• il y a 6 mois
Éric Dupond-Moretti, ministre de la Justice et garde des Sceaux, était l’invité du Face-à-Face sur BFMTV - RMC.

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00:00Il est 8h32 et vous êtes bien sur RMC et BFM TV. Bonjour Éric Dupond-Moretti, merci d'être dans ce studio pour répondre à mes questions.
00:08Vous êtes le ministre de la justice de très nombreuses questions à vous poser sur la justice des mineurs, sur les violences de plus en plus violentes, sur la question des jeunes.
00:16Nous proposons plus de fermeté à tous les étages, voilà ce qu'a promis Emmanuel Macron hier.
00:22On va y revenir et vous allez nous expliquer comment ça peut marcher, mais d'abord je voudrais savoir si vous avez des nouvelles de Mohamed Amra.
00:29Parce que c'était il y a un mois, un mois tout pile, que Mohamed Amra s'est échappé en tuant deux agents pénitentiaires, ça fait un mois qu'il est en cavale.
00:39Avez-vous des nouvelles ? Avez-vous des pistes ? Est-ce qu'il y a des réponses ?
00:43Non, ce que je peux vous dire c'est qu'il y a plusieurs centaines d'enquêteurs, le parquet de Paris, totalement mobilisés pour qu'on le retrouve.
00:55Et je pense que d'abord on le doit à la justice, on le doit aux familles et on le doit également à l'administration pénitentiaire que je vais rencontrer d'ailleurs cet après-midi.
01:08C'est une annonce que je vous fais, nous allons signer un protocole qui renforce évidemment la sécurité des agents pénitentiaires.
01:17Un protocole qui renforce leur sécurité.
01:20Mohamed Amra, on a aussi découvert comment il vivait au sein de sa prison.
01:25Tu vas me filer deux kilos d'héros tout de suite, il n'y a pas demain. Non, c'est là, tout de suite, 18h53, je te dis, je ne joue pas à cache-cache.
01:32Et il appelle un autre et il lui dit, dis-lui que je vais envoyer quelqu'un chez lui, il va lui arracher les cheveux, mettre le feu à son gosse, écrase-lui la tête et jette-le dans la scène.
01:40À ce propos, ils ont été tenus au téléphone par un homme qui est dans une prison. Comment c'est possible ?
01:48Comment ils arrivent les téléphones en prison ?
01:50Neuf téléphones.
01:51Ils arrivent par les familles, parfois à titre tout à fait résiduel, exceptionnel, grâce à de la corruption.
01:59Ils arrivent aussi par les airs, si j'ose dire.
02:02Nous, nous avons fait en sorte de mettre en place des brouilleurs.
02:06Mais ils ne sont pas, pour des raisons technologiques d'ailleurs, efficaces à 100%.
02:11Nous avons mis en place des systèmes anti-drone.
02:15On doit aller encore plus loin.
02:17Sachez par exemple que les fouilles ne sont plus permises depuis 2009.
02:20Il faut une modification législative.
02:23Est-ce que vous pourriez rétablir les fouilles à l'entrée du parloir ?
02:27Si je vous pose toutes ces questions, Éric Dupond-Moretti, vous le comprenez bien,
02:30c'est que quand on a Emmanuel Macron hier qui dit « je promets une autorité républicaine à tous les étages »
02:36et qu'effectivement depuis un mois, jour après jour, parce que ces dernières révélations sur les propos tenus au téléphone,
02:41elles datent d'hier, mais depuis un mois, on découvre ce qu'était la vie en prison d'un homme extrêmement dangereux
02:48qui avait sa chicha, qui bougeait de cellule en cellule d'ailleurs.
02:51Quand il bougeait de cellule, la chicha bougeait aussi.
02:53Il se trouvait dans une autre cellule qui organisait le trafic et qui passait ses ordres depuis sa cellule jusqu'à neuf téléphones
03:00qui se faisaient livrer des cartes, des téléphones, de quoi manger, sa consommation de cannabis
03:05et qui recevait sa copine sous prétexte que c'était sa sœur avec des gardiens qui constataient
03:10et qui l'indiquent dans leurs comptes rendus que jour après jour, il y avait des rapports sexuels
03:14mais qu'il continuait à dire que c'est sa sœur.
