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  • 13/06/2024
80 ans après, Rembob'INA revient sur l'une des pires atrocités de la deuxième guerre mondiale, le massacre d'Oradour. Le 10 juin 1944, 4 jours après le Débarquement de Normandie, le village entier est décimé par un détachement SS. Les hommes sont rassemblés et fusillés dans des granges, les femmes et les enfants sont enfermés dans l'église et brulés vifs. 643 personnes périssent ce jour-là. Pour ce documentaire de référence, les réalisateurs Michel Follin et Marc Wilmart ont recueilli les témoignages des rares rescapés, tous morts aujourd'hui, ainsi que ceux des familles de victimes. Salué par Elie Wiesel, « un témoignage bouleversant, poignant et nécessaire », le film a obtenu le 1er Prix du Festival du Film du Patrimoine 1989, remis par Jean Rouch.
Oradour est, depuis ce jour, un lieu unique, où les ruines du village martyr ont été laissées en l'état, un lieu de culte et de mémoire.

Invités :
- Marc Wilmart, auteur et réalisateur
- Fabrice Grenard, historien et directeur scientifique de la Fondation de la Résistance
- Richard Poirot, Ina

C'est une plongée dans l'histoire de notre pays au travers des trésors cachés de la télévision. Fictions, documentaires, magazines d'actualité, émission de divertissements, débats politiques...
Le dimanche, Patrick Cohen nous invite à jeter un coup d´oeil dans le rétroviseur de notre petite lucarne. En présence d´acteurs ou de témoins de l'époque, de spécialistes des archives de l´INA, Patrick Cohen revient sur les grandes heures de la télévision. Emblématiques ou polémiques, ces programmes ont marqué les esprits et l'histoire du petit écran.

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News
Transcription
00:00:00 Générique
00:00:02 ...
00:00:21 -Bonjour à tous. Bienvenue à "Rambobina",
00:00:24 l'émission qui explore le temps et l'histoire,
00:00:26 avec le document de référence sur l'une des pires atrocités
00:00:29 à Oradour, un village entier massacré
00:00:32 par une division SS.
00:00:35 Quatre jours après le débarquement de Normandie,
00:00:37 642 morts, les femmes et les enfants
00:00:41 enfermés dans l'église et brûlés vifs,
00:00:43 les hommes rassemblés et fusillés dans des granges.
00:00:46 Oradour est depuis ce jour, depuis 80 ans,
00:00:48 un lieu unique où les ruines de ce village martyr
00:00:51 ont été laissées en l'état.
00:00:53 Bonjour, Marc Willemaer. -Bonjour.
00:00:55 -Président fondateur de la Cinémathèque
00:00:57 de la Nouvelle-Aquitaine.
00:00:59 Vous êtes le coauteur, avec Michel Follin,
00:01:01 de ce documentaire diffusé en 89,
00:01:03 avec les paroles des témoins directs,
00:01:06 des rares rescapés.
00:01:07 Le dernier, Robert Hébras, s'est décédé l'an dernier.
00:01:10 Et les seules images de l'Oradour d'avant,
00:01:13 grâce à un film amateur tourné en 43.
00:01:16 A vos côtés, Fabrice Grenard. Bonjour.
00:01:19 -Bonjour. -Historien,
00:01:20 vous dirigez le département de recherche et pédagogie
00:01:23 de la Fondation de la Résistance,
00:01:25 auteur de nombreux ouvrages sur la résistance,
00:01:28 sur un autre massacre commis la veille d'Oradour
00:01:31 par la même division SS,
00:01:33 celui de Tulle, en Corrèze.
00:01:35 Votre livre va ressortir en poche
00:01:38 chez Texto.
00:01:39 Oradour, Fabrice Grenard,
00:01:41 tient une place particulière dans l'histoire.
00:01:44 -Une place particulière,
00:01:45 parce que c'est le plus grand massacre de civils en France.
00:01:49 643 victimes, d'ailleurs, même.
00:01:52 Une dernière victime a été découverte en 2019.
00:01:56 Et surtout, la spécificité,
00:01:58 c'est que la majorité des victimes sont des femmes et des enfants.
00:02:01 A Tulle, la veille, effectivement,
00:02:03 les SS vont pendre 99 personnes,
00:02:06 mais ce ne sont que des hommes.
00:02:08 -Il y a peu d'équivalents, effectivement,
00:02:10 sur cette période.
00:02:11 On peut dire que c'est le symbole,
00:02:13 l'un des symboles de la souffrance des Français
00:02:16 pendant la guerre.
00:02:17 -Et surtout, ça va être érigé comme ça.
00:02:20 Effectivement, Oradour va s'imposer
00:02:22 comme le symbole de ce qu'on peut appeler
00:02:24 la communauté de souffrance.
00:02:26 Finalement, tous les Français,
00:02:27 même ceux qui n'étaient pas engagés en résistance
00:02:30 dans la lutte, tous les Français ont eu à souffrir
00:02:33 de l'occupation, de la présence des Allemands,
00:02:36 et ça va être très important
00:02:38 dans le développement d'une mémoire spécifique après la guerre.
00:02:43 -Marc Widmar, vous avez choisi,
00:02:45 on va le voir, de mettre en fil rouge
00:02:47 une historienne américaine, Sarah Farmer,
00:02:49 ce qui permet de prendre un peu de recul face à l'horreur,
00:02:53 mais les rencontres marquantes de votre tournage,
00:02:55 ce sont les survivants. -Évidemment.
00:02:57 Évidemment, parce qu'aujourd'hui,
00:03:00 en regardant ce documentaire
00:03:03 que nous avons tourné avec Michel Follin,
00:03:05 on s'aperçoit qu'il y a plus grand monde
00:03:10 parmi les témoins qu'on a eu,
00:03:12 je dirais, la chance... -Bien sûr.
00:03:15 -...de pouvoir enregistrer.
00:03:17 -Avec, on va le voir, Fabrice Grenard,
00:03:19 une question qui les hante.
00:03:21 A l'époque, c'est celle du "pourquoi ?"
00:03:24 A Tulle, on sait que les nazis ont agi en représailles
00:03:28 d'actions du maquis, qui sont connues,
00:03:30 documentées, mais à Auradour ?
00:03:33 -Tulle reste un crime de guerre,
00:03:35 parce que même si ce sont des représailles,
00:03:37 les personnes qui vont être pendues,
00:03:39 pour une majorité d'entre elles, n'avaient rien à voir
00:03:42 avec la résistance. -Bien sûr.
00:03:44 -Auradour, les nazis voulaient faire, les SS,
00:03:47 voulaient faire un exemple.
00:03:49 Pour terroriser le Limousin,
00:03:51 une région où les maquis jouaient un rôle très important,
00:03:55 une région qui était en état d'insurrection
00:03:58 depuis le 6 juin 1944,
00:04:02 et à partir du moment où les Allemands
00:04:04 n'arrivent pas à démanteler les maquis,
00:04:07 qui sont mobiles, qui se dispersent,
00:04:10 ils s'en prennent à la population civile
00:04:12 pour terroriser les Français, terroriser les Françaises,
00:04:16 et en gros faire passer le message suivant
00:04:19 "Voilà ce qui vous attend si vous continuez
00:04:21 "à soutenir la résistance et les maquis."
00:04:23 C'est peut-être parce qu'Auradour était une cité paisible
00:04:27 que ce site a été choisi pour procéder à ce massacre.
00:04:30 C'était, bien sûr, plus facile pour les Allemands
00:04:33 de planifier l'opération dans un village
00:04:35 où il n'y avait aucune résistance.
00:04:37 -Ce qu'on sait aussi aujourd'hui, et qui a longtemps été ignoré,
00:04:41 c'est que ce massacre a été planifié
00:04:43 par les plus hautes autorités allemandes ?
00:04:46 -Il a été planifié, ça, c'est sûr,
00:04:49 puisqu'il y a des réunions préparatoires
00:04:51 qui ont lieu la veille.
00:04:53 Ce n'est pas une dérive
00:04:55 ou un acte indiscipliné
00:04:58 d'un officier, le commandant du bataillon d'Herführer,
00:05:03 comme cela peut parfois être dit
00:05:05 pour essayer un petit peu
00:05:07 de maintenir l'honneur de l'armée allemande.
00:05:10 Non, ça a été planifié,
00:05:12 et c'est une opération qui s'inscrit
00:05:15 dans toute une série de mesures,
00:05:17 dont les premières, en fait,
00:05:19 remontent même au début de l'année 1944,
00:05:23 qui visent vraiment dans les zones de maquille
00:05:25 à s'en prendre aux civils.
00:05:27 Cela consiste, si vous voulez, à importer, en France,
00:05:30 sur le front de l'Ouest, des méthodes
00:05:32 qui étaient pratiquées depuis 1941 sur le front de l'Est
00:05:36 dans le cadre de la lutte contre les partisans.
00:05:38 D'ailleurs, sur le front de l'Est, des horadours sur glagne,
00:05:42 on en avait quasiment tous les jours,
00:05:44 et en Russie, on a recensé plus de 600 villages
00:05:47 brûlés au cours de la période.
00:05:49 -Un dernier point, et peut-être un contresens
00:05:52 ou un malentendu à lever,
00:05:54 la division d'Eisreich n'était pas en fuite,
00:05:57 elle n'était pas en repli après le débarquement de Normandie,
00:06:02 comme parfois ça a pu être dit.
00:06:04 -Non, pas du tout.
00:06:05 Le débarquement de Normandie, donc, intervient le 6 juin 1944.
00:06:09 Les Alliés arrivent à prendre pied sur les plages,
00:06:12 mais l'armée allemande n'est pas en déroute.
00:06:14 D'ailleurs, la bataille de Normandie
00:06:17 va se prolonger jusqu'à la fin juillet 1944.
00:06:19 Il faudra attendre le 15 août le débarquement de Provence
00:06:22 pour que Hitler donne un ordre de repli
00:06:25 aux unités allemandes stationnées en France.
00:06:27 Donc, la Das Reich, le 6, 7, 8 juin 1944,
00:06:32 elle est en limousin pour reprendre le contrôle
00:06:35 d'une région qui a déclenché l'insurrection
00:06:37 au moment du débarquement.
00:06:39 -Voici donc Horadour.
00:06:41 On va voir votre film, Marc Villemar,
00:06:43 et on en discutera avec vous après.
00:06:45 Documentaire en deux parties dont nous vous proposons
00:06:48 "Les Voix de la douleur",
00:06:50 qui a reçu le premier prix du Festival du film du Patrimoine
00:06:53 en 89, film de Marc Villemar et Michel Follin,
00:06:56 diffusé le jeudi 22 juin 89
00:06:59 à 22h30 sur FR3.
