Éric Ciotti, député des Alpes-Maritimes et président du groupe UDR à l’Assemblée nationale est l'invité du Grand Entretien de la matinale, quelques mois après avoir manqué de faire imploser Les Républicains en s'alliant avec le RN aux législatives anticipées. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-du-mercredi-16-octobre-2024-4361167
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00:00Et avec Léa Salamé, nous recevons ce matin le député des Alpes-Maritimes, président du groupe « Union des droites pour la République » à l'Assemblée Nationale.
00:10Amis auditeurs et amies auditrices, vos questions et réactions au 01 45 24 7000 et sur l'application de Radio France.
00:20Éric Ciotti, bonjour !
00:21Bonjour !
00:22Et bienvenue à ce micro, Éric Ciotti, on a beaucoup de questions à vous poser sur le budget, la future loi immigration, sur le dossier Sanofi.
00:31Mais d'abord, Rambobinon, la dernière fois que vous étiez dans ce studio, c'était-il il y a huit mois, soit une éternité en politique.
00:40Vous étiez alors président des LR, en train de ferrailler aux côtés de Bruno Retailleau sur la loi immigration de Gérald Darmanin.
00:49Depuis, il y a eu une dissolution, il y a eu votre décision surprise d'appeler à une alliance entre le RN et LR.
00:57Un vaudeville qui vous a valu de très fortes tensions avec les ténors LR.
01:03Aujourd'hui, vous êtes donc à la tête de ce groupe UDR qui compte 16 députés.
01:09Et vos anciens amis sont, eux, au gouvernement, à Matignon, à l'intérieur.
01:14Vous n'avez pas de regrets, Éric Ciotti ? Regret d'avoir fait de mauvais choix ? Pourriez être au gouvernement aujourd'hui ?
01:22Pour y faire quoi ? C'est la vraie question, non ? Je n'ai aucun regret. Je suis bien là où je suis, fidèle à des convictions, à des valeurs.
01:33La dissolution a créé une situation inédite, il fallait faire des choix.
01:37Certains de mes amis ont fait le choix de s'allier au premier tour avec Emmanuel Macron et au second avec le Nouveau Front Populaire.
01:45J'ai fait le choix de m'allier avec la droite, avec les mouvements qui étaient, je le considère, les plus proches de moi.
01:52C'est la logique du scrutin législatif à deux tours.
01:55Quand on fait 7% à une élection européenne, on ne peut pas aller tout seul à une élection législative.
02:02Ceux qui ne m'ont pas suivi ont eu la même réflexion. Ils sont au gouvernement, tant mieux pour eux.
02:08Est-ce que c'est bien pour la France ? Pourquoi faire ? Ce n'est pas ma conviction, moi.
02:13J'ai été fidèle au mandat que m'ont donné les électeurs et j'en suis heureux.
02:17Donc pas de scrupules et pas de regrets quand vous voyez que vous auriez peut-être pu être ministre de l'Intérieur dans cette nouvelle...
02:24Pourquoi faire ? Avec quelle marge de manœuvre ? On va sans doute en parler plus.
02:28Vous les connaissez, Michel Barnier, Bruno Retailleau. Ce sont vos copains d'avant. Vous avez travaillé avec eux.
02:34Vous leur faites confiance pour redresser le pays ?
02:36J'ai du respect, voire de l'amitié pour eux. C'est vrai qu'on a travaillé longtemps ensemble.
02:42Et notamment avec Michel Barnier, qui en était proche au parti.
02:47Simplement, je fais un constat sur la situation dans laquelle il se trouve. C'est une situation intenable.
02:53Michel Barnier est à la tête d'un socle minoritaire. 160 députés viennent du camp Macron, 47 de LR.
03:03Donc ces marges de manœuvre sont totalement contraintes.
03:06Et quand je vois la politique qu'il conduit, qu'il est contraint de conduire finalement,
03:11il hérite d'une situation très difficile au plan budgétaire qui peut déraper.
03:15Mais la réalité, c'est quand on est un Premier ministre de droite, c'est la question que j'ai posée hier.