03:16Il y a quand même peut-être un truc qui ne va pas.
03:18Oui, je pense qu'il y a une philosophie peut-être de la paix sociale
03:25et moi, je veux totalement changer de braquet et de paradigme.
03:29Totalement changer de braquet ?
03:30Totalement, madame. Je pense qu'il n'est pas normal, et tous les Français sont d'accord avec moi,
03:36qu'on puisse en prison disposer d'un téléphone portable.
03:39Je demanderai à ce qu'il y ait des poursuites systématiques, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui.
03:43Je vais prendre des circulaires, fermes, comme toutes les circulaires que j'ai prises
03:47Je veux que l'on revienne sur la question des fouilles.
03:50Je veux qu'il y ait un traitement particulier de ceux qui sont des narcotrafiquants.
03:55Et la question d'ailleurs, pour Amra, est de savoir si la pénitentiaire disposait
04:01de renseignements permettant de le considérer comme un voyou du haut du spectre.
04:05Est-ce que tout a été transmis ? C'est d'ailleurs l'objet.
04:08Vous avez demandé une enquête administrative.
04:11Absolument, et je dirai ce qu'elle contient.
04:14Parce que pour que l'on avance, il faut que l'on avance dans la lucidité,
04:19dans la clarté et dans la transparence.
04:21Et je veux dire très clairement que nous allons accélérer les brouilleurs,
04:26même s'il y a un certain nombre de difficultés techniques.
04:29Je veux également vous dire, parce que les choses ne sont pas simples,
04:31elles ne sont pas binaires, que certains téléphones sont tellement plastifiés
04:35qu'ils sont aujourd'hui indécelables.
04:37Donc il y a tout un travail à conduire, de fermeté, et moi je m'y engage,
04:41aussi de technologie, pour qu'il n'y ait plus de téléphones portables en prison
04:47et que les narcotrafiquants ne puissent plus faire leur trafic.
04:50D'ailleurs, vous savez qu'après les opérations PlastNet,
04:53ou plus exactement pendant les opérations PlastNet,
04:56j'ai demandé des opérations cellulenet, on a saisi beaucoup de portables,
05:01on va expertiser les puces et ce que contiennent ces portables
05:06pour permettre à la justice de faire mieux son travail.
05:09Vous comprenez que, évidemment, quand on vous entend ce matin,
05:13on se dit « mais pourquoi vous ne l'avez pas fait plus tôt ? »
05:15Je vais vous le dire, Madame, parce qu'on est parti de rien.
05:20Il y avait zéro brouilleur en 2017, il faut les installer, il faut budgéter ces mesures.
05:27Il y avait zéro système anti-drone, d'ailleurs on ne connaissait pas les drones à l'époque.
05:31Mais quand vous parlez de système anti-drone, il y a aussi la question des filets
05:36qui doivent protéger les établissements pénitentiaires.
05:38Tout ça ne se fait pas en un claquement de doigts.
05:42Il n'y a que ceux qui sont dans l'opposition qui peuvent le dire.
05:44Et d'ailleurs, hier, dans le discours du Président de la République,
05:47il exprimait très clairement la frustration que l'on peut avoir
05:50entre l'annonce d'une mesure et sa mise à exécution.
05:54Vous voyez, il faut un peu de temps pour faire tout cela.
05:56Donc là, il y a un certain nombre de mesures qui seront prises,
05:59qui seront signées cet après-midi avec la pénitentiaire.
06:02– Cet après-midi avec la pénitentiaire.
06:04– Bien sûr, et puis…
06:05– La justice des mineurs, Éric Dupond-Moretti, je voudrais y venir.
06:08– Oui.
06:09– Parce que c'est aussi un des points qui a été énormément débattu ces derniers temps,
06:13notamment après les drames de Samara, de Shams Eddin,
06:18qui a été tabassé à mort devant son collège.