00:07:02 ...
00:07:11 Un dimanche du mois de juillet 1943,
00:07:14 à Horadour-sur-Glane, Henri Verniau,
00:07:17 un cinéaste amateur de Limoges,
00:07:19 filme avec sa Ciné-Kodak W8
00:07:21 une partie de campagne avec sa famille et ses amis.
00:07:24 Tourné un an avant le massacre du 10 juin 1944,
00:07:27 ce film sur l'ancien Horadour est le seul que nous possédions.
00:07:31 Ces images sont montrées pour la première fois.
00:07:34 ...
00:07:35 ...
00:07:55 ...
00:08:15 ...
00:08:44 ...
00:08:55 ...
00:09:05 ...
00:09:14 ...
00:09:43 ...
00:09:54 -C'est à ce moment-là que les nazis se sont aperçus
00:09:57 que les femmes et les enfants n'étaient pas morts.
00:10:00 Alors, depuis la porte d'entrée, avec des mitrailleuses,
00:10:05 ils ont mitraillé toutes les femmes et les enfants
00:10:07 qui étaient entassées sur la partie droite.
00:10:10 Ils les ont mitraillées, ensuite, ils les ont recouvertes de paille,
00:10:13 de fagots, de phosphore, et ils les ont faiblées.
00:10:18 ...
00:10:22 Et il y a eu une seule rescapée de l'église, Mme Roufanche.
00:10:27 Elle s'était cachée derrière le maître-hôtel.
00:10:30 Là, il y avait un escabeau qui servait pour allumer les cierges.
00:10:34 Elle est montée sur cet escabeau
00:10:37 et elle s'est jetée par le vitrail d'une dienne.
00:10:40 Cette dame a réussi à faire le tour de l'église.
00:10:42 Elle est allée dans un jardin
00:10:44 et elle s'est cachée dans un carré de petits bois.
00:10:47 Ce n'est que le lendemain qu'elle a été retournée.
00:10:50 Et Mme Roufanche vit toujours.
00:10:52 Elle a maintenant 90 ans.
00:10:56 Et c'est elle qui a pu raconter ce qui s'était passé dans l'église.
00:10:59 Mais cette dame vit seule.
00:11:01 Elle a perdu son mari et son fils,
00:11:02 qui ont été brûlés avec les hommes dans les granges.
00:11:05 Et elle a perdu ses deux filles et son petit-fils,
00:11:07 qui ont été brûlés dans les granges.
00:11:09 Elle a perdu son mari et son petit-fils.
00:11:11 Elle a perdu son petit-fils.
00:11:13 Elle a perdu son petit-fils.
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00:16:16 Elle a perdu son petit-fils.
00:16:18 - Le monsieur Godefrein-Père trouva du travail à la boulangerie Thomas.
00:16:22 Mme Godefrein s'occupait des cinq enfants, trois filles et deux garçons,
00:16:26 dont Roger, ici, chez lui, en Lorraine, à Charlie-Auradour,
00:16:30 où un monument rappelle les noms de ceux qui ne sont jamais revenus.
00:16:34 - Vous vous souvenez des discussions qu'avaient vos parents ?
00:16:38 - Non. Non. Non.
00:16:40 Ce que je me souviens, c'est que...
00:16:42 Peu avant, je peux pas vous dire le jour,
00:16:45 mais ils sentaient certainement quelque chose.
00:16:48 C'est ici, les Allemands arrivaient dans le village,
00:16:51 qu'on se retrouve dans le bois qui était derrière le cimetière.
00:16:55 C'est d'ailleurs ça que je me suis souvenu quand je me suis évadé de l'école.
00:16:59 Je suis allé vers le bois.
00:17:01 - Le 10 juin 1944, vous allez sur vos huit ans,
00:17:06 et puis...
00:17:08 Vous désobéissez, à ce moment-là.
00:17:10 - Oui. J'en suis content, d'avoir désobéi.
00:17:13 - Pourquoi vous êtes le seul à désobéir ?
00:17:16 - J'avais bien appelé mes deux soeurs avec,
00:17:18 mais ils voulaient revoir un moment.
00:17:20 Et... On aurait été un groupe...
00:17:23 Il n'y aurait peut-être eu aucun des survivants des écoliers.
00:17:27 Un groupe, c'est plus difficile à cacher qu'un seul.
00:17:32 Et puis, moi, j'étais très petit, moi.
00:17:35 Alors, au mois de juin, il y a les herbes qui sont assez hautes,
00:17:38 et ça m'a permis de...
00:17:40 (Bourdonnement)
00:17:42 (Bourdonnement)
00:17:45 - Roger se sauve. L'enfant terrible, le petit rouquin,
00:17:48 comme l'appelait les gens de Radour,
00:17:50 se souvient ce jour-là des recommandations de sa mère.
00:17:53 Il s'enfuit par la porte qui donne sur la cour de récréation,
00:17:57 et chappe au sentinelle qui le voit sortir du village.
00:18:00 En courant, il se dirige vers la rivière, vers la glane.
00:18:05 Le petit Laurent est là, seul avec sa peur,
00:18:09 traqué par les soldats. Il attend. Il n'a pas encore huit ans.
00:18:14 (Bourdonnement)
00:18:16 Et puis là, à un moment, j'entends un bruit.
00:18:19 Moi, j'ai très peur des serpents. Je croyais que c'était un serpent.
00:18:23 Je me disais que c'était un lapin ou quelque chose comme ça.
00:18:26 Et c'était un chien.
00:18:29 Oui. Alors je l'ai appelé Bobby, comme ça.
00:18:32 (Bourdonnement)
00:18:34 Je l'ai appelé Bobby.
00:18:36 Et alors, je suis parti en direction des Bordes.
00:18:39 Alors là, ils m'ont vu.
00:18:42 Et j'ai couru, le temps qu'ils arrivaient vers moi,
00:18:45 qu'ils descendent de la voiture,
00:18:47 et je suis arrivé vers la glane.
00:18:50 Et l'Allemand me tirait dessus.
00:18:52 J'étais tellement petit, les herbes étaient hautes,
00:18:55 tant qu'il me voyait pas. J'ai sauté dans la glane.
00:18:58 C'est pas large, la glane, il y avait peut-être 4-5 m.
00:19:01 Et puis, je me suis retrouvé donc sur l'autre rive.
00:19:06 Je me suis allongé derrière un gros chêne.
00:19:09 Et je cours entendu une rafale de mitraillettes.
00:19:12 Et puis, plus rien.
00:19:14 Alors j'ai levé la tête, et là, j'ai vu une boule.
00:19:17 Noir et blanc, c'était mon Bobby.
00:19:20 Ils l'avaient tué.
00:19:23 Et puis alors...
00:19:25 Je suis tombé dans le commun.
00:19:27 Et c'est un cantonnier qui m'a récupéré
00:19:30 et qui m'a emmené au château de Mme la Vicomteuse de Saint-Vallon.
00:19:34 Et là, c'est une famille qui habitait à côté de moi.
00:19:38 Et qui habitait à côté de Charlie, la famille Passemaill.
00:19:42 Votre compagnon de malheur, à ce moment-là, c'est un animal.
00:19:53 C'est pour ça que j'aime bien les chiens.
00:19:55 Il a eu peur de l'eau, il a pas voulu sauter dedans.
00:19:58 Moi, j'ai seulement appris le décès de mes parents plus tard.
00:20:02 Et là, ça a été un choc brutal avec Bobby.
00:20:05 Il a été un choc brutal avec Bobby.
00:20:08 Il a été un choc brutal avec Bobby.
00:20:12 Il a été un choc brutal avec Bobby.
00:20:15 Il a été un choc brutal avec Bobby.
00:20:18 Il a été un choc brutal avec Bobby.
00:20:21 Il a été un choc brutal avec Bobby.
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00:20:27 Il a été un choc brutal avec Bobby.
00:20:30 Il a été un choc brutal avec Bobby.
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00:20:56 Il a été un choc brutal avec Bobby.
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00:21:05 Il a été un choc brutal avec Bobby.
00:21:08 Il a été un choc brutal avec Bobby.
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00:21:15 Il a été un choc brutal avec Bobby.
00:21:18 Il a été un choc brutal avec Bobby.
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00:21:24 Il a été un choc brutal avec Bobby.
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00:22:50 Il a été un choc brutal avec Bobby.
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00:23:02 Il a été un choc brutal avec Bobby.
00:23:05 Il a été un choc brutal avec Bobby.
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00:23:12 Il a été un choc brutal avec Bobby.
00:23:15 Il a été un choc brutal avec Bobby.
00:23:18 Il a été un choc brutal avec Bobby.
00:23:21 Il a été un choc brutal avec Bobby.
00:23:24 Le 10 juin 1944,
00:23:27 642 habitants de Ordur-sur-Glane,
00:23:31 197 hommes,
00:23:37 240 femmes,
00:23:40 et 205 enfants ont été massacrés par les nazis.
00:23:44 Le village a été brûlé et détruit.
00:23:47 Ce 10 juin, c'était un samedi.
00:23:50 Et c'est vers 14 heures que je suis parti.
00:23:54 Je suis allé au café du Chêne,
00:23:57 à côté de l'église, pour me couper les cheveux.
00:24:00 C'est à ce moment-là qu'on a vu arriver
00:24:03 les Alstrakhs allemands qui remontaient tout le pays.
00:24:06 Et puis je suis revenu chez moi pour prévenir ma mère et ma femme.
00:24:10 Marcel Dartout avait 20 ans en 1944.
00:24:14 Il jouait au football dans l'équipe d'Oradour.
00:24:17 Le 10 juin, sa mère et sa femme sont emmenés dans l'église.
00:24:21 Il ne les reverra plus.
00:24:24 Son père, le facteur du village, est entourné.
00:24:27 Encadré par les SS, Marcel Dartout est conduit
00:24:30 avec d'autres hommes vers l'une des granges du village.
00:24:33 Il y a d'ailleurs un copain qui était en Alsacien,
00:24:38 je ne me rappelle plus si c'est là,
00:24:41 ou bien quand on était dans la grange,
00:24:44 qui a dit "Attention, ils vont nous tuer".
00:24:47 Joseph.
00:24:50 Et on n'y a pas cru.
00:24:53 On a dit "Oh, Joseph, arrête un peu."
00:24:57 "Mais si, j'ai entendu."
