A 8h20, Jean-Louis Bourlanges, député sortant du MoDem des Hauts-de-Seine et président sortant de la Commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale est l'invité du Grand Entretien de France Inter. Il revient sur la décision d'Emmanuel Macron de dissoudre l'Assemblée nationale.
Retrouvez tous les entretiens de 8h20 sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien
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00:00 Et avec Yael Ghosn, nous recevons ce matin, celui qui était jusqu'à l'annonce dimanche soir de la dissolution de l'Assemblée Nationale,
00:08 député modem des Hauts-de-Seine et président de la Commission des Affaires étrangères de l'Assemblée.
00:15 Vos questions et réactions au 01-45-24-7000 et sur l'application de France Inter.
00:22 Jean-Louis Bourlange, bonjour.
00:24 Bonjour.
00:24 Et bienvenue à ce micro avant de nous projeter sur les jours et les semaines à venir un mot de la situation tout de même inédite dans laquelle se trouve le pays.
00:35 À la fois la déroute du camp présidentiel aux Européennes, le résultat record du Rassemblement National et donc cette dissolution annoncée dimanche soir par le président de la République.
00:46 J'ai décidé de vous redonner le choix de votre avenir parlementaire a déclaré Emmanuel Macron qui a ajouté cette décision est grave, lourde, mais c'est avant tout un acte de confiance.
01:00 Jean-Louis Bourlange, comment avez-vous réagi en entendant ces mots ?
01:05 Avez-vous été surpris, médusé, inquiété par la décision d'Emmanuel Macron ?
01:11 J'ai été véritablement très étonné parce que les choix qui étaient annoncés n'étaient pas ceux-là.
01:18 Emmanuel Macron nous avait dit que les élections européennes, c'était les élections européennes, que les élections nationales, la vie politique nationale, c'était autre chose.
01:28 Donc on était sur cette affaire et l'ensemble des conseillers du président disaient non, on va avoir un mauvais score mais on continuera.
01:36 Jamais les élections européennes n'ont déterminé ce qui se passe sur le plan intérieur donc ma réaction était de surprise.
01:43 Visiblement il y avait un double discours en coulisses, des choses se préparaient, vous n'étiez pas au courant.
01:47 Je n'ai pas d'informations, je ne sais pas comment le président a pris sa décision.
01:52 L'hypothèse d'une dissolution est une hypothèse qui a sa légitimité, son explication et qui courait depuis longtemps.
02:00 Ce qui nous a tous surpris c'est qu'il l'ait fait sur cet échec européen qui lui était quand même prévu.
02:07 Les résultats n'ont pas été du tout une surprise. Ils ont été très négatifs pour la majorité présidentielle mais ils n'ont pas été surprenants.
02:18 Moi j'avais effectivement, je comprends que le président ait considéré qu'il ne pouvait pas continuer de la sorte.
02:26 Je crois qu'il y avait quelque chose de juste. On aurait fait pendant trois ans ce que les américains appellent une période de canard boiteux, de lame duck.
02:35 Vous savez c'est quand il y a un président d'un côté qui est élu qui est contraire au président sortant.
02:40 On aurait traîné de réformes impossibles en criaillerie politique et je crois que ça aurait renforcé l'ORN.
02:49 Je pense qu'il était nécessaire de sortir de cette situation mais mon schéma personnel depuis les élections législatives qui ont donné à la majorité présidentielle
03:00 une simple majorité relative et pas une majorité absolue, c'était qu'il fallait rendre la responsabilité de la politique gouvernementale au premier ministre.
03:11 Il pouvait nommer une figure de conciliation, quelqu'un comme Jean-Yves Le Drian, comme Richard Ferrand, on peut discuter des noms.
03:18 Et que celui-ci aurait pu faire à l'allemande une sorte de négociation avec les social-démocrates et les LR pour constituer un gouvernement.
03:30 Donc il y avait un autre chemin ?
03:32 La présidente de l'assemblée dit qu'il y avait un autre chemin, d'autres options.
03:36 Je ne sais pas si Elbone Prévé a ce schéma précis que je viens d'évoquer en tête, mais ce schéma aurait débouché soit sur une majorité de coalition solide,
03:46 unie sur un contrat précis, soit si les partis avaient dit non, sur une dissolution, mais une dissolution dans laquelle la charge de la preuve aurait été de notre côté.