06:21La question de la justice des mineurs.
06:23Allez-vous, oui ou non, modifier cette justice des mineurs ?
06:27– Oui madame, on y travaille.
06:28Et pas ici à cause, si j'ose dire, de la campagne législative qui s'ouvre.
06:34Il y a des mois que l'on travaille sur un certain nombre de mesures.
06:38Je vais vous en donner une.
06:40Un mineur aujourd'hui, quand il commet un crime,
06:43peut être évidemment placé en détention, et c'est souvent la règle.
06:47En revanche, un mineur qui n'a jamais été condamné,
06:52ne peut pas être emprisonné,
06:55sauf si on a recours à une information judiciaire,
07:00ce qui a, vous avez compris, pour effet d'allonger
07:04et d'alourdir la procédure.
07:06Je veux, c'est une mesure de fermeté, de radicalité,
07:10qu'un mineur, s'il commet un fait grave comme premier fait,
07:14parce que s'il n'a pas commis antérieurement de fait,
07:17ça n'est pas possible, absolument madame,
07:20on puisse envisager son placement en détention.
07:23– Immédiate ?
07:24– Immédiate.
07:25Et pour tout vous dire, j'ai beaucoup consulté,
07:27parce que là encore, ça ne se fait pas en un claquement de doigts,
07:30il n'y a que les oppositions qui ont la baguette magique.
07:32Je vais vous faire remarquer d'ailleurs,
07:34qu'on a d'abord réformé le code de justice pénale des mineurs,
07:37il a fallu dix ans pour le faire,
07:39et il porte ses fruits ce nouveau code de justice pénale des mineurs,
07:42notamment en matière de réduction des délais.
07:44Mais s'agissant de cette mesure forte que je veux prendre,
07:48bien sûr que j'ai consulté tout le monde,
07:50comme je le fais habituellement,
07:51et les procureurs m'ont dit, mais là on a une difficulté,
07:55c'est qu'il faut, pour incarcérer, que l'on ait recours.
07:58Je vous donne un exemple, un mineur vole le sac d'une vieille dame.
08:01Circonstance atténuante, la vulnérabilité, bien sûr,
08:05et peut-être même la réunion souvent…
08:07– Aggravante vous voulez dire ?
08:08– Oui, oui, qu'est-ce que j'ai dit ?
08:09– Vous avez dit atténuante.
08:10– Oh pardonnez-moi, aggravante bien sûr.
08:12Circonstance aggravante, il en faut deux,
08:14pour que l'on soit sur une certaine gravité quant aux peines encourues.
08:18Alors aujourd'hui, si le procureur veut que les jeunes interpellés
08:23soient placés en détention, je viens de le dire,
08:25il faut avoir recours à l'ouverture d'une information.
08:27– Donc des délais…
08:29– Donc des délais, de la lourdeur, etc.
08:31– Vous faites lever ça ? Vous faites sauter ça ?
08:33– Oui madame, on est…
08:34– Vous le faites sauter quand ?
08:35– Écoutez, on a un texte qui est prêt.
08:39– Oui, vous comprenez bien que si je vous pose cette question,
08:41c'est que le texte il est prêt, mais bon là, dans les circonstances,
08:44pas sûr que vous puissiez y travailler.
08:46– Madame de Malherbe, il ne va pas vous échapper,
08:48il ne vous échappe pas qu'il faute un Parlement,
08:50donc une Assemblée Nationale et un Sénat,
08:52mais le texte est prêt.
08:53– Disons que dans ces cas-là, ça fait partie du programme de ces législatives.
08:57– De la même façon où j'ai annoncé un certain nombre de mesures
09:00concernant le haut du spectre de la délinquance,
09:02et en particulier la lutte contre le narcotrafic,
09:05j'ai un texte qui est prêt.
09:07– Maintenant je vais vous reposer la question Eric Dupond-Marie,
09:09je vais reprendre votre exemple, votre exemple du jeune
09:11qui s'en prend à cette vieille dame et à son sac à main.
