• il y a 5 mois
Vendredi 14 juin 2024, ART & MARCHÉ reçoit Carlton Rochell (Président, Carlton Rochell Asian Art) , Gregg Baker (Fondateur, Gregg Baker Asian Art) , Camille de Foresta (commissaire-priseur,spécialisée en arts d’Asie, Christie’s) et Leona Rose (Artiste plasticienne)

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Transcription
00:00Bonjour à toutes et à tous, bienvenue dans Arts et Marchés, votre émission hebdomadaire
00:12consacrée au marché de l'art.
00:14Le printemps asiatique a eu lieu toute la semaine, une semaine dédiée aux arts d'Asie
00:18à travers des ventes aux enchères, des expositions et puis une foire qui est située à La Pagode,
00:24un bâtiment étonnant en plein cœur du 8e arrondissement de Paris.
00:28Bismarck s'est rendu dans cette foire et a rencontré plusieurs professionnels.
00:32Et puis pour l'interview de la semaine, Léona Rose est une artiste plasticienne,
00:36elle s'est fait connaître sur Instagram et nous verrons avec elle comment utiliser
00:40la plateforme pour se professionnaliser.
00:42Merci à toutes et à tous qui nous rejoignez, tout de suite c'est Arts et Marchés.
00:51Bismarck s'est rendu à la 7e édition du printemps asiatique, un printemps asiatique
00:55plus international que jamais.
00:57Pourquoi des galeristes du monde entier font le déplacement à Paris pour vendre des
01:01œuvres d'art asiatiques ? Nous avons posé la question à plusieurs professionnels.
01:15Bienvenue à La Pagode qui abrite la 7e édition du printemps asiatique, qui a pour but de
01:21faire rayonner les arts d'Asie en France et à Paris principalement.
01:24Cette année, on a 5 nouveaux participants ici à La Pagode et ces 5 nouveaux participants
01:30sont tous d'origine étrangère.
01:32C'est vrai que cette 7e édition est la plus internationale que nous ayons eue jusqu'à maintenant.
01:36Paris est une place ancienne mais qui reprend sa force.
01:41Jusqu'à il n'y a pas très longtemps, le marché était principalement concentré
01:45pour l'art asiatique en Angleterre, à Londres.
01:47Et depuis certains récents événements, Paris a pris une place importante.
01:52Cet essor est lié aux marchands mais aussi aux maisons de vente.
01:56Maisons de vente qui sont très puissantes ici à Paris et qui sortent des collections
02:00très importantes.
02:01Collections qui sont françaises mais aussi étrangères et dont les propriétaires veulent
02:05vendre à Paris.
02:06C'est une place dynamique et d'un point de vue administratif, les choses sont en ce
02:11moment plus simples.
02:12L'art asiatique, et en particulier les Chinois, a commencé à être collecté par les Asiatiques
02:17eux-mêmes, les Chinois principalement, et ont commencé à faire des prix très importants.
02:23Aujourd'hui, les choses se sont un peu assagies pour des raisons très simples.
02:27La première, c'est que les objets sont principalement achetés par des Asiatiques.
02:31Donc en fait, quand ils voudront les revendre, ils n'ont aucune raison de revendre à Paris.
02:34Et aussi parce que, comme n'importe quel marché qui à un moment s'était enflammé,
02:38aujourd'hui les connaissances sont plus solides, le marché peut-être un peu moins profond,
02:45et donc les choses sont beaucoup plus lissées.
02:47L'art japonais, qui est beaucoup mieux connu que l'art chinois en France d'un point
02:50de vue traditionnel, a eu une baisse, et aujourd'hui revient.
02:56Donc voilà, des objets japonais, des tsubas, des lacs, des inros, ça c'est des choses
03:02qui peuvent être collectionnées par un collectionneur qui commence, je dirais.
03:06Il y a eu aussi le sud-est asiatique, des choses tibétaines, népalaises, qui il y
03:11a 15 ans étaient moins recherchées qu'aujourd'hui.
03:13Le Vietnam aussi, il y a 15 ans.
03:15Le Vietnam, il y a 15 ans, c'était beaucoup plus discret.
03:19La France a une très forte collection, une très forte histoire d'art collectif,
03:25et surtout d'art collectif asiatique.
03:28L'histoire du Japon est bien connue.