03:56 Nous aurions fait tout l'essentiel, tout ce qu'il fallait pour permettre l'unité.
04:01 Le président a choisi, pourquoi n'a-t-il pas fait ça ? Sans doute parce qu'il n'admet pas que le pouvoir soit partagé entre lui et le Premier ministre,
04:09 qui estime que c'est en 5ème république le président qui concentre les pouvoirs.
04:13 C'est un trait de caractère que vous décrivez ?
04:15 C'est un trait institutionnel aussi.
04:17 Oui mais de caractère également ?
04:19 Ce n'est pas Emmanuel Macron qui a dit que le Premier ministre est un collaborateur, c'est Nicolas Sarkozy.
04:24 On a cette dérive depuis longtemps.
04:26 Non mais je vous pose la question là, d'une pratique du pouvoir.
04:29 Votre question est malicieuse, mais je pense que vous connaissez vous-même la réponse.
04:34 On ne peut pas exclure que le président de la République soit assez attaché à ses prérogatives.
04:38 Non parce que Gérard Collomb en son temps avait parlé d'Ubris.
04:41 Oui alors moi je n'irai pas jusqu'à parler d'Ubris.
04:44 Alors vous parleriez de quoi ?
04:46 Je dis que le président de la République est très très soucieux que le pouvoir soit exercé par lui,
04:52 ce qui n'est pas conforme à la lettre de la constitution, mais ce qui est conforme à la pratique institutionnelle.
04:58 Moi je crois que malgré le quinquennat, l'une des clés d'un apaisement démocratique dans ce pays,
05:04 c'est de redonner un pouvoir réel au Premier ministre.
05:08 C'est cette voie qui n'a pas été suivie et je pense que c'est une bonne voie.
05:13 On va arrêter d'ergoter sur "fallait-il faire, ne pas faire".
05:15 Parlons du présent.
05:17 Dissoudre alors que l'extrême droite est largement en tête des élections européennes de dimanche,
05:22 n'est-ce pas tout simplement prendre le risque de donner les clés du pouvoir au RN ?
05:27 Oui, je ne commencerai pas par là, si vous voulez je finirai par là.
05:31 On dissout pour gagner.
05:33 Le problème fondamental c'est quelle est la condition politique qui permet dans ce pays de vaincre le RN.
05:44 Je crois que les élections de dimanche sont la preuve par l'absurde
05:48 de la vérité des choix politiques qui ont été effectués en 2017.
05:53 C'est-à-dire l'idée que face à une montée de plus en plus forte du RN
05:57 et de plus en plus forte de la gauche, de la gauche derrière Jean-Luc Mélenchon,
06:03 la seule solution pour éviter le succès du RN,
06:07 c'est une concentration de la droite modérée, du centre et de la gauche modérée.
06:12 Ce n'est pas une combine car en fait ils sont unis sur l'essentiel des valeurs.
06:16 Ça a marché en 2017 et ça n'a pas marché dimanche dernier.
06:21 Valérie Hayer avait raison, c'était maladroit tactiquement,
06:24 mais elle avait raison de dire qu'entre Glucksmann et elle, il y avait beaucoup d'affinités.
06:29 Donc l'idée qu'on doit développer, c'est exactement l'idée opposée de celle que vient de dire à votre micro M. Jadot,
06:38 c'est que en réalité seule cette concentration permet de battre le RN.
06:45 Pourquoi ? Parce que regardez le rapport de force.
06:48 Le rapport de force entre la gauche unie et une droite dominée par le RN et reconquête,
06:54 c'est le jour et la nuit, c'est rien.
06:57 Donc faire le nom de la gauche, c'est assurer la victoire du RN.
07:01 On n'a pas lutté pendant la guerre contre le fascisme sans faire cette unité entre,
07:06 pour parler comme Aragon, celui qui croyait au ciel, c'est-à-dire les démocrates chrétiens,
07:10 et celui qui n'y croyait pas, c'est-à-dire les communistes.
07:13 Cette idée-là, elle est fondamentale et elle est actuellement rejetée.