09:16S'il a 16 ans, si je comprends bien, votre texte pourra avancer vers cela.
09:22S'il a 13 ans ?
09:23– S'il a 13 ans, il y a déjà un certain nombre de mesures.
09:26La question que vous posez, c'est celle de…
09:28– En fait, à quel âge vous mettez le niveau ?
09:31C'est-à-dire qu'aujourd'hui, il fallait qu'il ait 18 ans
09:33pour pouvoir être retenu immédiatement.
09:35Vous dites ça, je vais l'abaisser, mais vous l'abaissez jusqu'où ?
09:38C'est-à-dire c'est quoi, c'est 16 ans, c'est 15 ans, c'est 13 ans ?
09:40– Il y a deux régimes madame, et voyez-vous, la difficulté,
09:43je veux quand même l'évoquer, c'est que le régime des 13-16
09:48et des 16-18 ne sont pas les mêmes,
09:51et il y a un certain nombre de prescriptions constitutionnelles.
09:57Il y a un certain nombre de décisions du Conseil constitutionnel,
09:59je ne veux pas être trop technique, il y a plusieurs décisions
10:02qui rappellent que la justice des mineurs est une justice
10:05qui reste une justice spécifique.
10:08– Je propose ma question, imaginons qu'il a 15 ans.
10:11– Madame, je viens de vous dire, 13-16, et même en dessous de 13 s'il y a des décisions…
10:15– Donc en fait, ce que vous me disiez là sur le jeune avec le sac à main,
10:18c'est s'il a entre 16 et 18 ?
10:20– Non mais on peut envisager des mesures qui sont…
10:23– Mais pas moins de 16 ?
10:24– Non, on peut envisager des mesures qui sont des mesures coercitives,
10:27mais madame, aujourd'hui vous avez cette difficulté,
10:31les procureurs l'ont exprimé, et il faut que je le prenne en compte.
10:34– C'est une difficulté, on en fait quoi de cette difficulté ?
10:36Dans la mesure où, et là tous les chiffres le montrent,
10:39on parle d'une violence de mineurs de plus en plus violente,
10:43et de plus en plus jeune.
10:44– Mais il y a un certain nombre…
10:45– Donc on ne change pas la barre ?
10:46– Madame, il y a un certain nombre de jeunes de moins de 16 ans
10:49qui sont aujourd'hui en détention,
10:51qui sont aujourd'hui dans les centres éducatifs fermés,
10:53qui sont aujourd'hui dans les centres éducatifs renforcés.
10:55Et je voudrais vous dire quelque chose, d'ailleurs j'y fais venir là,
10:58en plein accord avec Gérald Darmanin, des policiers et des gendarmes
11:01qui vont, à côté des éducateurs de la protection judiciaire de la jeunesse,
11:06amener un peu de république, un peu d'ordre, un peu de fermeté républicaine.
11:11– Comment on fait pour amener un peu d'ordre, un peu de république, un peu d'autorité ?
11:14– Quand vous avez des enseignants qui sont policiers et gendarmes,
11:17voyez-vous, ça permet d'établir avec le mineur un rapport
11:22qui est un rapport que, personnellement, j'appelle de mes voeux.
11:24– Éric Dupond-Moretti, vous avez dit que la justice était plus rapide.
11:27Alors, la justice des mineurs, on va être très précis,
11:29elle est plus rapide parce qu'elle a été coupée en deux,
11:31c'est-à-dire que désormais il y a deux audiences,
11:33une première audience pour dire si oui ou non le jeune est coupable,
11:37une deuxième audience pour énoncer la sanction.
11:40Ça veut dire que ça permet en effet de juger plus vite,
11:42mais ça ne permet pas de punir plus vite.
11:44– Ça permet, madame, de juger plus vite
11:47et pendant la période qui sépare l'audience de culpabilité
11:50et l'audience qui est destinée à fixer la peine,
11:54il y a, pardonnez-moi, un suivi.
11:56Et un suivi qui est un suivi de proximité.