00:25:00 "Tu as entendu, tu as entendu."
00:25:03 Ce n'était pas possible, ce n'était pas pensable, ce truc-là.
00:25:06 J'ai les Allemands en face de moi,
00:25:11 qui étaient là, calmes,
00:25:14 qui mangeaient des bouts de sucre qu'ils prenaient dans sa poche.
00:25:19 J'ai des souvenirs précis à ce moment-là.
00:25:24 On bavardait même dans cette grange.
00:25:27 J'ai des souvenirs...
00:25:30 C'est quand même assez lointain,
00:25:37 tout ça, pour moi.
00:25:40 Il y a un moment où ils apportent une mitrailleuse.
00:25:45 Oui, quand nous sommes arrivés,
00:25:48 ils ont apporté une mitrailleuse légère,
00:25:51 genre du FM français.
00:25:54 Le gars a ouvert son trépied,
00:25:58 a balayé par terre,
00:26:01 pour ne pas se salir.
00:26:04 Et il s'est couché.
00:26:11 Il a mis la bande dans la mitrailleuse,
00:26:16 puis il a attendu. Dites-les bien.
00:26:19 À un moment, on a entendu
00:26:22 un éclatement.
00:26:25 Est-ce que c'est un coup de fusil, une grenade ?
00:26:28 On ne sait pas. Je ne me souviens pas.
00:26:32 On a entendu un éclatement, un ordre dans la grange,
00:26:35 et ils ont tiré. Alors, là, c'est l'enfer.
00:26:39 On s'est pris les balles,
00:26:42 qui m'ont fauché. J'ai plongé.
00:26:45 Tout le monde sur moi.
00:26:48 Et ça tirait toujours.
00:26:51 Et ça criait.
00:26:55 Et ça...
00:26:58 Et ça...
00:27:01 Et ça...
00:27:04 Et ça...
00:27:07 Et ça pleurait.
00:27:10 J'ai un...
00:27:14 Un copain qui était couché sur moi,
00:27:17 qui se plaignait.
00:27:20 Et puis...
00:27:23 C'était fini.
00:27:26 Plus de...
00:27:29 Plus de tirs.
00:27:32 Et ils sont venus.
00:27:36 Ils sont venus sur nous,
00:27:39 montant sur nous,
00:27:42 et au fusil.
00:27:45 Ils ont achevé.
00:27:48 Ils ont achevé le copain sur moi.
00:27:51 J'ai senti quand il est mort.
00:28:00 J'ai senti quand il est mort.
00:28:03 J'ai senti quand il est mort.
00:28:06 J'ai senti quand il est mort.
00:28:09 J'ai senti quand il est mort.
00:28:12 J'ai senti quand il est mort.
00:28:15 J'ai senti quand il est mort.
00:28:18 J'ai senti quand il est mort.
00:28:22 J'ai senti quand il est mort.
00:28:25 J'ai senti quand il est mort.
00:28:28 Vous écrivez le récit de votre mort.
00:28:31 Oui.
00:28:33 Vous utilisez des mots qui sont en rapport avec ce que vous avez vécu,
00:28:37 puisqu'on vous a fusillé.
00:28:39 Vous parlez des faces de brute, impassible,
00:28:42 sous cet uniforme vert, tantailleux.
00:28:44 Eh oui ! Eh oui !
00:28:47 C'est les Boches, à l'époque. C'est les Boches.
00:28:50 N'oubliez pas qu'on est en guerre depuis quatre ans.
00:28:56 On ne pouvait pas les aimer. Ce n'est pas possible.
00:28:59 Est-ce que vous utiliseriez aujourd'hui les mêmes mots ?
00:29:03 Oh, sûrement pas.
00:29:06 D'abord, le mot "Boche" est tombé en désuétude.
00:29:11 Il ne dit pas les Boches. Ce n'est pas possible.
00:29:14 Je trouve même, en relisant ça,
00:29:17 j'ai même parlé à un moment,
00:29:24 de ce récit, j'ai même parlé de demander la tête des bourreaux.
00:29:28 - Et de leur famille. - Et de leur famille.
00:29:30 J'allais encore plus loin. Pourquoi pas de l'Allemagne entière ?
00:29:34 On y était. Non, non.
00:29:37 Je serais beaucoup moins...
00:29:39 Je ne sais même pas si je pourrais...
00:29:41 Si j'en avais un devant moi, je ne sais même pas si je pourrais lui faire du mal.
00:29:45 Je ne crois pas.
00:29:47 Le sentiment de vengeance, il a disparu ?
00:29:49 - Ah oui. - Complètement ?
00:29:50 Pas complètement.
00:29:52 Plus de vengeance.
00:29:54 Mais le souvenir, ça n'oubliera pas.
00:29:58 Ça n'oublie pas.
00:30:02 Mais pas de vengeance.
00:30:06 Les Allemands, je veux bien les recevoir, mais pas au Rador.
00:30:13 Je veux bien les voir, mais pas au Rador.
00:30:14 Ailleurs, oui. Pas au Congo. Mais pas au Rador.
00:30:18 Voilà. C'est un ou, ça. Pas eux.
00:30:22 (Bourdonnement)
00:30:25 (Bourdonnement)
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00:30:53 (Bourdonnement)
00:30:56 Dimanche 10 juillet.
00:30:58 Il est 7 heures du matin.
00:31:00 Nous rencontrons par hasard une touriste qui rentre chez elle en Belgique.
00:31:03 C'est trop fort.
00:31:06 Elle découvre Rador pour la première fois.
00:31:09 C'est pas parce que...
00:31:12 il nous arrive rien que...
00:31:16 que je... je ne sais pas.
00:31:19 Que je pense pas...
00:31:21 Et si on voit ça ?
00:31:24 Je dis comment qu'ils étaient...
00:31:27 ces Allemands.
00:31:29 Vous ne trouvez pas ça ?
00:31:35 Même après...
00:31:38 (Soupir)
00:31:40 Rien ne compte plus.
00:31:44 Et puis, cette...
00:31:48 cette dame qui a pu se sauver...
00:31:51 comment elle a vécu le reste de ces jours,
00:31:54 je n'en sais rien.
00:31:57 (Soupir)
00:31:59 (Soupir)
00:32:01 Et puis, je pense à ceux...
00:32:03 qui n'étaient pas dans le village,
00:32:05 qui étaient peut-être à leur travail...
00:32:08 quelque part, et puis ils revenaient.
00:32:12 Ils avaient plus rien.
00:32:14 Il faut se mettre...
00:32:16 Que ça vous arrive, maintenant ?
00:32:18 Oh, mon frère a dit...
00:32:20 Ils sont déjà là, avec la voiture.
00:32:23 (Soupir)
00:32:26 Oui, qui...
00:32:28 que je ne peux pas croire
00:32:30 qu'ils ont pu faire ça, brûler, vif, là...
00:32:33 les enfants, là.
00:32:35 (Soupir)
00:32:37 (Soupir)
00:32:40 (Soupir)
00:32:42 Même les autres gens...
00:32:46 qui, ici, avaient...
00:32:48 je sais pas, il y a eu une erreur, sûrement.
00:32:51 (Bruit de pas)
00:32:53 (Bruit de pas)
00:32:55 (Bruit de pas)
00:32:58 (Bruit de pas)
00:33:00 (Bruit de pas)
00:33:02 (Bruit de pas)
00:33:04 (Bruit de pas)
00:33:06 (Bruit de pas)
00:33:08 (Bruit de pas)
00:33:11 (Bruit de pas)
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00:33:19 (Bruit de pas)
00:33:22 (Bruit de pas)
00:33:24 (Bruit de pas)
00:33:26 (Bruit de pas)
00:33:28 (Bruit de pas)
00:33:30 (Bruit de pas)
00:33:32 (Bruit de pas)
00:33:34 - On vous dit même âge ?
00:33:37 - On a... - Un petit plus vieux que moi.
00:33:40 - Oui. Bon, ben, je suis terminé.
00:33:42 (Rires)
00:33:44 - Ce qu'il y a, c'est qu'on s'est toujours suivis...
00:33:47 - Robert Hébras a fait construire sa maison
00:33:50 dans les Monts-de-Blanc.
00:33:52 Il aime cet endroit sauvage
00:33:54 où des maquisards se cachaient pendant la guerre.
00:33:57 André Desourtaux et lui ont grandi ensemble à Auradour.
00:34:00 Les deux grands-pères d'André
00:34:03 furent l'un et l'autre maire du village.
00:34:05 Desourtaux, c'est un nom, là-bas.
00:34:07 Hébras aussi, et pour cause.
00:34:10 Robert appartient au petit nombre de rescapés
00:34:13 qui furent fusillés.
00:34:15 - Je me suis retrouvé dans la grange, le laudit,
00:34:18 la seule grange où on est sortis des hommes.
00:34:21 On est sortis cinq survivants.
00:34:23 - Avec D'Artoux. - Avec D'Artoux,
00:34:26 Roby, Brossaudier,
00:34:28 et Glory.
00:34:30 - Vous avez été fusillé. - Oui, on a été fusillés.
00:34:33 - Vous avez été blessé. - J'ai été blessé, oui.
00:34:36 J'ai été blessé au bras, au sein gauche, à la tête,
00:34:39 à une jambe.
00:34:42 Enfin, j'étais pas gravement blessé.
00:34:44 Le plus gravement blessé était D'Artoux.
00:34:47 - Et qui perdez-vous ce jour-là ?
00:34:49 - Ce jour-là, je perds ma mère et deux soeurs.
00:34:53 Une de 9 ans et une de 21 ans.
00:34:55 Moi, je travaille à la poste, au centre de tri.
00:35:10 Donc je suis resté à Limoges le lendemain.
00:35:14 - Vous perdez qui ce jour-là ?
00:35:16 - Tout.
00:35:18 Mon père, ma mère, mes deux soeurs,
00:35:21 mes grands-parents, mes oncles, tout.
00:35:24 Je m'entoure en chemise, avec ma bicyclette.
00:35:27 - Seul ? - Absolument seul.
00:35:31 On se retrouve seul, comme...
00:35:43 comme un chien à erreurs, c'est tout.
00:35:46 - Tout s'est arrêté. - Tout s'est arrêté, ce jour-là.
00:35:49 - Les projets, tout ce qu'on avait pensé pour le dimanche.
00:35:52 On avait quelques projets pour le dimanche.
00:35:56 Tout ça, tout. - Les projets à court terme,
00:35:59 les projets à long terme, tout est foutu.
00:36:02 - Être survivant, c'était pesant ? - Oui.