03:31Les écrans japonais en particulier ont eu un énorme succès ici à la fin du 19ème siècle.
03:36Mon spécialité est les écrans japonais.
03:39Des écrans comme celui-ci en particulier, avec ce bâtiment, étaient très typiques
03:43des choses qui influentaient des artistes comme Van Gogh, Monet, et toutes les
03:48groupes impressionnistes.
03:49Bien sûr, le Japon a aussi été l'influence principale pour Art Nouveau.
03:53Avec le boom de l'économie chinoise, l'art chinois est devenu incroyablement
03:57cher, et au-delà de la capacité de beaucoup de personnes.
04:00Quand vous n'achetez pas de l'art chinois, la chose la plus évidente à regarder
04:05serait l'art japonais, alors qu'il est très différent en style.
04:09Donc, si vous ne pouvez pas acheter de l'art chinois dans la nouvelle époque,
04:15l'art japonais a beaucoup de sens.
04:17Le mouvement de l'art asiatique en Paris a évolué très rapidement
04:22au cours des dernières années.
04:24Les auctions à Christie, Sotheby's, Bonhams, et le Hôtel Drouot sont de plus en plus
04:29intéressants et contiennent des œuvres d'art asiatique importantes qui attirent
04:34les collecteurs, les musées et les vendeurs de partout au monde.
04:38Nous voulons participer, bien sûr, où il y a un momentum pour l'art asiatique
04:45et je pense que les organisateurs de cette semaine en juin ont fait un excellent travail,
04:49en tant que marketing, dans la venue, et en connectant toutes les auteurs
04:54et les événements, même avec le Musée Guimet.
04:56Je pense que c'est la première fois que les vendeurs internationaux ont décidé
04:59d'avoir des exhibitions ici à Paris.
05:02Donc, je pense que ça va se développer.
05:04C'était notre reportage au printemps asiatique et tout de suite,
05:08on passe à l'interview de la semaine.
05:11Et je suis en compagnie de Léonard Rose qui est artiste plasticienne
05:16et qui s'est faite connaître via la plateforme Instagram.
05:19Elle est suivie par plus de 260 000 abonnés.
05:22Elle vit de son art grâce notamment à la visibilité que lui a apportée cette plateforme.
05:27Merci beaucoup d'être avec nous.
05:28Enchantée.
05:29Alors, sur cette plateforme, on voit que vous faites bien sûr énormément de collaborations.
05:33Vous créez de l'art avec des collaborations.
05:36Est-ce que vous vous considérez comme une artiste ou aussi une entrepreneur ?
05:40C'est vrai qu'on est sur Vismart, alors il me fallait que j'utilise ce terme.
05:43Entrepreneur qui crée tout un business via la plateforme ?
05:49Pour moi, c'est vraiment les deux à la fois.
05:51Il y a le côté artiste, c'est-à-dire se reconnecter à ses créations, ses inspirations,
05:56aller chercher un peu à l'intérieur de soi ce qu'on a envie de montrer, de créer,
06:01des inspirations hyper émotionnelles.
06:04Et de l'autre côté, vraiment le côté entrepreneuriat pour tout ce qui est négociation de contrats,
06:11création de contenu par rapport à… Je fais beaucoup de collaborations avec des marques.
06:16Donc, vraiment, on attend de moi.
06:18J'ai des briefs précis à respecter, des choses différentes qu'on me demande, des deadlines, etc.
06:24Donc, c'est vraiment tout un côté entrepreneurial emparé.
06:27Ça fait plusieurs années que vous êtes sur Instagram.
06:30C'était une reconversion, d'après ce que j'ai compris.
06:33Quel a été le shift ? Vous vous êtes dit, je veux devenir artiste,
06:37je veux utiliser cette plateforme pour me donner de la visibilité ?
06:40Je dirais que ça s'est fait assez naturellement pour moi.
06:43Pour moi, Instagram, c'était un média, un outil hyper facile, hyper accessible.
06:48Je n'ai jamais été très geek et, récemment, j'ai commencé à utiliser Instagram.
06:54Je n'ai jamais été très geek.
06:56Rien que faire un site Internet, pour moi, c'était déjà hyper compliqué.
06:59J'avais envie de pouvoir partager des choses spontanément avec les gens.
07:03C'est ce que m'a permis de faire Instagram.
