:20 puisque le secondaire, on a des actifs qui sont déjà un petit peu plus loin dans la courbe de maturité, donc qui sont à un niveau de rendement risque qui est un petit peu différent.
20:26 Tout ça contribue à avoir des profils d'investissement, de rendement risque qui sont un peu différents aussi pour les épargnants, donc c'est assez intéressant.
20:33 - Pourquoi l'industrie a fait ce choix des appels immédiats, effectivement en capital, pour cette population grand public par rapport à ce qui se pratique traditionnellement, j'allais dire, dans cette industrie ?
20:46 - Les véhicules ont été conçus pour ça, et puis c'est des problématiques assez pratico-pratiques. C'est comme un syndic de copropriété. Quand il faut appeler les charges tous les mois, c'est compliqué.
20:54 - Ah d'accord. Ah oui, c'est juste la gestion de la programmation de la trésorerie disponible, etc.
21:00 - Oui, il y a des problématiques techniques. Sur des véhicules avec "peu d'investisseurs", plus avertis, mais qui peuvent quand même être des personnes physiques, des entrepreneurs, ça peut encore fonctionner.
21:11 Mais c'est vrai que quand on descend sur des véhicules qui sont commercialisés à beaucoup de gens, à des moments différents, on voit le poids des evergreen, d'ailleurs, dans ce visage-là, mais on y reviendra peut-être, ce sont des schémas qui fonctionnent plus de façon simple.
21:23 - Allons-y, ils font evergreen, puisque c'est la grande majorité des fonds sur les 99 véhicules que vous avez regardés. La très large majorité, voire l'unanimité quasiment, sont des fonds, ce qu'on appelle evergreen, c'est ça ?
21:38 - Pas forcément l'unanimité, mais c'est vrai que c'est un schéma qui est vraiment surreprésenté en nombre et en poids par rapport à ce qu'on peut voir sur le marché institutionnel dans cette nouvelle offre retail non cotée qui est en train de se déployer.
21:52 C'est pas illogique, parce qu'un des enjeux des fonds evergreen, c'est de permettre une forme de gestion de la liquidité. Après, on ne va pas transformer des actifs liquides en actifs liquides.
22:02 On crée de la valeur dans le temps, on ne sait pas faire autrement, donc on ne fera pas de miracle. Mais c'est une partie de la réponse assez problématique de liquidité qui reste importante pour les épargnants.
22:10 Et puis le fonds evergreen, il est non daté.
22:12 - Oui, c'est ça. Il faut expliquer. Evergreen, il n'y a pas de date de fin. Enfin, il y en a eu souvent, mais c'est...
22:17 - C'est des fonds semi-liquides avec des possibilités de sortie qui peuvent être plus ou moins fréquentes selon les véhicules. Donc par rapport au fonds fermés, à chaque de capital investissement, c'est 10 ans...
22:26 - C'est un tunnel.
22:27 - Exactement, un tunnel. On ne sort jamais. Il y a des possibilités dans ce type de fonds. Et un autre avantage que ça présente, c'est que ce sont des véhicules qui, du coup, peuvent rester longtemps sur l'étagère de réseaux de distribution.
22:37 Et on voit d'ailleurs que le marché est beaucoup en train de s'intermédier par le biais de l'assurance-vie en unité de compte. Et donc, il présente des avantages non négligeables.
22:45 Après, le marché se crée avec une diversité. Il y a différentes stratégies. On n'est pas en train de dire qu'il y a une chose unique.
22:51 - Il n'y a pas que ça. D'accord.
22:52 - Mais c'était marquant dans ces résultats.
22:53 - Oui, c'est une caractéristique marquante, notamment par rapport, encore une fois, aux pratiques traditionnelles dédiées à des clients plus sophistiqués ou institutionnels, en l'occurrence.
23:02 - Effectivement. Intéressant de savoir comment le grand public et ses épargnants particuliers accèdent à ce private equity. Et là aussi, l'étude réalisée montre que l'assurance-vie reste l'enveloppe privilégiée pour accéder à ces unités de compte, en l'occurrence.