07:17 Et par M. Ciotti à droite qui dit non, moi je ne veux pas faire un accord avec les macronistes,
07:22 et par la gauche qui se rue dans ce mythe, qui est un mythe très séduisant,
07:27 très puissant dans le peuple de gauche, qui est celui de l'union de la gauche.
07:31 Mais objectivement, ça conduit effectivement au RN.
07:35 La seule solution pour éviter le succès du RN, c'est un large consensus entre des forces
07:43 qui sont d'accord sur l'Europe, d'accord sur la démocratie représentative,
07:47 d'accord sur l'économie sociale de marché, d'accord sur l'état-providence, d'accord sur la laïcité.
07:52 Alors voilà, maintenant c'est vrai, vous avez raison, que si on perd,
07:57 si on perd, je réponds à votre question après ce long détour, que le RN risque.
08:05 Alors là le problème qui se pose, et je pense que c'est ça qui a animé M. Macron,
08:09 est-ce qu'il vaut mieux, au terme de cette période de canard boiteux de 3 ans,
08:14 donner la totalité du pouvoir au RN, ou est-ce qu'il ne vaut pas mieux prendre le risque
08:19 de lui donner la moitié du pouvoir en cas de défaite, après s'être battu pour gagner,
08:25 en cas de défaite, puisque toutes les forces ne sont pas liguées contre le RN en réalité,
08:29 et à ce moment-là, le voir accéder dans des conditions différentes,
08:34 avec un président de la République dont je rappelle qu'au terme de la constitution,
08:39 il dispose de l'article 16, alors que l'article 16 c'est les pleins pouvoirs en réalité.
08:44 Vous êtes en train de nous préparer les esprits à une cohabitation avec le RN, là, si on veut.
08:48 Non, je ne prépare pas, je dis, les optimistes vont se battre, et tout le monde va se battre,
08:55 les optimistes considèrent qu'on va faire une majorité.
08:58 Moi ce que je constate, c'est que et dans la gauche modérée, et dans la droite modérée,
09:02 les répondants n'y sont pas.
09:05 Et j'envisage, si nous ne gagnons pas, que faire ?
09:10 Et la troisième hypothèse qui est très mauvaise,
09:13 et c'est ça qui m'aurait fait hésiter à ce scénario davantage que tout le reste,
09:19 si j'avais été à la place du président de la République, c'est pour ça que je préconisais un autre scénario,
09:23 c'est le fait qu'on aurait une chambre encore plus introuvable, encore plus confuse.
09:30 Et ça, ça serait très embêtant, c'est l'angle mort de la dissolution.
09:33 Tout de même, une page d'histoire, comment en est-on arrivé là, à ce décalage immense avec la promesse de 2017,
09:41 où au soir de son élection, Emmanuel Macron déclare "je ferai tout durant les cinq années qui viennent
09:48 pour que les Français n'aient plus aucune raison de voter pour les extrêmes".
09:52 Après sept ans de macronisme, Jean-Louis Bourlange, qu'est-ce que vous avez raté ?
09:58 Pourquoi la promesse d'un recul des extrêmes n'a-t-elle pas été tenue ?
10:03 Écoutez, je ne sais pas ce que nous avons raté, mais je sais que nous ne l'avons pas raté seul.
10:06 C'est l'ensemble de l'Europe qui dérive vers des formes de populisme extrêmement impressionnantes.
10:14 Moi, ce que je constate, et c'est très dur à dire politiquement, c'est un désaccord, un divorce profond
10:22 entre les besoins du pays et les attentes du pays. Les attentes, c'est plus de pouvoir d'achat, c'est plus de subventions,
10:30 c'est plus de "care" comme disait Mme Aubry, c'est tout un ensemble de soins, tout un ensemble de choses.
10:38 Et les besoins, c'est renforcer les budgets militaires, c'est renforcer l'investissement, renforcer la technologie,
10:46 accroître la compétitivité des entreprises. Et il y a là, quand on voit que le programme du RN, c'est aujourd'hui,
10:54 c'est quand même caricatural, le rétablissement de la retraite à 60 ans, au moment où le CORE dit
11:00 la réforme à 64 ans, c'était insuffisant. Il ne dit pas "c'était mal", il dit "on n'en a pas fait assez".