00:36:05 Oui. Très lourd. - Très difficile à porter.
00:36:08 Très difficile à porter pour nous,
00:36:11 mais très difficile à porter pour les autres aussi.
00:36:14 C'est que...
00:36:18 C'est triste, ce que je vais dire.
00:36:21 Il ne faut pas le prendre au premier degré.
00:36:24 Mais le 10 juin, au soir, 642 morts, terminés.
00:36:27 Il ne faut pas oublier qu'après, il y avait tout le reste.
00:36:30 Dans les villages, où vous avez des villains,
00:36:33 tous les enfants sont morts. Rendez-vous compte de cette chose-là.
00:36:37 Ces enfants qui sont partis le matin à l'école,
00:36:40 on ne les voit pas. La femme qui est partie chercher ses enfants,
00:36:43 et qu'on a fait rentrer dans le bois, qu'on a tué.
00:36:46 L'homme qui se retrouve tout seul. Des familles qui ont perdu,
00:36:49 qui se retrouvent sans rien, des villages où il n'y a plus d'enfants.
00:36:52 - Quel sentiment vous anime à ce moment-là ?
00:36:56 - On a eu quand même une certaine haine.
00:36:59 Plus que de la haine.
00:37:02 C'est plus que de la haine.
00:37:05 La première réflexion que j'ai faite
00:37:08 quand je me suis arrêté devant chez moi,
00:37:11 je revois ça, cette pierre qui était tombée,
00:37:15 sur laquelle j'ai mis mon pied pour s'en descendre de vélo.
00:37:18 Le premier mot que je me suis dit en moi,
00:37:21 "Ils me le paieront."
00:37:24 - Et pour vous, Robert ? - Moi, j'ai les mêmes sentiments qu'André.
00:37:27 Exactement les mêmes.
00:37:30 - Vous aussi, il fallait faire payer ? - Oui.
00:37:33 - La suite le prouve. Qu'est-ce que vous faites ?
00:37:37 - La suite...
00:37:40 On se... Pendant une quinzaine de jours,
00:37:43 on se tourne d'un côté et de l'autre.
00:37:46 On était des gosses. André, comme moi, ne savait pas
00:37:49 que c'était qu'un fusil, ni que le maquis, ni rien.
00:37:52 Et puis on a eu une solution. C'était de rejoindre le maquis.
00:37:56 Moi, ce n'est pas par idéal. André non plus, je pense pas.
00:37:59 On a rejoint le maquis
00:38:02 pour avoir une vraie vie.
00:38:05 Pour avoir une vengeance, déjà, pour essayer d'avoir une vengeance.
00:38:08 Mais je crois plutôt pour avoir un appui.
00:38:11 Pour ne plus se retrouver seul.
00:38:15 - Oui. - C'est pas ton avis ?
00:38:18 On participe à des combats.
00:38:21 On a le baptême du feu, tous les deux ensemble.
00:38:24 Moi, j'ai un fusil mitrailleur.
00:38:27 Je sais tout juste m'en servir.
00:38:30 On m'en fait voir une ou deux fois.
00:38:34 André est dans le même cas que moi.
00:38:37 Et puis on tombe dans une embuscade.
00:38:40 Et sur 30, où on devait être, il y a eu 10 morts.
00:38:43 - Qui tient le fusil mitrailleur ? - C'est moi.
00:38:52 Le fusil mitrailleur, lui, charge en moi.
00:38:55 - Vous vous souvenez de la réaction de votre ami Robert ?
00:38:58 - Quand ça commence à tirer, que ça siffle dans les feuilles.
00:39:01 Il faut être dessous pour se rendre compte de ce que l'on n'est pas prévenu.
00:39:05 Moi, j'étais pas prévenu, j'étais totalement innocent.
00:39:09 Je ne savais pas du tout ce que ça pouvait être.
00:39:12 Lui s'est retrouvé dans sa grange.
00:39:15 Il y a eu quelques secondes où vraiment, vraiment...
00:39:18 Je ne voudrais pas être méchant, mais tu t'es mis à trembler.
00:39:21 - Oui, c'est sûr. - Ça n'a pas duré.
00:39:24 - Je n'ai plus eu peur. - Je ne pense pas que c'est de la peur.
00:39:28 - Je ne sais pas si c'est de la peur. - C'est une réaction.
00:39:31 - Mais j'ai vu la mort de plus près ce jour-là que le jour du 10 juin.
00:39:37 - Deux mois et demi après le massacre de Radour,
00:39:48 Limoges est libéré par les Macky's Art.
00:39:51 20 000 hommes, sous le commandement du colonel Guingouin,
00:39:54 un instituteur anonyme qui fut le premier à prendre les armes
00:39:57 dans la forêt Limousines en avril 1941.
00:40:00 Un jeune Limougeau filme l'entrée des FFI dans la ville.
00:40:04 Ce 21 août 1944, Robert Hébras et André Desourtaux
00:40:24 continuent à se battre avec leur compagnie dans le nord de la Haute-Vienne.
00:40:28 Le jour de la mort de Robert Hébras.
00:40:31 Le jour de la mort de Robert Hébras.
00:40:35 Le jour de la mort de Robert Hébras.
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00:40:47 Le jour de la mort de Robert Hébras.
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00:42:00 Le jour de la mort de Robert Hébras.
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00:43:44 Le jour de la mort de Robert Hébras.
00:43:48 Le jour de la mort de Robert Hébras.
00:43:51 Le jour de la mort de Robert Hébras.
00:43:54 Le jour de la mort de Robert Hébras.
00:43:57 Le jour de la mort de Robert Hébras.
00:44:00 Le jour de la mort de Robert Hébras.
00:44:03 Le jour de la mort de Robert Hébras.
00:44:06 Le jour de la mort de Robert Hébras.
00:44:10 Le jour de la mort de Robert Hébras.
00:44:13 Le jour de la mort de Robert Hébras.
00:44:16 -Dans l'histoire d'Oradour d'après-guerre,
00:44:19 il y a une date clé, et ça, c'est 1953,
00:44:22 quand on avait fait le procès de Bordeaux.
00:44:25 (Musique dramatique)
00:44:28 -Depuis le 10 juin 44,
00:44:31 Oradour est devenu un nom dans l'histoire.
00:44:34 Ses vues prises quelques semaines après le massacre
00:44:37 disent tasser l'effroyable drame.
00:44:40 Tous les habitants, à l'exception de 6 rescapés, succombèrent.
00:44:44 (Musique dramatique)
00:44:46 -10 juin 44, et 8 ans après,
00:44:48 le procès d'Oradour s'est ouvert au tribunal militaire de Bordeaux.
00:44:52 (Musique dramatique)
00:44:54 Au nombre des 19 accusés,
00:44:57 13 Alsaciens enrôlés de force dans la division SS
00:45:00 qui exécuta le massacre sont venus se présenter à la justice.
00:45:04 Mais c'est aussi un nouveau drame qui se lève,
00:45:07 celui des Alsaciens enrôlés de force dans la Wehrmacht...
00:45:10 -Au procès, on a vu le choc de 2 mémoires françaises.
00:45:14 La mémoire de l'Alsace et la mémoire de Limousin.
00:45:17 -Les péripéties de ce procès d'Oradour,
00:45:20 il atteint au plus profond de son âme.
00:45:23 -Ils étaient condamnés.
00:45:25 Et ça a déclenché une telle polémique
00:45:28 que quelques jours plus tard, l'Assemblée nationale
00:45:31 a voté l'amnestie des Alsaciens
00:45:34 dans l'intérêt de l'Union nationale.
00:45:37 Il fallait mettre fin à la guerre franco-française.
00:45:40 Mais pour les gens d'Oradour, ça a été incompréhensible.
00:45:43 Pour eux, c'était une trahison de la justice
00:45:46 et ils ont cassé avec l'Etat.
00:45:49 Pendant des années, ils ont refusé
00:45:52 de recevoir des représentants de l'Etat.
00:45:56 Pour Oradour, il y a 2 dates, il y a 44 et il y a 53.
00:45:59 ...
00:46:02 Chant d'oiseaux
00:46:05 Je ne suis pas la seule à m'intéresser à Oradour.
00:46:08 Actuellement, il y a une équipe d'Allemands
00:46:12 qui vient dans la cimetière Châtelain,
00:46:15 à 30 km d'Oradour,
00:46:17 entretenir les tombes des soldats de la Première Guerre mondiale.
00:46:20 Ils font partie d'une association
00:46:23 qui s'appelle "Fersonung uber den Greben",
00:46:26 qui veut dire "réconciliation par-dessous les tombes".
00:46:29 ...
00:46:33 Chant d'oiseaux
00:46:36 ...
00:46:39 ...
00:46:42 ...
00:46:45 ...
00:46:48 ...
00:46:52 ...
00:46:55 ...
00:46:58 -A Châtelain, Wissenkremp et son équipe de bénévoles
00:47:01 venues de Freiburg ont, en quelques jours,
00:47:04 redressé les croix et nettoyé les sépultures
00:47:07 et les placés sur le front en 14-18
00:47:10 et amenés dans un hôpital militaire du Limousin.
00:47:14 ...
00:47:17 En venant en France sur les tombes des victimes de la guerre,
00:47:20 Wissenkremp obéit à la volonté de son association,
00:47:23 "réconciliation par-dessus les tombes".
00:47:26 ...
00:47:29 ...
00:47:33 ...
00:47:36 ...
00:47:39 -Le gouvernement allemand a fait beaucoup de démarches
00:47:42 pour indemniser les victimes de la Deuxième Guerre mondiale.
00:47:45 ...
00:47:48 Mais M. Wissenkremp, qui était un soldat
00:47:52 dans le Wehrmacht allemand sur le front de l'Est,
00:47:55 vient dans un cadre beaucoup plus personnel.
00:47:58 Il vient avec ses jeunes amis
00:48:01 pour entretenir les tombes
00:48:04 et peut-être aussi de faire face à un certain sens de responsabilité
00:48:08 et de renouer les liens
00:48:12 avec le peuple français et les gens d'Oradour.
00:48:15 ...
00:48:18 -Qu'est-ce que vous allez dire aux gens d'Oradour
00:48:21 si ils ont quelque chose à dire ?
00:48:24 Si vous voulez dire quelque chose,
00:48:27 si vous avez un message à leur dire, qu'est-ce que ça serait ?
00:48:30 -Aux gens d'Oradour. -Ah !
00:48:34 ...
00:48:36 Je suis allemand et je suis honte de ce qui s'est passé là.
00:48:41 ...
