Le métier qui nous faisait rêver, à l’école, en 3éme et en 4éme, c’était juge pour enfants. L’autre, c’était avocat.
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00:00Le métier qui nous faisait rêver à l'école, en 3e ou en 4e, c'était juge pour enfants.
00:07L'autre, c'était avocat.
00:10Édouard Durand, l'ex-président de la civise, quand il avait 19 ans, est entré au séminaire,
00:15puis il s'est rendu compte qu'il voulait être juge pour enfants.
00:18Pour Dupond-Moretti, le ministre de la Justice, qui a été avocat,
00:22Édouard Durand est un gourou, limite sectaire, indifférent à la présomption d'innocence.
00:28A la fin de son mandat, il a été écarté de la civise par le gouvernement.
00:32Dupond-Moretti, quand il était avocat, a plaidé l'inceste consenti dans une affaire où il défendait le père.
00:39Quelques années plus tard, ça n'a gêné personne qu'à la publication du livre de Camille Kouchner,
00:44il se présente comme l'homme de la situation qui allait tout régler,
00:48et mettre un point final à la complaisance à l'égard de l'inceste.
00:53Il a fait une loi sur la limite d'âge en matière de consentement,
00:58mais en mélangeant le viol sur mineurs et l'inceste,
01:01ce qui fait qu'il a augmenté, il fait passer à 15 ans la limite d'âge en matière de consentement pour le viol sur mineurs,
01:08et il dit 18 ans pour l'inceste.
01:11Comme s'il était possible qu'il y ait une limite d'âge en matière de consentement pour l'inceste,
01:17et donc qu'il y ait un consentement. C'est une folie.
01:20Épaulé par Christophe Lassanière, à l'époque président du groupe LRM,
01:25qui me dit, taisez-vous, vous n'y comprenez rien.
01:29Edouard Durand dit, toute parole est une mise en danger, la règle sociale c'est l'absolu silence.
01:37Tout est verrouillé, malgré les grands espoirs, les grands débats.
01:43Mais il y a un art, qui est l'art du silence,
01:47qui s'appelle la littérature, qui est traduisible dans toutes les langues,
01:52puisque c'est un art du silence, et qui dit les choses clairement.
01:57Tous les livres n'en relèvent pas.
01:59Mais il y en a un, dernièrement, qui relève vraiment de cette catégorie.
02:03Il a été écrit en français, par un Russe, Sergei Chikalov, que vous avez reçu ici, Mathilde.
02:10On suit un jeune garçon, homosexuel, ou plusieurs, en Russie, il y a quelques années.
02:16Ce n'est pas un roman en « je », ni en « il », ni en « elle », ni en « y'elle », mais en « on ».
02:21Et « on » n'est embarqué quel que soit sa sexualité.
02:26Sur « on », l'auteur dit, cela vous permet d'exprimer les contours de quelqu'un,
02:31sans aller dans les détails du visage.
02:34C'était les homos, mais aussi tous les autres.
02:38Hier, c'était Roudolf Nourayef.
02:41Il entrelace ce qu'il y a de plus personnel et d'impossible à dire avec le plus extérieur et le plus politique.
02:47Ça s'appelle « Espèce dangereuse ».
02:50C'est un premier roman.
02:52Ça dit le pouvoir de l'État qui s'approprie, qui décide,
02:56qui met à son service la sexualité de ses citoyens pour des raisons d'autorité.
03:00C'est à la fois un roman et un livre politique.
03:03Comment le pouvoir, celui d'un père, celui d'un État,
03:07élimine, exclut, réduit au silence la personne que vous êtes.
03:12C'est sur la Russie, et pas seulement.
03:16Sur l'impossibilité d'y vivre sa sexualité.
03:19Après Dampoli, il faudrait lire Chikalov.
03:22Chez lui, pas d'explication, pas de raisonnement, pas de thèse,
03:26que de l'expérience intérieure et la narration.
03:29Des instants de vie, dans une forêt américaine,
03:33lors d'un voyage d'études aux États-Unis avant de rentrer en Russie.
03:37Page 158
04:04Des mots bucs, culs secs, sans en déchiffrer le sens.
04:09Comme ces chansons qu'on adore, mais dont on ne comprend pas les paroles.