11:07 Et M. Glucksmann dit "on va mettre M. Berger qui est le champion".
11:11 Mais qu'est-ce que vous avez raté, vous ? On sait que vous vous êtes abstenu au mois de décembre sur la loi immigration, par exemple.
11:14 Oui, je me suis abstenu pour une raison assez forte pour un parlementaire, c'est que je savais que cette loi
11:19 était truffée de dispositions qui étaient inconstitutionnelles au regard du Parlement.
11:25 Je ne considère pas qu'un parlementaire doive s'immiscer dans un domaine qui n'est pas le sien.
11:30 Sur l'immigration, c'est très intéressant, je crois que c'est une erreur de penser que ce n'est pas un problème très important.
11:37 De même que la sécurité, et la sécurité c'est devenu un enjeu absolument important.
11:42 Mais ce que je constate, c'est que sur les solutions, personne n'en a de véritable.
11:48 Et ni en France, ni ailleurs. Les Britanniques ont échoué avec le Brexit, Mme Mélanie a rendu les armes dans son opposition à l'Europe sur cette question.
11:57 On essaie de progresser parce que c'est une solution européenne.
12:01 Donc le problème est posé très gravement, très sérieusement, mais en revanche, ce ne sont pas les parties extrêmes qui apportent des solutions.
12:10 Il reste 19 jours de campagne, c'est très très court.
12:13 Est-ce que pour vous c'est d'ailleurs trop court pour qu'il y ait une bonne expression de la démocratie en France, où c'est suffisant ?
12:20 Et sur quoi faire campagne en 19 jours ? Dans votre camp ?
12:24 Dans mon camp, écoutez, je crois que nous défendons des choses absolument essentielles.
12:29 Je les ai mentionnées au début, nous défendons une conception de la laïcité, une conception de la démocratie représentative,
12:35 la solidarité, le renforcement de l'Europe et non pas sa dissolution, dans un Brexit en pièces détachées.
12:41 Nous maintenons la solidarité occidentale avec les États-Unis face à la Russie, la solidarité avec l'Ukraine.
12:47 Je ne sais pas si c'est de nature à convaincre, mais c'est en tout cas des enjeux fondamentaux qui détermineront notre avenir.
12:54 Plus l'écologie, l'écologie est la grande victime de l'élection.
12:58 Sans doute les écologistes sont très responsables par leur dogmatisme et leur méconnaissance des enjeux sociaux de la révolution qu'ils préconisaient.
13:06 Il reste que c'est un enjeu décisif pour nos enfants, pour l'avenir et que nous devons le prendre en compte.
13:12 Jean-Louis Bourlange, Bruno Le Maire, estimait hier que ces élections anticipées auront les conséquences les plus lourdes de l'histoire de la Ve République.
13:22 Ce sont ces mots, elles sont d'une gravité sans précédent pour notre nation.
13:27 Vous situez l'enjeu au même niveau ?
13:30 Écoutez, je crois l'avoir dit que vraiment ce qui nous sépare de l'extrême droite et de la nuppesse contrôlée à nouveau par le LFI, ce sont des choix essentiels.
13:44 Ce sont les choix que nous avons faits à la libération.
13:47 Nous avons fait à la libération le choix de la démocratie représentative, le choix de l'Europe, le choix de la solidarité atlantique, le choix de l'économie sociale de marché.
13:56 Or, d'une façon ou d'une autre, ce sont ces choix qui ont donné le mieux, parce que nous sommes quand même le continent, le continent européen,
14:03 qui est le plus riche, le plus sûr, le plus libre dans toute l'histoire et dans toute la planète.
14:11 Et c'est ça qui quand même est assez sérieusement remis en cause.
14:15 Alors on va voir si les prédictions funestes de Bruno Le Maire se réalisent ou pas.
14:21 Essayons d'éviter qu'elles se réalisent en gardant la majorité.
14:24 Emmanuel Macron va venir à une conférence de presse cet après-midi de Jean-Louis Bourlange pour expliquer le sens de cette dissolution et la campagne qu'il entend directement mener.