00:48:44 C'est ça.
00:48:45 Et je suis...
00:48:47 J'ai honte...
00:48:50 ...
00:48:51 de ces livres faux
00:48:54 qui ont paru en Allemagne sur Oradour.
00:48:59 J'ai honte.
00:49:02 ...
00:49:19 ...
00:49:22 -Oradour et Tulle,
00:49:36 c'est vrai et il faut le dire,
00:49:39 réactions à l'action précédente
00:49:42 de la movement de la résistance française.
00:49:44 ...
00:49:52 -Alors, je vais, aujourd'hui,
00:49:54 avec un stolte sentiment,
00:49:56 revenir au passé.
00:49:59 ...
00:50:01 -M. Kreml,
00:50:03 qu'est-ce que vous éprouvez en regardant ces images
00:50:05 qui ont été tournées en 1971 ?
00:50:09 -J'ai vécu la Troisième Règle.
00:50:13 Vous savez.
00:50:15 Et je me souviens très bien
00:50:18 de ceux qui ont fait l'un comme ça.
00:50:22 Et ça, c'est la même chose.
00:50:25 ...
00:50:28 Le dernier qui a dit,
00:50:30 "Je rentrerai fier du passé de ma division."
00:50:35 Celui qui a dit,
00:50:38 "Auradour, c'était une réaction contre les maquis."
00:50:42 Comment on peut dire ça ?
00:50:45 Comment ?
00:50:46 On peut pas.
00:50:49 Moi, j'étais soldat, j'ai fait la guerre.
00:50:52 Combien de camarades j'ai perdus
00:50:54 qui sont en France et en Russie ?
00:50:58 Et pour qui ? Et pourquoi ?
00:51:00 Pour un fou !
00:51:02 Pour des hommes qui ont enrugué.
00:51:05 -Mais à quel moment
00:51:06 vous vous êtes rendu compte de cela ?
00:51:11 -Après la guerre,
00:51:14 après la guerre,
00:51:15 j'ai appris, "Ah, il y a...
00:51:18 "On a brûlé les vies des Juifs,
00:51:20 "on a tué dans une rencontre."
00:51:23 Je dis, "Mais c'est pas vrai,
00:51:25 "ça peut pas être vrai !"
00:51:27 Et c'est ça qui me fait colère.
00:51:31 Derrière nous, ils ont fait des crimes.
00:51:34 Et nous, nous étions en France
00:51:37 pour tenir le fond,
00:51:40 pour faire ça.
00:51:43 C'est incroyable.
00:51:45 Et j'ai honte, j'ai eu en colère.
00:51:48 -Là, dans deux jours,
00:51:51 il va y avoir l'anniversaire à Horadour
00:51:53 du 10 juin 1944, du massacre.
00:51:56 En ce moment, vous êtes en limousin ?
00:51:59 -Non.
00:52:00 -En ce moment...
00:52:01 -Non, je repartirai demain.
00:52:03 -Pourquoi vous partez avant ?
00:52:05 Pourquoi vous n'allez pas assister à la séance ?
00:52:07 -C'est la journée des survivants.
00:52:10 C'est la journée des familles.
00:52:13 Je ne veux pas toucher quelqu'un
00:52:16 par la présence d'un Allemand.
00:52:19 Je ne veux pas ça.
00:52:21 C'est...
00:52:22 Les gens d'Horadour...
00:52:23 -Quand on s'intéresse à l'histoire d'Horadour,
00:52:26 la première question qu'on pose les gens de l'extérieur,
00:52:29 c'est toujours le "pourquoi".
00:52:31 En faisant mon travail, j'ai recueilli
00:52:34 une dizaine de théories là-dessus,
00:52:36 et là, on entre tout de suite dans la mythologie.
00:52:38 Il faut dire que beaucoup de gens d'Horadour
00:52:46 rejettent une explication du massacre.
00:52:49 Pour eux, c'était un acte gratuit tout court.
00:53:04 C'est vrai qu'on ne connaît pas les raisons exactes
00:53:07 pour lesquelles les nazis ont choisi ce village.
00:53:09 Il n'y avait pas de maquis, l'endroit était calme pendant la guerre.
00:53:13 Mais il est possible qu'on...
00:53:15 qu'on met un tel fort sur le fait que l'acte soit gratuit
00:53:19 parce qu'une telle souffrance ne s'accorde pas
00:53:23 avec une explication du rationnel.
00:53:34 Quand on est victime à un tel point,
00:53:36 l'explication devient dérisoire.
00:53:38 L'explication la plus logique du massacre
00:53:42 est que les nazis ont rasé Horadour en revanche
00:53:45 pour des attaques qu'ils ont subies
00:53:47 pendant qu'ils montaient à travers le Doumouza vers la Normandie.
00:53:51 Parler de représailles peut mettre certains gens mal à l'aise
00:53:57 parce qu'il leur semble de raisonner ainsi,
00:54:00 risque de diminuer la responsabilité des nazis
00:54:04 et de minimiser la victimisation des gens d'Horadour.
00:54:07 ...
00:54:37 ...
00:54:46 -Moi, j'étais à la cérémonie du 10 juin
00:54:49 et j'ai suivi le cortège qui partait du nouveau village
00:54:52 à l'ancien bourg.
00:54:53 Toutes les institutions étaient représentées.
00:54:56 Mais ce qui m'a frappée le plus,
00:54:58 c'était de voir les enfants des écoles en cortège.
00:55:01 ...
00:55:14 -A mon fils Jean, qui a grandi dans Auradour-sur-Glane,
00:55:18 tout près des ruines du bourg martyr.
00:55:20 10 juin 1944, sa tante Denise, institutrice à Auradour-sur-Glane,
00:55:26 mourait dans l'église avec ses petits élèves.
00:55:29 C'était le jour de son anniversaire.
00:55:31 ...
00:55:34 Dans une petite ferme au village de la Grange de Beuil,
00:55:38 à 3 km d'Auradour-sur-Glane,
00:55:40 une famille russe, ta grand-mère Louise avec ses 2 enfants,
00:55:44 ton papa et ta tante Denise,
00:55:46 coquette et là aussi la bonne chienne fidèle,
00:55:49 veuve très jeune avec un fils de 3 ans...
00:55:52 -Simone Bardet lit le recueil qu'elle a transmis à Jean, son fils.
00:55:56 Ce gros cahier contient les souvenirs familiaux,
00:55:59 et le récit du 10 juin.
00:56:01 Après la guerre, Simone Bardet et son mari Camille
00:56:05 débutèrent leur carrière d'instituteurs à Auradour,
00:56:07 avant la reconstruction du village.
00:56:10 -Puis vint le 10 juin, l'arrivée des Allemands vers 14h,
00:56:13 alliant en entier cette vie calme et heureuse.
00:56:16 ...
00:56:23 Ta tante Denise, qui avait été une brillante élève
00:56:27 dans l'école normale d'instituteurs...
00:56:29 -Denise Bardet.
00:56:31 En 1944, sa mère, Louise,
00:56:34 lui demanda de revenir dans la ferme familiale de la Grange de Beuil
00:56:37 à 3 km d'Auradour.
00:56:39 Denise mourut dans l'église avec ses élèves le jour de son anniversaire.
00:56:44 Elle avait 24 ans.
00:56:46 -Mais Louise ne devait plus jamais revoir
00:56:48 cette belle jeune fille brune aux yeux bleus.
00:56:51 Dernières images d'autrefois.
00:56:56 ...
00:56:59 -Mme Bardet, pourquoi avez-vous fait ce livre ?
00:57:02 -Je l'ai fait pour Jean.
00:57:04 Je l'ai fait pour mon fils,
00:57:07 pour qu'il n'oublie jamais tout le mal que les SS nous avaient fait.
00:57:11 Et aussi en souvenir de sa tante.
00:57:14 Sa tante Denise, il l'admirait beaucoup.
00:57:17 Dans ses écrits, dans ses livres.
00:57:19 Alors, en souvenir de sa tante, j'ai voulu faire ce livre.
00:57:22 C'est surtout des photos, des coupures de journaux.
00:57:26 Tout relate le drame d'Auradour.
00:57:28 En feuilletant ce livre, tout lui reviendra à la mémoire.
00:57:34 C'est pour lui et pour ses enfants, en plus.
00:57:36 -Vous étiez institutrice ? -Oui.
00:57:42 Nous étions tous les deux instituteurs à Auradour.
00:57:45 "Après le drame, les nouvelles classes,
00:57:49 "la classe de ton père, la classe de ta mère."
00:57:53 Je leur en parlais tous les ans, le 9 juin.
00:57:57 Je leur mettais au tableau quelques lignes.
00:58:01 Il fallait qu'ils comprennent pourquoi ils avaient congé le 10 juin.
00:58:09 On faisait le pèlerinage dans les ruines avec eux.
00:58:12 Moi, je trouvais que c'était normal de leur redire ça
00:58:18 la veille du 10 juin, de le rappeler.
00:58:20 Comme on disait, "Ni haine ni oublie."
00:58:26 Ne pas oublier, mais on n'a pas enseigné non plus d'avoir la haine.
00:58:30 Ne jamais oublier ce qui s'était passé.
00:58:33 Je sais qu'il y a eu d'autres Auradours sur Glande, malheureusement.
00:58:44 On avait reçu des enfants de l'Idis, là, une année.
00:58:48 On a eu des enfants de l'Idis, un an après.
00:58:51 On a eu des enfants de l'Idis, un an après.
00:58:54 On a eu des enfants de l'Idis, un an après.
00:58:57 On a eu des enfants de l'Idis, un an après.
00:59:00 On a eu des enfants de l'Idis, un an après.
00:59:03 On a eu des enfants de l'Idis, un an après.
00:59:06 On a eu des enfants de l'Idis, un an après.
00:59:09 On a eu des enfants de l'Idis, un an après.
00:59:12 On a eu des enfants de l'Idis, un an après.
00:59:15 On a eu des enfants de l'Idis, un an après.
00:59:18 On a eu des enfants de l'Idis, un an après.
00:59:21 On a eu des enfants de l'Idis, un an après.
00:59:24 On a eu des enfants de l'Idis, un an après.
00:59:27 On a eu des enfants de l'Idis, un an après.
00:59:30 On a eu des enfants de l'Idis, un an après.
00:59:33 On a eu des enfants de l'Idis, un an après.
00:59:36 On a eu des enfants de l'Idis, un an après.
00:59:39 On a eu des enfants de l'Idis, un an après.
00:59:42 On a eu des enfants de l'Idis, un an après.