03:21Désindexer les retraites. Augmenter massivement les impôts.
03:26Près de 1% d'augmentation des prélèvements obligatoires.
03:30C'est gigantesque. C'est un effort moyen par ménage de près de 1500 euros.
03:37Alourdir les charges des entreprises.
03:40Est-ce que alourdir toutes ces freins qui vont peser ?
03:47Aucune économie structurelle, aucune réforme de l'État.
03:50Est-ce que c'est être vraiment de droite ? Sincèrement, je ne le crois pas.
03:53Mais quand Bruno Retailleau est à l'intérieur, quand il dit lors de sa prise de fonction que sa priorité c'est l'ordre, l'ordre, l'ordre.
04:00Lorsqu'il dit l'immigration n'est pas une chance pour le pays.
04:02Lorsqu'il annonce une nouvelle loi immigration pour 2025, qu'il promet de régulariser au compte-goutte.
04:08Vous lui donnez, vous dites, vous dites bravo, vous dites quoi ?
04:11Vous dites nos 16 députés, mes 16 députés vont vous soutenir Bruno Retailleau ?
04:15Je suis d'accord avec lui.
04:17Et s'il va dans cette direction, naturellement, nous le soutiendrons.
04:21Nos députés, d'autres le soutiendront aussi.
04:25Dans notre alliance, nous le soutiendrons globalement.
04:28Mais est-ce qu'il pourra le faire ?
04:30Vous aviez tout à l'heure, madame Dariosec, on voit le débat sur la ME.
04:35Chaque fois que Bruno Retailleau émet des propositions, un autre ministre du même gouvernement va dans le sens contraire.
04:44Y compris le premier ministre, il a évoqué, vous évoquiez son propos sur l'immigration n'est pas une chance.
04:50Je crois qu'aujourd'hui, en tout cas, l'immigration de masse, il ne faut pas individualiser.
04:55Il y a des personnes issues de l'immigration qui ont beaucoup apporté à notre pays.
05:00Donc, on ne peut pas généraliser.
05:02Mais pour vous, l'immigration n'est pas une chance ?
05:04L'immigration de masse, je dirais.
05:06L'immigration de masse où on donne presque 550 000 titres de façon légale dans notre pays,
05:12ce n'est pas une chance pour notre pays, ce n'est pas une chance pour les personnes qui arrivent,
05:16parce qu'on ne peut pas les intégrer.
05:18Et elle représente une charge, et ça pose aussi une difficulté pour elle,
05:22qui est contraire à un principe d'humanité.
05:25Donc, il a raison quand il dit ça.
05:27Mais le premier ministre tient un propos inverse.
05:29Vous rappeliez que je défendais, avec Bruno Retailleau, une loi immigration.
05:33Moi, je demande deux lois immigration.
05:36Un projet de loi constitutionnel, qui pour moi est essentiel,
05:40qui doit être validé par référendum,
05:43parce qu'il faut que les Français, un jour, aient la parole sur les questions migratoires,
05:47qui sont parmi les premiers rangs de leurs préoccupations.
05:51Et un projet de loi simple.
05:54Si ces textes sont portés, nous les soutiendrons.
05:57Je demande même qu'ils le fassent.
05:59Je n'ai pas changé.
06:01Je demande à la virgule près que Bruno Retailleau représente les textes qu'on avait portés,
06:05notamment la réforme constitutionnelle, avec les quotas migratoires.
06:09Éric Ciotti sur l'immigration.
06:11Toujours le ministre de l'Industrie, Marc Ferracci,
06:14a estimé hier, à notre micro,
06:17que des lois immigration, il y en a eu beaucoup dans notre histoire récente.
06:22Je pense qu'il faut les évaluer, surtout les mettre en œuvre,
06:25car tous les décrets n'ont pas été pris.
06:27Il disait aussi que l'immigration et en particulier l'immigration de travail
06:32est une nécessité.
06:34Sans immigration, on ne sait pas faire dans l'industrie.
06:38Carlos Tavares, le patron de Stellantis,
06:41dit la même chose.