14:31 On l'a entendu à 7h avec Simon Le Baron en coulisses, dans la majorité.
14:34 Parmi vos collègues, beaucoup ne veulent pas utiliser l'image du président pour cette campagne 19 jours parce qu'elle est devenue repoussoire, parce qu'il est rejeté dans l'opinion.
14:44 Pensez-vous qu'il soit encore un atout pour limiter la casse le 30 juin et le 7 juillet dans votre camp ?
14:50 - Écoutez, je crois qu'Emmanuel Macron a d'immenses qualités. Il l'a montré.
14:55 La façon dont il a... J'étais très très ému à Homa ou des choses comme ça, quand on voyait la façon dont il se liait à l'histoire de France.
15:02 Maintenant, il a eu tout à fait tort dans cette campagne européenne d'identifier la campagne de la majorité à un référendum pour ou contre sa personne.
15:12 C'est ça que mes collègues ressentent avec...
15:16 - Amertume ?
15:17 - Avec amertume. Mais quand même, on regardera, quand on regardera Emmanuel Macron, on se dira quand même dans l'avenir que c'était quand même pas,
15:26 loin de là, le plus mauvais président de la Ve République. Loin de là, ses compétences, son talent, son ardeur au travail sont des choses qui seront reconnues,
15:34 même s'il agace par son omniprésence.
15:36 - On passe au Standard d'Inter, on nous attend. Alain, bonjour Alain.
15:40 - Bonjour Nicolas.
15:42 - Bonjour, bienvenue, on vous écoute.
15:44 - Alors je voudrais d'abord remercier France Inter de nous permettre de parler et aussi saluer M. Jean-Louis Bourlange et puis vous-même.
15:54 Voilà, alors moi c'est plus un témoignage qu'une question que je voulais vous rapporter.
16:01 Moi, je ne suis pas allé voter en 2017, je ne me suis pas déplacé. Je ne me suis pas déplacé non plus en 2022, donc je n'ai pas été voté.
16:12 Eh bien cette fois-ci, je me suis déplacé et j'ai voté pour le Rassemblement National.
16:18 Alors pour qu'on puisse, moi, m'amener à voter pour le Rassemblement National, il faut faire très fort.
16:25 Parce que je suis un ancien syndicaliste, un juge prud'homme également, j'étais juge prud'homme, j'ai voté quasiment toujours à gauche.
16:35 Quand je vois ce qui est devenu le gars gauche, je trouve que c'est déplorable. S'associer avec un parti qui est ouvertement antisémite, non, pas pour moi, vraiment.
16:47 Et cette fois-ci, pour les législatives, je n'irai pas voter, je ne me déplacerai pas. Alors pourquoi ? Je vais vous expliquer pourquoi.
16:54 - Oui, dites-nous vite. - Parce que je ne veux pas participer à ce chaos qu'installe M. Macron. Voilà.
17:02 - Merci Alain pour ce témoignage et le résumé aussi rapide d'une vie d'électeur. Jean-Louis Bourlange, comment recevez-vous les mots de notre auditeur ?
17:14 - Je trouve ça de façon très significative. Je pense que la vague, qu'Ali Fondate Populiste s'en donnait à ce terme une nuance péjorative,
17:22 la vague de protestation, de frustration est extrêmement forte en France et dans l'Europe et que notre interlocuteur en est le témoin.
17:30 Simplement, je lui demande d'écouter. D'ailleurs, il l'écoute puisqu'il ne va pas aller voter aux législatives.
17:35 Quand on écoute ce que M. Bardella, le soir de sa victoire, proposait pour le pays, ce n'était qu'incantation et démagogie.
17:44 - Donc vous dites à notre auditeur d'aller voter ? - Ah oui, mais enfin, je ne veux pas. - Mais pas d'aller voter à Rennes.
17:50 - Notre interlocuteur me paraît très responsable, savoir ce qu'il fait, pourquoi il le fait, pourquoi il ne le fait pas.