12:00Pourquoi ? Parce que le gamin qui est condamné,
12:03il sait qu'il doit recevoir la peine qu'il mérite
12:07et entre les deux, il est suivi.
12:09– Oui, mais on a vu dans le cas de Shamsiddin
12:11que l'un des jeunes était précisément dans ce moment,
12:14dans ce petit laps de temps.
12:16– Vous pourrez toujours me prendre un cas particulier
12:18où ça n'a pas fonctionné, je l'entends,
12:20c'est ce que j'ai appelé, et je l'ai déjà dit devant vous,
12:23la fédiversification de la justice.
12:25Il faut quand même savoir qu'on est parti d'une ordonnance de 45,
12:28mythique ordonnance du général de Gaulle.
12:30On s'est rendu compte que la délinquance des mineurs
12:32avait évolué.
12:33On l'a modifiée.
12:34Ce texte a fait l'objet d'ailleurs...
12:36Je vais d'ailleurs vous rappeler que Marine Le Pen elle-même
12:39a dit que ce texte allait dans le bon sens.
12:42Voilà.
12:43Et il va dans le bon sens.
12:45– C'est quoi comme argument ça ?
12:47Éric Dupond-Moretti.
12:48Marine Le Pen a approuvé, ça veut dire que ça va dans le bon sens.
12:51– Non, ce que je veux dire madame c'est que...
12:53– Je vous avais connu assez différent dans vos arguments.
12:56– Mais pas du tout.
12:57Vous ne me laissez pas le développer, je vais le faire.
12:59Madame Le Pen a dit que ce texte allait dans le bon sens
13:01et Monsieur Bardella a critiqué ce texte.
13:03Voilà, c'est tout ce que je voulais dire mais...
13:05– Monsieur Bardella qui lui propose des peines courtes
13:08et immédiates pour les mineurs,
13:10ce qui est à peu près ce que vous nous énoncez ce matin.
13:13– Oui mais madame, ils n'ont pas comme référence la Constitution
13:18ni d'ailleurs l'état de droit.
13:20– Oui enfin c'est la même proposition.
13:22– Moi ce que je fais c'est à la suite d'un travail de concertation.
13:25Ce n'est pas dans de la démagogie.
13:27Donc j'ai dit oui qu'il y aurait cette possibilité de placer...
13:30– Il y a le bon chasseur puis il y a le mauvais chasseur.
13:32C'est-à-dire il y a la bonne proposition et la mauvaise proposition
13:34mais c'est la même proposition.
13:35– Mais non madame, ça ça n'a pas été proposé.
13:38En tous les cas pas de cette façon.
13:40Ce que dit le Rassemblement National,
13:42c'est que c'est vérité à tous les étages sans discernement
13:46et sans même prendre en compte les impératifs constitutionnels.
13:49Nous on est sérieux, vous voyez, moi je ne fais pas de fausses promesses.
13:52C'est un long travail.
13:53J'ai consulté beaucoup de monde et le monde que j'ai consulté,
13:56je le pense, n'a pas été consulté par M. Bardella.
13:59De qui s'agit-il ?
14:00Il s'agit des procureurs de notre pays, des procureurs généraux,
14:04des policiers, des gendarmes, des avocats,
14:06de tous ceux qui sont des professionnels de la justice.
14:08Et pardon de vous le dire, ça prend du temps.
14:12Mais notre intention est effectivement de régler ces difficultés.
14:19Voyez-vous, la délinquance des mineurs, elle a bougé.
14:23Peut-être pas en nombre, mais en intensité, c'est une réalité.
14:27Et les causes de cette délinquance sont des causes
14:30qu'il y a de cela encore quelques années nous étaient inconnues.
14:33Le Président de la République a évoqué hier par exemple
14:36les écrans, les réseaux sociaux,
14:38qui ont effectivement un rôle dans la délinquance des mineurs.
14:41Il faut travailler à tout cela de façon sérieuse.
14:44Emmanuel Macron qui dit qu'il veut interdire
14:46les téléphones portables aux moins de 11 ans.