06:43La France a besoin d'immigration pour accroître sa richesse
06:48et pour servir le mode de vie de sa population.
06:51Ces propos, vous en pensez quoi ?
06:53D'abord, ça fait partie des contradictions que je soulevais à l'instant.
06:57Ce que dit M. Ferracci est totalement à l'inverse de ce que dit M. Retailleau.
07:01Quand on est dans le même gouvernement, il faut qu'il se mette d'accord.
07:04Moi, je ne suis pas au gouvernement.
07:06C'est au Premier ministre de fixer une ligne.
07:09Mais il y a une forme d'en même temps exacerbé.
07:12C'est du macronisme.
07:14On dit tout et son contraire et au final, on ne fait rien.
07:16Moi, sur le fond, je suis en désaccord avec ce que dit M. Ferracci.
07:20Quand on a un nombre de demandeurs d'emploi inscrits à Pôle emploi
07:24qui tangentent toujours les 5 millions de personnes,
07:27on ne peut pas dire qu'on a besoin d'une immigration de travail.
07:30Il faut mieux former ceux qui sont sans emploi.
07:33Il faut les orienter vers les métiers de l'industrie.
07:36C'est ce que dit le MEDEF. Ce n'est pas que M. Ferracci.
07:39Vous avez un désaccord avec le MEDEF.
07:41J'ai toujours eu le même désaccord.
07:43Je pense que ce qui avait été fait par le précédent gouvernement sur l'apprentissage
07:47et qui va être affaibli aujourd'hui, allait dans le bon sens
07:50pour orienter des personnes vers ces métiers.
07:54Sur le dossier Sanofi, rapidement, qui entend vendre le Doliprane
07:57et les autres médicaments sans ordonnance au fonds américain CDR.
08:00Le ministre de l'Industrie nous disait que l'État demandait des garanties
08:03sur l'emploi, sur la recherche et développement et sur les sous-traitants.
08:06Si ces engagements n'étaient pas pris, le gouvernement pourrait bloquer cette vente.
08:11A dit Marc Ferracci, vous en pensez quoi ? Il faut l'empêcher cette vente ?
08:15Vous dites comme Jordan Bardella qu'ils sont en train de vendre la France à la découpe ?
08:19Ou ça ne vous scandalise pas plus que ça ?
08:21Vous savez, j'avais été rapporteur de la commission d'enquête sur le Covid.
08:24Une des propositions, c'était de mettre en place une liste de produits stratégiques,
08:28notamment en matière médicale et sanitaire, qui devaient être fabriqués en France.
08:34Pour ne pas dépendre, en temps de crise, comme on a été totalement otages pendant le Covid,
08:40de puissances étrangères et notamment de la Chine.
08:43Donc il faut qu'on ait cette souveraineté sanitaire.
08:46Mais vous ne me répondez pas sur ce cas d'espèce.
08:49On doit pouvoir bloquer, en effet.
08:51Vous êtes contre cette vente d'une partie ?
08:53Elle me paraît dangereuse et contraire aux intérêts français.
08:56Mais ça, ce n'est pas très de droite, ça.
08:58Parce que le patron de Sanofi pourrait vous dire, je suis une entreprise privée, je vends à une autre entreprise privée.
09:03L'État, le député Ciotti, n'a rien à dire.
09:05Vous avez raison sur n'importe quel produit.
09:08Pas sur des produits qui ont une influence sur notre souveraineté
09:12et qui peuvent mettre en danger, en péril, notre indépendance, notamment en temps de crise.
09:17Le Doliprane, pour vous, c'est un enjeu de souveraineté sanitaire ?
09:20Peut-être pas que le Doliprane, mais il y avait la question des antibiotiques, des produits sanitaires.
09:25Le Doliprane, c'était le traitement privilégié pendant le Covid.
09:28Donc, c'était un produit qui est utile et qui est très utilisé par les Français.
09:33Le budget 2025, son examen, l'examen du projet de loi de finances commence aujourd'hui en commission.
09:40Vous avez demandé une commission d'enquête sur les dérives des finances publiques.
09:45Quel est l'objectif ? Qu'est-ce que vous cherchez ?