23:18 - Oui, ce qui n'est pas surprenant, puisque la classe d'actifs est quand même quelque chose d'un petit peu plus complexe que ce qu'on peut trouver de façon plus traditionnelle chez un distributeur.
23:28 - C'est intéressant d'avoir une distribution intermédiaire par des réseaux qui sont capables d'expliquer, de présenter. D'ailleurs, il faut qu'on travaille aussi beaucoup à la formation de ces réseaux.
23:37 Il faut que l'information donnée aux épargnants soit très claire, précise, non trompeuse. Donc, c'est un vrai travail pour nous. Mais ce n'est pas surprenant. Et puis, voilà, l'assurance-vie, c'est un élément incontournable dans le paysage.
23:49 - Un pied angulaire, effectivement, de la gestion de l'épargne.
23:52 - Effectivement. Nous, on pense qu'il y a aussi un gros potentiel que l'étude ne reflète pas encore beaucoup, qui est sur l'épargne retraite.
23:59 Un des principaux freins ou problèmes parfois évoqués par rapport à la diffusion du non-coté dans l'épargne, c'est la liquidité au sens horizon de placement.
24:10 Dans l'épargne retraite, quand vous vous investissez à 20 ans ou 30 ans, c'est un effet qui se gomme complètement. Donc ça a beaucoup de sens. Et on pense que la loi Industrie verte va beaucoup faire accès.
24:18 - D'autant qu'il y a eu un réel engouement pour les produits d'épargne retraite depuis leur création.
24:23 - Oui, parce que ça a beaucoup de sens. Quelque part, c'est un rattrapage par rapport à ce qu'on voit dans d'autres pays, voilà, je pense aux États-Unis ou autres,
24:29 où il y a une part de non-coté qui reste résiduelle, mais qui est beaucoup plus importante que ce qu'on peut trouver dans les produits français.
24:36 - Est-ce que l'adaptation de ces produits au grand public, notamment sur l'aspect liquidité, etc., est-ce que ça s'est fait au détriment de la performance ou pas ?
24:45 Qu'est-ce que vous avez pu mesurer de ce point de vue-là, sachant encore une fois qu'on est sur des historiques de performance encore jeunes en la matière ?
24:52 - Voilà, il faut être très prudent là-dessus. Les historiques sont relativement jeunes. Et puis les performances passées ne préjugent pas des performances futures comme chacun sait.
24:59 Donc il faut être très prudent par rapport à ça. Nous, ce qu'on voit dans cette étude, qui est factuelle par rapport à ce qu'on identifie sur le marché,
25:09 c'est qu'à âge de véhicule équivalent, ça n'a visiblement pas d'impact très important parce que la constitution des portefeuilles,
25:18 le timing dans lequel ces portefeuilles se constituent peut permettre de lisser des effets différentiels.
25:24 Après, évidemment, quand vous avez un fonds Evergreen dans lequel vous avez un petit peu de liquidité pour faire face à des rachats,
25:29 il y a un arbitrage entre liquidité et performance qui peut se faire, mais qui n'est pas si significatif que ça.
25:35 - Encore une fois, tout ça, il faut apprendre avec prudence et apprécier dans le temps ce qu'on fera nous année après année.
25:41 On a eu en revanche la satisfaction de constater que les moteurs de performance, au sens, le multiple d'investissement qu'on pouvait trouver,
25:50 n'étaient finalement pas si différents dans son approche que ce qu'on peut voir dans le monde institutionnel.
25:55 Bien que les actifs sous-jacents soient finalement assez différents. - Oui, je comprends.
25:58 - Et on aurait pu s'attendre à des différences qu'on n'a pas constatées aujourd'hui. Là aussi, il faut voir comment tout ça évoluera dans le temps.