00:59:45 On a eu des enfants de l'Idis, un an après.
00:59:47 On a eu des enfants de l'Idis, un an après.
00:59:50 On a eu des enfants de l'Idis, un an après.
00:59:53 On a eu des enfants de l'Idis, un an après.
00:59:56 On a eu des enfants de l'Idis, un an après.
00:59:59 On a eu des enfants de l'Idis, un an après.
01:00:02 On a eu des enfants de l'Idis, un an après.
01:00:05 On a eu des enfants de l'Idis, un an après.
01:00:08 On a eu des enfants de l'Idis, un an après.
01:00:11 On a eu des enfants de l'Idis, un an après.
01:00:15 Ça, c'est plus...
01:00:17 Elle est venue manger à midi, là.
01:00:27 Elle est venue manger à midi, avec un homme que j'avais pris pour faire des betteraves.
01:00:34 Alors, elle est venue manger, nous avons mangé,
01:00:37 puis elle est repartie sur son vélo au radour, bien sûr.
01:00:40 C'est à ce moment-là, au bout d'un petit moment,
01:00:43 une femme est venue de Verac, elle m'a dit,
01:00:46 "A cette heure-là, on tue tout le monde."
01:00:48 Je dis, "Pas possible, si on tue tout le monde."
01:00:51 Le 3 juillet, Denise écrit dans son cahier.
01:00:56 Je viens de retrouver et de relire mon carnet d'autrefois...
01:01:00 Denise Bardet écrivait ses pensées et les chroniques de sa vie dans des cahiers d'écoliers.
01:01:05 Louise, sa mère, les retrouva dans la chambre de sa fille après le drame.
01:01:09 Elle nous les confia.
01:01:11 Ce sont les seuls écrits laissés par une victime.
01:01:14 Louise les a lus et relus pendant des années.
01:01:17 Et ce jour-là, elle ajoute,
01:01:19 "Comment vais-je le baptiser ? Journal ? Confident ? Amie ?
01:01:25 J'y verserai ce qui déborde en moi, parfois."
01:01:29 Elle était très intelligente, ma petite.
01:01:32 - Denise ? - Oh là là !
01:01:34 Pour son âge, vous savez.
01:01:36 Toutes les petites, elles faisaient la grâce aux autres.
01:01:39 Aux autres petites, qui venaient des fois.
01:01:42 Toutes petites.
01:01:44 Tandis que Camille n'aimait pas bien ça, lui.
01:01:47 Il est venu à cette heure, je ne sais pas comment.
01:01:50 - Qu'est-ce qu'il aimait, Camille ? - Eh !
01:01:54 - Camille, qu'aimait-il ? - Il aimait les vaches, lui.
01:01:57 Il aimait travailler dans les chambres.
01:01:59 Et ça lui a pas passé. Il aimait encore les chambres.
01:02:03 Mais sa soeur n'avait pas été élevée comme ça.
01:02:07 Mais vous, vous êtes devenu instituteur parce que votre soeur l'était ?
01:02:11 - Ou pas ? - Non, moi, je suis devenu instituteur par accident.
01:02:15 Moi, j'avais voulu aussi. Mais mes parents n'avaient pas voulu.
01:02:19 Ils voulaient qu'ils soient tous pareils, vous voyez.
01:02:23 Elle aimait beaucoup s'occuper des petits, elle.
01:02:26 Plus que Denise, finalement.
01:02:28 Parce que Denise, je crois que ce qui lui aurait convenu davantage,
01:02:31 c'était d'être professeur.
01:02:35 Le 1er octobre, Denise note à propos de ses élèves.
01:02:39 "Mes petits s'éveillent sur tant de choses,
01:02:42 et déjà je sens les différences.
01:02:44 Celles qui seront plus lentes que les autres,
01:02:47 ceux qui s'appliquent et feront toujours leur devoir,
01:02:50 ceux qui sont brouillons, désordonnés et toujours en l'air.
01:02:54 C'est Roger que je préfère.
01:02:56 Il est joli comme une fille, blond, les yeux bleus, et si coquin.
01:03:00 C'est un diable."
01:03:03 Le 26 juillet, Denise raconte une promenade, un dimanche.
01:03:08 Excursions en compagnie d'Ernestine et de Georgette.
01:03:13 Verts, au radours, chaluts,
01:03:15 visites très intéressantes des tours, d'une tour plutôt,
01:03:19 en compagnie d'une dame très gentille et documentée.
01:03:22 Puis le château de Montbrun, inabordable hélas, bien conservé.
01:03:27 Déjeuner sur l'herbe,
01:03:29 très agréable, sieste, départ d'Urnazac, église,
01:03:34 la chapelle Montbrandet, au radours.
01:03:37 Je consigne cela pour m'en souvenir bien,
01:03:54 dans 20 ou 30 ans, quand je retournerai à la maison.
01:03:58 Dans ces cahiers, Denise ne fait pas d'illusion à la guerre.
01:04:02 On considérait qu'on était hors de la guerre.
01:04:06 Oui, j'avais une affaire d'illusion à la guerre.
01:04:09 J'étais trop jeune, et Denise, c'était une fille,
01:04:12 donc on pensait qu'on ne serait pas concernés par la guerre,
01:04:15 enfin, pas beaucoup.
01:04:17 Mais c'est la guerre qui m'a eu, moi.
01:04:21 C'est la guerre qui m'a eu.
01:04:23 C'est la guerre qui m'a eu.
01:04:25 C'est la guerre qui m'a eu, moi.
01:04:28 J'ai perdu mes frères, vous voyez, pas tous, mais...
01:04:32 - Tu as perdu deux frères. - Oui, mais c'était gentil, mes frères.
01:04:38 La guerre, c'est ce qui a tué tout.
01:04:45 - La guerre de 1914 ? - La guerre de 1914,
01:04:49 après l'autre, elle est arrivée et a fini de tout tuer.
01:04:54 La guerre de 1914, c'est ce qui a tué tout.
01:04:58 C'est ce qui a tué tout.
01:05:00 C'est ce qui a tué tout.
01:05:02 C'est ce qui a tué tout.
01:05:04 C'est ce qui a tué tout.
01:05:06 C'est ce qui a tué tout.
01:05:08 C'est ce qui a tué tout.
01:05:10 C'est ce qui a tué tout.
01:05:12 C'est ce qui a tué tout.
01:05:14 C'est ce qui a tué tout.
01:05:16 C'est ce qui a tué tout.
01:05:18 C'est ce qui a tué tout.
01:05:20 C'est ce qui a tué tout.
01:05:22 C'est ce qui a tué tout.
01:05:24 - Ce sont surtout les parents... - Combien d'antibes ?
01:05:32 ...que ça a terriblement marqué.
01:05:34 Ceux qui ont perdu leurs enfants.
01:05:36 Les autres, les frères, les sœurs,
01:05:39 ils ont refait leur vie, c'est différent.
01:05:42 Mais les parents, je crois que tous les parents ont été un petit peu...
01:05:46 Il y a beaucoup de parents qui ont perdu la raison à partir de cette époque.
01:05:52 Quelques-uns avaient peur qu'ils se sauvent, mais il n'y en avait pas beaucoup.
01:05:56 Et moi, je ne me serais pas sauvée.
01:05:58 Je me serais pas sauvée.
01:06:00 J'aurais cru qu'ils ne voulaient pas nous tuer.
01:06:03 Quand même, c'est bien, je ne sais pas.
01:06:09 Mais c'était commandé, c'était commandé.
01:06:12 Les Français, ils avaient peut-être participé aussi.
01:06:16 Sans moi, il n'y avait pas de Français qui participaient.
01:06:19 ...
01:06:22 -Et la lecture, ça se passait le soir, je suppose ?
01:06:27 -Oui.
01:06:28 -A quel endroit ? -Dans la chambre.
01:06:30 Toi, tu étais à la machine à coutre.
01:06:32 Moi, je dormais.
01:06:34 Et ma sœur lisait.
01:06:36 Elle lisait une grande partie de la nuit.
01:06:39 Moi, ça m'ennuyait terriblement.
01:06:42 Ça ne m'intéressait pas du tout.
01:06:44 C'était des classiques.
01:06:47 On lisait du Moyer, on lisait du Racine, on lisait du Corneille.
01:06:50 -Ah oui, elle lisait.
01:06:52 Moi, j'écoutais, je travaillais.
01:06:54 Tout ce qu'elle lisait, elle me le lisait après à moi.
01:06:58 -Le 18 décembre, Denise note dans son cahier
01:07:03 "les jours s'écoulent semblables à eux-mêmes
01:07:06 "et sans rien qui puisse retenir l'attention.
01:07:09 "Joie de vivre dans ce calme bonheur
01:07:12 "qui repose de toutes les turpitudes de la société."
01:07:17 Et le 25 décembre, Denise écrit
01:07:19 "Il ne faut pas confondre la barbarie nazie et l'Allemagne.
01:07:23 "Il faut lire Börn, Buchner, Hein
01:07:26 "pour distinguer entre l'Allemagne immortelle
01:07:29 "et ses maîtres d'un jour.
01:07:31 "Et surtout, il faut témoigner des noms d'aujourd'hui
01:07:34 "qui sont l'espoir et l'hymne de l'avenir.
01:07:37 "Thomas Mann, Brecht, Heinrich, Anna Segers, Musil.
01:07:40 "Il y a tout ce qui passe en eux du grand peuple musclé
01:07:44 "et qui trouve pour s'exprimer
01:07:46 "leurs paroles ardentes, leurs talents, leurs colères.
01:07:50 "Tout ce qui est vraiment français en France
01:07:53 "devrait connaître, aimer et défendre
01:07:56 "cette Allemagne de l'exil."
01:07:58 Ça a été bien compliqué.
01:08:06 Il faut connaître qu'il y a eu un interrogé comme ça à Oradeau.
01:08:11 Je disais, c'est arrivé, les gens ne croyaient pas encore.
01:08:15 Ça fait que vous les vous êtes comme ça.
01:08:23 - Tu y penses toujours, finalement.
01:08:28 - Je pense toujours à ça.
01:08:30 Je parle d'autre chose, mais je parle toujours à ça.
01:08:34 Je ne vais pas m'embêter de penser à ça.
01:08:37 - Est-ce qu'il y a quelque chose qui vous a permis de surmonter
01:08:41 toutes ces épreuves ? - Est-ce que tu étais croyante ?
01:08:44 - Un peu, mais pas combien d'ans.
01:08:49 Six jeunes dames de fond, je suis croyante, je suis catholique.
01:08:53 Et vous ?