09:48Qu'est-ce que vous espérez trouver quand vous parlez de dissimulation ?
09:52Vous pensez qu'il y a eu mensonge volontaire, fraude ou au minimum présentation de comptes insincères ?
09:59Oui, ce sont les questions qui sont posées.
10:02Il y a un écart entre les déficits publics qui étaient prévus au budget 2024 de 128 milliards d'euros.
10:09Parce qu'on parle souvent en pourcentage de PIB, c'était 4,4% du PIB.
10:14Pour les Français, ça ne veut pas dire grand-chose.
10:16C'était 128 milliards d'euros.
10:18On finit 60 milliards d'euros de plus.
10:23On est à 180.
10:27Où est passée cette somme ?
10:30Pourquoi il y a-t-il telle erreur ?
10:32Il n'y a pas d'erreur sur la croissance.
10:34Souvent, les prévisions sont contredites parce que la croissance est plus faible.
10:39Donc, il y a moins de recettes.
10:41Là, ce n'est pas le cas.
10:42Cette prévision de croissance était exacte.
10:44Cela laisse entendre, dans la mesure où cette prévision de croissance était exacte,
10:49qu'il y a sans doute eu, et ce sera l'objet de la commission d'enquête que nous avons demandé,
10:55qui a fusionné avec celle de la commission des finances.
10:58On s'est mis d'accord, il n'y aura qu'une commission d'enquête.
11:01Vous allez entendre Bruno Le Maire qui s'est dit tout à fait prêt à répondre à vos questions.
11:05Et tous les acteurs de ceux qui ont joué un rôle décisif, majeur,
11:11nous demanderons tous les documents aussi, voir ce qui s'est passé.
11:15Une erreur à près de 60 milliards d'euros, pour moi, ce n'est pas une erreur, c'est une faute.
11:21Peut-être plus grave.
11:22Peut-être plus grave, ça veut dire ?
11:24La commission d'enquête le démontrera.
11:26Il y avait des élections européennes.
11:28Il peut y avoir des fraudes, vous pensez ?
11:30Est-ce que le gouvernement a voulu dissimuler à la veille des élections européennes
11:34une réalité ? Si c'est le cas, ça serait très grave.
11:37Mais je pose cette question, je n'ai pas de réponse à ce stade.
11:39Mais en tout cas, nous assistons à une dérive inédite.
11:43L'écart aussi fort est quasiment inédit sous la Ve République, hors période de crise.
11:49Il ne s'est rien passé, il n'y a pas eu de crise majeure au cours de 2024.
11:52Pourquoi ce dérapage ?
11:54Maintenant, il faut trouver 60 milliards d'euros d'économie.
11:56Dans ce contexte, Michel Barnier défend des hausses d'impôts temporaires
11:59sur les très grandes entreprises qui font des profits et sur les très très riches.
12:02Il parle d'un effort de solidarité nationale après des années où l'impôt sur les sociétés a baissé,
12:08où la flat tax a été supprimée.
12:11N'est-ce pas le moment pour les très très grandes entreprises qui font beaucoup de profit
12:16de faire un acte de solidarité nationale, comme dit Michel Barnier ?
12:20Votre question serait pertinente si nous étions dans un pays
12:24où les prélèvements obligatoires n'étaient pas les plus élevés au monde.
12:27En l'occurrence, pour les impôts des sociétés, ils ont baissé ces 7 dernières années.
12:30Les impôts de production restent en France supérieurs de 8 à 9 % à la moyenne européenne.
12:36Donc c'est une perte de compétitivité pour les entreprises.
12:39Les entreprises françaises, certes, il y a eu la baisse de l'impôt sur les sociétés,
12:43la baisse par deux fois de la CVAE, c'est bien, j'ai soutenu ces mesures,
12:47mais néanmoins on reste quand même à un niveau beaucoup plus élevé que la moyenne européenne.
12:52Donc vous dites qu'il ne faut pas le faire ?
12:53C'est une erreur, c'est une faute économique.
12:55Vous voterez contre ?