26:04 Mais c'était plutôt positif. - Est-ce que les grands publics, les clients privés qui se sont intéressés à ces actifs non cotés,
26:13 l'ont fait aussi avec des motivations d'impact ? - Je pense que c'est toujours une motivation quand on s'intéresse au capital d'investissement.
26:22 D'abord, aujourd'hui, il y a quand même finalement une offre qui émerge tout juste, mais qui part de pas grand chose sur le marché.
26:28 Et le moteur principal de ce qu'on mesure, on fait des sondages régulièrement pour voir ce qui intéresse les épargnants dans ce type de placement.
26:35 Alors la performance, ça revient. Ça, c'est assez normal. Mais c'est pas le seul moteur du tout.
26:41 L'aspect financé des PME, des ETI ou évidemment des start-up avec une dimension locale, puisque l'essentiel de nos investissements aujourd'hui,
26:49 80% est en France, avec un placement, je dirais, tangible, souvent qu'on peut expliquer à sa grand-mère.
26:56 Même si on ne rentre pas dans les détails techniques, on comprend ce qu'on fait.
26:59 - C'est peut-être l'entreprise du coin de la rue. - C'est peut-être la PME du coin de la rue, dans laquelle peut-être qu'on travaille.
27:04 Il y a quelque chose qui est parlant et qui est recherché par les épargnants presque plus que les objectifs de performance.
27:12 - Mais on le voit à travers les véhicules qui sont proposés. Il y a toute une classification autour du degré d'impact ou du degré d'engagement extra-financier qu'on veut apporter.
27:23 Est-ce que ça se retrouve ou est-ce que c'est assez blind de ce point de vue-là ?
27:27 - Non. D'abord, je pense que tous, mais c'est vrai au-delà du retail, tous les acteurs du capital investissement aujourd'hui, quand ils investissent dans une entreprise à 10 ans,
27:34 aujourd'hui, ils ne peuvent pas faire l'impasse sur le fait de la transformer sur le plan de la durabilité.
27:38 Donc là, ils le font tous. Après, ils le reflètent plus ou moins dans leurs éléments marketing.
27:41 Et là-dessus, je pense que tout le monde est très prudent aussi pour rien dire d'inexact ou de trompeur.
27:46 - D'exagérer, oui.
27:48 - Mais au-delà de la durabilité, je pense que l'épargneur va chercher le sens, la cible d'investissement qu'on comprend, qu'on a envie d'aider, une forme d'affection presque dans ce qui est fait.
28:00 - Très intéressant. En tout cas, je retiens. C'est 8 milliards d'encours pour le grand public dans le non-coté avec le mouvement de démocratisation de ces dernières années et 2 milliards levé en 2023.
28:10 - Et ça grandit beaucoup. On n'a pas parlé des frais. On a quand même eu la situation de constater que ce qu'on voit souvent refléter dans les publications diverses, ce sont des frais maximums qui sont dans les documents commerciaux,
28:21 parce que c'est la seule information qui existe publiquement. On avait cette intuition. Mais quand on regarde en pratique, les frais réels, ils sont bien en dessous des frais maximums, ce qui est bien normal.
28:29 Mais c'est quand même important de le dire.
28:31 - D'accord. Effectivement. Oui, oui, oui. Quand je parlais du rendement net de frais, c'est forcément qu'il y a que ça qui compte à la fin de la journée.
28:38 Merci beaucoup Alexis. En tout cas, nous avons apporté ces éléments d'analyse. Je ne sais pas, l'étude n'est pas disponible, non je crois.
28:45 - Elle le sera bientôt.
28:47 - Elle le sera bientôt. Voilà. En tout cas, pour ceux qui s'intéressent à ce sujet, il y a des grands chiffres. Vous pourrez retrouver l'entretien en replay. Et l'étude peut être bientôt disponible chez France Invest.
28:56 Alexis Dupont, directeur général de France Invest, qui était avec nous en plateau pour ce quart d'heure thématique de Smartboard ce soir.
29:02 ...

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