01:08:55 - J'ai été baptisé, moi. - Moi aussi.
01:09:00 - Est-ce que ça t'a aidé ?
01:09:02 - Je crois que peut-être.
01:09:05 - Non, je ne crois pas que ça m'a aidé.
01:09:08 Parce que je ne méritais pas ça, quand même.
01:09:11 Je ne crois pas que ça m'a aidé.
01:09:13 - J'ai toujours essayé de parler d'autre chose.
01:09:22 Ma mère essayait toujours de ramener l'histoire à Oradeau.
01:09:26 Moi, j'essayais de faire qu'elle oublie.
01:09:30 - Tu as beaucoup pleuré après cette histoire d'Oradeau.
01:09:33 Tu pleurais tout le temps.
01:09:35 Et maintenant, beaucoup moins.
01:09:38 - Ah, mais tu sais, il y avait un moment de sommeil, je crois.
01:09:41 - Oui, je crois qu'il arrive à un stade où, finalement, on ne pleure plus.
01:09:47 - Oui, je crois qu'il arrive à un stade où, finalement, on ne pleure plus.
01:10:14 - Oradour, document sur la tuerie du 10 juin 1944,
01:10:17 diffusé en juin 1989 à la télévision.
01:10:20 Avec nous, l'un des auteurs de ce film, Marc Villemar,
01:10:23 l'historien Fabrice Grenard et Richard Poirot de l'INA, qui nous a rejoints.
01:10:26 Bonjour, Richard.
01:10:28 Après la projection de cette série d'images fortes et de paroles qui marquent,
01:10:33 Roger Godefrein, le petit rouquin de 8 ans qui se sauve en se jetant dans la glane,
01:10:39 Marcel D'Artoux et Robert Hébras, rescapés des granges,
01:10:42 protégés par l'empilement de cadavres, mais blessés.
01:10:47 Le frère et la mère de l'institutrice Denise Bardet,
01:10:50 qui, avant de périr avec ses élèves, a laissé un journal poignant
01:10:54 dans lequel elle appelle à ne pas confondre les nazis et les allemands.
01:10:58 Marc Villemar, quel est le personnage ou quels sont les personnages
01:11:02 qui vous ont laissé les souvenirs les plus vifs ?
01:11:05 - Question aux réponses difficiles.
01:11:10 Réponse visible.
01:11:12 Je pense spontanément à Mme Bardet,
01:11:17 la maman de cette institutrice.
01:11:20 - La mère, très âgée, au moment où vous la visez.
01:11:23 - Oui, elle est très âgée.
01:11:25 À un moment, elle me renvoie là-bas, parce qu'on évoque sa croyance.
01:11:30 Elle était croyante, elle était catholique.
01:11:33 Elle dit que ce drame a transformé vraiment ses convictions.
01:11:38 Elle me renvoie là-bas, là, elle me dit "et vous ?"
01:11:42 C'est tout à fait inattendu.
01:11:45 Il y a un autre personnage aussi,
01:11:48 auquel je pense qu'il a disparu il n'y a pas très longtemps,
01:11:52 c'est André Desourtaux, qui dit...
01:11:56 - Qui travaillait à Limoges.
01:11:58 Il travaillait à Limoges ce jour-là, et donc il n'a pas été...
01:12:02 - Bien sûr. - Il a échappé à la tuerie.
01:12:06 - Son famille a été assassinée.
01:12:09 - Je crois qu'il a perdu 18 membres de sa famille ce jour-là.
01:12:13 - C'est énorme. Il se retrouve seul, dit-il,
01:12:16 avec ma bicyclette.
01:12:19 - On est frappé aussi par la franchise
01:12:22 des Brasse et Desourtaux qu'on voit ici,
01:12:26 qui disent tous les deux que c'est la rancœur
01:12:30 qui les a incités à entrer en résistance,
01:12:34 mais qui n'ont pas leurs idéaux.
01:12:36 "On a rejoint le Maquis pour se venger", disent-ils.
01:12:39 C'est une motivation répandue, Fabrice Renard ?
01:12:42 - D'abord, symboliquement, c'est très fort.
01:12:45 Effectivement, Auradou n'était pas un lieu de résistance,
01:12:49 n'était pas un lieu de Maquis,
01:12:51 et ces jeunes qui vont survivre au massacre
01:12:54 n'avaient pas eu d'engagement résistant avant le 10 juin 1944.
01:12:58 Mais l'horreur de ce massacre va les pousser
01:13:01 à rejoindre un Maquis en Haute-Vienne.
01:13:04 C'est très fort, car c'est l'échec de la stratégie allemande.
01:13:08 Les Allemands voulaient terroriser la population française
01:13:11 pour que cette population cesse de soutenir la résistance.
01:13:14 Dans les faits, on voit bien que ce n'est pas ce qui se passe.
01:13:18 Ca ne fait qu'exacerber une volonté de vengeance.
01:13:21 Finalement, la trajectoire de ces deux jeunes
01:13:24 illustre aussi l'attitude d'une population française
01:13:28 qui, plus on s'approche de la libération,
01:13:31 plus elle va soutenir la cause de la résistance
01:13:35 et les différents massacres allemands n'y feront rien.
01:13:39 -Plus de 40 ans après, D'Artou et Brasse et Desourtaux
01:13:42 disent tous les trois, à leur façon,
01:13:44 que le désir de vengeance les a quittés,
01:13:47 mais que le contact avec les Allemands, non merci.
01:13:50 Ils n'ont pas envie.
01:13:52 -C'est ce qui est exprimé, notamment par Marcel D'Artou.
01:13:57 Il dit "pas de problème, ils peuvent venir,
01:14:00 "mais bon, ça n'ira pas plus loin".
01:14:03 -L'historienne américaine Sarah Farmer
01:14:06 vous conduit aussi à une association appelée
01:14:09 "Réconciliation par-dessus les tombes"
01:14:11 et à l'un de ses membres, un ancien soldat de la Wehrmacht,
01:14:15 qui témoigne de sa honte.
01:14:17 Il y a eu beaucoup d'initiatives et d'expression de ce genre ?
01:14:21 -Dans un premier temps, pas tant que ça,
01:14:24 mais plus le temps passe, plus il y a aussi
01:14:27 du côté allemand de faire d'Oradour un symbole
01:14:31 de quelque chose qui ne doit pas se reproduire.
01:14:34 Pour que ça ne se reproduise pas,
01:14:36 ça passe par la réconciliation allemande,
01:14:39 ça passe par la construction européenne
01:14:42 et c'est vrai qu'Oradour,
01:14:44 d'un symbole de la barbarie nazie en 1944
01:14:48 et au sortir de la guerre,
01:14:50 va aussi progressivement, avec le temps,
01:14:53 devenir un symbole de paix,
01:14:56 puisqu'il faut éviter que ce genre de choses
01:14:58 n'arrive à nouveau en Europe.
01:15:00 -Les ruines, le sort des ruines d'Oradour
01:15:04 sont un enjeu en soi,
01:15:07 même si, évidemment, elles sont, on vient de le dire,
01:15:11 le seul souvenir de cette tragédie,
01:15:13 puisque les survivants ont disparu.
01:15:15 Vous l'évoquez, Marc Wilmar,
01:15:17 dans la deuxième partie de votre documentaire.
01:15:20 Est-ce qu'il faut continuer à les entretenir,
01:15:24 à les maçonner pour les garder en l'état
01:15:26 et éviter qu'elles ne s'écroulent
01:15:28 ou laisser les ruines tomber en ruines ?
01:15:31 Bon, évidemment, la puissance publique a donné sa réponse.
01:15:34 On continue d'entretenir les ruines d'Oradour,
01:15:37 mais c'est une question. -Dès le départ,
01:15:40 lorsqu'il a été décidé, lorsque le gouvernement provisoire
01:15:44 a décidé de conserver Oradour
01:15:47 et d'en faire un emblème,
01:15:49 un symbole national
01:15:52 ou international,
01:15:54 le problème de la conservation a été évoqué.
01:15:58 Les conservateurs savaient que ça allait devenir
01:16:02 une sorte de quadrature du cercle,
01:16:05 car, inévitablement, le temps aura raison,
01:16:09 surtout à moins de mettre, ce qui est impensable,
01:16:13 à moins de mettre une cloche au-dessus de tout ce village
01:16:17 de façon à le protéger,
01:16:20 il est voué à l'usure, à l'usure du temps.
01:16:23 C'est inévitable.
01:16:25 Et il faut l'accepter.
01:16:28 Je crois qu'il faut l'accepter.
01:16:30 Par contre, la construction du centre de la mémoire
01:16:35 est une réponse
01:16:39 à ce phénomène d'usure inéluctable
01:16:44 dans la mesure où il apporte
01:16:48 des explications, une contextualisation.
01:16:51 -Comment résout ce dilemme ?
01:16:53 Vous y avez réfléchi au sein d'une commission parlementaire
01:16:57 ou en tout cas qui vous a consulté ?
01:17:00 -Une mission pilotée par l'Inspection générale du patrimoine.
01:17:05 Il y a un enjeu, parce que ces ruines,
01:17:08 c'est un coût important.
01:17:10 Et plus le temps passe, plus le coût est élevé.
01:17:13 Il faut bien comprendre que Oradour,
01:17:17 ce village martyr, gardé en l'Etat,
01:17:20 c'est quelque chose de tout à fait spécifique.
01:17:23 Il n'y a pas d'équivalent en France,
01:17:25 et même, je dirais, en Europe,
01:17:27 d'autres villages martyrs, comme Lidice, Mazaboto,
01:17:31 on n'a pas gardé comme ça les ruines en l'Etat.
01:17:34 C'est quelque chose de spécifique.
01:17:36 Moi, en réalité, je suis très attaché
01:17:39 à maintenir les ruines comme on peut,
01:17:42 mais au maximum en l'Etat,
01:17:46 pour y avoir été, notamment avec des élèves.
01:17:48 La force du site, c'est aussi son étendue.
01:17:51 Et ça, c'est très important,
01:17:53 parce que quand on est avec des jeunes sur ce site,
01:17:56 le fait de voir que tout le village a été brûlé, incendié,
01:18:01 c'est beaucoup plus fort que si on ne gardait qu'une rue centrale
01:18:05 ou qu'un site emblématique comme l'église.
01:18:08 Là, on comprend vraiment quelle a été l'ampleur
01:18:11 et la folie de ce massacre,
01:18:14 quand on voit que des granges,
01:18:16 des habitations situées à plusieurs centaines de mètres
01:18:21 du coeur du village ont aussi été incendiées.