12:56Je l'ai dit hier dans ma question au Premier ministre.
12:59Pourquoi je voterai contre ? Parce que ces mesures vont avoir un effet récessif.
13:03C'est presque 0,8 % d'augmentation des prélèvements obligatoires.
13:07On est à 48 selon Eurostat, c'est le premier rang des pays de l'OCDE,
13:13des pays de l'Union Européenne naturellement.
13:15Donc on a ce record du monde, on gagne chaque année la Coupe du Monde des impôts.
13:20On ne peut pas charger un peu plus la barque,
13:23parce que selon le principe de la courbe de l'affaire, l'impôt tue l'impôt.
13:27Plus on va prélever, ça va casser la croissance et on aura moins de retraite fiscale.
13:33Donc ça sera une forme de double paix.
13:35Vous voterez contre cette mesure-là ou vous voterez contre tout le budget ?
13:37Aujourd'hui, le budget tel qu'il est, on va essayer de le modifier.
13:40On a des amendements, ça ne me convient pas, ce n'est pas un budget courageux.
13:44Vous avez parlé de budget socialiste ?
13:46Oui, parce que quand on augmente les impôts,
13:52ce n'est pas moi qui le dis, c'est le Haut Conseil des finances publiques,
13:55de plus de 30 milliards d'euros.
13:57Et ça, ce sont des mesures qui ne sont pas virtuelles.
14:00Les économies, elles sont virtuelles, c'est une espérance.
14:03Les hausses d'impôts, elles sont réelles, concrètes et elles vont s'appliquer.
14:07Et je le dis, c'est en moyenne 1500 euros par ménage, 13 milliards pour les entreprises.
14:12Donc quand on va aussi loin dans le choc fiscal, oui, c'est socialiste.
14:18Quand on ne réforme pas l'État, les dépenses publiques continueront d'augmenter, 2,1%.
14:24Donc là aussi, est-ce qu'il y a une diminution du nombre de fonctionnaires ?
14:28Est-ce qu'il y a des suppressions d'agences de l'État ?
14:32Une restructuration de l'État ?
14:34Non, il n'y a rien de très courageux dans ce budget.
14:38Il y a la facilité de l'augmentation d'impôts.
14:40C'est Pavlovien, depuis des années, dès qu'il y a un problème,
14:43on augmente les impôts et on est arrivé à cette situation
14:46qui pénalise notre économie.
14:48Eric Ciotti, au début de l'entretien, vous nous avez dit
14:50« je me demande si Michel Barnier est encore de droite ».
14:53Vous avez posé cette question.
14:55J'ai envie de vous demander, est-ce que vos nouveaux alliés,
14:57le Rassemblement National, sont de droite
15:00quand on sait que le 31 octobre prochain, le RN aura sa niche parlementaire
15:04et proposera l'abrogation de la réforme des retraites
15:07et le retour aux 62 ans et même 60 ans pour ceux qui ont commencé tôt ?
15:10Est-ce que vous la voterez, cette niche parlementaire ?
15:13Est-ce que c'est de droite, ça ?
15:15Je ne la voterai pas en cohérence avec ce que j'ai toujours défendu.
15:19Vous savez, on a bâti une alliance, j'évoquais le contexte de cette alliance,
15:23elle est solide et durable.
15:25Je la revendique et je me battrai pour qu'elle soit maintenue
15:29parce que nous avons besoin de l'union de tous ceux
15:33qui veulent que la France sorte de l'ornière.
15:36Mais nous avons des différences.
15:38Si je n'avais pas...
15:40C'est des différences qui sont notables.
15:42Si je n'avais pas de différences, je serais au RN.
15:45Vous avez noté que je ne le suis pas.
15:47Je suis président de l'UDR, entre parenthèses,
15:49qui est un parti qui, désormais, a plus d'adhérents que Renaissance.
15:52Donc ce n'est pas rien, en un mois à peine.
15:55Et donc, sur les questions économiques,
15:57nous avons rapproché nos points de vue pendant la campagne législative,
16:01dans la plateforme.
16:02Il reste des nuances.
16:04Il y en a...