17:56 Donc ce n'est pas à moi de lui donner des conseils, il écoute sa conscience. Mais ce que je lui dis simplement, c'est qu'effectivement,
18:02 le Rassemblement National est porteur d'une très grande frustration parce que les Français sont inquiets sur l'avenir de l'Europe dans le monde,
18:11 sont inquiets sur la montée de l'insécurité, sur le crime organisé, sont inquiets sur leur pouvoir d'achat, parce qu'on voit bien que la France patine
18:19 en termes de compétitivité, de productivité, tout ça. Mais en même temps, si je puis dire, il n'y a pas de ce côté-là la moindre solution.
18:29 La force de Bardella, qui a un talent extraordinaire, ça a été de ne rien dire pendant toute cette campagne, de capitaliser sur les colères,
18:38 les rancœurs, les frustrations, d'apporter des réponses totalement nébuleuses et mythiques, et d'obtenir un score remarquable
18:47 sur la base de cette ambiguïté.
18:49 Retour au standard, bonjour Aurélien.
18:51 Oui, bonjour, bonjour France Inter, bonjour M. Bourlange, moi j'avais une question toute simple, je voulais savoir si M. Bourlange et son centre
19:01 étaient prêts à rejoindre le front républicain pour faire barrage au Rassemblement National.
19:07 Merci Aurélien pour cette question qui concerne Jean-Louis Bourlange en lui-même et son parti.
19:13 Mais ça absolument, c'est ce que M. Séjourné, au nom de Renaissance, mais c'était au nom de toute la majorité, a proposé dès le soir,
19:22 en disant que tous les candidats sortant qui se reconnaîtraient dans les valeurs fondamentales de la République, c'est-à-dire ni LFI ni le RN,
19:33 auraient bénéficié d'une investiture, ce qu'il appelle le champ républicain.
19:38 Ce que je viens de dire au début de cette intervention, c'est la seule condition.
19:43 Le rassemblement de la droite modérée, du centre et de la gauche, quand je dis modérée, ça veut dire la droite républicaine et la gauche républicaine,
19:53 c'est-à-dire qui refuse les héritages du RN et les héritages de LFI.
19:59 Ce rassemblement, ce front républicain, comme vous l'appelez, c'est évidemment la clé du succès, comme ça a été la clé de la lutte pendant la Seconde Guerre mondiale.
20:10 Je ne compare pas Mme Le Pen, loin de là, aux nazis, c'est pas du tout mon genre, mais on a rassemblé au service de la liberté des chrétiens démocrates,
20:19 des radicaux, des républicains, avec Jean Boulin, avec Georges Bidault, et des communistes.
20:24 C'était cela qu'on faisait. Aujourd'hui, on ne fait pas ça.
20:29 A gauche, un front populaire, qui est structurellement minoritaire et dominé par les FI, et à droite, une dérive incertaine vers des valeurs du RN.
20:40 M. Chieti m'a inquiété dans ses prises de position. C'est ça qui m'inquiète, c'est le fait que cet arc républicain ne prenne pas forme.
20:48 J.-L. M. Il faut que nos auditrices et nos auditeurs sachent une chose ce matin, c'est que vous n'allez pas vous représenter au Parlement aux élections législatives.
20:57 C'est peut-être la fin d'une carrière politique pour vous. Qu'est-ce que ça vous inspire de quitter la scène avec ce paysage politique derrière vous, là, chaotique ?
21:07 C'est pas une décision que j'ai prise dimanche. J'avais toujours dit à mes amis que je ne serais pas candidat en cas de dissolution.
21:15 Mais c'est vrai que ça a été, arrêter ma carrière comme ça, entre à 20h45, c'est un choc assez profond, mais vous savez, vraiment, il y a une vie après le Parlement,
21:28 surtout après le Parlement telle qu'on l'a vécue ces dernières années.
21:31 M. Ch. L. Donc sans regret, ni...
21:34 M. J.-L. Non, non, sans regret, mais la question, en revanche, de mon engagement personnel est faite. C'est pas parce que je ne suis pas candidat que je ne ferai pas campagne,
21:44 dans la circonscription qui était la mienne, au service du candidat qui me remplacera, et au service de mon parti et de la majorité.
21:51 Je suis pleinement engagé, pleinement engagé avec mes camarades.
21:56 N.B. Jean-Louis Bourlange était l'invité de France Inter ce matin. Merci d'avoir été à notre micro, il est 8h46.