01:18:25 -Vous pensez que ça répond aux soucis
01:18:28 qui étaient l'un des soucis des rescapés ?
01:18:31 Qu'est-ce qui restera après nous
01:18:34 avec le risque de l'oubli ou de la falsification de l'histoire ?
01:18:38 -C'est très important, parce qu'on vit là un moment charnière
01:18:43 avec la disparition des derniers témoins.
01:18:45 Robert Hébras est décédé en 2023.
01:18:48 Comme il n'y a plus de mémoire orale,
01:18:50 il ne reste que la mémoire des pierres.
01:18:52 Conserver ce genre de site, c'est d'autant plus important
01:18:56 que les témoins ne sont plus là.
01:18:58 -Même si les travaux de maçonnerie
01:19:00 pour les laisser debout, d'une certaine façon,
01:19:03 falsifient la réalité.
01:19:04 -On a bien réussi à conserver le site de Pompéi,
01:19:07 qui, lui, a presque 2000 ans.
01:19:10 Je pense qu'on peut maintenir le site d'Oradour.
01:19:12 -Richard, vous nous montrez comment le site d'Oradour,
01:19:16 le massacre d'Oradour a été montré en images.
01:19:18 -Dès 1944.
01:19:20 On va voir des images de ce village détruit.
01:19:22 Evidemment, la télé n'existait pas,
01:19:25 mais ce sont les actualités cinématographiques
01:19:27 qui vont se rendre sur place.
01:19:29 C'est en septembre 1944, on est trois mois après le massacre.
01:19:33 Regardez un extrait de ce reportage.
01:19:35 -Oradour-sur-Glane.
01:19:38 Nom qui résonne comme un glare.
01:19:40 Hier, un village à 20 km de Limoges.
01:19:44 Aujourd'hui et pour toujours,
01:19:47 un des hauts lieux de la cruauté hitlérienne.
01:19:50 Ici, tout est mort.
01:19:53 Une ville incendiée, fusillée, torturée.
01:19:58 Un désert qui fait penser au cataclysme.
01:20:01 -La réconciliation franco-allemande
01:20:04 va passer par ce lieu de mémoire.
01:20:07 La télé va se refaire le témoin.
01:20:09 Parfois, je me demande si elle n'en devait pas un peu l'actrice.
01:20:13 Ca va commencer, en tout cas, dans les archives.
01:20:16 On le voit à peu près.
01:20:17 On l'a vu à partir des années 60.
01:20:19 Et surtout 1960.
01:20:20 Ca passe par une émission qu'on connaît.
01:20:23 Ca s'appelle "Le jour du Seigneur".
01:20:25 "Le jour du Seigneur" est cette émission
01:20:27 qui diffuse une messe,
01:20:29 c'est une messe télévisée dans différentes églises de France.
01:20:33 Ce 3 juillet 1960,
01:20:35 "Le jour du Seigneur" se rend à Horadour-Souklen.
01:20:37 C'est une messe en plein air.
01:20:40 Je vous propose un extrait, quelques instants,
01:20:43 du serment du prêtre qui officie à l'époque.
01:20:46 -Devant ces ruines, devant ces cendres,
01:20:49 que doit-il, que peut-il rester dans nos coeurs ?
01:20:53 Je n'hésite pas à le dire une seule chose,
01:20:56 le besoin de pardonner.
01:20:59 Quoi ? Direz-vous pardonner ça, ici ?
01:21:03 Oui, mes frères, car Dieu, si l'on se repent,
01:21:06 pardonne même ça.
01:21:08 Oh, je vous en supplie, mes frères qui habitaient au Horadour
01:21:12 et qui êtes les descendants de ces familles qui ont été massacrées,
01:21:16 je vous supplie de me croire, si je vous assure
01:21:19 que je ne vous parle pas légèrement.
01:21:21 -C'est fort et courageux, comme vous l'avez dit.
01:21:24 Les convictions religieuses ont été bousculées.
01:21:27 Il est habité, ça dure 5 à 10 minutes.
01:21:29 C'est incroyable.
01:21:31 J'ai compté, il va dire 43 fois les mots "pardon" et "pardonner".
01:21:34 C'est vraiment un moment très fort.
01:21:37 Deux ans plus tard, 1962,
01:21:38 on retourne toujours les actualités françaises,
01:21:41 c'est De Gaulle qui y va, je pense que c'est le 10 juin 1962,
01:21:45 pour déposer une gerbe.
01:21:46 Ce qui est intéressant, c'est que dans ces actualités françaises,
01:21:50 le sujet d'après est à Limoges,
01:21:52 il va tenir un discours sur la construction européenne.
01:21:55 Effet du hasard ou pas, toujours-t-il qu'il y a un effet de sens.
01:22:00 Ca dit quelque chose de dire qu'après Auradour,
01:22:02 on parle de la construction.
01:22:04 -Les Allemands vont venir à Auradour ?
01:22:06 -On a retrouvé plusieurs archives, mais je voudrais vous parler
01:22:10 d'une, en 1966.
01:22:11 Il y a une délégation de jeunes Européens qui viennent à Auradour
01:22:15 en pèlerinage.
01:22:16 Parmi ces jeunes, il y a des Français et il y a évidemment...
01:22:20 Ou pas, je ne sais pas. Il y a des Allemands.
01:22:23 Je vous propose de regarder un témoignage
01:22:25 d'un jeune Allemand et d'une jeune Française.
01:22:28 -Je ne sais pas quoi faire, crier, à Hautevoix ou où m'en aller,
01:22:32 mais c'était très bien que les Français étaient avec nous.
01:22:35 Merci.
01:22:37 -Je crois que notre sentiment, les jeunes,
01:22:39 c'est d'avoir une énorme responsabilité
01:22:42 pour les années à venir.
01:22:43 Je suis très heureuse de commencer le rapprochement des jeunes
01:22:47 avec des Allemands à côté de moi.
01:22:49 -On sent que c'est la nouvelle génération.
01:22:52 Dans les sujets que l'on verra à la télé,
01:22:55 on va parler d'autre chose.
01:22:57 On va parler du Tour de France, qui passe à Auradour,
01:23:00 de la construction de ce stade.
01:23:02 La télé le témoigne de ça.
01:23:04 Et en 82, une autre forme de réconciliation,
01:23:06 puisque François Mitterrand y va.
01:23:09 Jusqu'à présent, il a fait partie de ces députés
01:23:12 qui ont signé l'amnistie des Alsaciens
01:23:14 qui faisaient partie de Das Reich.
01:23:16 Il n'était pas le bienvenu.
01:23:18 En 82, il est président, il y va.
01:23:20 Et une autre date très importante, 2013.
01:23:23 Là, c'est François Hollande qui y va,
01:23:26 avec le président, c'est pas le chancelier,
01:23:28 mais le président allemand, on le voit ici,
01:23:31 Joachim Gock.
01:23:32 Donc c'est préparé, évidemment.
01:23:34 Et cette poignée de main très importante
01:23:37 entre Gock, Hollande et un des survivants d'Auradour-sur-Glane,
01:23:41 on sent bien que, d'une certaine manière,
01:23:45 ces images marquent la fin, ou plutôt clôt cette période,
01:23:49 ce processus de réconciliation entre la France et l'Allemagne
01:23:53 qui a commencé plus de 50 ans avant.
01:23:55 Fabrice Grenard ?
01:23:56 -Oui, on voit bien que François Hollande
01:23:59 a voulu répéter un petit peu le symbole mitterrand-call
01:24:02 à Verdun, autour de la Première Guerre mondiale.
01:24:06 Et ces images montrent qu'aujourd'hui,
01:24:09 et on l'a vu aussi à travers les déplacements
01:24:12 du président Macron, qui s'est rendu à plusieurs reprises
01:24:16 à Auradour-sur-Glane, le message qui passe aujourd'hui
01:24:19 est très axé sur...
01:24:21 Voilà.
01:24:22 La paix, l'Europe nous a permis de mettre fin
01:24:26 à des décennies, des siècles de guerre
01:24:30 et nous permet d'éviter de connaître ce genre de choses,
01:24:35 dans un contexte, d'ailleurs, aujourd'hui, bien particulier,
01:24:38 puisque la guerre, elle est quand même à nos portes
01:24:41 et on sait que, dans cette guerre entre la Russie et l'Ukraine,
01:24:45 un certain nombre de crimes de guerre ont été commis.
01:24:48 -Marc Villemar, président de la Cinémathèque de la Nouvelle-Aquitaine,
01:24:52 vous êtes basé à Limoges,
01:24:53 donc à une vingtaine de kilomètres d'Auradour.
01:24:56 -Auradour, oui.
01:24:57 -Le souvenir d'Auradour est encore très vivace.
01:25:01 -Oui, tout à fait.
01:25:03 Il ne cesse de mobiliser,
01:25:08 que ce soit du côté du ministère de la Culture,
01:25:13 du conseil départemental,
01:25:16 qui est, je le souligne quand même,
01:25:19 le promoteur, c'était Jean-Claude Perronnet.
01:25:22 Ce film existe en partie grâce à lui,
01:25:27 qui était le président historien du Conseil général en 89
01:25:32 et qui a décidé de la création du centre de la mémoire,
01:25:38 c'est-à-dire l'émotion, oui,
01:25:41 mais aussi la réflexion,
01:25:45 la connaissance, le contexte, etc.,
01:25:49 l'histoire.
01:25:50 -C'est un site très fréquenté,
01:25:53 dans une région assez isolée par rapport aux grands axes de transport,
01:25:57 et j'ai toujours été frappé par la forte présence
01:26:00 de personnes d'origine étrangère qui viennent visiter Auradour.
01:26:05 -C'est pas seulement les scolaires...
01:26:07 -Il y a les scolaires, bien sûr.
01:26:10 C'est un passage obligé pour les établissements scolaires
01:26:13 de la région Limousine, mais aussi au-delà.
01:26:16 Mais ça reste, de toute façon, avec les plages du débarquement,
01:26:20 mais dans un autre registre,
01:26:22 l'un des sites les plus forts
01:26:24 de la mémoire de la Seconde Guerre mondiale en France.
01:26:27 -Merci, Fabrice Grenard, merci, Marc Villemar,
01:26:30 merci à vous, Richard Poirot.
01:26:32 Merci de nous avoir suivis.
01:26:34 A bientôt pour de nouvelles aventures dans les archives de l'INA.
01:26:38 SOUS-TITRAGE : RED BEE MEDIA
01:26:41 Générique
01:26:43 ...

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