16:05Sébastien Chenut, du RN, parlait de votre vote sur cette question,
16:09sur la niche parlementaire,
16:11et il disait, je crois au bout du compte,
16:13que les élus d'Eric Ciotti voteront la brogation de la réforme des retraites.
16:16Vous lui dites non à votre rapport.
16:17Non, nous ne la voterons pas.
16:19Et je l'ai dit très clairement à Marine Le Pen.
16:22Et il n'y a aucun sujet là-dessus.
16:24Parce que le propre d'une alliance,
16:26quand on a deux partenaires,
16:28si on est allié, c'est qu'on a des différences.
16:30Et moi, je considère que l'évolution démographique,
16:33le rapport entre les retraités et les inactifs,
16:36le vieillissement de la population,
16:38conduit à ce qu'on maintienne cette réforme.
16:41Elle était loin d'être parfaite.
16:43Pour reprendre vos termes,
16:45abroger cette réforme des retraites comme le souhaite le RN,
16:47c'est socialiste ?
16:49Non, je ne sais pas si c'est socialiste.
16:51En tout cas, personnellement,
16:53je souhaiterais qu'on améliore la réforme des retraites.
16:56Il y a la question des carrières longues.
16:58Et là, je suis d'accord avec le RN.
17:00Il faut qu'on aille plus loin.
17:02Parce que ce n'est pas normal que quelqu'un qui a travaillé très tôt
17:05porte ses efforts surtout dans les métiers où il y a une grande pénibilité.
17:08Ça, c'est un vrai sujet.
17:10Et ensuite, moi, je suis pour qu'on améliore le système global,
17:13qu'on introduise notamment une dose de capitalisation,
17:16qu'on garde le système, le socle de répartition,
17:19il est essentiel,
17:21mais qu'on mette aussi, comme c'est le cas dans la fonction publique,
17:23une petite dose de répartition.
17:25Comment ça va avec le RN et avec Marine Le Pen ?
17:28Parce que quand ils ont fait leur grand meeting de rentrée
17:30il y a deux semaines chez vous, à Nice,
17:32ils ont oublié de vous inviter ? Qu'est-ce qui s'est passé ?
17:34Rassurez-vous, j'étais invité.
17:37Nous nous sommes vus, d'ailleurs, à Nice,
17:39de façon très sympathique et très amicale.
17:41Mais vous n'y étiez pas au meeting ?
17:43Il n'y a aucun sujet, oui, parce que c'était la rentrée du RN.
17:45Je ne suis pas au RN.
17:48Il y a des différences.
17:50Vous savez, mon parti s'appelle l'UDR,
17:52Union des Droites, vous l'avez rappelé.
17:54Ça, c'est un fait générateur marquant.
17:56Mais l'UDR, c'est aussi le parti du général De Gaulle.
17:59C'est mon histoire, c'est ma famille, personnel.
18:02Et j'y suis fier, j'y suis attaché.
18:04Et c'est finalement mon double ADN.
18:07Allez, on passe au Standard Inter.
18:09Angelo, bonjour.
18:11Bonjour France Inter, bonjour M. Sciotti.
18:14Alors, moi je suis athée,
18:17j'habite dans une république claïque
18:19et j'en suis bien content.
18:21Je voulais savoir si vous étiez d'accord
18:23avec la déclaration de Marine Le Pen
18:25selon laquelle le voile est l'uniforme de l'islamisme
18:28et le projet du RN d'interdire le voile
18:31je précise, sur la place publique.
18:34Étant entendu que moi, dans l'ensemble scolaire,
18:37je ne suis pour aucune représentation religieuse.
18:40Mais là, il y a quand même quelque chose d'important
18:43puisque moi je suis athée, république claïque,
18:46donc on ne privilégie ni ne stracise aucune religion.
18:50Il y a des femmes qui portent le voile par choix.
18:53Et comment on peut faire valoir un projet pareil
18:59et être en accord, sinon que donner raison aux gens
19:02qui n'arrêtent pas de crier à l'islamophobie à tout va
19:05et là ils trouveront un ton d'or pour le faire.