14:49Je vous reprends le début de notre interview.
14:51Un homme qui est en prison, à la prison de la santé,
14:54dont on contrôle les faits et gestes,
14:56il a neuf téléphones portables.
14:58Donc on n'arrive pas à interdire un téléphone portable
15:00dans une prison, neuf téléphones portables,
15:02mais on va interdire les téléphones portables des jeunes de 11 ans.
15:04Je crois que vous devriez venir 15 jours à mes côtés,
15:06et vous verriez.
15:07Oui, je ne demande que ça.
15:08Je ne demande que ça.
15:09Observez, comprenez.
15:10Deux secondes.
15:11C'est beaucoup plus facile de commenter.
15:13Vous êtes dans l'IACAF, on confondrait peut-être.
15:15Je vous dis, madame, que les choses sont complexes.
15:17Pourquoi elles sont complexes ?
15:18C'est la faute des journalistes ?
15:19Ce n'est pas du tout ce que je dis, madame.
15:21Je viens de vous expliquer que nous avions affaire
15:25à des phénomènes de drones.
15:27Par exemple, ça n'existait pas.
15:28Il faut le temps de réagir, de mettre en place.
15:30Je viens vous expliquer qu'un certain nombre
15:32de portables sont tellement plastifiés
15:34qu'ils ne sont pas décelables.
15:35Un certain nombre des outils permettant
15:38de déceler des métaux ne fonctionnent pas en prison
15:40parce que les murs sont métallisés.
15:42Je viens vous expliquer, madame,
15:43que nous avons mis en place des brouilleurs.
15:45Que nous avons mis en place des systèmes anti-drone.
15:48Que nous avons mis en place des filets.
15:50Qu'il y a pas loin de 200 établissements pénitentiaires
15:53que ça ne se fait pas en un claquement de doigt.
15:55Voilà ce que je vous dis.
15:56Mais ma volonté, elle est très claire.
15:58Je trouve totalement anormal qu'il y ait
16:00un téléphone portable en prison.
16:02Je dis que les parquets désormais poursuivront
16:06tous ceux qui ont des portables.
16:08Je dis qu'il y aura des répercussions
16:10sur les réductions de peine.
16:11Je rappelle d'ailleurs qu'à ce propos,
16:14j'ai viré les réductions de peine automatiques
16:17pour les remplacer par des réductions de peine à l'effort.
16:20Et que parallèlement à cela, j'ai mis en place
16:23un contrat du détenu travailleur
16:25parce que je veux que l'on travaille en prison.
16:28Éric Dupond-Moretti, les juges ne sont pas politiques.
16:32Le syndicat de la magistrature appelle,
16:35cependant dans un communiqué hier,
16:38à manifester samedi à Paris.
16:42Est-ce leur rôle ?
16:44Le conseil supérieur de la magistrature a dit
16:47qu'ils avaient une liberté totale d'expression.
16:49Moi, je suis respectueux des institutions.
16:51Si vous me posez la question à moi,
16:53je pense que ce n'est pas leur rôle.
16:55Mais je n'ai rien à dire là-dessus.
16:57C'est leur liberté et elle s'exprime, madame,
17:00en des termes que vous venez de rappeler.
17:02Ça vous choque ?
17:04Ce n'est pas le rôle d'un syndicat de magistrats.
17:06Ça donne à voir que certains magistrats sont politisés.
17:09Je dis bien certains.
17:10Et moi, je ne veux pas qu'on mette tout le monde dans le même sac.
17:13Parce que quand même,
17:15la grande majorité des magistrats de notre pays,
17:18des greffiers, des avocats, des contractuels,
17:22sont des gens qui travaillent bien.
17:25Et depuis quelques mois, puisque vous me parlez du bilan,
17:28je veux vous dire que nous avons en matière civile
17:30un déstockage très important.
17:32Ça veut dire qu'aujourd'hui, la justice est rendue plus vite.
17:35Ça veut dire également que les magistrats se sont emparés
17:38de ce que nous avons mis en place,
17:40la politique de l'amiable,
17:42qui permet de passer de 3 à 4 ans
17:44pour un litige à 4 mois.