07:05Je peux aussi bien proposer des contenus hyper travaillés avec des photographes,
07:10des vidéastes que j'adore, comme des choses hyper spontanées.
07:13C'est ce que j'aime.
07:14C'est ce décalage entre des choses plus travaillées et des choses plus spontanées.
07:19C'est aussi ce que je suis.
07:22Comment ça s'est fait ?
07:23J'imagine que c'est la première collaboration qui est la plus difficile.
07:26Après, plus vous travaillez, plus ça nourrit aussi votre visibilité.
07:31Comment ça s'est fait, cette première collaboration ?
07:35C'est difficile à dire.
07:36Je m'en rappelle pas de la première.
07:38Je dirais que c'est les premières.
07:39Pour moi, ça ne devait pas forcément être parfait dès le début.
07:43C'est juste que j'apprends à utiliser Instagram.
07:46Il y a des choses qui me plaisent, d'autres qui me plaisent moins.
07:51Peut-être que je suis moins à l'aise avec des stories face cam.
07:54Je préfère faire des créations de contenus par d'autres moyens,
07:57filmer différentes choses.
07:58C'est une manière pour moi de créer mon univers, savoir ce que je montre,
08:02ce que je ne montre pas, et qui crée un peu un personnage autour de moi
08:06à travers comment je rythme mes journées,
08:09ce que je choisis de partager ou non.
08:13Je dirais que c'est plusieurs petites collaborations au départ
08:16qui m'ont permis d'ajuster ça, savoir ce que j'avais envie de montrer,
08:20comment, sous quel angle, quels types de photos qu'ils créent
08:24et qui viennent compléter mon identité d'artiste.
08:28Est-ce que vous avez réfléchi consciemment à votre identité d'artiste ?
08:33C'est quelque chose d'assez difficile pour certains artistes à imaginer, à penser.
08:38Consciemment, non. Spontanément, oui.
08:42En me voyant à posteriori, il y a des choses que j'aime,
08:46des choses que j'aime moins, des choses que j'aime
08:48mais que je ne veux pas forcément garder,
08:50parce qu'en termes de discours ou de direction où j'ai envie d'aller,
08:55il y a des choses que j'avais envie de changer aussi.
08:57Mais je dirais que ça se fait spontanément, au fil de l'eau.
09:01Parce que ça vous arrive d'effacer des choses que vous avez postées ?
09:04Aussi, comme dans la vraie vie, je peux dire quelque chose et retirer ce que j'ai dit.
09:09Et comment est-ce que vous faites pour choisir vos partenariats ?
09:11Parce que c'est ça aussi qui crée votre visibilité, la construction de votre image.
09:16Les partenariats, je dirais que je les choisis spontanément, avec le cœur.
09:19Alors oui, forcément, il y a des collaborations qui sont intéressantes sur le plan financier.
09:26Forcément, dans le monde dans lequel on vit, je pense qu'on a tous besoin de payer son loyer.
09:32Donc il y a ce critère-là, oui, clairement.
09:34Mais c'est toujours des choses, des marques que j'aime bien,
09:37des marques qui me plaisent, avec lesquelles j'ai envie de travailler.
09:39Je fais toujours les choses avec le cœur.
09:41Et c'est aussi pour ça que j'ai arrêté toute ma carrière d'avant.
09:45Parce que j'ai vraiment besoin que ça résonne pour moi.
09:48Pas que l'aspect financier.
09:49J'essaie toujours de trouver un bon arbitrage entre les deux.
09:53Mais sinon, dès que je peux me le permettre, évidemment, des projets du cœur et des choses qui me parlent.
09:58Est-ce que vous avez choisi consciemment de ne pas passer par des intermédiaires ?
10:03Parce qu'en tant qu'artiste, vous n'êtes pas représentée par des galeries.
10:06Vous n'avez pas forcément vos œuvres d'art qui sont dans des institutions.
10:09Ce n'est pas la voie classique d'une artiste.
10:12Est-ce que ça a été fait aussi comme quelque chose que vous avez voulu ?
10:16Ou c'est juste que là, vous êtes bien aussi dans cette situation ?
10:20Je ne dirais pas que c'est voulu.
10:22Je me laisse un peu porter, disons.
10:25Après, si demain une galerie me contacte,
10:27c'est vraiment au cas par cas, au feeling, si j'apprécie les personnes et l'échange que j'ai.
10:33Je dirais qu'il n'y a pas de règle.