19:08Merci, merci Angelo pour cette question.
19:11Éric Sciotti vous répond.
19:13D'abord, une petite remarque.
19:15Vous dites qu'il y a des femmes qui portent le voile par choix.
19:18Peut-être, mais il y en a beaucoup qui sont contraintes.
19:21Permettez-moi de penser à ces femmes qui luttent
19:25et qui sont menacées dans leur vie en Iran
19:29parce qu'elles veulent enlever le voile.
19:32Je ne pense pas que ce soit dans le pays des libertés
19:35un signe de progrès que défendre
19:38ce qui est quand même un instrument de soumission pour la femme
19:42au moment où on porte ce combat pour l'égalité, pour la liberté.
19:46J'y vois une forme de recul.
19:49Et sur l'interdiction dans l'espace public ?
19:52Je l'ai toujours défendu.
19:55Je suis pour l'interdiction des signes religieux
19:58dans les espaces de service public.
20:01Dans les services publics c'est constitutionnel
20:03et il y a la neutralité pour les agents.
20:05Je pense qu'il doit y avoir aussi la neutralité pour les usagers
20:08parce qu'on ne peut pas imposer dans un lieu de service public
20:14au guichet d'une administration, par exemple,
20:17ces appartenances religieuses.
20:19Donc vous voulez qu'une femme qui va à l'hôpital public
20:22doit retirer son voile, c'est ce que vous dites ?
20:24Je pense que c'est un des lieux où cette neutralité doit s'imposer.
20:29Eric Ciotti, quand vous étiez président de LR
20:32votre priorité était d'imposer Laurent Wauquiez
20:35en candidat de votre parti pour 2027
20:38et le tout sans primaire.
20:40Une personnalité qui dispose des meilleures qualités
20:43pour incarner l'avenir de la droite.
20:45Laurent Wauquiez, il est le mieux placé,
20:47disiez-vous au JDD en septembre 2022.
20:50Il est toujours le mieux placé ?
20:52Sans doute pas.
20:55Pourquoi ?
20:57Je pense qu'il a raté plusieurs occasions
20:59et notamment cette occasion de porter avec moi cette alliance.
21:04S'il l'avait fait, la France serait aujourd'hui gouvernée à droite.
21:08Il a fait partie de ceux qui s'y sont opposés.
21:12Il a fait de façon moins caricaturale que M. Bertrand
21:15qui a appelé à voter communiste ou insoumis.
21:18Mais il a quand même participé à bloquer le fait
21:22que la France pourrait avoir un gouvernement majoritaire
21:25et non pas cette coalition des contraires un peu ridicule.
21:29Donc à un moment, il faut faire des choix.
21:31Laurent Wauquiez a des qualités.
21:33Celles que je soulignais n'ont pas disparu.
21:36Mais je crois qu'il a raté quelques opportunités.
21:39La vie politique, c'est aussi savoir...
21:42Et pour 2027 ?
21:44Ouvrir une voie, être dans l'anticipation.
21:47Pour 2027, si Laurent Wauquiez se présente
21:50et si Marine Le Pen se présente,
21:53vous soutiendrez qui ?
21:55Nous verrons bien. Cette question n'est pas posée à ce stade.
21:59Moi, je conforterai l'alliance que nous avons portée.
22:05Avec le Rassemblement national.
22:07Donc vous nous répondez quand même que vous soutiendrez
22:09le candidat ou la candidate du RN ?
22:11Je me suis attaché à cette alliance
22:13qui a ouvert une fissure dans ce mur
22:17qui avait été érigé par la gauche
22:19pour empêcher la droite de gouverner.
22:21C'était la stratégie de François Mitterrand
22:23qui a été, il faut bien le reconnaître,
22:25assez efficace.
22:27Nous nous adapterons aux circonstances.
22:31Il vous a envoyé son livre, Jordan Mardala ?
22:33Pas encore. Nous en avons parlé ensemble.
22:36Merci.
22:37Eric Ciotti, président de l'Union des droites pour la République, l'UDR.
22:42Merci d'avoir été au micro d'Inter.