17:46Mais tout ça n'est pas suffisant.
17:48Et quand on a l'honneur d'être un ministre régalien,
17:51comme je le suis,
17:53on ne peut jamais se dire que tout est réglé.
17:55Voilà, madame, ce que je peux vous dire.
17:57Il faudrait des heures pour évoquer le bilan
18:00et les choses qui restent à faire.
18:02Est-ce que vous serez candidat, Éric Dupond-Moretti ?
18:04Je serai là où le président de la République
18:06me demandera d'aller.
18:08Ce que je peux vous dire, c'est que,
18:10quelle que soit la place qui sera la mienne,
18:12je me battrai.
18:13Je ne veux pas que notre pays tombe
18:15dans les mains des extrêmes.
18:17Extrême-gauche, enfin, monsieur Poutou,
18:19monsieur Poutou, madame de Malherbe,
18:22qui est NPA anti-flic,
18:25lorsque l'on tire des mortiers
18:28à la courneuve sur le commissariat,
18:31ce monsieur dit
18:33« quel joli feu d'artifice ».
18:35Mais vous imaginez ?
18:37Et sur le Hamas,
18:39il estime que c'est un acte de résistant.
18:41Mais c'est une honte absolue.
18:44Honte à ceux qui se marient
18:46avec ces gens du NPA.
18:48Le NPA dont je précise que je recevais
18:50Olivier Faure sur RMC ce matin,
18:52qui dit qu'en effet, il pourrait y avoir
18:54quelques circonscriptions de cette coalition de gauche
18:56qui semble octroyée au NPA.
18:58Mais c'est lunaire de dire des choses comme ça.
19:00Il a vendu le Parti Socialiste,
19:02qui était un grand parti de gouvernement,
19:04pour un plat de lentilles, pour quelques places.
19:06Et d'ailleurs, qui serait s'il gagnait ?
19:09Si par malheur il gagnait leur Premier ministre ?
19:11Monsieur Mélenchon ?
19:12– Il s'est dit prêt, Jean-Luc Mélenchon.
19:14– Oui, monsieur Boyard, madame Panot,
19:16c'est ça qu'on veut pour la France.
19:18Et de l'autre côté,
19:20excusez-moi, mais l'escroquerie démocratique.
19:24Il y a des gens qui ont voté pour monsieur Zemmour
19:27et qui se sont ralliés à sa bannière.
19:29Et aujourd'hui, ceux qui faisaient partie de son équipe
19:32retombent, si j'ose dire, dans la famille originelle.
19:35Marion Maréchal Le Pen.
19:37Mais les électeurs qui ont voté Zemmour
19:39et qui voient les Zemmouristes, les Zemmouriens,
19:41c'est pas comment il faut les appeler,
19:43repartir au RN, mais qu'est-ce qu'ils se disent ?
19:45On est cocus.
19:46Comme d'ailleurs les électeurs de Raphaël Glucksmann
19:49sont aujourd'hui cocus.
19:51Et quand le Président de la République dit
19:53« Moi, je souhaite une clarification »,
19:55elle est en cours là.
19:56On voit ce qui se passe.
19:57Certains élèrent l'extrême-droite,
20:00l'extrême-extrême-droite,
20:02qui se rallient à l'extrême-droite,
20:04et côté gauche, monsieur Poutou.
20:06Mais dites-moi, vous avez vu des images
20:08de l'Assemblée nationale ?
20:10Est-ce que les Français ont envie
20:12d'un Parlement comme celui-là ?
20:14La réponse, à mon avis, elle est non.
20:17Et le Président propose une clarification,
20:20il a dissous l'Assemblée nationale
20:22pour obtenir cette clarification,
20:24et je pense que petit à petit,
20:26les masques vont tomber.
20:28Éric Dupond-Moretti, merci d'être venu ce matin
20:30répondre à mes questions.
20:31Vous êtes le ministre de la Justice, garde des Sceaux.

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