10:34En fait, on m'oppose souvent.
10:36Tu es sur Instagram, donc tu ne peux pas forcément être en galerie.
10:39Je pense que jusqu'à présent, j'ai montré la preuve du contraire.
10:42C'est-à-dire qu'il n'y a pas de règle.
10:44Je déteste les étiquettes.
10:46J'aime bien un peu mener ma barre comme je le ressens,
10:50de manière spontanée et vraie.
10:52J'évolue aussi en tant que personne.
10:54Peut-être qu'aujourd'hui, j'ai envie de quelque chose.
10:56J'aurais envie d'autre chose en six mois.
10:58Vraiment, c'est assez spontané avec le cœur.
11:00Je me laisse un peu porter.
11:01Ça dépend vraiment des rencontres que je fais.
11:03Je me remets beaucoup en question aussi.
11:05Ça dépend des gens que je vais rencontrer, des discussions qu'on a.
11:08Ça m'arrive d'être représentée.
11:10Je bosse avec plein d'agences différentes.
11:15L'exclusivité, ce n'est pas quelque chose qui me plaît.
11:17Je ne crois pas à l'exclusivité de manière générale, même dans la vie.
11:21J'aime bien être bien entourée, de manière bienveillante.
11:23Je pense que tout le monde a sa place.
11:25Est-ce que vous avez senti que vous avez gagné en légitimité
11:29en tant qu'artiste via la plateforme, grâce à Instagram ?
11:34Clairement, oui.
11:35Ça m'a permis vraiment d'avoir une audience en public,
11:39de manière spontanée, un peu hors institution.
11:41Parce qu'au début, quand j'ai commencé, je suis autodidacte.
11:44Je n'ai pas du tout un parcours académique classique.
11:48Et ça m'a clairement légitimisé.
11:50J'ai des gens qui ont pu me contacter directement.
11:53Du coup, il y a un échange assez spontané, humain, qui se met en place
11:56où je peux expliquer ma démarche, qui je suis.
11:58Et du coup, il y a un peu des coups de cœur qui se font comme ça.
12:01Ça crée de la proximité avec les gens.
12:03Vous savez avec qui sont les personnes qui achètent vos œuvres d'art ?
12:07Est-ce que c'est un public très différent de ceux qu'on pourrait voir en galerie ?
12:11Pas forcément.
12:13J'ai vraiment des gens de tout milieu social, de tous horizons,
12:16un peu de partout dans le monde.
12:17C'est juste des gens avec qui j'ai une super connexion à un moment donné.
12:21Mes œuvres leur parlent ou leur procurent une émotion, un sentiment.
12:24Ils me contactent.
12:25Ils me demandent si elle est disponible, si c'est possible de l'acheter.
12:28Je leur réponds tout simplement.
12:29J'aime bien être dans le partage, dans l'authenticité,
12:32dans quelque chose de simple en fait.
12:34Et pour terminer, est-ce que vous conseillerez aux artistes,
12:37c'est vrai qu'il y en a beaucoup qui n'aiment pas se mettre en avant comme ça,
12:41est-ce que vous leur conseillerez quand même de se donner un petit coup de boost
12:44et de se forcer à créer quand même une image sur les réseaux ?
12:49Je dirais que tout le monde gagne à être connu.
12:53C'est chouette d'être artiste parce que je trouve qu'on propose une autre vision du monde
12:56et que je pense que c'est des gens qui ont plein de choses à dire.
12:59Après, je pense qu'il ne faut pas forcément se forcer.
13:02Il faut juste être naturel et soi-même.
13:04Poster pour poster, ce n'est pas quelque chose qui me parle.
13:08C'est comme parler pour ne rien dire.
13:10Je pense que ça s'applique aussi à Instagram.
13:13Je dirais juste d'être authentique, de partager les choses qu'on a envie.
13:16Peut-être de se faire accompagner par un ami photographe,
13:19un ami vidéaste pour peut-être prendre confiance.
13:22Voilà exactement.
13:23Et vraiment rester connecté à son cœur et partager ce qu'on a envie
13:27de la manière la plus authentique possible.
13:29Merci beaucoup Léonara.
13:31Je rappelle que vous êtes artiste plasticienne.
13:33Quant à nous, on se retrouve la semaine prochaine pour un nouveau numéro d'Art et Marché.